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Italie
LA FORMATION TOUTE AU LONG DE LA VIE UN POINT DE VUE EDUCATIF par Stefano Vitale * Bureau de Direction FICEMEA Centres d’Entraînement aux Méthodes d’Education Active

Education et formation

D’abord il faut distingue éducation et formation. L’éducation fait partie de la vie et peut et doit pouvoir durée toute au long de la vie. La formation est une partie de l’éducation, c’est un moyen pour l’éduquer, c’est un dispositif qui donne un sens à l’éducation et qui révèle le cadre d’un choix culturel et politique. Le problème est de comprendre si la formation doit dominée l’éducation ou si, au contraire, c’est l’éducation qui doit avoir une position privilégiée. A mon avis, dans la première solution il y a le risque de la marchandisation de l’éducation et de la réduction de l’éducation à des critères de rentabilité et d’employabilité soumis au mythe de la « compétence ». Par contre si on attribue à l’éducation tout court, le risque est l’autoréferentialité, la soumission à des idéologies et à des positions démagogiques. La formation doit s’intégrer avec l’éducation et avoir clairment un projet culturel et politique que peut être « alternatif ». Il faut que la formation soit relier à la vie réelle, aux besoins concrets et devenir un moyen pour comprendre et transformer la réalité, sa vie et modifier l’éducation.

Finalités et auteurs du travail

Mais un nouveau paradigme du travail se dessine et nous n’avons pas toujours conscience de cette métamorphose. Les temps de production sont fragmentés et très divers, et la qualité du travail varie pour ce qui concerne le contenu, le processus et la finalité du travail.

La production a été identifiée, avec le travail salarié. Et beaucoup de sociologues (Baumann, Beck, etc) nous disent que le « model fordiste » du travail n’est plus dominante. Le capital et le travail était très lies et se produisait une « mentalité » du travail a long terme. La sécurité du travail est importante et ambiguïté au même temps : la routine rend « faible », mais est un élément de protection.

Aujourd’hui la situation est changé : l’élément fondamental est donné par la mentalité du travail a court terme. Le slogan du moment est « souplesse » (flexibilité) qui détermine une condition d’incertitude liée a son tour à une structure de la société « individualisé ». Le Capital à besoin de bouger très rapidement pour se globaliser : il veut être « libre », « léger », « déraciné ». Et la politique devient le terrain ou on joue un match entre la vitesse du mouvement du Capital et la capacité de ralentir ce mouvement de la part des pouvoir locaux. Le Capital est mobilisé pour créer sur tout des consommateurs.

Dans cette nouvelle situation le travail politique, le travail culturel, le travail social, le travail de recherche, lorsqu’ils n’ont pas une dimension mercantile, ne sont pas considérés comme des activités productives. Le profit est le seul indicateur de l’efficacité de la production, au-delà de toute réflexion concernant plaisir, bonheur et stabilité des individus. La mesure de l’efficacité de la production est liée à sa rentabilité et, seulement de manière secondaire, à l’effort de celui qui la produit. La qualification est de plus en plus provisoire et le processus plus fréquent est celui de la déqualification. La compétence - et qui pourrait être contre la compétence ? - est à renouveler de manière incessante, et souvent les perdants sont les travailleurs qui se retrouvent "incompétents" à la suite de décisions qui leur sont étrangères. L’éducation tout au long de la vie doit redécouvrir le goût de la créativité du travail et de la vie sociale. Bien différente est la formation comme moyen pour une simple « accumulation » (pas toujours efficace) des compétences techniques de la formation qui vise la personne engagé dans « la construction d’un autre monde possible ».

La production et l’éducation

Les relations entre production et éducation sont multiples à l’intérieur des structures productives et éducatives. La production dans le processus éducatif appartient à l’histoire de l’éducation, notamment à celle de la pédagogie active. Psychologues et pédagogues se sont toujours rendu compte de l’importance, pour les enfants et les jeunes, d’associer la réflexion à la production. Mais cette perspective était, pour eux, éducative et non pas mercantile. Anticiper la formation professionnelle ou introduire le travail selon la logique du marché dès la période scolaire, serait réduire les chances éducatives des nouvelles générations. La production à finalité éducative est ce qui permet aux élèves de construire leurs connaissances à travers les manipulations propres à toute action productive, dans la recherche théorique et empirique, et dans l’évaluation qualitative de leur production.

