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Togo

THEMATIQUE 4 FORUM MONDIAL FICEMEA 2003 "POUR UNE EDUCATION A LA CITOYENNETE DEMOCRATIQUE ” Présentatrice : Mme DOSSOU A.Kaygan Antoinette Dans un tel contexte, comment l’éducation à la citoyenneté démocratique est-elle possible ?

La notion de citoyenneté démocratique exprime l’idée d’une intégration parfaite de la personne dans son milieu de vie, indépendamment du sexe, de religion, d’idéologie etc... Elle a sa place dans sa société, contribue à son développement et est épanouie dans toutes ses dimensions.

Mais dans la réalité, cette notion est confrontée à des obstacles tels que l’évolution de l’individu qui ne suit pas toujours celle de la société, la gestion sociale qui n’intègre pas tout le monde, la rupture brusque entre passé et présent etc... Tout ceci rend difficile l’exercice de la citoyenneté démocratique. Si nous appuyons l’idée selon laquelle, “ il n’y a pas de citoyenneté active possible sans une connaissance de monde dans lequel on vit et sur lequel on entend intervenir ” ; cela sous entend que la citoyenneté démocratique doit être un apprentissage et une adaptation progressive, lesquels devraient se faire depuis la naissance et s’intégrer à l’évolution de l’être social. Dans ce cas il est nécessaire de revoir et d’adapter les stratégies de développement aux besoins des populations, d’adapter les systèmes d’éducation et de les rendre accessibles à tous etc...

Avez-vous des expériences dans ce domaines ?

La part la plus importante de l’éducation de l’individu revient à la famille dans le domaine des transmissions des valeurs (la morale, les coutumes, les interdits, d’initier les enfants, et ce travail est complété par les oncles, les tantes et toute la communauté. Cette éducation consiste à -intégrer l’enfant à son milieu, à le socialiser. L’enfant, face aussi au groupe des pairs, reçoit les éléments de sa formation du groupe tout entier à travers des initiations et l’institution d’une division de travail. Cette formation informelle est complétée par l’éducation institutionnalisée qu’est l’école et aussi dans les centres de loisirs et les centres de vacances.

A l’école primaire, à partir des travaux de la reforme de l’enseignement au Togo, des efforts ont été faits par la redéfinition des contenus des programmes basés sur les activités pratique du milieu et par l’application des méthodes actives. L’enfant devient dès lors, l’artisan de son propre savoir, pour une insertion harmonieuse dans son milieu de vie. Les nouvelles relations maiÎtre élève, élève-maître, élève-élève sont établies et des travaux effectués en groupes vont permettre à l’enfant de faire des discussions en classe. Les nouvelles dénominations de certaines disciplines ont permis en sciences d’aller à l’initiation à la vie pratique afin d’amener l’enfant à réinvestir les acquisitions nouvelles dans son milieu. Le recours aux personnes ressources dans la formation de l’élève sont des atouts non négligeables pour tendre vers un enseignement intégré et plus libéral. L’enseignement de l’éducation civique et morale permet d’aborder petit à petit l’apprentissage de la citoyenneté démocratique. L’éducation est continue et intégrée dans la mesure où l’école nouvelle ne peut plus œuvrer en vase clos. Elle a établi de nouvelles relations avec le milieu de vie dont elle s’est longtemps coupée pour mieux équilibrer l’apprentissage des savoir-faire et de ssavoir-être.

Elle est une école centrée désormais sur le développement culturel, économique et social, insérée au milieu de vie où elle trouvera ses thèmes de réflexion et d’action. Elle est désormais le commencement et l’aboutissement de toute action éducative, et doit favoriser une insertion harmonieuse de l’enfant dans son milieu de vie.

Au niveau extra-scolaire, les CEMEA et les centres de loisirs et de vacances, mettent implicitement l’accent sur les concepts de l’éducation à la citoyenneté démocratique à partir de l’éducation de qualité qui se donne dans les centres et qui s’appuie sur une pédagogie active qui permet aux enfants et aux jeunes adolescents de prendre conscience de leurs potentialités, de se responsabiliser et de développer leurs capacités de réflexion, d’analyse critique et de créativité. Ce brassage d’ethnies que forment les CENMA, permet aux enfants au-delà de leurs frontières naturelles, de leurs réalités propres, de vivre d’autres expériences, de se socialiser plus et de tendre vers l’apprentissage d’une citoyenneté démocratique basée sur des principes de tolérances et de paix à travers l’acceptation du prochain et de sa différence. Les méthodes des CEMEA permettent donc aux enfants d’apprécier la diversité, la richesse et le dynamisme de leurs cultures dans le but aussi de les libérer d’une dépendance psychologique trop centrée sur la famille.

L’exercice de la citoyenneté démocratique et son apprentissage sont-ils possibles dans un pays où le taux d’analphabétisme est considérable ?

L’exercice de la citoyenneté démocratique sous -entend des capacités à l’échange, à la communication, à l’acceptation de l’autre, à J’écoute, à la capacité à défendre son point des vue etc...

Les individus analphabètes ou non analphabétisés ne peuvent pas agir sur le milieu et le transformer surtout que nos milieux sont en constante évolution (la technicité, la technologie, les informations...) dont l’individu en ce cas au lieu d’être acteur de sa vie, maîtriser son milieu, de s’en approprier, subit plutôt l’influence de ce milieu. Il devient un acteur passif au lieu d’être actif.

