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Le développement de l’esprit d’entreprise dans le système éducatif français
L’ APCE/OPPEa conduit une enquête qualitative auprès de 33 jeunes ayant suivi un programme entrepreneurial. Cette enquête fondée sur un état des lieux réalisé par le CPEJ, a été conduite par le cabinet Strature. Par ailleurs une enquête via internet auprès de 13 842 enseignants du secondairea été réalisée par l’APCE et le magazine « Imagine ton futur ». Tout d’abord dans l’enseignement supérieur En 2010, l’OPPE fait état de 445 actions dans l’enseignement supérieur : 195 dans les universités, 99 dans de écoles de commerce, 82 dans des écoles d’ingénieurs, 17 par des Maisons de l’Entrepreneuriat et 50 par d’autres opérateurs. Il faudrait ajouter l’expérience en cours des 22 pôles entrepreneuriat/étudiant à l’initiative des ministères de l’enseignement supérieur et de la recherche et des PME. Les actions conduites concernent : 295 actions dans le champ de la sensibilisation avec pour objectif de développer l’appétence pour l’acte d’entreprendre, et les compétences et aptitudes entrepreneuriales. Les actions proposées sont de type Conférences/témoignages, séminaires (-de 10h), opérations événementielles, ateliers business plan, cours optionnels (20 à 40heures), concours. 120 actions de formation, habituellement associées à une diplôme de master I ou II, majeures (40 masters et DU dans les universités, 43 masters/majeures dans les écoles de commerce et 20 masters dans les écoles d’ingénieurs) ou de licence professionnelle (16 Licences professionnelles et DU dans les IUT). Les objectifs de ces formations sont de fournir une méthodologie de création d’entreprise, des outils et des supports techniques, des rencontres et des ouvertures sur le monde entrepreneurial, la possibilité de conduire son projet entrepreneurial tout au long du 2ème semestre. 30 actions d’accompagnement (incubateurs notamment) 30 structures d’incubation ont été recensées, dont 25 dans les écoles de commerce et d’ingénieurs et 5 dans les universités ; ce sont des structures rattachées à un ou plusieurs établissements Le type d’établissement devient de moins en moins un caractère discriminant. Il y a toutefois quelques différences : Dans les universités/ IUT : l’entrepreneuriat n’y est pas un axe stratégique ; il y a très peu de partenariats avec les écoles ; les actions proposées concernent majoritairement les filières managériales (IAE, UFR de Gestion, GEA/TC…) Dans les écoles de commerce/Ecoles d’ingénieurs on constate des partenariats forts entre les deux types d’établissements mais des attentes différentes (communication et pédagogie pour l’une, expertise, outils et méthodologie pour l’autre). Impacts et apports des programmes entrepreneuriaux Les entretiens qualitatifs ont révélé 4 types d’impact : sur la représentation de l’entreprise et plus largement sur le monde professionnel. sur la représentation et l’image de l’entrepreneur. sur les connaissances et capacités développées. sur le désir de créer une entreprise. L’enquête qualitative propose une typologie des étudiants avec cinq grands profils : « Les vrais créateurs » (5 interviewés sur 33) avec un profil dynamique et déterminé en matière d’entrepreneuriat. Leur attrait pour la création d’entreprise n’est pas né avec le cursus entrepreneurial. Les intrapreneurs (7 interviewés sur 33), ont un profil plutôt offensif et des perspectives professionnelles plutôt salariales. Ce sont des jeunes avec un niveau d’étude élevé (au-delà du Bac + 5), souvent issus d’écoles d’ingénieurs. Ils ont abordé le programme entrepreneurial comme un levier de réussite en entreprise et la formation leur à permis d’acquérir un raisonnement « gestion de projet », de s’entraîner à la gestion d’équipe, d’avoir une ouverture dans un cursus très technique « Les rêveurs d’indépendance » (6 interviewés sur 33) ont beaucoup d’intérêt pour l’idée de la création, mais n’ont pas d’intention de créer (absence de projet porteur). Ils sont insatisfaits quant à leur situation professionnelle, qu’ils trouvent peu épanouissante en raison notamment d’un manque de reconnaissance et ont une représentation idéalisée de l’entrepreneur, de sa situation et surtout de la fonction de chef d’entreprise. « Les intentionnistes » (6 interviewés sur 33), ne sont pas encore