Explorations et rencontres engagées en territoire québécois

Conseil québécois des loisirs
Dans le stade olympique, après un dédale de couloirs où nous croisons la fédération de Curling, de Hockey et d’Ultimate, nous sommes accueilli-e-s par Sonia Vaillancourt dans les bureaux du Conseil Québécois des Loisirs.
Nous échangeons sur la formation d’animateur, animatrice en Belgique et au Québec. Elle nous explique comment est organisé le DAFA (diplôme d’aptitude aux fonctions d’animateur).

Au fil de la discussion, nous nous rendons compte que nous partageons les mêmes valeurs ainsi qu’une vision commune du temps libre. Nous faisons également le constat que la réalité politique et institutionnelle de l’organisation du temps libre et des loisirs au Québec est très différente. Cette rencontre réveille en nous des envies d’échanges et de mobilités pour les animateurs et animatrices québécois-e-s et belges.

Bâtiment 7
Après avoir longtemps cherché un bus qui nous emmènerait dans le quartier de Pointe-Saint-Charles, nous arrivons enfin au Bâtiment 7. Dans ce quartier ouvrier, ancien fleuron de l’industrie ferroviaire canadienne, des habitant-e-s se battent depuis plus de 20 ans pour préserver une ancienne usine de la destruction et d’un projet de construction d’appartements de luxe. Nous y rencontrons Natacha Alexandroff, citoyenne du quartier, qui fait partie de l’aventure depuis le début. Aujourd’hui, le propriétaire du terrain et du bâtiment a cédé une partie de celui-ci au collectif « 7 à Nous ». Dans le bâtiment, il y a des ateliers de céramique, de réparation de vélo, de menuiserie, un espace de jeux vidéo, une fonderie… où chacun-e peut venir réaliser ses projets. Une épicerie s’est également installée, les membres y consacrent quelques heures chaque mois et bénéficient de prix réduits en échange de leur temps. Une micro-brasserie propose un espace de rencontres où l’on peut se retrouver pour manger et goûter leur bière. Des musiciens s’y retrouvent tous les dimanches pour jouer ensemble. Natacha nous raconte l’histoire du quartier, du bâtiment, des luttes d’aujourd’hui et de demain: « Ce n’est jamais fini ! ». Le Bâtiment 7 et le collectif « 7 à Nous » luttent encore aujourd’hui pour maintenir le lieu accessible, contre la gentrification du quartier et pour obtenir le reste du bâtiment et du terrain.

Le multimillionnaire qui en est le propriétaire essaye encore aujourd’hui de mettre la pression en voulant construire des appartements luxueux. Le collectif « 7 à nous », au travers de sa lutte pour le Bâtiment 7, milite au quotidien pour rendre aux habitant-e-s du quartier du pouvoir sur ce qu’ils et elles vivent et sur leur milieu.

Mouvement d’Éducation Populaire et d’Action Communautaire du Québec
Suite à nos rencontres en 2016 au Forum Social Mondial, puis à notre participation en 2017 au colloque du MEPACQ ((Mouvement d’Éducation
Populaire et d’Action Communautaire du Québec) intitulé « En action pour la justice sociale », nous avons été invité-e-s à l’Assemblée Générale Annuelle du MEPACQ. Gabriel Dumas et Jana Tosdado, deux permanent-e-s du MEPACQ, nous hébergeaient lors de notre venue à Montréal. Nous avons découvert la ville et sa culture en leur compagnie. Nous nous sommes retrouvé-e-s avec la troisième permanente du mouvement, Valerie Lepine, pour échanger nos outils, nos perspectives futures et nos pratiques. Dans une discussion autour des liens entre éducation populaire et pédagogie nouvelle, elles et il nous ont fait part des orientations futures de leurs luttes contre le racisme et pour la justice climatique et sociale.

L’assemblée générale annuelle a commencé par une activité de sensibilisation à la situation et l’histoire des autochtones du Canada, « l’atelier des couvertures ». Au travers d’un récit interactif, nous avons incarné physiquement le processus de colonisation. La perte de territoires, les maladies, les injustices et les massacres relatés ont suscité beaucoup d’émotions chez les participants-e-s.

Le lendemain matin, les 11 tables régionales du MEPACQ, qui regroupent chacune plusieurs groupes de base, ont partagé leur actualité avec le reste du groupe. Nous avons été frappé-e-s à quel point nos luttes peuvent être similaires et convergentes. Dans l’après-midi, Bernard Vallée, un des fondateurs du MEPACQ a présenté l’histoire de l’éducation populaire autonome au Québec. Nous avons constaté que nous partageons avec eux des racines et des courants de pensées communs incarnés par des hommes et femmes parfois différent-e-s.
En fin de journée, nous avons proposé aux participant-e-s de l’AGA de découvrir la FICEMÉA et les CEMÉA Belgique. Après avoir vu des pieuvres, des narvals, des bélougas, des oursins et des raies se déplacer dans l’espace, nous nous sommes retrouvé-e-s en petits groupes pour mettre en lumière les points commun entre l’éducation populaire et l’éducation nouvelle. Au départ de phrases qui guident notre action, nous avons décortiqué nos idées, nos pratiques et les leurs. La soirée s’est terminée par une présentation plus formelle de la FICEMÉA et des CEMÉA Belgique.

Les échanges se sont poursuivis de manière plus informelle par la suite. La journée du lendemain était consacrée aux orientations stratégiques et au plan d’action du MEPACQ pour les 4 années à venir. Nous avons pu observer les processus de discussion, négociations et de décision de l’assemblée et y avons retrouvé de la similarité avec nos propres fonctionnements, comme la création de sous-groupes hétérogènes et de retour au grand groupe.
Et après…
Cette mobilité a été riche en rencontres et en découvertes et a stimulé nos envies d’en découvrir plus ainsi que notre conviction que les luttes pour plus d’émancipation et de justice sociale dépassent les carcans nationaux et internationaux dans lesquels nous évoluons. Il faut pouvoir se rassembler pour continuer la lutte et faire sens.

En bref, c’tait ben ben l’fun.

Simon Ceméa Belgique

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