Il ne peut donc pas faire partie des prises de décisions ; il subit ; on lui impose des choses qu’il accepte et consomme sans pour autant réagir ou avoir des réactions appropriées.

Aujourd’hui, il y a une évolution de plus en plus rapide, des connaissances et des techniques. Les savoirs traditionnels de base ne sont plus suffisants ; donc l’analphabète dans un tel contexte est incapable de s’adapter à son propre milieu. Il n ’y a donc pas de citoyenneté active possible sans une connaissance du monde dans lequel on vit et sur lequel on entend intervenir. L’exercice à la citoyenneté démocratique doit être un lieu de vie dans lequel l’éducation est de tous les instants où l’évolution de l’individu est active, progressive et permanente.

Comme approches de solutions, nous devons mener une lutte âpre contre l’analphabétisation dans nos villes et campagnes en appuyant fortement sur ce que font déjà certaines ONG à travers des projets soutenus d’apprentissage de la lecture, des installations de radios rurales dans des endroits publics pour la diffusion des informations dans nos langues d’abord, ensuite l’acceptation des causeries débats sur des thèmes variés (santé, actualité, droit etc ... ), des sketchs à la population dans le sens d’une éducation permanente et durable, afin que cette couche sociale ne soit pas en marge de l’évolution d’un monde qu’il n’arrive pas à maîtriser ; car le taux important d’analphabétisme dans nos pays demeure un obstacle majeur à notre développement.

Statistique indiquant les taux d’analphabétisme au Togo jusqu’en 2002

- hommes : 33%
- femmes : 67%
- Ensemble : 46,8%

Dans un pays où la sécurité des citoyens n’est pas assurée.

- L’éducation doit être laïque, elle doit pouvoir transcender les différentes conceptions idéologiques, philosophiques, politiques ou réligieuses, et amener à développer l’esprit critique de chacun. En bref, elle a une influence à trois dimensions : celle de l’individu sur la société, de la société sur l’individu et de l’individu sur l’individu. Tout cela forme ce qu’on peut appeler une cohésion sociale.

On parle alors de conflits lorsque cette cohésion est rompue et que le vouloir vivre en commun fait place à l’exclusion, à la marginalisation et à la discrimination. La fraternité n’existe plus, le respect, la prise en considération de l’autre sont constamment violés. L’individu ne se sent pas en sécurité chez lui. Il y a des mouvements migratoires, des soulèvements,, des révoltes,, des guerres internes avec pour conséquence, la violation des droits humains fondamentaux. Dans de tels contextes ; l’on ne peut véritablement pas parler d’exercice, à la citoyenneté démocratique. Dans de telles conditions ; l’exercice à la citoyenneté démocratique est très difficile parce que :

- les climats d’ insécurité ne garantissent pas les conditions nécessaires pour que les personnes vivent, grandissent, deviennent autonomes et s’impliquent dans la gestion sociale sans être inquiétées. Les lieux qui favorisent la convivialité entre les jeunes et les enfants (les camps de loisirs, les centres de Jeux, les lieux de regroupement de connaissance n’offre plus de garantie de sécurité et ne sont souvent plus fonctionnels.

Nous tenons à noter quand même qu’avec l’aide des organismes internationaux,des ONG, l’appui et l’intervention de la commission des droits de l’homme, l’on peut tendre vers une possible sécurité.

Dans un pays où les besoins alimentaires de la population civile ou (d’une partie de cette population) ne sont pas satisfaits.

Dans de tels pays : on fait le constat suivant , qu’il y a une émergence de deux classes sociales :

- d’un côté il y a une classe sociale à faible taux qui s’approprie de 1 la grande proportion des ressources ;

- de l’autre côté la majorité qui se contente et se partage le reste.

C’est l’idéal type des pays en développement où généralement la classe minoritaire plus riche et plus puissante écrase et étouffe l’autre qui ne peut pas participer pleinement à la vie sociale. Dans de tels pays les règles sociales ne s’appliquent pas uniformément à tous et la classe nantie ne se préoccupe pas nécessairement du confort de l’autre. On peut donc parler d’inégalité sociale. On note tous les maux de la pauvreté dans cette deuxième couche sociale avec pour corollaire (la mortalité, les prostitutions, les maladies courantes, un fort taux d’analphabétisme). L’individu n’est pas intégré, n’est pas épanoui et beaucoup finissent par quitter le pays à la recherche d’un emploi plus rémunéré ; des tendances perverses se développent (le trafic et l’exploitation des enfants, l’abandon précoce de l’école, des jeunes filles livrées à la prostitution précoce, aux mariages forcés et précoces, et aux grossesses non désirées etc ... )

Aussi ne pouvons nous pas non plus dans ce cas parler d’un véritable exercice d’éducation à la citoyenneté démocratique parce que l’individu n’est véritablement pas acteur de sa vie, il ne maîtrise pratiquement pas les rouages du développement de sa société. Il dépend des autres dans ses besoins. L’on ne peut pas affirmer qu’il y a réellement une appropriation de sa culture, appropriation de son milieu.