L’innovation sociale est aussi un aspect de cette production. La réduction de l’innovation à ses aspects purement technologiques a ses racines dans des formations initiales peu intéressées à la production de biens sociaux à travers l’éducation.

La production comme création est à promouvoir dans l’éducation, aussi dans la formation des adultes. Cette approche comporte des critères d’évaluation tout à fait différents de ceux que l’on utilise pour apprécier l’éducation. Création, créativité, générosité sont étroitement liées, mais l’évaluation formelle se juxtapose souvent à ces dimensions importantes pour la recherche et la production. Une formation initiale attentive à la création, à la créativité et à la générosité permettra de mieux résister aux formations professionnelles ultérieures qui, au nom de l’efficacité productive, se transforment rapidement en dressage plus ou moins continu.

L’Education des adultes à ses racines dans les luttes politiques, culturels, sociales du mouvement des travailleurs et des citoyens. Nous, aux CEMEA, on connaît bien se lien avec l’éducation populaire. Dans cette tradition, l’éducation des adultes, toute au long de la vie, doit faire partie d’un projet d’éducation permanent et non, seulement, d’un projet de formation « technique ». Il ne faut pas oublier que l’éducation des adultes est un moyen d’hégémonie : politique et culturel. Et ce deuxième aspect est fondamentale pour la lutte des mouvement d’éducation populaire. L’historie nous à appris que il y a une difficulté a prendre vraiment en charge les expressions réelles de l’éducation des adultes des pays pauvres. Et pour ne pas tomber dans une perspective « éducation-gestion-dressage » il faut tenir bien haute la spécifité d’un projet politique et culture plus global.

L’éducation des adultes a contribué a développer deux directions importants : 1) éviter formes de discrimination et émargination (à travers la formation) ; 2) contribuer à un control socio-culturel. Il y a donc une ambiguïté qu’il faut, à notre tour, contrôler. La demande de formation est de plus en plus important, sur tout de la part de nouveaux pays industrialisés du tiers monde et la demande est « de personnelle compétents » : on a faim de « technologie et technique ». Le risque est que dans très peut de temps on assistera à une homologation des processus et des produits de l’éducation des adultes. Il ne s’agit pas de défendre l’autarcie ou, pire, la pauvreté, mais de promouvoir des échanges de formation des adultes de type égalitaire entre pays du Nord et du Sud du monde.

Ettore Gelpi, qui est mon maître dans ce terrain, disait que « la coopération au sens de mouvement des personnes est un phénomène très positif. Il est très important que les personnes bougent. Mais dans ce cas la coopération doit se fonder sur la réciprocité et le transfert de toutes les compétences, et non, comme le disait mon ami sénégalais Sally N’Dongo, récemment disparu, ¨lorsque vous venez chez nous, vous êtes des experts, lorsque nous allons chez vous, nous sommes des immigrés¨. Il faut sortir du système de coopération Nord-Sud engendrant une dépendance croissante et rechercher une équité dans les échanges. S’il n’y a pas les conditions pour un développement de la production et de la distribution de produits locaux, le transfert de technologies et de services n’ont pas grande signification. Les TIC sont le résultat d’un ensemble d’activités humaines qui ne peuvent être systématiquement brevetées par les pays du Nord. Le savoir scientifique est formé de l’accumulation de l’ensemble des savoirs de l’humanité, et, par conséquent, il appartient à l’ensemble de l’humanité. »

Il est donc nécessaire, et les association d’éducation populaire peuvent jouer leur rôle, de construire des projets de formation à partir des problèmes concrets lies aux forces sociales et culturels des pays. Dans cette direction, la présence du secteur publique est fondamental pour garantir un cadre de égalité et de démocratie internationale.

Technologies de l’information et de la communication

Par définition, l’homme est novateur. La technologie renvoie à cette fonction de création propre à l’homme. Mais il faut remarquer que, comme disait Ettore Gelpi, les technologies dont nous parlons procèdent toutes d’une origine militaire, qu’il s’agisse de l’ordinateur, d’Internet. Ce n’est qu’ensuite que le monde civil se les est approprié. Seule la guerre paradoxalement a stimulé des nouvelles technologies de communication utilisées ensuite par l’éducation.

