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Par le Mouvement d’Éducation populaire autonome du Québec
Le MEPACQ n’est pas neutre, il travaille à la promotion des droits humains et lutte contre les discriminations et les systèmes de domination. Aussi, ce guide offre des outils pour favoriser la prise de conscience. Nous espérons qu’il suscitera l’intérêt des participant.e.s de vos organisations à réfléchir et à agir contre ce problème qu’est le racisme.
Il se veut un outil pratique pour aider à comprendre ce qu’est le racisme, à repérer les formes qu’il prend au Québec et à proposer des pistes d’action pour l’enrayer.
A découvrir ici
Nous vivons un moment particulier de notre histoire, une révolution est à l’œuvre qui bouleverse notre quotidien, nos vies personnelles, notre rapport au monde, à l’information, à la démocratie. Il est même parfois souvent question d’identité. Cette révolution dite numérique nous est cependant imposée par des entreprises sans que nous ne nous soyons, à aucun moment, concerté.e.s. Tout juste avons-nous le temps de nous adapter à ces nouvelles pratiques que d’autres surgissent et s’imposent à tous et toutes sous prétexte de modernité. Nous pouvons décrypter notre société en analysant la place sociale du numérique, la manière dont il est régi politiquement et les incidences sociétales de ces choix politiques.
Le numérique est un fait social total, car il déstabilise nos sociétés, réinterroge nos identités individuelles et collectives, notre rapport à l’espace, au temps, à l’autre mais aussi les conditions de production et de diffusion des savoirs.
Quel sens donner au numérique aujourd’hui et plus particulièrement dans les pratiques éducatives ? Les transformations culturelles et les révolutions pédagogiques liées au numérique nous inscrivent dans une réflexion sur ce récent concept des humanités numériques.
« Les humanités numériques sont un domaine de recherche, d’enseignement et d’ingénierie au croisement de l’informatique et des arts, lettres, sciences humaines et sciences sociales. Elles se caractérisent par des méthodes et des pratiques liées à l’utilisation des outils numériques, en ligne et hors ligne, ainsi que par la volonté de prendre en compte les nouveaux contenus numériques, au même titre que des objets d’étude plus traditionnels. Les humanités numériques s’enracinent souvent d’une façon explicite dans un mouvement en faveur de la diffusion, du partage et de la valorisation du savoir. » (Wikipedia)
Ce dossier nous propose de faire un pas de côté, de prendre le temps de mettre en résonance les axes philosophiques, politiques et éthiques de la question de l’éducation et du numérique en lien avec les pratiques défendues et portées par les Ceméa France et la Fédération Internationale des Ceméa. Nous croyons à notre capacité collective à transformer les milieux et les institutions par la mise en action des individus, à l’importance essentielle de garantir l’autonomie de ces mêmes individus, et de leur permettre de décider librement de leur destin collectif. Le contrôle démocratique de ce monde numérique et des usages qui s’y déploient devient un enjeu central. Libre, solidaire et décentralisé, nous tenterons dans ces pages d’en décrire les contours.
dossier coordonné par
Sonia Chebbi
déléguée permanente
de la Ficeméa et
Pascal Gascoin
chargé de mission éducation-
numérique aux Ceméa
À l’initiative des Ceméa France, les Rencontres Européennes du Social sont un espace de réflexion pour produire une analyse partagée sur les phénomènes sociaux en Europe et les conditions pour faire société, un lieu d’échanges de pratiques d’intervention sociale. Elles seront aussi un espace d’élaboration de propositions argumentées, alternatives aux politiques européennes libérales et aux replis nationaux. Ces rencontres réuniront des acteurs, actrices, qui partagent des valeurs et une même conception de l’intervention sociale. Celle-ci doit participer à la transformation de la société en influençant les rapports de force et de pouvoir, les modes d’organisation, les libertés individuelles et collectives pour plus de justice sociale. Cette dimension politique du travail social pose également la question du modèle de société que nous souhaitons promouvoir. Cette approche du travail social quotidien revendique une dimension collective, d’entraide, de solidarité, et de citoyenneté. Ainsi elle combat les assignations enfermantes, les déterminismes sociaux, les rapports de domination par la classe, le sexe et les approches sociologiques de racialisation.
