Les droits fondamentaux des fillettes et des jeunes femmes en Europe:
questions et défis pour le 21e siècle

FORUM D'INFORMATION 2000
SUR LES POLITIQUES NATIONALES EN MATIERE
D'EGALITE ENTRE LES FEMMES ET LES HOMMES
19-21 octobre 2000

Introduction - quelques questions importantes
La 'condition' des jeunes femmes vivant dans nombre de régions d'Europe semble relever du paradoxe. D'un côté, on célèbre le renforcement de leur autonomie et de leur indépendance, attestée au premier chef par l'élévation de leur niveau d'instruction (lequel, dans certains pays, dépasse à présent celui des garçons, sauf au niveau des études supérieures, ce qui amène à se demander avec inquiétude comment réagir face aux résultats décevants des garçons!). D'un autre côté, on continue de juger préoccupantes la maternité 'précoce' et l'augmentation des cas de comportement délinquant et de troubles psychosociaux (troubles de l'alimentation, notamment), en particulier dans certaines régions d'Europe occidentale.

Dans un récent débat radiophonique consacré à l'utilité que continuait d'avoir la Commission sur l'égalité des chances au Royaume-Uni, j'ai émis l'opinion que, si ses campagnes avaient été un 'succès' complet, les faits observés auprès des jeunes auraient conduit à des constatations tout à fait nettes. En fait, le tableau est contradictoire. Il ne fait aucun doute que les jeunes femmes manifestent un sentiment d'égalité avec les hommes bien plus profond que par le passé, ce qui dénote une division du travail selon le sexe moins nette que celle naguère en vigueur. Cela dit, on voit se dessiner une tendance inverse à une division du travail selon le sexe plus marquée, notamment parmi les groupes les plus marginalisés de la population adolescente. Cette nouvelle division n'a pas grand-chose à voir avec la mutualité et la réciprocité qui avaient cours dans le passé, même si elles s'exprimaient à travers une forte subordination des femmes : l'homme en tant que soutien de famille et la femme investie de responsabilités domestiques. Elle traduit plutôt le renoncement total des jeunes hommes à toute responsabilité en ce qui concerne la relation, les tâches domestiques et l'éducation des enfants, l'accroissement corrélatif du fardeau, tant domestique qu'économique, des jeunes femmes (de la classe ouvrière). C'est ce que j'ai appelé 'self-centred masculinity and trapped motherhood' (masculinité égocentrique et maternité piégée), dans le cadre desquelles les frontières entre les sexes pourraient bien être encore plus marquées qu'auparavant. Le discours sur l'égalité entre les sexes néglige souvent ce contexte, qui est pourtant profondément (et de façon inquiétante) ancré dans l'approche de certains groupes de jeunes et devrait tempérer l'ardeur à célébrer les progrès que la majorité des jeunes ont pu accomplir.

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