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>> Forum mondial de Dunkerque : 29 juin au 6 juillet 2003
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Présentation d’Amadou Diaoun sur les perspective africaines
PERSPECTIVES EDUCATIVES POUR LA RENAISSANCE AFRICAINE.
Communication au Forum Mondial organisé à Dunkerque en France par la F.I.C.E.M.E.A.
sur le thème : « Quelle Education à l’époque de la Mondialisation ? »
Présenté par Monsieur Amadou DIAOUNE - Professeur de Lycée,
Doctorant en Géographie, membre du Bureau National du Syndicat Unique
et Démocratique des Enseignants du Sénégal (SUDES) Fax :893.52.99 -e mail :sudes@sentoo.sn
INTRODUCTION : Il est importe de souligner tout d’abord l’actualité et l’opportunité de la problématique générique, à savoir, « quelle éducation à l’époque de la mondialisation ? ». La mondialisation est en effet au fondement de mutations socio-économiques et culturelles d’une si grande ampleur et profondeur qu’elle est comparable à la révolution copernicienne. Le rythme accéléré des mutations induites par cette mondialisation est tel que les systèmes éducatifs déjà largement en crise partout dans le monde, ne se sont pas encore ajustés à toutes ses exigences. C’est ce qui fonde sans doute la pertinence de la problématique mise en débat au cours de ce forum. C’est donc tout à l’honneur de la FICEMIA de susciter et d’organiser la réflexion collective sur une question fondamentale pour l’humanité. La mondialisation telle qu’elle se déroule semble porteuse d’espoir et de vertus et de bien être pour tous, dans les discours de nombreux idéologues du libéralisme, et d’hommes politiques. En effet pour eux la consécration d’un marché mondial par la libéralisation dans tous les secteurs de productions et de services, et les échanges sans restriction aucune serait un puissant facteur de croissance et de développement pour tous les pays. Pour Jean SEADE, D.G. Adjoint de la OMC, déclarait en 1997 devant les membres du Conseil Economique et Social du Sénégal réunis en session, que « l’ouverture des marchés est la meilleure stratégie pour assurer la croissance et le progrès économique » parce que, poursuit-il, « les sociétés transnationales qui opèrent sur le marché mondialisé déclenchent le cercle vertueux de la croissance et de la création d’emploi grâce à l’augmentation des échanges commerciaux » etc. Sur un tout autre plan, l’américain Francis Fukiyama n’a -t-il pas proclamé en 1992 « la fin de l’histoire » avec la mondialisation de l’idée de démocratie libérale qui se surimposerait aux valeurs culturelles nationales. Comment la mondialisation dans sa dynamique et son contenu actuel a t-elle impacté l’évolution économique, sociale et culturelle des pays africains ? Quels sont en particulier ses effets sur l’éducation et la culture en Afrique ? Plus simplement, comment les africains vivent concrètement la mondialisation ? Qu’en attendent-ils ? Pour répondre à ces interrogations, notre communication s’articulera sur deux parties essentielles : d’abord indiquer, comment en Afrique, on vit concrètement la mondialisation particulièrement au plan culturel ensuite, dégager quelques pistes de réflexion pour des perspectives éducatives en faveur de la renaissance africaine, avant de conclure. I - L’AFRIQUE SANS AVENIR DANS LA MONDIALISATION NEOLIBERALE Depuis le triomphe du système capitaliste à l’issu de la guerre froide et la faveur du développement prodigieux des moyens d’information et de communication, le monde vit une mondialisation néolibérale aux conséquences dramatiques pour l’Afrique . En effet l’état de l’Afrique, c’est-à-dire son faible niveau de développement d’une part, la dynamique et les règles de fonctionnement de la mondialisation d’autres part, condamnent 750 millions d’africaines et d’africains à l’arriération la plus abjecte avec la paupérisation massive et continue, avec l’analphabétisme, avec des endémies et épidémies de maladies ; avec l’explosion de diverses formes de violence dont des guerres civiles fratricides etc. Ce sombre tableau résulte - t-il d’une lecture objective des réalités africaines ou d’un pessimisme exagéré ? C’est hélas, la première hypothèse qu’il convient de prendre plus au sérieux pour les raisons suivantes. Un développement économique et social largement compromis : Il est indéniable aujourd’hui que le cycle de l’endettement extérieur, la politique d’ajustement structurel imposée par la B.M et le F.M.I et les bailleurs bilatéraux depuis plus 20 ans mais aussi la mal gouvernance ont brisé les ressorts économiques fondamentaux du continent. La libéralisation, le désengagement de l’Etat et l’ouverture des marchés nationaux conformément aux règles de l’OMC, ont étranglé l’agriculture africaine et mis à genoux le secteur industriel. Il en a