Christel vient de vous présenter un des aspects de notre travail, la partie visible de l’iceberg, celle que nous nous pouvons communiquer, diffuser au plus grand nombre, mais il y eu la partie moins visible, moins transmissible ici et pourtant si importante pour notre mouvement et les suites de ce programme. Pour présenter cette partie là il me faut parler notre mouvement dans sa dimension réseau d’acteurs réunis autour de quelques principes fondamentaux. Deux d’entre eux en particulier ont guidé notre implication dans le programme : écrits en 1957 comme je vous le lis « tout être humain, sans distinction d’âge, d’origine,de convictions,de culture,de situation sociale, a droit à notre respect et à nos égards » (nous n’avions pas précisé sans distinction de sexe !! peut être aurions nous du le faire) et « notre action est menée en contact étroit et permanent avec la réalité... » Ce sont ces principes qui avaient guidé nos fondateurs et fondatrices (notamment gisèle de failly et henri laborde-une femme, un homme) à être des pionniers dans l’organisation de stage de formation en internat mixte à une époque où les internats de collèges et lycées ne l’étaient pas ; à militer pour la mixité dans l’école et dans tous les espaces éducatifs , à militer pour toutes les mixités donc à lutter contre toutes les discriminations. Un rapide état de lieux sur la question, y compris dans nos propres pratiques, nos propres doutes ou interrogations, nous a fait prendre conscience que les réalités d’aujourd’hui reflètent un chemin vers l’égalité encore long à parcourir et que notre volonté d’agir et transformer la société, les sociétés, passait aussi par une remise au travail à l’interne et dans nos formations indispensables pour être en cohérence avec notre mission de défricheurs du quotidien, comme le dit un de nos slogans , en contact étroit et permanent avec la réalité. En tant que mouvement pédagogique, les CEMEA sont avant tout un réseau d’acteurs et d’actrices, notamment acteurs-trices de l’éducation de jeunes enfants pour ce qui nous réunit aujord’hui. En tant qu’organisme de formation les CEMEA proposent de la formation d’acteurs et d’actrices de l’éducation, professionnels et bénévoles et nos formations sont encadrées par les membres de ce mouvement. C’est bien ces composantes là du mouvement CEMEA en France, en Italie et en Belgique qui,depuis plus d’un an sur leur terrain professionnel, interne ou non aux CEMEA, et sur le terrain des formations menées par les CEMEA , ont conduits de nombreux travaux . Ce sont ces cadres de structures d’accueil de jeunes enfants : ce sont ces personnels de crêche ou de « nidi » dit on en Italie, de foyers, de ludothèques, d’écoles maternelles ou d’écoles pré-scolaires dit la communauté française de Belgique, ces animateurs et animatrices de structures de loisirs collectifs, de prégardiannat, ces éducateurs de structures spécialisés, ces assistantes maternelles ,ces parents aussi....qui en menant un travail sur leur propre pratique, sur les pratiques des CEMEA, ont aussi dans leurs équipes sensibiliser, diffuser, outiller, convaincu ou non de l’importance de notre lutte contre les stéréotypes de genre. J’ai envie de vous conter plus encore le cheminement, l’histoire de nos transformations personnelles préalables à l’élaboration d’outils pour les autres. Il s’est bien agi tout d’abord d’un cheminement progressif personnel,singulier avant d’être collectif, profond, intime de chacun, chacune, qui a permis aux différents participants et participantes des groupes locaux de travailler, en confiance, leur propres représentations, leurs propres relations aux stéréotypes. Dans chaque pays, et dans des rendez vous inter-nationaux, une dizaine de personnes par groupe local se sont appropriées tout d’abord les concepts , ont tenté d’acquérir une compréhension commune de la problématique. Puis au travers de deux thématiques traversant nos pratiques communes : « jeux,jouets, activités » et « la vie quotidienne » nous avons mené des observations, des expérimentations, questionnant nos pratiques avec l’aide des deux structures expertes qui accompagnaient le programme. Cette phase fondamentale, préalable à l’élaboration d’outils pour la formation, a également permis de vivre des démarches qui seront reprises dans la mallette. Petit à petit, dans des phases d’expérimentations diverses chaque pays a mis en place de la sensibilisation de ses réseaux d’acteurs internes . Chacun chacune s’est retrouvé en situation d’essaimer sa propre prise de conscience, de provoquer ou de contribuer à des débats dans des regroupements régionaux et nationaux qui ont, pour certains dépasser le cadre strict du programme. Un exemple français pendant le congrès des CEMEA France au cours duquel nos groupes français AQJT ont croisé un groupe travaillant sur la parité dans notre propre institution et contribué ainsi à inscrire de nouvelles orientations dans notre projet associatif., à l’identique les CEMEA de Belgique et d’Italie ont inscrit l’égalité Hommes/femmes parmi leurs priorités pour les années prochaines. Notre travail a aussi, au fil des mois, laissé des traces dans nos publications françaises « Les cahiers de l’animation » et « Vers l’éducation Nouvelle » que vous retrouverez dans la mallette, en laisseront prochainement dans d’autres revues professionnelles par exemple dans la revue « Ecole » en Italie. Transformé nos pratiques de formation et de terrain à l’image du centre de vacances maternel de Thierceville d’où certains outils sont nés Tout en continuant nos réflexions individuelles, chaque groupe local, plus collectivement, a consacré les derniers mois a élaboré, testé, affiné des outils pour la formation. Chaque pays a organisé des rendez vous interne de sensibilisation de ces membres qui pourront ainsi démultiplier nos recherches dans les actions où ils se trouveront. A l’image de toutes nos pratiques et recherches depuis notre création ; ce programme a l’ambition, parce que chaque membre des cemea, aura les possibilités d’en être porteur, d’instiller toutes les formations, auprès de tous les publics. De part les partenariats croissants dans lesquels nos associations sont impliquées nous pourrons, nous avons même commencé dans certains lieux, de distiller également au-delà de nos actions propres (ici une école d’Educateurs de jeunes enfants, là une école d’auxiliaires de puériculture, là encore de la formation continue d’enseignants ...). Cette mallette présentée aujourd’hui et sa version bientôt disponible sur internet a également la prétention d’accompagner une démarche similaire au sein d’équipes de formation bien au delà des CEMEA et vous en serez peut être des promoteurs. Nous l’espérons. Le travail engagé dans ce programme se poursuit donc, avec une certitude plus affirmée encore qu’il nous faut collectivement, sur cette problématique comme sur tant d’autres, continuer à explorer avec engagement et énergie, à expérimenter avec courage et lucidité toutes les formes d’actions et pratiques éducatives et formatives qui valorise l’égalité et la diversité.