Dans l’espace-temps de type militaire, elles ont été d’abord mises en oeuvre dans une optique hiérarchique et linéaire. Les utiliser dans une autre optique est évidemment possible, mais relève d’une volonté. L’exemple de l’usage d’Internet par le sous-commandant Marcos dans la province du Chiapas au Mexique montre qu’il est possible d’utiliser les TIC dans le souci de permettre à une communauté autochtone, jusqu’à présent réduite au silence, de s’exprimer au niveau planétaire

La réponse à la question est donc contradictoire. Selon les situations, la façon dont ils sont utilisés, les TIC peuvent constituer ou non des leviers de transformation et de progrès. Si l’on analyse les systèmes éducatifs par exemple, il ont souvent joué un rôle de colonisation et de domination, et parallèlement un rôle de libération par l’accès à la connaissance et à la formation.

Plus largement quand on évoque la question de l’alphabétisation à l’échelle de la planète, (il y a à l’heure actuelle un milliard de personnes analphabètes, et, faute d’accès à l’école primaire de millions d’enfants, le futur ne sera pas meilleur), la question d’un usage potentiellement utile des technologies s’impose d’évidence.

Globalisation et travail

La globalisation rend difficile la cohérence du parcours qui comprend formation initiale, formation professionnelle, orientation, travail, (dans un cadre de formation tout au long de la vie) notamment dans les pays périphériques. La déstructuration de la culture, comme l’a montre Serge Latouche, rend ce parcours encore plus contradictoire.

Dans les pays du Nord, pour la majorité de la population une partie des interlocuteurs est bien définie : ceux qui sont en demande de formation technologique, linguistique et de communication. Les activités de formation dans ces pays sont souvent bien articulées avec l’information sur le travail et la formation, qui permet aux travailleurs en poste et, dans certains cas, même aux chômeurs de s’orienter rapidement pour ce qui concerne les possibilités de travail et les nécessités de formation. Dans les pays du Sud, où il y a coexistence du travail pré-industriel, industriel et dans certains secteurs post-industriel, il est très difficile de préciser les futures nécessités de travail et de formation.

Le danger, comme on à vue, est dans l’éducation que vise que des objectives professionnel (dans des formation souvent très courts) sans aucune préoccupation culturel. Et à ce propos les associations d’éducation populaire peuvent jouer un rôle important. Dans les pays du Sud on se limite souvent à des formation pour l’alphabétisation (ou à une colonisation technologique) sans que les population soit impliqué pour le control de ses ressources matérielles et culturelles, sans des références à la vie quotidienne. Et là aussi les association d’éducation ont des cartes à jouer aussi pour dénoncer les ambiguïté des la formation tout au long la vie et développer ses paradoxes dans une perspective nouvelle.

Pour les CEMEA, la formation doit être active et viser à créer des situations où la personne puisse prendre conscience du monde qui l’entoure, de ses possibilités et de les modifier dans la direction d’un progrès individuel et social. Donc l’éducation et la formation ne sont pas un moyen pour « gérer les crises », mais un enjeu pour l’élaboration de la pensée critique. Et la possibilité de choisir des pistes de formation nouvelle doit être un droit « tout au long de la vie ».

* Stefano Vitale, membre du Bureau de la FICEMEA (Bruxelles, Paris) et de la Direction de la Fédération Italien des CEMEA (Florence), Président des CEMEA du Piemont (Italie). Docteur en Philosophie, formateur aux CEMEA depuis 1981, titulaire du BAFA et du BAFD en France. Enseigne la pédagogie dans les Instituts de Formation pour Educateur Professionnel en Italie, a encadré nombreux stages de formation internationales et projets de formation des jeunes et d’adultes. Directeur adjoint de la revue « école » est auteur des nombreuses articles sur les thèmes de l’éducation et la formation. Responsable de la collection « Il mestiere dell’educatore » près l’éditeur « Il Capitello » (Turin), est auteur du livre « Il rischio educativo », Capitello, Torino, 1993.




Maj :12/06/2006
Auteur : ficemea