À la veille des élections européennes de 2019, osons, tentons des propositions pour défendre ensemble des principes et des orientations en matière sociale et sociétale.
La liberté à un prix
La Région Normandie, en partenariat avec les Autorités académiques et l’Institut International des Droits de l’Homme et de la Paix, crée un dispositif d’éducation aux droits de l’Homme et à la citoyenneté de dimension internationale, ancré dans la signification et les valeurs portées par ce tournant décisif de la Seconde Guerre mondiale que fut le Débarquement allié. Le 6 juin 1944, c’est en effet au nom d’un idéal de liberté que 130 000 soldats, dont une large part de jeunes engagés volontaires, vinrent risquer leur vie, et, pour plusieurs milliers d’entre eux, mourir sur des plages qui leur étaient inconnues. 17 nations étaient engagées dans l’opération Overlord pour ouvrir « la voie de la liberté » par laquelle passeront près de 3 millions de combattants venus délivrer le monde de la barbarie nazie. Le Débarquement allié rappelle ainsi combien la liberté est une revendication universelle. Aujourd’hui, de nombreuses situations à travers le monde témoignent de la fragilité de cet idéal : le combat pour la liberté est à mener sans relâche ni concession. En invitant des jeunes du monde entier à élire chaque année une personnalité ou une organisation qui se sera engagée de façon exceptionnelle pour la liberté, le Prix Liberté entend relayer ce message au-delà des frontières et remplir une mission d’éducation et de transmission.
Le Prix Liberté constitue un hommage à tous ceux qui se sont battus et continuent de se battre pour cet idéal.
DU 6 JUIN 2018 AU 15 JANVIER 2019
Disponible sur www.prixliberte.normandie.fr, un appel à candidatures permet à des groupes de jeunes de proposer la candidature d’une personnalité ou d’une organisation dont ils souhaitent mettre en lumière le combat récent pour la liberté. Intitulé « Notre candidat, son combat», il a été conçu pour favoriser un travail documentaire, argumentaire et créatif et s’intégrer dans les projets pédagogiques des enseignants, formateurs ou animateurs. La proposition de candidature pourra être portée par plusieurs structures dans le cadre de jumelages ou appariements internationaux.
Les meilleurs dossiers seront récompensés par des invitations à participer à la manifestation de remise du Prix.
FÉVRIER 2019
Un jury international se réunira pendant deux jours pour sélectionner, parmi toutes les propositions retenues, trois personnalités ou organisations et leur combat respectif en vue de les soumettre au vote du public. Le jury sera composé d’une trentaine de jeunes de 15 à 25 ans recrutés de façon individuelle via un appel à candidatures disponible sur www.prixliberte.normandie.fr. Les membres du jury seront également invités à participer à la manifestation de remise du Prix.
MARS 2019
Un vote numérique accessible aux jeunes du monde entier permettra d’élire le lauréat du Prix Liberté. Ce vote, organisé sur quatre jours, sera précédé d’une campagne numérique présentant le combat en faveur de la liberté de chacune des trois personnalités ou organisations finalistes. Cette phase est également susceptible de donner lieu à des actions pédagogiques, notamment dans l’optique d’inciter à la mobilisation en faveur de l’un des trois finalistes.
Le Prix Liberté s’articule autour d’un dispositif éducatif favorisant l’implication des jeunes d’un bout à l’autre du processus soit dans le cadre de leur parcours de formation, soit sur leur temps personnel. Il propose notamment des actions qui peuvent nourrir les projets pédagogiques des enseignants et formateurs.
La personnalité ou l’organisation élue par la jeunesse mondiale se verra remettre le Prix Liberté doté d’une bourse de 25 000 euros à l’occasion d’une manifestation publique qui se déroulera autour du 6 juin 2019, dans le cadre du Forum mondial Normandie pour la paix.