résulté un véritable désastre social : le chômage massif, la paupérisation continue, avec 60% des africains vivent sous le seuil de pauvreté. En conséquence les programmes de lutte pour la réduction de la pauvreté sont devenus la surpriorité dans les politiques économiques. Quant au développement, on en parle plus .Enfin, il y a le développement d’une économie informelle largement dominée par la redistribution des produits d’importation , une logique d’extraversion, en totale déconnection avec la logique du développement engogène dont le secteur informel serait porteur, selon certains . Il faut ajouter que l’envers de cette situation catastrophique, c’est la baisse conséquente des recettes fiscales, principales sources de revenu des Etats africains pour faire face à leurs missions régaliennes, à savoir la prise en charge de la santé, de l’éducation et la sécurité des populations. Quel est précisément l’état des lieux dans les secteurs de l’éducation et de la culture ? Des systèmes éducatifs inefficients et inefficaces. Réunis à Johannesburg, en Afrique du Sud, en Décembre 1999 pour préparer le Forum Mondial de Dakar sur l’EPT en Avril 2000, les ministres de l’éducation dans le rapport final ont été obligés de reconnaître une réalité qui saute aux yeux et qui étaient dénoncés depuis longtemps par les syndicats d’enseignants, à savoir qu’en Afrique « l’accès à l’éducation est limité, la qualité de l’enseignement reste médiocre et les programmes scolaires sont souvent éloignés des besoins des apprenants et impropres à contribuer au développement social, culturel et économique ». Il est compréhensible et excusable, dans des pays en transition démographique, à faible revenu pour le financement conséquent de l’éducation que des limites objectives existent pour l’accès à l’éducation, pour réaliser la scolarisation universelle de qualité. Par contre, il est impardonnable, 30 à 40 ans après les indépendances que l’école africaine demeure encore marquée dans son orientation par l’héritage colonial, du fait notamment de son inadaptation chronique aux réalités socioculturelles et économiques, pour répondre efficacement aux besoins des pays. A cette situation ancienne sont venues s’ajouter deux faits aggravants : 1.1 La réduction drastique des ressources budgétaires affectées à l’éducation, à cause du fardeau de la dette extérieure et des programmes d’ajustement structurel entre 1980 et fin 1990 : ce fut une longue période de gestion de la pénurie en tout, d’où des années scolaires et universitaires « blanches » ou alors invalidées, au Sénégal, au Niger, au Mali, au Burkina faso etc. 1.2 Des projets éducatifs néolibéraux en ce début du XXIème siècle. En effet, la Banque Mondiale, prenant la pleine mesure de la mission stratégique de l’éducation pour promouvoir le projet de société qu’elle ambitionne pour l’Afrique, s’y est pleinement investie, en conceptualisant un modèle de système éducatif et en dégageant des moyens financiers conséquents pour sa large diffusion et implantation sur le continent. Ce modèle semble être la déclinaison des politiques d’ajustement structurel dans le secteur de l’éducation. Il est bâti sur les postulats suivant « éduquer plus, éduquer mieux et à moindre coût », « l’enseignement supérieur public est un cadeau pour les riches » d’où les orientations stratégiques que sont : o Les objectifs de scolarisation universelle et d’une éducation primaire de qualité pour tous. A cette fin une réallocation du budget de l’éducation en faveur du cycle primaire est à opérer. o La réduction drastique du coût du travail dans le secteur de l’éducation par la précarisation de la fonction enseignante par une politique de contractualisation du personnel avec un recrutement informel, une formation initiale au rabais et des salaires de misère. Au Sénégal, 9 ans après la politique des Volontaires de l’Education et des Vacataires, ces nouveaux corps constituent % du personnel de l’éducation. Des 20 départements sur 33 que compte le pays, ils sont de loin plus nombreux que les enseignants ordinaires. Une telle politique est désormais en vigueur dans la plupart des pays francophones d’Afrique de Ouest. o La recommandation d’une forte privatisation de l’éducation dans les cycles, secondaire et supérieur avec l’appui multiforme des Etats. Les syndicats d’enseignants et les forces sociales progressistes rejettent naturellement une telle politique éducative peu ambitieuse avec une offre éducative minimaliste et dangereuse à cause de la sélection par la fortune ce qui est contraire à l’équité et au droit à l’éducation. Au total cette orientation des politiques éducatives hypothèque l’avenir des pays africains en les plaçant dans une éternelle dépendance scientifique, technique et technologique. C’est inacceptable. Tels sont