D’une façon générale nous pouvons dire pour ces cas que l’exercice à la citoyenneté démocratique reste difficile compte tenu des raisons précitées mais des révisions sociales peuvent conduire progressivement à des approches de solutions telles que :

- revoir, adopter et appliquer des politiques macro économiques et des stratégies de développement répondant aux besoins et aux efforts des gens vivant dans la pauvreté ;
- réviser les législations et les pratiques administratives en vue d’assurer l’égalité des droits sur les ressources économiques et un accès plus large des personnes à des ressources ; ouvrir aux plus démunis l’accès à l’épargne et aux mécanismes et institutions de crédit.

Si l’exercice de la citoyenneté démocratique reste difficile pour ces cas, son apprentissage peut se faire à partir des promoteurs de l’apprentissage tels que le CEMEA, les ONG beaucoup plus indiqués.

Que faire dans un pays non démocratique quand les institutions nécessaires à l’exercice de la citoyenneté, l’accès à l’espace publie et l’accès au droit n’existe pas ?

Les pays non démocratiques sont des pays à parti unique, dictatoriaux, autocratiques où l’instance dirigeante impose sa volonté et ses décisions à la masse la plus importante de la population.

L’ignorance est entretenue par l’autocratie ; il y a une minorité qui met la main sur tout. Dans un tel pays, les structures d’épanouissement des individus sont mal gérés. L’accès à l’espace public est quasi inexistant ou interdit. Les droits fondamentaux sont constamment violés.

*Que faire dans un tel pays ? On doit veiller à ce que les mécanismes de défense des droits de l’homme collaborent et coordonnent leurs travaux pour assurer le respect des droits fondamentaux.

*Ces institutions doivent encourager la création dans ces pays de nouvelles institutions indépendantes pour la protection et la promotion des droits pour renforcer ceux qui existent déjà.

*Les activités de l’ONU dans le domaine du droit de l’homme doivent être rationalisées et renforcées compte tenu de la nécessité.

"Les efforts déployés par les ONG et fes secteurs privés doivent être encouragés pour réaliserl’égalité entre les différentes couches sociales.

*Les organismes internationaux doivent fournir un appui adéquat aux programmes et projets visant à protéger les espaces publics et les droits, fondamentaux.

*La réduction au maximum du taux d’analphabétisme s’avère indispensable ; pour cela, il faut la conscientisation du grand peuple par l’éducation, la formation et l’alphabétisation.

*L’organisation des gens de manière à s’auto- suffire alimentairement pour leur permettre de bénéficier petit à petit d’un espace de liberté.

En Europe, l’exercice de la citoyenneté démocratique et son apprentissage sont-ils encouragés, empêchés ou freinés ?

En Europe, le constat est que l’exercice de la citoyenneté démocratique et son apprentissage sont encouragés parce que ce concept est essentiel aujourd’hui pour l’accès au conseil de l’Europe et c’est une référence essentielle pour l’UNESCO. Dans la plupart des pays d’Europe, la valeur et la dignité humaine sont prises en compte et les gouvernements font des efforts pour une parfaite intégration de la personne dans son milieu. Mais il demeure quand même évident que ces concepts soient encouragés plus dans les pays d’Europe Centrale et de l’Est.

L’accès au droit est-il le même pour tous ?

Dans ces pays Européens, le droit est le même pour tous. Selon les textes, l’homme politique qui enfreint aux lois doit être jugé de la même manière que le simple citoyen.

En réalité, les pratiques ne sont pas toujours conformes aux textes. Les violations plus ou moins sérieuses sont dénoncées au cours des manifestations publiques et sur les médias.

Après le forum mondial quelles stratégies différenciées mettre en œuvre pour promouvoir l’éducation à la citoyenneté démocratique pour tous dans le monde ?

A partir des recommandations issues du forum, il va falloir encourager les instances internationales à insérer l’exercice et la pratique de la citoyenneté démocratique dans leurs programmes et suivre leur application dans les pays membre. Mais déjà, après le travail sur cette thématique, nous proposons ce qui suit :

- Veillez à l’application de la charte universelle des droits de l’homme dans tous les Etats membres par les Nations Unies ;
- Sensibiliser à la base, et que l’application de ces concepts soit effective dans tous les domaines de l’éducation (scolaire et pré-scolaire) ;
- Favoriser une adéquation entre l’évolution sociale et l’évolution de la personne humaine (que l’individu ne soit pas étouffé par une globalisation difficile à cerner, à gérer etc... ;
- Veuillez à l’instauration de réels système démocratiques dans tous les pays du monde par les Nations Unies et les institutions internationales ;
- Institutionnaliser dans le système des Nations Unies, le droit à l’ingérence en matière de violations des droits de l’homme ;
- Mettre en place par le système des Nations Unies un mécanisme de contrôle international pour le respect des droits humains ;
- Intégrer les jeunes, les enfants dans le système social et dans les instances de prise de décision,
- Favoriser le développement des campagnes à l’image de l’évolution sociale (accès à l’information, aux médias, aux connaissances techniques etc ... ) ;
- Instituer dans les programmes d’enseignement cet apprentissage à la citoyenneté démocratique ;
- Former des formateurs appropriés (encadreurs, organisateurs, directeurs, animateurs) aux méthodes actives, progressives et permanentes ;
- Former des encadreurs aux notions d’apprentissage et d’exercice à la citoyenneté démocratique ;
- Revoir l’organisation des centres de vacances et de loisirs, les chantiers de jeunes en travaillant sur le sens, sur la mission sociale et éducative et leur contribution au développement social durable ;
- Insérer dans les programmes d’alphabétisation le programme de développement communautaire, l’exercice et la pratique de la citoyenneté démocratique ;
- Insister et encourager les associations et les ONG à insérer dans leurs différents programmes l’exercice et la pratique de la citoyenneté démocratique.