Un millier de jeunes assisteront à cette manifestation qui sera également retransmise en direct sur Internet.
Outre les membres du jury, ce public sera composé des délégations de jeunes sélectionnés au regard de la qualité de leur dossier constitué pour défendre une personnalité ou une organisation et son combat.
Les délégations internationales seront invitées à demeurer plusieurs jours en Normandie.
Ce temps fort du dispositif pédagogique sera également l’occasion de valoriser les travaux et productions des jeunes.
Informations, règlement et formulaires de candidature sur : www.prixliberte.normandie.fr
L’éducation doit également faire face à des ressources de plus en plus limitées : les cantons et la Confédération investissent moins d’argent pour le développement des écoles. Afin de combler cette baisse des subventions publiques les entreprises privées proposent de parrainer le matériel d’étude avec des offres attractives. Il n’y a pas besoin de le nier, les enfants et les jeunes sont des cibles marketing très attractives pour le marché car ils sont plus facilement influençables. Les enseignant.e.s suisses sont inquiet.e.s et pensent qu’il est dangereux d’ouvrir la porte aux logos, aux marques et au placement de produits dans la salle de classe.Que devons-nous faire ? Quels types de règles devraient être introduites ?
Nous en parlons avec les invités de Paolo Cortinovis en cliquant sur le lien ici
Communiqué de presse, 17 octobre 2018
Alors que le XVIIème sommet de la Francophonie de 2018 vient de se clôturer en Arménie (11 et 12 octobre 2018), 57 États membres de la Francophonie ont réaffirmé leur attachement à une éducation publique de qualité et une régulation efficace de l’enseignement, y compris privé, répondant ainsi à l’Appel du Réseau francophone contre la marchandisation de l’éducation.
Le paragraphe 45 de la Déclaration d’Erevan stipule :
‘Réaffirmant notre attachement à une éducation publique, gratuite et de qualité pour toutes et tous, et soulignant l’importance primordiale de l’accès à une éducation et une formation inclusive, rappelons la nécessaire régulation par les pouvoirs publics du système scolaire, dans son ensemble, afin de garantir la qualité et l’équité des services éducatifs’
Le Réseau francophone, et ses 400 organisations membres issues de 40 pays de l’espace francophone, qui militent pour inclure l’éducation publique dans les déclarations et textes officiels de la Francophonie, se félicitent de cette mesure mais soulignent qu’il y a encore du chemin à faire pour concrétiser ces engagements.
Cette déclaration en faveur des systèmes d’éducation publics gratuits intervient dans un contexte mondial de croissance sans précédent des acteurs privés dans l’éducation notamment dans les pays à faibles revenus, qui est sur le point de transformer en profondeur des systèmes éducatifs déjà fragiles.
De nombreux investisseurs, comprenant des entreprises multinationales, s’impliquent à grande échelle dans le marché jugé très lucratif de l’éducation. Et ce y compris en proposant des services à bas coût, de mauvaise qualité, et visant les populations pauvres, tout en s’exonérant des régulations des États. La croissance de ces acteurs privés, et plus généralement, de la marchandisation de l’éducation, est particulièrement marquée au niveau du cycle fondamental (primaire et secondaire), là où les injustices sociales se creusent. L’impact de ce mouvement en termes de qualité des contenus éducatifs, de ségrégation et d’inégalités sociales, et plus généralement, de réalisation des droits de l’Homme, en fait un défi majeur pour les acteurs et les défenseurs du droit à l’éducation tout au long de la vie. Cette tendance a été dénoncée par plusieurs rapports, résolutions, et recommandations de l’ONU et de la Commission Africaine des droits de l’Homme.