l’état et les perspectives actuels du système éducatif dans nombre de pays africains. C’est pourquoi, la demande éducative est aujourd’hui stagnante, soit en recul à cause de la pauvreté qui oblige certains parents à recourir au travail des enfants et, parce que des franges de plus en plus importantes de la population ne croient plus à l’école, comme outil de transformation des réalités et comme moyenne de promotion sociale. C’est à la lumière de l’analphabétisme dominant et de la faillite de l’école en Afrique qu’on peut mieux comprendre et mesurer l’ampleur du désastre culturel occasionné par la mondialisation néolibérale. L’Afrique victime du cannibalisme culturel. J’emprunte la savoureuse et percutante expression de « cannibalisme culturel » à mon ami et camarade Iba Ndiaye Diadji, parce que la formule traduit bien la réalité culturelle africaine actuelle dans toute sa complexité. Il explique ainsi le concept « ... il s’agit de la mondialité, cette ambiance néo-culturelle qui façonne les enseignés, hors des murs de l’école... c’est le monstre invisible et pourtant repérable, qui est le pire des dangers pour l’éducation en Afrique » par l’image et l’écrit, l’Occident diffuse des contenus et des formes qui ont pour objet d’avaler les valeurs de civilisation d’Afrique. Or, parmi les choses qui rendent l’homme réellement humain, qui donnent à un peuple sa dignité, il y a l’expression culturelle ». C’est sur ce terrain que l’on vérifie concrètement que la mondialisation se réduit en fait à l’occidentalisation des valeurs de civilisation, en marginalisant voire en détruisant les autres cultures quelque soient par ailleurs les valeurs positives qu’elles sont censées véhiculer et qui peuvent être profitables à l’humanité. Il est vrai, que l’Afrique est inondée par l’écrit, l’image, et le son, de produits culturels en provenance de l’Occident qui dispose de puissants canaux de diffusion de ces produits pour atteindre les villages et hameaux les plus reculés dans la brousse africaine. Ainsi 70% des programmes de télévision, 99% des films projetés jadis dans les salles de Cinéma, en Afrique sont des productions extérieures et 90% des écrits qui y circulent sont d’origine occidentale. Si l’on y ajoute les gammes du multimédia et de l’Internet, on mesure à sa juste valeur l’ampleur destructrice de l’invasion culturelle du continent qui semble démuni pour y faire face. On aurait eu peu à réduire si ces produits culturels avaient des contenus plus enrichissants et valorisants au lieu de toujours mettre en relief les bas instincts de l’homme. En vérité l’Occident nous envoie rarement ses meilleurs productions culturelles et artistiques ! Or, force est de reconnaître que chaque production culturelle véhicule évidemment une vision du monde, des valeurs, des croyances et des comportements qu sont susceptibles de conditionner puissamment et de changer les attitudes « du consommateur ». Il est en effet, prouvé dans l’histoire que toutes les dominations politiques durables, tout comme les résistances conséquentes à la domination ont été d’abord bâties sur le socle culturel. Le conflit Islam /Politique assimilationniste du système colonial français dans une partie de l’ex -A.O.F.en est une illustration. Si la situation semble aujourd’hui catastrophique pour l’Afrique dans son rapport culturel à l’Occident, c’est parce que sa jeunesse a été fragilisée et rendue trop poreuse par défaut de repères culturels solides, à cause d’une urbanisation galopante et anarchique et, parce que l’école africaine à jusqu’à maintenant échouée dans la mission d’enracinement dans les valeurs culturels fondamentales. C’est pourquoi, des contre-valeurs, comme la banalisation de la sexualité, de la violence, de la drogue, de l’alcoolisme et du tabagisme, largement diffusées à travers divers supports technologiques et médiatiques font des ravages parmi les jeunes devant l’impuissance voire la démission des parents et des pouvoirs publics. Comment préparer alors la jeunesse Africaine à affronter cette situation irréversible d’ouverture toujours plus large au monde ? Cette question semble difficile à résoudre mais elle est bien cernée dans toute sa complexité. Au total, la mondialisation néolibérale signifie aujourd’hui pour les africains, domination, perte de souveraineté des Etats, pauvreté et marginalisation. Autrement cette mondialisation est en passe de réussir ce que le grand penseur et éminent poète Léopold Sédar Senghor a appelé « une civilisation universelle, imposée par la force », mais pas « la civilisation de l’universel qui se situe exactement au carrefour des valeurs complémentaires de toutes les civilisations particulières ». Il faut dès lors une autre mondialisation. Mais laquelle ? de quel contenu ? et comment y parvenir ? Notre rêve en