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Pour une éducation à la citoyenneté démocratique

Voici le texte introductif au travaux

Le concept de citoyenneté démocratique, critère essentiel pour l’accès au Conseil de l’Europe ou l’entrée dans l’Union Européenne, référence importante pour l’UNESCO à été défini dans un rapport de François Audigier :

« Les concepts de participation, de démocratie ou de citoyenneté participative semblent de plus en plus reconnus comme centraux pour l’avenir de notre vivre ensemble. Il s’agit de faire en sorte que chacun prenne sa place dans la société et contribue à son développement à quelque niveau que ce soit, au-delà de l’acte politique de voter. Il s’agit pour chacun d’avoir la maîtrise de son cadre de vie. La réduction des obstacles à la participation, notamment socio-économiques, fait partie intégrante de toute stratégie visant au renforcement de la citoyenneté démocratique. »

« Il observe que te terme de citoyenneté n’est présent que depuis peu dans tes textes internationaux, où il semble remplacer la notion plus restreinte de nationalité. Il indique quatre éléments de ta citoyenneté démocratique : le « noyau dur » politique et juridique des droits et obligations ; la dimension sociale, avec la composante essentielle de solidarité ; les dimensions économique (production, consommation, travail) et enfin culturelle, renvoyant à l’histoire, aux représentations et valeurs des héritages propres et communs. Compétences cognitives, sociales et éthiques sont sollicitées par ces différents domaines. C’est dire que l’éducation à la citoyenneté démocratique (ECD) doit articuler savoirs, pratiques et réflexion. » (Anne-Marie Franchi, pour la Commission des liaison des ONG dotées de statut consultatif auprès du Conseil de l’Europe).

Lors de notre séminaire de Montpellier nous avons adopté la position suivante :

« Des affaires de corruption entraînent la perte de confiance d’une partie des citoyens à l’égard des hommes politiques et de la politique, les pressions de l’extrême droite, une conception de plus en plus individualiste de la vie et de la consommation, le chômage et les peurs qu’il engendre, la misère qui pèse sur les exclus... sont autant de facteurs qui induisent trop souvent une forte diminution du sens civique. Pour le CEMEA français comme pour la FICEMEA, l’éducation à la citoyenneté est une question transversale à tous les lieux de vie de l’enfant et du jeune. Cette éducation relève de l’école mais aussi du temps du loisir, du temps périscolaire, du temps libre, toutes les terminologies sont employées parce qu’il est difficile de cerner ce qui dans la vie de l’enfant est du « temps périscolaire » et du « temps familial ». La transversalité relève de deux partis pris, celui d’une conception globale de l’éducation avec la nécessité de ne pas découper l’enfant en un être scolaire et un être non scolaire, celui de la complémentarité du temps scolaire et du temps périscolaire, complémentarité des lieux école et centres de loisirs, centres de vacances, complémentarité des intervenants, complémentarité institutionnelle entre l’Education Nationale, les collectivités locales, et les associations. Il s’agit là d’une des clés de la cohérence éducative. « Cette approche, qui est celle des CEMEA est liée il une conception politique de la vie sociale à et à une, analyse des institutions. L’éducation à la citoyenneté et, d’une certaine manière, du rapport au pouvoir, ne s’arrête pas seulement à l’apprentissage des formes d’organisation sociale qui sont pratiquées dans des instances particulières et protégées : le fonctionnement d’un conseil d’administration d’un établissement, d’un conseil municipal d’enfants, l’élection des délégués d’élèves ou le fonctionnement du foyer socio-éducatif. Nous défendons, avec beaucoup d’autres mouvements d’éducation populaire, l’idée d’une citoyenneté active, d’une citoyenneté des enfants et des jeunes, au quotidien, une citoyenneté immédiate. « La citoyenneté consiste pour une part à pouvoir élire des représentants auprès des instances qui régissent la vie quotidienne. Dans le contexte de l’enfance et de la jeunesse, il est déterminant que les élus soient accompagnés dans leurs responsabilités de façon à ne pas provoquer de situation d’échec. Il est important aussi que les responsabilités confiées soient bien en adéquation avec le statut et avec les capacités des enfants. Ces pratiques peuvent commencer très tôt et peuvent trouver leur placé dès l’école maternelle. La citoyenneté active, c’est être consulté et être associé aux décisions mais aussi participer au suivi de leur mise en œuvre, participer à leur évaluation. Ouvrir des espaces de paroles est important mais il faut aussi donner l’occasion aux enfants de prendre des décisions et d’être investis dans la mise en oeuvre de ces décisions. Les enfants doivent pouvoir exercer leur pouvoir de critique, d’analyse et de proposition. L’exercice de cette citoyenneté sous-entend des capacités à l’échange, à la communication, à l’acceptation de l’autre, à l’écoute, la capacité à défendre un point de vue, à présenter une argumentation. Enfin, dans cet apprentissage à la citoyenneté, entre l’éducation mais aussi le choix. Choisir est une chose, mais il est nécessaire de comprendre comment se construit un choix, avec quels outils, de quel processus il relève, de quelles connaissances il dépend, cela rejoint l’idée déjà développée : le lien entre citoyenneté et savoir. Il n’est pas de citoyenneté active possible sans une connaissance du monde dans lequel on vit et sur lequel on entend intervenir. « Les structures de loisirs, quelles qu’elles soient, avec ou sans hébergement, les associations, les clubs sont des lieux, des espaces de lien social de solidarité donc de citoyenneté active. Les jeunes et les enfants sont là concernés de deux façons différentes. Dune part les jeunes qui prennent des responsabilités d’encadrement et les autres qui sont les « utilisateurs » de ces structures. « L’engagement volontaire de dans des structures de loisirs leur permet de vivre une situation de responsabilité vraie dans un rôle éducatif. Il y a là un transfert de responsabilités d’adultes vers des jeunes gens qui sont encore lycéens. « Il est important que toutes les réunions, les espaces de prise de parole puissent conduire à des prises de décision. Ces d’ébats, qui doivent bien entendu suivre tout leur cheminement, n’ont de sens que s’ils permettent aux participants un engagement, une prise sur les situations vécues. Il en va ainsi au stade de la formation des jeunes candidats à l’encadrement comme dans le cadre de la vie des enfants dans les lieux d’activité avec ou sans hébergement. »

