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Intervention de Jean-Marie MICHEL

Je voudrais tout d’abord vous dire tout le plaisir que j’ai, au nom de tous mes collègues partenaires du projet "A Quoi Joues-Tu ?", à vous accueillir aujourd’hui dans ce lieu, symbole de la démocratie représentative d’une Europe que nous rêvons plus sociale et que nous devons continuer à construire ensemble.

La Fédération Internationale des CEMEA est particulièrement fière de son engagement dans ce projet qui a beaucoup mobilisé nos énergies depuis 18 mois. ONG internationale présente dans plus de 50 pays en Europe, en Afrique, en Amérique latine, au Proche Orient et dans l’Océan Indien, elle réunit des milliers d’acteurs engagés dans les sociétés civiles dans de nombreux domaines de l’action éducative, sociale et culturelle, professionnels ou volontaires qui fondent leur action, et celle de leurs associations sur des valeurs de justice, d’égalité, de solidarité...

L’action de ces éducateurs est traversée par les difficultés, par les incertitudes, par le doute...qui sont nécessaires pour interpeler les pratiques et permettre de progresser. Mais elle doit prendre appui, aussi, sur des certitudes. Trois de ces certitudes, de ces convictions profondes nous ont réunis, avec des associations membres de la FICEMEA mais également avec des partenaires différents, autour de ce projet :
  La première conviction, c’est l’importance de la lutte contre toutes les formes de discrimination, pour plus de justice et d’égalité, et, dans cette lutte, le combat pour l’égalité entre les hommes et les femmes est plus pertinent que jamais. Ce qui nous a réuni et motivé pour travailler ensemble sur cette question, c’est en effet la somme des inégalités toujours prégnantes dans nos sociétés, au quotidien, inégalités sociales fortement sexuées : violences envers les filles, violences envers les femmes, ségrégations scolaires et professionnelles, inégalités salariales, difficile mise en place et contournement de la parité, obstacles faits aux femmes dans l’accès et le partage de responsabilités...
  La seconde conviction partagée, c’est l’attention que nous accordons à l’éducation, facteur de transformation sociale, qui peut contribuer à des évolutions utiles, à des changements de mentalités et d’attitudes, sur cette question là comme sur beaucoup d’autres...En tant que mouvement d’éducation nouvelle, nous avons tout de suite mesuré l’intérêt d’approfondir et de donner une nouvelle dimension à notre travail sur le sujet,
  La troisième conviction, qui est une évidence partagée aujourd’hui par beaucoup, est liée à l’importance que nous attachons à l’enfance et à la petite enfance dans la construction de l’identité, ici, en l’occurrence de l’identité sexuée... Dès leur création, les CEMEA ont accordé une importance particulière aux premières années de la vie humaine et aux valeurs de l’enfance. Nous avons donc mis l’expérience acquise dans ce domaine au service du projet.

Ces convictions nous ont donc réuni et nous ont conduit à imaginer un projet avec des organisations de plusieurs pays européens, la Belgique, l’Italie et la France :
  des organisations d’éducation populaire participant à la formation continue des métiers de la petite enfance, comme les CEMEA du Piémont, le Service d’éducation permanente des CEMEA de Belgique, les CEMEA France avec les CEMEA des régions d’Auvergne et de PACA,
  des organisations de l’économie sociale et solidaire, experts-praticiens de la construction de l’égalité Homme-Femme comme Egalitère et Economie Plurielle

Prendre conscience de la prégnance des stéréotypes de sexe dans les pratiques éducatives, Esquisser des stratégies, des modes d’interventions pour apprendre, inventer une éducation non sexiste, En quelque sorte concevoir et élaborer une culture commune et partagée de l’égalité entre les femmes et les hommes, avec les décideurs des programmes de formation aux métiers de la petite enfance, avec les formateurs engagés dans ces programmes, avec les professionnels en activité dans les différentes structures d’accueil de la petite enfance, avec les parents... "A quoi joues-tu ?", à quoi jouons nous ? Notre ambition a été claire : faire intégrer la déconstruction des stéréotypes et des rôles sociaux sexués comme une question centrale et essentielle dans la construction de l’identité sociale et sexuée des garçons et des filles de 0 à 6 ans. Travailler sur l’égalité entre les sexes n’est pas chose simple car cela questionne la construction de notre propre identité d’adulte, interpelle notre éducation, l’image qu’on a de soi, de notre rapport avec l’autre sexe... Démarche implicante, intime, qui peut provoquer-qui a provoqué-des résistances, dans la conduite de notre projet comme au quotidien pour chacun de nous. Nous avons travaillé en utilisant des formes différentes. Ce que nous allons vous présenter à ce Colloque est le résultat d’un aller-retour permanent entre un travail considérable de terrain, fait d’observations, d’expérimentations, d’échanges, d’analyses et les confrontations avec des recherches menées par des femmes et des hommes, historien-nes, psychologues, économistes, chercheur-es et élu-es qui nous ont apporté des éclairages précieux. C’est cette articulation étroite entre la théorie et la pratique, cette mise en synergie des forces et des compétences d’acteurs différents mais complémentaires, qui nous a toujours guidé et qui constitue la valeur et l’originalité, à mon sens, des propositions pédagogiques portées par ce projet.

Etudes comparatives de situations éducatives, expérimentations de méthodes et d’outils, élaboration de bonnes pratiques, d’outils pédagogiques...ont formé l’architecture de celui-ci, qui se concrétise aujourd’hui par une mallette pédagogique qui vous a été remise à l’accueil et que nous vous présenterons dans l’après-midi. Son objectif est de permettre le développement des capacités des acteurs à ; promouvoir efficacement l’égalité entre les femmes et les hommes dans les politiques et les pratiques éducatives. Ce projet n’aurait pas pu se réaliser sans le soutien important de la Commission Européenne, et plus précisément de la DG Emploi et Affaires sociales, dans le cadre du 5eme programme d’action communautaire en matière d’égalité entre les hommes et les femmes, représentée aujourd’hui par M Laurent Aujean dont je salue la présence à cette tribune. Cette première demi-journée de notre Colloque va en effet débuter par un premier panel d’intervenants qui sont à mes cotés et auxquels je vais donner la parole :
  Madame Luisa Morgantini, Présidente de la Commission "Coopération et Développement" du Parlement Européen, qui nous fait l’honneur de sa présence et que je remercie chaleureusement du temps qu’elle a accepté de nous consacrer au milieu de ses nombreuses contraintes,
  Madame Karine Henrotte-Forsberg, Présidente du regroupement "Egalité-Parité femmes-hommes" des ONG du Conseil de l’Europe
  Et Monsieur Laurent Aujean.... Beaucoup de personnalités politiques, de l’administration ou des associations, invités, nous ont fait part de leur regret de ne pouvoir être des nôtres. Je ne vais bien sur pas les citer mais j’évoquerais simplement les messages de sympathie et d’encouragement du Ministre français de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche et de la Ministre déléguée aux Affaires européennes ... En ce début de 21ème siècle, il reste de nombreuses tâches à mener et le chemin est encore long pour achever le processus égalitaire dans la vie sociale, familiale et professionnelle mais nous prenons le pari, avec Elisabeth Badinter que "ce siècle ne sera plus l’époque privilégiée d’un sexe ou de l’autre, mais le moment enfin arrivé de l’humanité réconciliée" ;

Je souhaite, avec vous, que nos travaux, modestement, y contribuent ;

Merci.

Je vais donc donner la parole en premier lieu à Luisa Morgantini.




Maj :26/06/2006
Auteur : ficemea