Afrique c’est une mondialisation plus humaine, plus généreuse, au bénéfice de tous les peuples de la planète. Comment y parvenir ? Comment influencer le cours de l’évolution en faveur des Africains ? De telles interrogations relèveraient pour beaucoup de la naïveté de la débilité voire de la folie - peu importe ! Toujours est-il que l’Afrique se doit d’abord de « cultiver son jardin ». C’est dans ce cadre que nous engageons la réflexion sur les perspectives éducatives pour la renaissance africaine. II. QUELLE ECOLE LA RENAISSANCE AFRICAINE ? La mondialisation en cours, accélère le processus de périphérisation de l’Afrique . Comment stopper et inverser cette dynamique ? C’est le grand défi pour les dirigeants et peuples africains. Il y a certes, une prise de conscience de plus en plus large et profonde des enjeux et exigences de la mondialisation pour l’Afrique. C’est dans ce cadre qu’il faut comprendre l’élaboration du Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique (NEPAD). Il y certes des critiques pertinentes et de fond qu’on peut faire au NEPAD, mais toujours est-il que son but est de créer une dynamique soutenue de développement des forces productives du continent pour lui permettre de tirer parti de la mondialisation, un processus devenu irréversible. L’éducation fait partie à juste raison des objectifs stratégiques du NEPAD, car il ne fait pas de doute que c’est une condition fondamentale du développement économique et social, partout et à toute époque. Nous n’avons pas encore connaissance des projets éducatifs élaborés dans le cadre du NEPAD, mais nous souhaiterions que le point de vue que nous allons développer ici soit largement partagé par les décideurs du NEPAD, naît sur les cendres du plan de LAGOS est issu de la fusion du MAP et du plan OMEGA. Quelles politiques éducatives pour la renaissance Africaine ? La renaissance étant comprise comme un processus profond de rénovation culturelle, économique et politique, pour répondre efficacement à la fois aux aspirations légitimes des peuples au bien-être et à la démocratie et aux enjeux et défis de la mondialisation. C’est dans cette perspective que nous suggérons quelques pistes de réflexion : Axes de rénovation des politiques éducatives : Dans une Afrique toujours plus appauvrie, déchirée par des conflits et guerres notamment civiles, générées entre autres, par des violations massives des droits humains, par l’ethnicisme, le régionalisme, l’absence de culture démocratique, les missions de l’éducation sont à la fois complexes et pressantes. L’immensité de la tâche peut même décourager surtout si l’on y ajoute l’absence ou la faible volonté politique pour prendre le taureau par les cornes. Sur la base de ce constat effrayant, six axes d’orientation des politiques éducatives nous paraissent incontournables pour que l’éducation assume son rôle dans la solution des graves problèmes du continent : 1.1. La démocratisation de l’accès à l’éducation à tous les niveaux, du primaire ou supérieur, dans le strict respect du principe d’équité et du droit à l’éducation. En effet, nulle part dans le monde et en aucun moment de l’histoire un peuple analphabète n’a réussi le développement d’un pays ! Dans les projets de démocratisation de l’éducation la promotion des langues africaines au rang de langues de culture et d’enseignement (y compris des sciences et techniques), contribuera puissamment à l’atteinte de cet objectif stratégique. 1.2. Des curricula pertinents, toujours en phase avec les réalités sur lesquelles il faut agir pour les transformer. Cela suppose que l’accent soit désormais mis dans les enseignements, non seulement sur les savoirs et savoir-faire mais aussi et surtout sur le savoir-être autrement, sur le concept « d’apprendre à vivre ensemble » . Parce que tous les peuples vivent dans des sociétés multiculturelles et sont désormais mondialisées. Ces réalités nouvelles fondent l’exigence de l’éducation à la citoyenneté active, à la tolérance et à la paix. C’est une condition indispensable pour le respect des identités culturelles très défendues en cette ère de mondialisation et pour vivre pleinement la « citoyenneté mondiale ». 1.3. L’exploitation des NTIC ; celles-ci pourraient permettre de réaliser un véritable raccourci historique en matière de développement scientifique et technologique pour les peuples africains très en retard dans ce domaine. L’éducation, la formation et la recherche peuvent tirer d’énorme profit de ces nouveaux supports pour l’accès aux savoir et savoir-faire. La maîtrise et l’exploitation de l’outil informatique permettent sans doute une amélioration qualitative des enseignements au moyen d’une pédagogie véritablement active. L’ordinateur, n’est-il pas l’outil par excellence pour réaliser l’axiome pédagogique « faire apprendre à apprendre » et pour bien préparer à « l’éducation tout au long de la vie ». L’ordinateur est en définitive le médium d’une véritable révolution pédagogique. Cette innovation a un coût certes élevé en termes d’équipement et de formation des enseignants mais ses conséquences positives sont incommensurables, ne serait-ce que sous le rapport de combler la fracture numérique actuellement grande entre l’Afrique et le reste du monde. 