A la lumière de ces travaux, nous notons qu’il n’y a pas de citoyenneté démocratique possible qu’à travers son apprentissage et son exercice. Les changements aussi de comportements et d’attitudes des individus seront possibles qu’à partir d’une prise de conscience aiguë des réalités dans leur milieu. Elle ne sera possible que lorsque tous les maux qui minent les populations des pays en développement et autres pays constamment en conflits trouveront progressivement des solutions à partir de l’instauration de véritables Etats de droits, tenant compte de la dignité de l’homme, de ses droits fondamentaux et si et seulement si ces pays auront compris qu’ils ne peuvent pas vivre en harmonie sans une paix profonde, sans la tolérance, et enfin sans l’institution d’une vraie démocratie. Aussi sera-t-elle effective lorsque :

- les populations pourront vivre tranquillement sans être inquiétées ;
- les populations seront en mesure de s’auto - suffire alimentairement
- les impacts négatifs des classes sociales seront enrayés ;
- la dictature et tous ses maux ne trouveront plus leur place parmi la population ;
- l’apprentissage et l’exercice de la citoyenneté démocratique auront une place de choix dans nos programmes d’éducation (scolaire et d’alphabétisation) pour éduquer les enfants dès la base dans cette optique et inclure aussi les personnes âgées dans ce processus d’intégration.

FORUM MONDIAL FICEMEA 2003

THEMATIQUE 1

L’EDUCATION PERMANENTE, L’EDUCATION TOUT AU LONG DE LA VIE A partir de ces quelques constats exhaustifs et édifiants énumérés à titre indicatif dans la première partie de la thématique 1, il nous paraît judicieux de faire remarquer que l’école ne peut plus apporter à elle seule te bagage de connaissances indispensables à l’homme durant son existence.

En effet, les formations initiales qu’elle donne doivent en permanence être complétées et mise à jour par des formations ultérieures. Le rôle de la formation initiale c’est à dire celui de l’école et de l’université n’est plus en conséquence, d’introduire dans la tête des enfants et des étudiants une certaine somme de connaissances dont l’admission est sanctionnée par un examen donnant droit à un diplôme, mais de préparer à des formations ultérieures intervenant après l’école et destinées aux adultes engagés dans la vie active.

Pour nous permettre de mieux cerner le concept de l’éducation permanente ou l’éducation tout au long de la vie, il nous faut au préalable élucider certaines notions comme : la culture, l’instruction, la formation et l’éducation en mettant l’accent sur ce qu’elles ont en commun et ce qu’elles ont en complémentarité.

L’éducation doit être continue. Elle ne devait pas abandonner les individus au moment où ils sortent des écoles. Elle devrait embrasser tous les âges (1er , 2e, 3e et 4e âge). Il n’y en avait aucun où il ne fut utile et possible d’apprendre. Cette seconde éducation est d’autant plus utile et nécessaire que celle de l’enfance a été resserrée dans les bornes plus étroites.

En continuant à apprendre pendant toute sa vie, on empêchera les connaissances acquises dans les écoles de s’effacer promptement de la mémoire. On entretiendra dans les esprits une activité utile.

Comme il est difficile de prévoir le type de société dans laquelle vivront les adultes, pour les enfants d’aujourd’hui, on doit s’efforcer de développer, avant tout leur aptitude à acquérir les connaissances, donc de former des (têtes chercheuses) capables d’atteindre les objectifs intellectuels mobiles, des “ têtes bien faites ”, une curiosité éveillée, de bonnes structures mentales, de bonnes méthodes de penser, une mémoire plus entraînée.

Il faut former des esprits lucides et des caractères trempés qui restent juges de la valeur et de la personnalité dans ses évolutions prêt à intervenir pour les fléchir si elle se révélait défavorable à la dignité et à l’épanouissement de l’homme.

Tous, des fois avons nous fait cette expérience que tout ce qui a été appris à l’ école ou en formation se trouve dépassé par les découvertes, les théories, les techniques ou les situations nouvelles. Alors, il nous faut nous tenir au jour du progrès, des méthodes et des techniques dans notre vie professionnelle, économique , familiale, civile, intellectuelle, affective... C’est ça l’éducation permanente ou l’éducation tout au long de la vie et elle doit se dérouler partout autant bien à l’école qu’en dehors de l’école.

Les acteurs de cette éducation en dehors de l’école conventionnelle sont les membres de la communauté, les animateurs et autres acteurs de l’éducation non formelle organisée par les associations, mouvements, ONG .... à travers des programmes de formation, d’apprentissage, de recyclage, d’alphabétisation, de projets de développement communautaires, des activités extra scolaires, des .,centres de vacances et de loisirs.

Très souvent ces Associations et ONG dont le rôle est non moins négligeable , travaillent en partenariat avec les institutions étatiques ou avec des parrains extérieurs.