Cet engagement renouvelé des États fait suite à la Déclaration d’Antananarivo, (Sommet de la Francophonie 2016), dans laquelle 57 États membres de la Francophonie s’inquiétaient du “développement des établissements scolaires et éducatifs à but commercial”, et demandaient à l’Organisation Internationale de la Francophonie de ‘prendre des mesures pour promouvoir des dispositifs institutionnels efficaces de régulation des acteurs privés de l’éducation, afin de garantir la qualité et l’équité des services éducatifs’, ‘en collaboration avec la société civile’.
La déclaration d’Antananarivo avait notamment été suivie en 2017 d’une réunion de représentants de la société civile, de syndicats et de représentants étatiques pour discuter de la situation de la privatisation de l’éducation dans les pays francophones.
L’éducation est un service public mondial dont les États ont la responsabilité. Le Réseau francophone veille à ce que ces paroles prononcées ne restent pas à l’état de déclaration et avec les sociétés civiles locales, acteurs éducatifs mais aussi parents et citoyens, participe à stimuler la recherche, la réflexion et les échanges sur la régulation des acteurs privés et la lutte contre les dérives marchandes dans l’éducation.
Le Réseau Francophone travaillera avec l’OIF et ses membres à la mise en place de programmes concrets pour évaluer les politiques publiques des États de la Francophonie et mettre en place un cadre efficace de régulation à même de construire des systèmes éducatifs justes et une éducation publique de qualité.
Documents clés
Contacts
info@nevendezpasleducation.org
Lors de l’Agora internationale de la Ficeméa en décembre 2017 nous avons créé et lancé Radio Fi internationale.
Cette radio francophone, associative et libre nous permet, à travers le monde, de valoriser le travail et l’expression de la diversité des associations et des personnes qui composent la Ficeméa.
Le média radiophonique nous invite à penser nos identités dans la relation à l’autre, dans cette co-présence des univers, des imaginaires, des espaces et des temps à travers ce que nommait Edouard Glissant “le tout monde”.
En effet, l’originalité de cette radio est de transcender les frontières, de mettre en lien sur les ondes des personnes éloignées de plusieurs milliers de kilomètres et des auditrice.eur.s internationaux.
Ainsi, lors de la première émission en direct, notre animateur phare Ousmane, membre des Ceméa Sénégal, animait depuis Dakar, les intervenant.e.s étaient à Maurice, Mayotte, au Portugal, à la Réunion et la régie son à Paris !
Le monde se croise sur les ondes…
Radio Fi internationale nous permet de partager nos pratiques éducatives et de porter collectivement le projet politique de l’Éducation nouvelle au-delà des frontières.
Et d’un point de vue technique ?
Les CEMEA France ont développé un système permettant la réalisation et la diffusion d’émission de radio LIBRE via internet en utilisant une simple clé USB dédié. Une fois la clé configurée, elle émet son propre canal de diffusion de sa propre webradio.
Cet outil expérimental est en évolution constante et en lien avec les suggestions des auditrice.eur.s, des intervenant.e.s.
La conférence historique tenue au Parlement européen à Bruxelles sur l’‘après-croissance’ a révélé l’affrontement autour de la question cruciale : est-il possible de découpler les émissions de CO2 des taux de croissance économique et de poursuivre indéfiniment la marche vers une ‘Croissance Verte’ ?
Une conférence historique s’est tenue les 18 et 19 septembre dernier au Parlement européen à Bruxelles, sur l’‘après-croissance’ («Post-Growth»), réunissant scientifiques, politiques et décideurs. L’événement a été organisé par des membres du Parlement issus de cinq partis politiques différents, en collaboration avec des syndicats et des ONG et avait comme objectif d’explorer la possibilité d’une «économie post-croissance» en Europe. La conférence s’est précédée d’un séminaire sur la ‘décroissance’ organisé par l’Université Libre de Bruxelles, qui a réuni des scientifiques venant de toute l’Europe impliqués dans la recherche autour de la décroissance. Nous avons suivi ces quatre jours de débats, en tant que représentants de l’association Polis.