1.4. L’exigence de qualification professionnelle et de motivation du personnel enseignant d’afrique. Toutes les innovations mises en relief ici, exigent naturellement une approche innovante dans la formation des enseignants pour les rendre aptes à les réaliser. Cela implique une rupture radicale avec les politiques de formation et de rémunération au rabais , du personnel enseignant, largement en cours en Afrique. 1.5. L’équation des moyens, si la volonté politique existe, il y a la possibilité de mobiliser des ressources internes importantes pour le financement de l’éducation. A commencer par la rationalisation de la gestion des systèmes éducatifs, l’augmentation de la part de l’éducation dans les budgets nationaux pour que celle-ci représente l’équivalent de 7% à 9% du PIB conformément à une recommandation forte des Ministres africains réunis à Johannesburg en 1999, enfin le recours au partenariat extérieur. 1.6. Une politique intégrée d’enseignement supérieur et de la recherche en Afrique. Depuis les PAS, l’enseignement supérieur en Afrique est demeuré dans un marasme inquiétant. En fait, rares sont les états qui disposent des moyens de leur politique d’enseignement supérieur. En conséquence, ce secteur de l’éducation pourrait être le lieu d’une intégration réussie. La mise en commun des moyens pourrait permettre la mise en place d’une carte universitaire et de centres de recherche à l’échelle Africaine. Cette stratégie semble être une voie de solution pour lutter contre la fuite des cerveaux qui ruine l’Afrique. Parades possibles au cannibalisme culturel Il nous semble que si les perspectives éducatives ainsi dégagées sont mises en œuvre, on aura édifié un système éducatif qui répond, d’une part, aux besoins impératifs d’enracinement de nos élèves et étudiants dans leurs valeurs de civilisation, en créant ainsi en eux, « la conscience de l’identité », bouclier contre la dépersonnalisation d’autre part, aux exigences de la mondialisation. Par ailleurs, il faut regretter l’absence de politique culturelle cohérente et durable au niveau des Etats africains pour promouvoir et encourager la valorisation du patrimoine culturel africain par la production et la diffusion de créations culturelles, ne serait ce que pour le marché national et sous-régional. Il est en effet regrettable que les échanges culturels soient le parent pauvre de la maigre coopération entre pays africains - Une rectification peut contribuer à un début de solution au cannibalisme culturel. En tout état de cause, il faut se battre pour un équilibre entre un universalisme qui tente de gommer les différences culturelles et les identités respectives des peuples du monde et le réalisme culturel qui fétichise ces différences et identités. Il faut aller vers une symbiose des valeurs culturelles fécondantes des sociétés qui composent l’humanité pour réaliser la civilisation de l’universel, chère au Président Léopold Sédar Senghor et à Teillard de Chardin, plutôt que vers « le clash » des civilisations, prévu par l’américain Samuel Huntington. Pour arriver à la réalisation de cet idéal qui semble être une utopie insaisissable, il faut se battre pour autre mondialisation, celle qui ne creuse pas davantage les inégalités entre le Nord et le Sud, entre les peuples, entre les riches et les pauvres à l’intérieur de chaque nation. Il faut une mondialisation plus humaine, plus sociale. Une mondialisation par les peuples et pour les peuples. Un tel combat est déjà engagé par le mouvement alter mondialiste car en vérité, seuls les processus scientifiques et technologiques sont en vérité irréversibles dans la mondialisation. CONCLUSION : Dans sa dynamique actuelle, la mondialisation broie le corps et l’âme de l’Afrique. Cette situation n’est pas une fatalité. Elle résulte entre autres, du retard considérable que l’Afrique accuse en matière d’éducation. Dans un sursaut d’orgueil voire de survie, l’Afrique peut se ressaisir pour se repositionner favorablement dans la mondialisation. Des alternatives existent pour cela, il ne manque pour le moment que l’expression forte de la volonté politique des Etats et de la prise de conscience des peuples africains de leur responsabilité dans le combat pour une mondialisation de la justice, du progrès social dans le respect des identités de chaque société. Maj :12/06/2006
Auteur : ficemea |