créateurs,mais déterminés à passer à l’acte. Ils s’inscrivent donc dans un projet de création avec un objectif dans le temps. Leur désir d’entrepreneuriat est plus ancien que la formation a eu pour fonction de les rapprocher de leur projet et de leur donner confiance pour se lancer. « Les réfractaires » (9 interviewés sur 33), n’ont aucune velléité d’indépendance et une appréhension négative de la prise de risque. Ils aspirent à trouver et à garder un travail salarié. Leurs responsabilités professionnelles sont moins importantes que les intrapreneurs et le programme entrepreneurial est peu utilisé comme aide de réussite dans l’entreprise. Cette formation leur a donner une ouverture sur le monde de l’entreprise et sur les connexions entre les différentes disciplines. C’était un moyen pour eux d’ouvrir des portes, de se garantir, de se sécuriser. Dans l’enseignement secondaire En 10 ans, les progrès en matière de sensibilisation à l’entrepreneuriat ont été peu marquants dans l’enseignement secondaire. L’OPPE y a recensé 102 actions entrepreneuriales, dont 33 en collège et 69 en lycée. Il n’existe aucun horaire dédié ou dispositif spécifique pour le développement de l’esprit d’entreprendre. Cela contraint les équipes pédagogiques intéressées par l’entrepreneuriat à utiliser des créneaux horaires compatibles en termes de sujets de travail, d’apports aux élèves et d’objectifs poursuivis avec souvent des dispositifs pédagogiques reposant sur une approche pluridisciplinaire : découverte professionnelle 3 ou 6 heures, travaux personnels encadrés, principes fondamentaux de l’économie et de la gestion ou accompagnement personnalisé. Ils visent à améliorer l’orientation professionnelle et scolaire des jeunes pour une meilleure connaissance de l’entreprise et des métiers. Les actions conduites 1 - Les actions de sensibilisation. D’une durée d’une journée maximum, elles ont un caractère ponctuel et optionnel et ne font généralement pas l’objet d’une évaluation. Leur objectif est d’éveiller les jeunes à l’esprit d’entreprendre, de leur insuffler une culture entrepreneuriale, de susciter leur curiosité sur le sujet et d’ouvrir leur esprit à différentes situations professionnelles. Ces actions prennent différentes formes basées sur des témoignages d’acteurs. 2- Les actions de formation. Elles favorisent généralement l’apprentissage par l’action, l’expérimentation directe et la mise en situation des élèves qui travaillent par projets. Elles ont pour objectif d’amener les jeunes à identifier et tester des comportements et attitudes entrepreneuriales (travail en équipe, prise d’initiatives, autonomie, responsabilité, créativité…). Elles se mettent en place sur une année scolaire (de 20 à 100 heures) et s’adossent, à des options telles que la découverte professionnelle au collège ou encore les travaux personnels encadrés au lycée. Elles sont exceptionnellement intégrées au programme des cours, et sont parfois réalisées en dehors des temps scolaires. Elles sont alors encadrées par des enseignants bénévoles et s’appuient sur des professionnels et des réseaux associatifs. 3- Les concours (principalement d’idées ou de business plan). Ils concernent les jeunes de tous niveaux et de tous âges. Certains établissements proposent des équipes d’élèves pluridisciplinaires et multi niveaux. Ces actions se préparent sur la durée de l’année scolaire et s’achèvent par le concours qui clôture l’année. Elles permettent de sensibiliser les jeunes à l’entrepreneuriat et de les initier à la gestion de projet. La sensibilisation à l’entrepreneuriat est plus fréquente dans les collèges que dans les lycées (26 %) et plus répandue dans les filières d’enseignement général (74 % des enseignants la pratiquent) que dans les filières professionnelles (19 %) ou les filières techniques et technologiques (11 %). La sensibilisation à l’entrepreneuriat se pratique par des professeurs de toutes matières : 28 % enseignent la technologie, 25 % les matières littéraires (français, philosophie et histoire/ géographie), 18 % les matières scientifiques (mathématiques, sciences de la vie et de la terre, sciences physiques) ; mais, certaines disciplines semblent plus propices aux pratiques entrepreneuriales dans la mesure où les enseignants s’y consacrent plus fréquemment :
Quels enseignants pratiquent la sensibilisation à l’entrepreneuriat ?
