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École de garçons
et école de filles… MARIE DURU-BELLAT, sociologue, professeure
à l’université de Bourgogne et chercheuse à l’IREDU-CNRS. Diversité - septembre 2004 http://www.cndp.fr/archivage/valid/66979/66979-10063-12586.pdf Depuis Durkheim, on sait que l’école, la classe, sont de «petites sociétés» dont la fonction est double: «intégrer et diviser»,c’est-à-dire,pour ce qui est de la formation des jeunes garçons et filles, à la fois leur faire partager l’idée commune qu’il y a deux sexes et,dans le même temps, les convaincre qu’ils et elles sont sans ambiguïté d’un côté ou de l’autre. Que l’école participe, avec la famille et l’environnement social tout entier, à la production et reproduction des rôles de sexe est aujourd’hui reconnu. La recherche française en éducation a «découvert» les inégalités entre les sexes à l’orée des années quatre-vingt-dix, vingt ans après la recherche anglosaxonne, en mettant l’accent sur la situation des filles, dont on entendait décrire (et dénoncer) la situation de dominées dans le contexte scolaire. Depuis les années quatre-vingt-dix, la recherche anglo-saxonne a découvert, avec ce nouveau champ d’études appelé les «masculinities », que la production du masculin n’était pas moins problématique que celle du féminin (cf.notamment Mac An Ghaill, 1994). De plus,du côté cette fois des politiques et des éducateurs, le thème des difficultés des garçons – les failing boys – a connu une expansion spectaculaire. Alors que les performances des filles surpassent aujourd’hui celles des garçons aux divers examens qui jalonnent, au Royaume-Uni, lesfailing boys – commencent à pénétrer, avec d’un côté les travaux de chercheurs comme Welzer-Lang et, de l’autre, une mise en accusation médiatique de la mixité comme source possible des difficultés des garçons. Dans ce texte, nous nous contenterons, pour instruire ces débats par les acquis de la recherche, de synthétiser ce que «produit» l’école chez les jeunes des deux sexes, avec en ligne de mire la question de sa contribution à la reproduction des rapports sociaux entre hommes et femmes. [...]
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