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Le rôle et la place de l’Afrique dans la Francophonie

Géopolitique Africaine a présenté, le 16 mars au Salon international du livre de Paris sur le stand "Livres et Auteurs du Bassin du Congo", sa première table ronde sur le thème « le rôle et la place de l’Afrique dans la francophonie : pour une refonte de la politique culturelle de la Francophonie afin de faire de l’Afrique un acteur économique »

Le modérateur était le journaliste-animateur de Radio France international de l’émission La Danse des mots, Yvan Amar.

Etaient présents :

- le directeur de la langue française et de la diversité culturelle de l’OIF, Frédéric Bouilleux ;

- l’enseignant-chercheur à l’université Marien-Ngouabi de Brazzaville, le Pr. André-Patient Bokiba ;

- l’ancien ministre de la Culture du Bénin, Stanislas Adotevi ;

- la présidente du cercle Richelieu-Senghor, Anne-Marie Cordelle

Ces différents intervenants se sont accordés sur le rôle et la place, centraux mais évolutifs, de la langue française en Afrique subsaharienne et de son appropriation par beaucoup d’Africains, tout en partageant quelques réserves sur la stratégie à mettre en place en fonction des grands enjeux économiques.

Sur le plan global, le français a cessé d’être une langue imposée aux Africains. Elle est devenue une langue de tradition pour nombre d’Africains et une langue de choix de communication. Les dernières études de la Francophonie en la matière retiennent une forte poussée démographique où 28% de francophones seraient d’origine africaine en 2050. Ce qui fait de « l’Afrique un grand réservoir du français » dans le monde, et un « attrait économique », a déclaré Frédéric Bouilleux, qui a reconnu un « émoussement de la diversité culturelle ».

Stanislas Adotevi, a insisté sur le « vivre ensemble lié par la langue, qui crée un espace, un lieu, une économie, et une culture partagée pour un avenir commun », qui ne peut se faire que grâce à l’éducation, facteur de développement. Il a souhaité que la France fasse de l’Afrique plutôt un partenaire économique. Pour cela, la Francophonie devrait revisiter sa stratégie politique africaine, a-t-il indiqué.

Le Pr. André-Patient Bokiba a souligné l’espace de rencontre de culture et de langue que constitue la langue française, dans une Francophonie ignorée parfois par certains Français. Il a plaidé pour la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles. Face aux menaces de standardisation et d’appauvrissement des cultures et langues africaines, il a soutenu la reconnaissance du principe de diversité culturelle au sein de la Francophonie, avec un refus de « toute prééminence et maternalisation » du français au détriment des langues africaines.

Anne-Marie Cordelle a listé les défis importants auxquels la langue française devra faire face à l’avenir en tant que langue commerciale, et en tant que « vecteur de rapprochement économique » et outil stratégique pour éviter une « uniformisation » dans une Afrique en pleine croissance (environ 5% par an), « une plus-value économique » indispensable à la France. Pour y parvenir, Anne-Marie Cordelle a énuméré les trois leviers indispensables à ce volet économique francophone :

- une mise en réseau des acteurs, avec une mutualisation des compétences et un partage d’expériences ;

- l’utilisation de la Francophonie comme vecteur économique (à travers le renforcement de l’éducation des jeunes), l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et de la communication pour diffuser la langue française, à travers par exemple des cartables numériques dans le respect des langues locales ;

- et enfin une culture juridique francophone partagée du droit des affaires intra-africain grâce à l’Ohada (Organisation pour l’harmonisation du droit des affaires en Afrique).

Le Pr. André-Patient Bokiba a plaidé pour une politique commune, cohérente en français pour faire front à la domination anglo-saxonne dans les affaires, et la recherche d’un « plus, en dehors de l’économie ». Comme solution innovante à ce dernier point, Anne-Marie Cordelle a proposé par exemple d’user du droit et de la responsabilité de socialiser de l’entreprise, une initiative à « capitaliser », a-t-elle dit.

Les participants ont regretté l’insuffisance et la faiblesse du circuit des livres dans les capitales africaines, ainsi que leur coût.




Maj :25/03/2012
Auteur : ficemea

Auteur : marc geneve