Ce qui nous a impressionné est le parcours de cette notion, marginale jusqu’à présent, qui a réussi à percer le noyau dur des milieux institutionnels et de prise de décision, jusqu’à devenir un objet à débattre au niveau du parlement Européen. L’ouverture de la conférence par Mme Vestager, Commissaire Européenne sur la Concurrence, est significative de l’importance que commencent à accorder à cette notion les milieux institutionnels européens.
En même temps, les débats ont montré clairement que la notion de la décroissance n’est plus un concept traduisant une prise de position ‘philosophique’ et idéologique, mais qu’il est bien un concept opérationnel. A ce propos, plusieurs chercheurs ont présenté des travaux de recherche menés partout en Europe et jusqu’aux Etats-Unis (au sein du MIT), avec des propositions concrètes sur la mise en marche d’initiatives de décroissance au niveau économique.
À titre d’exemple, les exposés comprenaient des études sur la gouvernance et l’élaboration de politiques d’après la croissance, des études de cas sur les mouvements de transition (en Suède, aux Pays-Bas et ailleurs), des initiatives dans le domaine des politiques d’administration municipale, initiatives en matière d’économie circulaire et de politiques de ‘déchets zéro’, initiatives en matière de planification urbaine et de transports, des recherches d’alternatives au PIB et d’instruments et normes de reporting en matière de Responsabilité Sociale des Entreprises, des recherches sur l’empreinte écologique menant à des propositions de consommation durable, ainsi que des propositions de coopération et d’action collective en vue de la mise en place d’une organisation horizontale ouverte du mouvement de la décroissance.
A l’occasion de la conférence un appel aux institutions Européennes a été lancé, signé par 200 scientifiques universitaires, et publié dans les médias de 16 pays européens – à lire ici: (publié par la Libération, Mediapart, L’Echo : <https://www.liberation.fr/debats/2018/09/16/europe-ne-plus-dependre-de-la-croissance_1679117 https://www.liberation.fr/debats/2018/09/16/europe-ne-plus-dependre-de-la-croissance_1679117>) :
“Au cours des sept décennies passées, la croissance du PNB s’est dressée comme l’objectif économique premier des nations européennes. Mais si nos économies ont grandi, l’impact négatif sur l’environnement a augmenté en rapport. Nous dépassons maintenant l’espace de fonctionnement sécurisé pour l’humanité sur cette planète, et il n’y a aucun signe que l’activité économique soit en cours de découplage, à l’échelle qui serait requise, avec l’usage des ressources ou la pollution. Aujourd’hui, résoudre les problèmes sociaux au sein des nations européennes ne demande pas plus de croissance. Cela implique une distribution plus juste du revenu et de la richesse que celle que nous pouvons observer”
Néanmoins, on a senti, durant et après la conférence, que deux conceptions opposées se sont affrontées. Alors que les représentants de la Commission européenne parlaient d’une ‘Croissance Verte’ et étaient convaincus qu’il était possible de découpler les émissions de CO2 des taux de croissance économique, le mouvement Degrowth était (et il est) convaincu du contraire. Il est rapidement devenu évident que des mesures concrètes et des détails d’une société post-croissance ne peuvent pas être clarifiés si la question fondamentale du découplage n’est pas résolue.
Yolanda Ziaka – Polis – Grèce
Le regard sur l’éducation nouvelle et ses valeurs que nous portons aujourd’hui ne peuvent mettre de côté un pan de notre histoire qui a vu monter l’adhésion aux mouvements pacifistes, à l’aube du XXème siècle, nourris de valeurs humanistes et égalitaires.
Pour introduire mon propos, je me réfère à l’histoire de la Ficeméa par un extrait du discours prononcé par Marcel Hicter à l’occasion de sa prise de fonction de président de la Fédération Internationale des Ceméa en 1971 à Paris.
