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"Esclavages et sujétions" La Pensée Octobre-décembre 2011 Dossier :
La Fondation Gabriel Péri dans sa dernière publication de la Pensée d’Octobre-décembre 2011, propose un dossier sur l’esclavage. Jacques Annequin montre que si l’on veut comprendre les formes de sujétions et leurs légitimations, il faut les étudier sur la durée. Loin d’un « modèle économique » lié à un contexte économique ou historique, l’esclavage est d’abord une construction sociale nous dira Alessandro Stella. Olivier Grenouilleau, en le comparant à d’autres modes d’exploitation, met en lumière la nature polymorphe de l’esclavage. D’autant que, comme le souligne Christiane Rafidinarivo, la distinction d’avec le travail « libre » est, par bien des aspects, plutôt floue. Selon les âges et les lieux, l’esclavage prend des formes diverses. Alessandro Stanziani étudie le « deuxième servage » en Russie, Fabio Viti révèle la persistance, longtemps après l’abolition en Afrique, des rapports de dépendance personnelle, en partie responsables de l’échec du salariat sur ce continent. Rapports qui s’exportent, comme le montre Roger Botte à propos de l’immigration soninkée, ou se traduisent par une économie informelle analysée par Alain Morice. Au Brésil, Neide Asterci et Ricardo Rezende Figueira dévoilent différentes formes de travail non libre pour dettes impayées qui subsistent encore aujourd’hui. Pourtant, d’autres choix que l’esclavage ont pu être retenus. Pour preuve l’exemple de l’Égypte pharaonique exposé par Bernadette Menu. Sommaire de ce dossier Esclavages et sujétions Dépendance(s), esclavage(s), contrainte(s) Jacques Annequin , Formes et raison des modes de sujétion Cette étude présente un certain nombre de réflexions méthodologiques et historiographiques sur l’esclavage, les formes de sujétion et sur leurs légitimations. Elle insiste sur la nécessité d’étudier esclavage et sujétions dans la durée et de prendre en compte la persistance d’une violence réelle, sociale et symbolique pour penser l’improbable distinction entre travail « libre » et non libre. Alessandro Stella , L’esclavage : système économique ou système social ? L’auteur propose ici d’en finir avec une historiographie présentant l’esclavage comme un « modèle économique », notamment lié aux grandes exploitations agricoles. à l’échelle monde comme à l’échelle européenne sur la longue période, l’esclavage n’est associable à aucune forme spécifique d’organisation du travail ni à aucun stade d’une économie. L’esclavage se présente d’abord comme une construction sociale, la possibilité de contempler comme structurelle la possession d’une personne par une autre, comme possible de rompre tout lien familial au profit du lien à un maître. Olivier Grenouilleau, De « l’utilité » de l’esclavage. Perspectives comparatives
L’esclavage est ici comparé à six autres modes d’exploitation :
Christiane Rafidinarivo, Travail, servitude et liberté La privation de liberté et la gratuité caractérisent la contrainte du travail servile. Comment persistent les inégalités économiques, statutaires et politiques qui en découlent ? Comment la socialisation par le travail transmet la concurrence entre la préférence pour la liberté ou celle pour le travail à risque servile ? Cela ouvre une réflexion sur les revenus et la valeur du travail ainsi que sur ses réorganisations internationales et les interactions entre le travail et la liberté configurées par l’action privée et publique. Alessandro Stanziani, Travail et dynamique du « deuxième servage » en Russie Cet article étudie la définition institutionnelle et les pratiques du servage en Russie entre le XVIIe et le XIXe siècles. Il montre que le servage de la glèbe n’est jamais véritablement institutionnalisé en Russie ; on trouve plutôt des formes de la dépendance et d’asservissement assez variées. À partir de là, l’auteur met en évidence la dynamique économique de l’agriculture et de l’économie russe dans son ensemble. La Russie comme système féodal et quasi-périphérie de l’Europe est remise en discussion. Bernadette Menu, Dépendance, organisation du travail : l’Égypte pharaonique L’organisation du travail aux hautes époques de l’Antiquité égyptienne répond à des besoins d’ordre idéologique, politique, économique et social. Le travail agricole, la construction de monuments impressionnants et la production d’objets prestigieux entraînent le plein emploi. La richesse obtenue permet une rémunération relativement élevée des travailleurs. L’application du principe de hiérarchie pyramidale assure l’encadrement du travail selon des modes sophistiqués de relevance, excluant la nécessité du recours à l’esclavage. Fabio Viti, De l’esclavage à la dépendance en Afrique Après la fin de l’esclavage, les rapports de dépendance personnelle marquent en profondeur le tissu social africain, à travers le travail familial et communautaire gratuit, le refus du salariat et le travail dépendant non rémunéré (apprentissage). La convergence de plusieurs facteurs a produit dans la longue durée une dévalorisation générale du travail et de l’effort des producteurs qui n’acquièrent jamais un statut véritable de travailleurs. C’est ainsi – plus que par un improbable retour de l’esclavage – que se manifeste l’échec généralisé du salariat et la persistance de formes pré-modernes de dépendance personnelle. Neide Esterci, Ricardo Rezende Figueira, Travail esclave dans le Brésil contemporain Les auteurs présentent les différentes formes de travail non libre pour dettes impayées imposées par des employeurs brésiliens, même après la suppression légale de l’esclavage à la fin du XIXe siècle. Ils relatent les luttes récentes menées pour construire des catégories permettant de criminaliser légalement ces pratiques. Le travail esclave a été la première catégorie à se constituer en ce sens. On a formulé ensuite la notion de travail dégradant dans des conditions de travail portant atteinte aux droits de l’homme. Mais la loi est encore en discussion. Alain Morice, L’immigré et l’illégal : les activités informelles des étrangers L’économie informelle est souvent vantée comme un mode de développement alternatif dans les villes du tiers monde. Dans les pays riches, elle est envisagée moins favorablement et, dans un climat xénophobe grandissant, on y voit en général le produit d’une immigration incontrôlée. De là vient une stigmatisation des étrangers, particulièrement des sans papiers. Cette hostilité s’appuie sur la méconnaissance du fonctionnement des réseaux informels traversés à la fois par des logiques créatrices et porteuses de solidarité et par des mécanismes faisant intervenir soumission, dépendance et exploitation. Roger Botte, Esclaves et prolétaires : les migrants soninkés en France En Mauritanie, ni l’indépendance ni l’abolition « définitive » en 1980 ni l’économie de marché ni la « démocratisation » n’ont pu extirper la totalité des rapports esclavagistes. Ils se perpétuent même en France dans le cadre des migrations de travail soninkées. Prix : 19.00 € Maj :29/01/2012
Auteur : ficemea Auteur : marc geneve |