UNE ECOLE POUR TOUS

Généralement si l’école se définit comme un lieu, un cadre, un établissement, une institution où est dispensé un enseignement , les enjeux de l’éducation permanente nous interpellent à distinguer l’école conventionnelle de l’école de la vie.

En effet, l’école conventionnelle, qui peut se définir comme un système d’enseignement institutionnalisé, chronologiquement gradué et hiérarchiquement structuré s’étendant de l’école primaire en passant par l’enseignement technique et professionnel jusqu’à 1’université, se trouve aujourd’hui un cadre fermé caractérisée par un système de sélection par conséquent d’abandon, de renvoi, d’échec ou de réussite.

Bien que l’éducation formelle grâce à la méthode active essaie d’associer à ses activités les activités péri-scolaires et extra- scolaires, son système sélectif fait toujours des marginaux.

L’école de la vie est celle là où toute activité éducative est conduite en dehors du système formel en vue de fournir différents types d’apprentissages et de transmettre les valeurs et attitudes admises dans la société. Ici l’école est caractérisée par son universalité, c’est à dire s’étend à tous les citoyens (pas d’échec). Elle doit, dans ses divers degrés, embrasser le système entier des connaissances humaines et assurer aux hommes , dans tous les âges de la vie, la facilité de conserver leur connaissances ou d’en acquérir d’autres.

En effet, l’action éducative doit s’exercer partout : à l’école, au village, en ville, à l’intérieur d’une association quelconque, au sein de la famille, au sein du clan, au couvent, dans les groupes d’initiation, à l’église, dans les relations individuelles, sous l’arbre à palabre, dans les institutions éducatives (maisons de jeunes centres de vacance) dans les journaux, les livres, la radio, la télé, le théâtre les contes, Internet :

Ici c’est l’éducation par l’action et l’expérience tout au long de la vie. C’est l’école de la vie qui forme la personnalité de l’individu.

Le système d’éducation traditionnelle en Afrique, était adapté aux besoins (économique, religieux, ruraux .... ) du village. On ne peut pas en dire autant aujourd’hui où l’école conventionnelle fait fuir la jeunesse vers les villes et ne permet pas au village de satisfaire ses besoins.

L’éducation non formelle, laisse la possibilité à chacun d’exprimer son originalité.

Une école nouvelle pour une société nouvelle.

Amadou Mathar M’Bow dira : "Dans les sociétés traditionnelles en Afrique, le travail et la vie communautaire étaient inséparables de l’acquisition du savoir. C’est une conception qui devait être remise à l’honneur dans le monde actuel, y compris dans les pays industrialisés... Cela signifie qu’il faut l’orienter vers l’éducation permanente en intégrant à la fois le scolaire et l’extrascolaire. ”

Quant à l’historien Ki Zerbo "l’école doit être l’affaire de tout le village et le village l’affaire de l’école .... L’école doit rester un ferment, un levain, par conséquent distinct de la masse mais immergé et investi par celle-ci pour agir. ”.

3.1 DES ENJEUX AUTOUR DES QUESTIONS DE L’EMPLOI, DU TRAVAIIL, DU TEMPS LIBERE ET DE L’EDUCATION PERMANENTE.

L’éducation des adultes dans les secteurs de nécessité et d obligation aura pour but d’aider les travailleurs dans l’accomplissement de leurs tâches, d’enrichir leur culture, de fortifier leurs moyens d’expression, de satisfaire leur curiosité légitime quelles que soient leurs préoccupations.

L’un des enjeux de l’éducation des adultes est d’aboutir à l’instauration de l’alternance dans l’emploi du temps de chaque journée, en créant des conditions de telle sorte que le lieu de travail soit aussi le lieu de culture et de liberté.

Par ailleurs, la participation active de tous les salariés aux activités des comités d’entreprise, structures économiques et sociales, véritables instruments de démocratisation est salutaire.

La technique évolue plus vite que la formation ; il faut donc former des hommes à des tâches nouvelles qui demandent de nouvelles capacités. Le besoin de “culture générale ” se fait de plus en plus sentir.

En vue de permettre la promotion du travail, il doit être mis à la disposition des travailleurs des moyens de formation et de perfectionnement propres à faciliter leur accès à un poste supérieur ou leur réorientation vers une activité nouvelle.

La promotion professionnelle vise à former des travailleurs spécialisés ou qualifiés, des agents d’encadrement technique, des instructeurs de formation professionnelle.

La formation professionnelle continue fait partie de l’éducation permanente. Elle a pour objet de permettre l’adaptation des travailleurs aux changements techniques et des conditions de travail (sécurité, hygiène ... ), de favoriser leur promotion sociale.

Dynamique de transformation sociale, l’éducation permanente doit tenir compte de genre de vie, des intérêts, des motivations des personnes auxquelles elle s’adresse.

312 - L’EDUCATION ET LA FORMATION DES ADULTES NE SE REDUISENT PAS A DES ASPECTS ECONOMIQUES, MAIS DOIVENT ETRE ARTICULES A LA QUESTION DE LA DEMOCRATIE ET DU DEVELOPEMENT SOCIO-CULTUREL.

En effet, donnet à tous l’éducation et la formation nécessaire, afin qu’ils deviennent des citoyens aptes à participer activement à la vie du pays est l’une des idées essentielles qui guident les promoteurs de l’éducation des adultes.