Les enseignants qui pratiquent la sensibilisation à l’entrepreneuriat définissent l’entrepreneuriat comme une prise d’initiative (74 %) et non comme une simple création d’entreprise (26 %). Cette prise d’initiative est la définition la plus fréquemment citée, quelle que soit la catégorie d’enseignants.
Les principales compétences et qualités indispensables à l’acte entrepreneurial son :
Les compétences liées à la technicité du métier de chef d’entreprise arrivent en dernier lieu : savoir gérer une équipe (10 %), maîtriser un métier (8 %) ou savoir gérer des formalités administratives (1 %). Pour tous les enseignants, les compétences et qualités citées sont tout à fait du ressort de l’école, mais cette affirmation est plus prononcée pour ceux qui sensibilisent à l’entrepreneuriat (92 %) et ceux qui pratiquent la pédagogie par projet (89 % contre 77 % pour la dernière catégorie). Le profil type de l’entrepreneur, pour les dirigeants qui sensibilisent à l’entrepreneuriat, est avant tout un dirigeant de PME ou un artisan ou un commerçant ; Les dirigeants de grands groupes et les professionnels libéraux ne sont pas considérés comme les plus entrepreneurs. Ce classement des profils est identique pour tous les enseignants. Toutefois, ceux qui sensibilisent à l’entrepreneuriat sont un peu plus nombreux à penser que les salariés peuvent développer des compétences d’entrepreneur, ou plutôt d’intrapreneur. Pratiques pédagogiques
Pour les enseignants sensibilisant leurs élèves à l’entrepreneuriat, la pratique pédagogique la mieux adaptée au développement de l’esprit d’entreprise est la mise en situation des élèves, en les impliquant dans la construction de projets (67 %). Par ailleurs, la confrontation des élèves au monde économique et social est un bon vecteur de la sensibilisation pour 31 % d’entre eux. En revanche, la transmission de connaissance par des cours, des études de cas ou autre est très peu plébiscitée (2%). Valeurs et aptitude que l’école doit transmettre Quel que soit la catégorie d’enseignants observée, les principales valeurs et aptitudes que l’école doit transmettre sont :
l’autonomie, la curiosité et la responsabilité. La créativité et l’engagement sont moins souvent mis en avant par les enseignants (notamment par ceux ne pratiquant ni la sensibilisation à l’entrepreneuriat ni la pédagogie par projet). Pour les enseignants pratiquant la sensibilisation à l’entrepreneuriat, les éléments indispensables à acquérir durant le parcours scolaire sont :
l’envie de prendre des initiatives, d’anticiper, d’être indépendant et inventif (42 %), la confiance en soi (27 %) et la communication, le travail en équipe (26 %). En revanche, pour les enseignants ne pratiquant ni la sensibilisation, ni la pédagogie par projet, les éléments qui se rapprochent des compétences entrepreneuriales n’arrivent pas en tête des priorités (telles l’envie de prendre des initiatives, d’anticiper, d’être indépendant). Maj :15/01/2012
Auteur : marc geneve Auteur : ficemea |