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Journée d’études « Devenir citoyens et citoyennes d’une Europe plurielle : Espaces et pratiques interconvictionnelles » 24 janvier 2012 Strasbourg

Cette journée d’études est organisée par le G3i , Salle G03 du Conseil de l’Europe le 24 janvier 2012

1. Pourquoi une telle journée

La proposition du G3i résulte de la conviction de ses membres que l’Europe, chargée d’expériences tragiques et surmontant les conflits dont elle a souffert est en train de se construire.

Elle est multinationale ; elle est aussi multireligieuse, multiconvictionnelle et multiculturelle. Cette construction s’est initiée dans une aspiration démocratique. Pour être fidèle à cette visée, l’Europe ne peut donc se bâtir que dans les formes et les institutions de la démocratie.

Cette aspiration à la démocratie dans l’ensemble des populations, en conjonction avec le processus de sécularisation, permettent l’émergence d’une laïcité de plus en plus acceptée par tous les pays de l’Europe.

Dans cette construction, les groupes religieux et les groupes de pensée constituent des richesses et leurs contributions sont importantes. Il est donc essentiel de mettre en place des lieux et des espaces dans lesquels ces contributions peuvent s’élaborer et être exposées aux instances en charge des divers aspects de la vie citoyenne en Europe.

Pour remplir leur rôle, ces lieux et ces espaces doivent permettre l’expression et la prise en compte :

1. de la pensée et de l’expérience de groupes de conviction, notamment de certains groupes religieux, qui ont pris une certaine autonomie par rapport à leur institution.

Cette pensée est en effet trop souvent occultée du fait que :

- les autorités non élues de cette religion revendiquent le monopole de la parole et de la représentation des citoyens fidèles de cette religion,

- seules ces autorités soient reconnues par les Etats au seul titre de l’exercice du culte.

De nombreux croyants, de plus en plus autonomisés, dont beaucoup pratiquent encore le culte de leur religion, ne s’estiment en effet, plus représentés par les institutions religieuses qui en retour ne peuvent plus prétendre les représenter ; cette constatation montre aussi que les institutions non religieuses ne peuvent représenter ces croyants non institutionnalisés.

2. de la pensée et de l’expérience de ceux et celles qui se déclarent athées ou agnostiques d’une manière plus ou moins déterminée tout en se sachant héritiers de la culture issue d’une religion, mais qui se trouvent assimilées par les responsables religieux, voire par l’Etat, à l’"Eglise" ou à une "communauté de croyants" de cette religion, alors qu’ils ne s’en considèrent pas ou plus membres et ne se réclament pas de son culte.

3. de la pensée et de l’expérience d’hommes et de femmes qui se déclarent athées ou agnostiques sans se sentir les héritiers d’une culture issue d’une religion. Beaucoup parmi ces personnes partagent une vision séculière de l’Homme, vision alternative à celle des religions et se situant délibérément en dehors de toute référence à une transcendance autre éventuellement que celle de l’être humain.

4. de la distance entre les responsables institués des religions et courants de pensée qui débattent et dialoguent entre eux sur des questions d’intérêt général, et l’ensemble des personnes concernées par ces questions. Cela pose les questions de la représentativité des institutions, du manque de représentation des croyants non membres d’une institution, de leur représentativité et de leur légitimité et du manque de lieux laïques permettant le dialogue interconvictionnel.

Le G3i, a pu éprouver, tant par ce qu’il est que par son travail, le grand risque de "dé cohésion" sociale et de rejet de toute citoyenneté européenne qui peut résulter du manque de tels lieux, risques qui se manifestent déjà de diverses façons dans les différents pays d’Europe.

Le G3i, estime donc qu’il faut absolument prendre en compte à la fois :

- la revendication légitime d’autonomie de ces personnes vis-à-vis de l’organisation du culte religieux correspondant.

- leur volonté de participer à la vie politique et sociale de leur nation et de l’Europe en apportant au débat public, indépendamment des institutions religieuses, les richesses, les particularités, l’originalité de la manière dont ils vivent leur culture qu’elle soit ou non d’origine religieuse.

D’où les questions qui doivent être abordées de façon pressante :

- comment les différentes convictions peuvent-elles s’exprimer et les groupes convictionnels contribuer à la cohésion sociale en Europe, à la construction européenne et au développement de la citoyenneté européenne ? Il est en effet essentiel de répondre à cette question car l’impossibilité pour certains porteurs de convictions de s’exprimer peut leur donner un sentiment d’exclusion de la démocratie, tant sous sa forme représentative que sous sa forme participative, et donc un refus d’une Europe qui ne réussit pas à leur donner le sentiment qu’ils en font partie. C’est une source majeure de dé cohésion sociale qui peut conduire à la violence.

- Dans quels espaces, selon les caractéristiques de chacun d’eux, doivent se construire les propositions réfléchies de façon interconvictionnelle qui seront faites aux instances de décisions par ces groupes interconvictionnels ?

- Comment ces espaces doivent-ils être mis en place et être articulés avec les instances de pouvoir, notamment politiques, aux niveaux européen, national, régional, et local pour que celles-ci

• respectent et mettent en œuvre la liberté de pensée et d’expression,

• écoutent, sans en subir les pressions, ce que proposent les différents groupes convictionnels et les groupes interconvictionnels, bref pour que la laïcité se construise harmonieusement en Europe,

• permettent des échanges suivis et féconds entre les responsables et les citoyens et citoyennes de toute conviction ?

Ces questions, dont plusieurs aspects ont été abordés depuis plusieurs années tant au Conseil de l’Europe que dans l’Union Européenne, sont au cœur du projet de programme proposé par le G3I.

2. Objectifs de cette journée d’études

L’expérience montre que la plupart des processus mis actuellement en œuvre pour l’élaboration de décisions au niveau européen sont initiés par le sommet, souvent sans y associer la base, ce qui génère une méfiance à l’égard de l’Europe, inhibe toute prise de conscience de citoyenneté européenne et entretient un fossé entre les décideurs et la base .

C’est pourquoi les objectifs essentiels de la journée d’étude sont :

1. réfléchir à la manière dont les citoyens peuvent participer aux délibérations conduisant aux prises de décision au niveau européen ;

2. réfléchir aux conditions permettant de favoriser cette participation, notamment sur l’établissement et sur la nature de lieux interconvictionnels laïcs contribuant à faire émerger une citoyenneté européenne en permettant l’élaboration, l’expression et l’écoute (3E) de convictions, particulièrement celles qui ont été réfléchie de façon interconvictionnelles.


Le G3i est un groupe de travail Interculturel, International et Interconvictionnel (d’où le nom G3i) constitué en association de droit français (loi 1901). C’est un « think and acting tank » interconvictionnel qui rassemble des hommes et des femmes de différents pays d’Europe, de différentes cultures, de différentes convictions religieuses, athées ou agnostiques, membres d’associations dont la plupart sont dotées du statut participatif du Conseil de l’Europe et font donc partie de la Conférence des OING.

The G3i, is an Intercultural, International and Interconvictionnal working group officially registered as an association according to the French Law of 1901. Il is an interconvictionnal « think and acting tank » composed of men and women from different European countries, different cultures and different religious, atheist or agnostics convictions who are members of associations that are, for several of them, member of the INGO conference of the Council of Europe.



Maj :13/01/2012
Auteur : ficemea

Auteur : marc geneve