La démocratisation du pouvoir ne peut pas se faire sans combattre l’injustice culturelle, et une telle entreprise est inséparable de la démocratisation du savoir. Aussi, faut-il lutter contre l’obscurantisme pour développer l’éducation et la formation des hommes. De même une action incessante doit être entreprise par les travailleurs qui se veulent moins asservis, moins humiliés, plus libres. Se libérer de l’asservissement imposé par les contraintes d’une société inhumaine, ne peut, pour eux, qu’aller de paire avec le désir de conquérir le savoir. Condition essentielle de leur dignité.

Ainsi, la lutte contre les aliénations par les travailleurs au prix de lourds sacrifices doit permettre d’obtenir un peu plus de temps libre donc le droit au loisir. C’est à dire qu’aujourd’hui le loisir étroitement lié à l’éducation s’affirme comme un droit, mais aussi comme une valeur. De plus au temps de loisir s’ajoute un temps de formation pris sur le temps du travail.

En ce temps où chacun de nous s’interroge sur les structures qui permettraient à nos pays (en développement) de vivre une véritable démocratie, il n’est point utopique de croire que former des hommes pour les rendre plus conscients, c’est-à-dire plus libres, est sans doute un des moyens efficaces de préparer la société de demain.

George Sand dira à juste titre : ”Le savoir sert, évite une foule de tourmentes, de préoccupations, d’ennuis, d’affronts parfois à celui qui le possède.

Mais dût-on, même en le possédant, ne pas prospérer, il faut encore le désirer et le chérir, parce qu’il nous élève comme homme, qu’il nous donne des satisfactions intimes et nous attire du respect ”.

Une éducation démocratique doit assurer un équilibre harmonieux entre les droits de l’individu à une vie personnelle libre et humaine et ses devoirs envers la communauté à laquelle il appartient. C’est pourquoi l’éducation des adultes a pour tâche d’inculquer aux individus des connaissances indispensables à l’accomplissement de leurs fonctions économique, sociale et politique et surtout de leur permettre en participant à la vie de la communauté de mener une vie plus complète et harmonieuse.

313- QUELLES POLITIQUES DANS LE DOMAINE DE LA FORMATION DES ADULTES DANS LE MONDE ?

Aucun pays ne peut espérer se développer si la grande partie de sa population ne sait ni lire, ni écrire, ni compter. Ainsi Frédéric Haabison écrit : “ Le progrès d’un pays dépend d’abord du progrès de sa population. Si le pays ne développe les possibilités intellectuelles de sa population, il ne peut guère se développer matériellement, économiquement, culturellement. Il doit constituer un capital humain en terme moins abstrait, il doit améliorer l’instruction".

La formation des adultes doit favoriser l’apprentissage des techniques permettant de répondre aux besoins en milieu rural et urbain. Elle doit permettre à l’homme de prendre conscience de sa situation et de jouer un rôle créateur. Il s’agit d’équiper intellectuellement l’individu, l’amener à un niveau tel que ses connaissances soient utilisables sur le plan pratique.

C’est pourquoi Phillipps Comb considère l’éducation dans un pays en développement " comme une importante industrie d’investissement". Car il faut d’abord libérer l’homme de l’ignorance pour l’amener à jouer un rôle efficace pour le développement de son pays.

Aunsi une politique dans le domaine de la formation des adultes doit être d’abord nationale avant de s’insérer dans le contexte régional, international. Tout système de formation des adultes doit s’adapter aux structures et aux réalités de chaque pays. Ce qui suppose son insertion dans le circuit économique, sa mise en relation constante avec le monde du travail et son organisation rigoureuse à partir d’une planification et d’une orientation rationnelle.

L’éducation doit s’enraciner dans le terroir national tout en s’ouvrant à l’universel. Cela suppose l’adoption de la science et de la technologie. Il y a ici souci qualitatif parce qu’il s’agit de mettre la pensée au service de l’action, mais on veut surtout avant tout amener l’individu à apprendre à savoir faire", apprendre à s’adapter et à créer".

314 - PLACE ET ROLE DU SERVICE PUBLIC D’EDUCATION ET DE FORMATION TOUT AU LONG DE LA VIE

Aujourd’hui l’éducation permanente est à l’ordre du jour, rendue indispensable par l’évolution technique rapide du monde et de la mobilité des fonctions qui engendrent sans cesse de nouvelles professions auxquelles il faut s’adapter.

Aussi le service public d’éducation et de formation doit non seulement revoir le contenu des programmes d’enseignement, mais aussi revoir leur pédagogie en développant chez l’apprenant le goût de la recherche, de l’observation, de la révision des données acquises. A cet effet, il doit privilégier “ l’éducation de tous par tous ”, la désaliénation et l’émancipation des individus par la culture.

Pour ce faire, il doit orienter ses actions aussi bien vers le secteur formel que le secteur informel.

Premier acteur de l’éducation et de la formation des citoyens, le service public dans l’élaboration de sa politique hardie doit

- doter le pays de structures appropriées et suffisantes avec la possibilité d’augmenter leur capacité d’accueil (écoles, centres de formation).

- rapprocher l’école et le centre de formation des apprenants ;

- améliorer la qualité de l’enseignement par :

- l’équipement des établissements en supports d’enseignement (laboratoire, bibliothèque, cartes ...).