Dans son livre « Quelle école pour quelle citoyenneté », Georges Roche précise le rôle de l’école : « Le citoyen d’aujourd’hui n’est plus celui qui voici un demi-siècle seulement, avait ce sentiment d’appartenance à une nation patrie. Le maître avait en charge d’instituer la nation (...) ; sa mission est autre, elle est restée essentielle : faire de l’individu un citoyen du monde appartenant à une communauté internationale en devenir, européenne ici, mais aussi un individu identifié, par ses racines et son passé. Rude tâche pour l’éducateur qui rassemble des différences, qui pousse à la réflexion un auditoire disparate, qui lui propose des activités, favorise des pratiques démocratiques officielement reconnues, comme celle des délégués élèves, représentants du groupe. L’école est bien souvent restée silencieuse en se voulant neutre, or laïcité de l’institution ne peut plus être neutralité. Elle se doit de conduire le débat, d’organiser la controverse pour éclairer les consciences, éveiller les esprits. Il convient donc, dans une dernière partie, de souligner les idées forces qui s’imposent aujourd’hui à l’action éducative et peuvent lui donner du sens. L’homme semble dominé, asservi par la loi du marché, il est devenu consommateur de marchandises, de services. Le travail traditionnel a perdu en importance au profit du commerce, de l’échange, de la communication destinée avant tout à offrir, à demander. Le citoyen est dominé par le marchand qui s’empare des réalisations scientifiques et technologiques pour en faire des objets de consommation. Il en est ainsi de l’école que l’on voudrait au service du système économique. Mais la société l’appelle aussi, de plus en plus, à redevenir ou à devenir, un lieu d’éducation humaine, d’apprentissage à la vie civique, à la morale individuelle et collective. »

Encore faut-il que l’école existe et puisse assumer son rôle dans tous les pays du monde. Or, malgré les bonnes intentions affichées par l’UNESCO et l’ONU, en ce début du 3è millénaire, le monde compte 880 millions d’analphabètes, dont deux sur trois sont de filles ou des femmes, et 113 millions d’enfants n’ont pas accès à l’enseignement primaire.

D’où la bataille menée par les ONG dont la FICEMEA qui rappellent inlassablement :
- « L’engagement pris par les Etats d’assurer à tous l’éducation de base et la réalisation de cet engagement,
- L’importance indispensable de l’éducation éducation non formelle, en particulier dans les pays les plus défavorisés, facteur de stratégies éducatives novatrices appropriées au contexte local,
- L’apport important des ONG/OSC dans ce secteur,
- L’interaction et la complémentarité qui doivent exister entre le formel et le non formel pour une meilleure approche éducative intégrée »

En outre, les ONG rappellent les engagements pris au Forum Mondial de l’Education pour tous (EPT) à Dakar et réaffirmés à toutes les réunions internationales qui ont suivi, qu’aucun pays présentant des plans crédibles et des engagements sérieux, ne serait empêché de les réaliser par manque de moyens. Les critères de crédibilité et d’engagement devraient être établis en concertation avec tous les partenaires concernés, dont les ONG.

Les ONG constatent les insuffisances des moyens disponibles pour les programmes EPT. Elles souhaitent que le G8 et les pays donateurs concrétisent leur soutien et permettent ainsi aux Nations Unies et notamment à l’UNESCO en charge de la coordination de l’EPT, d’assurer le rôle qui leur a été confié à Dakar par la communauté internationale .

Dans un tel contexte, comment l’éducation à la citoyenneté démocratique est-elle possible ? Avez-vous des expériences dans ce domaine ?

L’exercice de la citoyenneté démocratique et son apprentissage sont-ils possibles :

- Dans un pays où le taux d’analphabétisme est considérable ?
- Dans un pays où la sécurité des citoyens n’est pas assurée ?
- Dans un pays où les besoins alimentaires de la population civile (ou d’une partie de cette population) ne sont pas satisfaits ?

Que faire dans un pays non démocratique quand les intitutions nécessaires à l’exercice de la citoyenneté, l’accès à l’espace public et l’accès au droit n’existe pas ?

En Europe l’exercice de la citoyenneté démocratique et son apprentissage sont-ils encouragés, empêchés ou freinés ?

L’accès au droit est-il le même pour tous ?

Après le Forum mondial, quelles stratégies différenciées mettre en ouvre pour promouvoir l’éducation à la citoyenneté démocratique pour tous dans le monde ?

Carlos SALAZAR (ADEVI - PEROU) - Claude VERCOUTERE (FICEMEA)



Le rapport d’atelier en téléchargement
(poids : 89767 - Format : PDF)


Maj :12/06/2006
Auteur : ficemea