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Fédération internationale des Ceméa
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Séminaire international : l’éducation n’est pas une marchandisation
Le 20 octobre 2005, la communauté internationale au terme d’une mobilisation sans relâche, a adopté, à l’Unesco, la convention destinée à garantir le maintien et le renforcement de la diversité culturelle. Les pays en développement se sont fortement impliqués dans ce qui s’est révélé être un véritable combat ; il s’agissait d’un débat essentiel puisque de son issue dépendait la capacité pour les pouvoirs publics de mener des politiques culturelles souveraines et de garantir ainsi le pluralisme de la pensée. Apparemment, nous pouvons être rassurés : la diversité des valeurs et de leurs expressions devraient rendre plus équilibrée la mondialisation économique. Apparemment seulement, car un danger, plus grand encore, menace : la mise sur le « marché » des services de l’éducation notamment dans le cadre des négociations multilatérales (à l’OMC). L’éducation est un secteur d’importance : un milliard d’élèves et d’étudiants, 50 millions d’enseignants, un « chiffre d’affaires » de l’ordre de 2000 milliards de dollars, soit le vingtième du PIB mondial, montant considérable et qui n’est assuré par le secteur privé que pour un cinquième. Des groupes financiers puissants s’intéressent de très près à ce marché potentiel et reprochent aux autorités publiques de ne pas tenir suffisamment compte des intérêts économiques immédiats dans la gestion du secteur de l’éducation. La marchandisation cible aussi l’enseignement à distance qui, grâce au développement des nouvelles technologies, occupe une place de plus en plus grande dans les processus d’apprentissage à tous les niveaux et sera bientôt au centre des politiques d’éducation. Une fois de plus, ce sont les pays en développement qui risquent de subir le plus vite et le plus fort les effets d’une libéralisation des services de l’éducation ; à ce niveau des besoins criants peuvent conduire les responsables publics à céder à l’urgence et donc à suivre les propositions de ceux qui promettent d’entrevoir, enfin, « l’éducation pour tous ». S’opposer à la libéralisation ne signifie, en rien, s’attaquer à l’existence de réseaux éducatifs privés (l’enseignement libre) ; ceux-ci doivent, bien sûr, être maintenus. De même, il ne s’agit pas de nier le lien entre l’éducation et le développement économique : l’enjeu est, tout simplement, de permettre à la puissance publique de continuer à exercer son rôle de régulateur légitime : contrôle des matières, niveau des diplômes, conditions d’installation des établissements, qualifications des maîtres… Depuis la nuit des temps, c’est la transmission des savoirs, donc l’école sous toutes ses formes, qui a contribué à l’insertion du citoyen dans sa communauté. L’école doit garder sa double mission : à la fois celle de préparer l’avenir en ouvrant l’enfant sur le monde qu’il aura à transformer mais aussi la mission essentielle de « conservatoire », du passé, des valeurs, des traditions, et de lien entre les générations. Ce double rôle doit être préservé. Au contraire, le projet éducatif défendu par ceux qui se présentent comme les nouveaux apôtres de la liberté occulte totalement la dimension communautaire des savoirs et leur rôle dans la construction identitaire. Le danger est réel et le risque grave. Il ouvre tout à la fois la possibilité pour un Etat ou pour une multinationale de s’ériger en « professeurs du monde », et pour une secte d’utiliser ce nouveau et formidable moyen de prosélytisme. Comment expliquer l’apparente indifférence des responsables politiques vis-à-vis du projet de libéralisation des services de l’éducation ? Le monde est riche de ses langues et de ses cultures, ce sont les seuls biens qui peuvent survivre à toutes les crises économiques et la diversité culturelle avec tout ce que ce mot implique : « penser, écouter, dire, » constitue, de fait, le véritable patrimoine de l’humanité. Aujourd’hui, il nous est proposé de chanter la même chanson (ou le même hymne ?) et de participer à une chorale mondiale au répertoire unique. Nous devons refuser une harmonie de façade qui ne serait que le fruit d’étouffements et, plus que jamais, choisir la polyphonie, et même la cacophonie, des valeurs, des langues et des cultures ! S’opposer à la marchandisation de l’école ne relève ni de la nostalgie, ni du passéisme. Au contraire, c’est une pensée moderne que de vouloir, à tout prix, sauver « l’école du village » pour, tout simplement, continuer à être. C’est cette volonté qui, plus que jamais, anime la Ficeméa. Roger Dehaybe Président Maj :28/04/2014
Auteur : ficemea |