- La formation professionnelle des enseignants et acteurs de l’éducation en nombre suffisant.

- La production de matériels didactiques adaptés aux réalités du pays par des experts nationaux.

- L’actualisation du contenu des programmes.

- La révision des méthodes pédagogiques.

- L’amélioration des procédures d’évaluation.

- recréer dans le système de l’éducation l’espace de créativité et d’initiative longtemps canalisées.

- redéfinir une politique claire dans le domaine de la formation et de l’élaboration d’un programme précis tenant compte de la formation initiale et continue.

- renforcer l’encadrement rapproché des animateurs permanents dans les établissements.

Le pouvoir public doit en effet, constituer un centre d’impulsion, d’organisation et de coordination des activités des différents partenaires de l’éducation - formation qui animent le terrain.

La réforme doit rendre en compte non seulement une succession d’activités variées, mais aussi les activités péri-scolaires et extra-scolaires accessibles à tous, l’instauration d’une nouvelle forme de partenariat et de contratualisation avec les Associations et ONG et la prise en charge des financements de leurs activités.

32 - PAR AILLEURS, LES QUESTIONS D’EDUCATION ET DE FORMATION TOUT AU LONG DE LA VIE DEVIENNENT AUJOURD’HUI DES ENJEUX SOCIAUX DE LUTTE TOUT A FAIT IMPORTANTS.

Les bouleversements qui résultent de l’accélération du progrès technique conduisent à des déséquilibres. Un des plus sensibles est celui qui se produit entre les moyens, les besoins sans cesse renouvelés qui naissent de notre société technicienne et la culture concrète reçue ou conservée par les individus qui en sont les membres.

La formation professionnelle subit également le contre-coup de l’accélération du progrès technique. Toutes les industries font constamment du “ recyclage ”, c’est-à-dire organisent à l’intention de leur personnel des cycles de formation pour les adapter à de nouvelles fonctions.

La technique évolue plus vite que la formation ; il faut former les hommes à des tâches nouvelles qui demandent de nouvelles capacités. Le besoin d’une formation permanente se fait de plus en plus sentir.

En outre, les conditions même de la vie quotidienne (horaires, conditions de travail, gestes parcellaires, nervosité, durée des transports, médiocrité de l’habitat, problèmes financiers ... ), la fatigue qui résulte de notre rythme de vie rapide, limitent considérablement le temps et les forces que chacun pourrait consacrer, au développement professionnel, civique ou culturel, développement qui tendrait à résoudre ces déséquilibres et permettrait à chaque personne de trouver son plein épanouissement.

L’éducation et la formation des adultes doivent être orientées vers le développement et la démocratie. Aussi doivent-elles avoir comme préoccupation majeure d’offrir à l’individu des instruments de résistance aux forces de déracinement. Car la civilisation industrielle, dont nous sommes issus, contient de nombreuses forces de déracinement même si on considère qu’elle est aussi pourvue des moyens d’améliorer les conditions matérielles de l’existence humaine.

Aussi, la vision éducative ne peut manquer d’être en même temps une critique de l’oppression concrète dans laquelle vivent les hommes et une expression de leur lutte pour se libérer.

Dans les centres d’éducation socio-éducative, l’apprentissage et l’assimilation des notions de travail et de culture ne se départissent jamais d’une prise de conscience.

Aussi faut-il que le système éducatif, où la modification du contenu des programmes, l’utilisation des techniques nouvelles, embrasse l’emploi d’une méthode active, fondée sur le dialogue, la critique et la formation du jugement.

L’éducation des adultes vise à créer un climat de curiosité intellectuelle, de liberté sociale , de tolérance et à susciter en chacun le besoin de participer activement au développement de la vie culturelle de son époque.

4 - DES PROPOSITIONS DES CEMEA POUR FAIRE AVANCER L’EDUCATION ET LA FORMATION TOUT AU LONG DE LA VIE

A partir des expériences concrètes des CEMEA, les pistes à explorer dans le contexte du nouveau système d’éducation et de formation dans nos pays africains nous amènent à noter que les responsables de l’éducation nationale , les spécialistes des problèmes de l’éducation, les hommes politiques doivent reconnaître quelles que soient leurs options que l’école doit établir de nouvelles relations avec un milieu de vie dont elle s’est coupée , sous peine de constituer un corps étranger vivant une autre vie que celle de la communauté.

L’école nouvelle sera donc :

- héritière du passé (éducation traditionnelle, éducation coloniale) donc fiée à une philosophie de l’homme, à la psychologie des enfants, aux valeurs traditionnelles soucieuse de mieux équilibrer l’apprentissage des savoir faire et des savoir-être ;

- dynamique et ouverte au plus grand nombre, car elle sera l’école d’une société en évolution rapide, très liée aux impératifs d’africanisation des cadres articulée au développement culturel, économique et social.

Elle sera insérée au milieux de vie où elle trouvera ses thèmes de réflexion et d’action à partir des grandes lignes suivantes :

- La recherche d’une plus grande efficacité.

Création et perfectionnement dans chaque pays de centres de recherches, d’expérimentation et de documentation pédagogique, développement des écoles de formation des enseignants, inspecteurs et autres acteurs de l’éducation formelle et non formelle afin de stimuler la réflexion et de préparer les responsables.

La recherche de la relation à établir entre la société et l’école .

Discussions autour du thème du milieu de vie , ruralisation de l’école, participation du village à l’éducation des enfants, l’école à mi-temps en vue de favoriser l’expérience pratique.

En effet, la finalité actuelle de l’enseignement orienté vers la promotion intellectuelle d’une minorité, est incompatible avec l’exigence d’un développement économique et social, et que l’éducation scolaire et post scolaire doit avoir pour finalité la promotion collective, par analyse qu’elle provoque et qu’elle opère, dynamise ce milieu et contribue à créer un besoin continuel de transformation vers le progrès, par le développement.

Par ailleurs, l’école doit aider au plein épanouissement de la personnalité de chacun.

L’éducation a pour but de réaliser dans une société donnée , en un temps donné et selon la philosophie, les coutumes, les croyances et les structures de cette société “ l’être social ” , ensemble de “l’être individuel ”et de l’être “ élément du groupe ”.

L’école doit être le lieu où se préparent des hommes conscients pour une société donnée.

Chaque groupe social organise son système de valeurs en fonction de sa philosophie et par conséquent adopte un système d’éducation qui lui, est propre. Il arrive, bien sûr, que certaines de ces valeurs soient communes à plusieurs groupes Sociaux. Dans ce cas, les systèmes d’éducation présentent des similitudes.

L’école doit être un lieu de dialogue et d’échange.

Toute accélération dans l’évolution désorganise le système éducatif antérieur, car il ne correspond plus aux besoins nouveaux. Elle provoque en outre des clivages, des divergences d’opinion, suscite l’inquiétude, la réflexion, la discussion, la recherche et fait naître des tensions. L’éducation ne consiste plus à transmettre les modèles d’une société antérieure mais à préparer des enfants à vivre dans une société future dont les caractéristiques sont mal connues.

- L’école doit aider à a socialisation, de l’enfant en organisant des groupes d’élèves.

De l’enfance à l’âge adulte, l’individu est donc pris dans le tissu social et il devient peu à peu un homme du groupe, partageant les valeurs, la morale, les coutumes, les interdits, les savoirs, les savoir-faire.

Alors, qu’ en sera t-il de l’éducation de l’individu être social ?

Le sociologue Durkheim définissait l’éducation en ces termes : “L’éducation est l’action exercée par les générations adultes sur celles qui ne sont pas encore mûres pour la vie sociale. Elle a pour objet de susciter et de développer chez l’enfant un certain nombre d’état physiques, intellectuels et moraux que réclament de lui la société politique dans son ensemble et le milieu spécial auquel il est particulièrement destiné".

Pour sa part Abdou Moumouni fait observer : “Dans ses différentes phases, l’éducation traditionnelle se déroule en restant intimement liée à la vie sociale ”.

Fodé Diawara poursuit “L’enfant est constamment face au groupe et reçoit les éléments de sa formation du groupe tout entier. Il appelle mère, sa vraie mère et chacune des co-épouses, chaque femme du village de l’âge de son père, tous les hommes du village ayant au moins l’âge de son père. il appelle frères et sœurs tous les garçons et les filles du villages ... ”.

Voilà qui peut inspirer les propositions des CEMEA qui œuvrent dans le même sens en prônant l’introduction dans les écoles de l’éducation nouvelle, ou de la pédagogie active où l’éducation se fait par l’activité de l’élève , la prise en compte de ses intérêts et de son environnement.

L’expérimentation de cette méthoded’éducation active dans nos pays en général et au Togo en particulier, pour être efficace et concluante, certaines contrainte doivent être levées :

- insuffisance des infrastructures scolaires dont 13% des écoles sont en banco et 29% d’entre elles sont surchargées (effectif de plus de 100 élèves par classe),

- insuffisance en quantité et en qualité des ressources humaines,

- pénurie et inadéquation de l’équipement didactique...

Parallèlement à la recherche des solutions à ces freins, des actions doivent être dirigées vers l’éducation extra-scolaire en collaboration avec les Associations, les ONG, les organisations de développement local ou communautaire... (bénéficiaires).

- Promouvoir et développer les activités extra scolaires par la création des centres de jeunes, des maisons de jeunes, des bibliothèques etc.... et encourager l’implication des initiatives privées en appui aux Associations et ONG.

- Création sur les réserves administratives, d’espaces d’activités socio-éducatives et de loisirs dans les quartiers, localités, agglomérations de plus de 3.000 habitants en collaboration avec les associations, ONG et organisations locales de développement.

- Promouvoir la formation en quantité et qualité des animateurs ou acteurs bénévoles de l’éducation non formelle.

- Organiser en bénévolat ou volontariat les nombreux fonctionnaires admis à la retraite et dont l’âge varie entre 45 et 60 ans et qui sont encore valides et compétents en vue de mettre leurs expériences professionnelles à la disposition des jeunes générations. Les cadres de cette formation non formelle peuvent être les espaces d’activité socio-éducatives et de loisirs.

- Susciter l’intérêt des mass-média à devenir de plus en plus les acteurs de l’éducation pour tous.

TELLAH-TAGAN Kossigan Paulin.

Conseiller de jeunesse et d’animation, Administrateur Civil.




Maj :12/06/2006
Auteur : ficemea