« La culture n’est pas la connaissance, ni l’érudition ; c’est une attitude, une volonté de dépassement personnel total, de son corps, de son cœur, de son esprit, en vue de comprendre sa situation dans le monde et d’infléchir son destin. C’est la priorité que l’on donne au plus-être sur le plus-avoir. »
Pour une fédération internationale inscrite dans le mouvement de l’éducation nouvelle, la culture dans son sens large est cœur du projet politique que nous défendons dans le travail auprès des jeunes, des adultes et notamment des migrant.e.s.
Ainsi, la Ficeméa fait sienne, la définition de la culture, au sens anthropologique du terme, tel que l’UNESCO la définit :
« La culture, dans son sens le plus large, est considérée comme l’ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société, un groupe social ou un individu. Subordonnée à la nature, elle englobe outre l’environnement, les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l’être humain, les systèmes de valeurs, les traditions, les croyances et les sciences. »
L’enjeu est de réinvestir la culture comme vecteur de sens individuel et collectif et sa fonction de « faire société ». En effet, la culture telle que nous l’entendons aux Ceméa est une activité créatrice de sens, support à la construction d’imaginaire propice au développement de la créativité et porteuse de lien social.
Les mouvements d’éducation nouvelle permettent la participation active de la population – et de toute la population – à la création artistique et pas seulement à la consommation culturelle.
Les activités culturelles proposées par les membres de la Ficeméa auprès des migrants et migrantes sont essentielles pour :
Ainsi, la création artistique collective est un levier d’expression, de participation, d’émancipation individuelle, collective et donc de changement sociétal.
Au niveau européen, nous avons recensé trois projets emblématiques de notre approche :
Ceméa France, été 2018 : Projet d’accompagnement culturel pendant le festival d’Avignon auprès des mineur.e.s non accompagné.e.s ou, comme ils se définissent, des « chercheurs de paix »
EXTRAIT CRÉATION SONORE ici
Elle se découpe en 3 temps : un premier interview d’Alpha en début du séjour puis des extraits du travail autour de la pièce Thyeste de Thomas Joly et enfin, le témoignage d’Alpha en conclusion du séjour.
Ce séjour a permis :
D’organiser l’accès, la participation, la présence à la vie culturelle et artistique de personnes particulièrement éloignées de ces espaces de par leurs statuts.
De valoriser l’histoire individuelle et collective de chaque personne.
De légitimer ces « chercheurs de paix » dans le respect de leurs droits culturels, de proposer un espace de socialisation riche, commun.
Leur permettre une mise à distance, une respiration dans un quotidien dur, épuisant physiquement et psychologiquement.
Et ainsi valoriser leurs capacités, leurs personnalités et l’importance des liens inter-culturels.
Miroir Vagabond : projet d’Alpha-Théâtre
EXTRAIT VIDÉO, 2 min
Les cours d’alpha sont majoritairement fréquentés par des demandeurs d’asile.
Une fois par an, deux semaines de théâtre sont proposées aux 130 apprenant.e.s participant aux cours d’alphabétisation.
L’action se déroule en plusieurs phases :
Elle commence d’abord par des exercices ludiques qui mettent en confiance, qui mettent en relation, qui donnent envie de se lancer dans la pratique théâtrale.
Puis progressivement, des images/photos sont construites à partir de mots, de sentiments et on y introduit des petits bouts de textes.
Ensuite, des dialogues sont appris petit à petit, en prenant le temps de les expliquer et en étant soucieux de la compréhension des textes par l’ensemble du groupe. Ce travail est un des plus importants et se base sur une appropriation collective.
Une attention particulière est accordée au jeu/miroir des mots, à l’écho des mots et à leur répétition. Pour favoriser la compréhension, les mots sont mis en jeu par l’émotion.
Dans un dernier temps, toutes les pièces du puzzle sont rassemblées pour donner une représentation cohérente et aboutie. Les formatrice.eurs, les apprenant.e.s, les familles et amis, les résident.e.s des centres de demandeurs d’asile, les responsables de formation en alpha et la population locale sont invités à assister à la représentation.
Pour le Miroir Vagabond, le théâtre est un vecteur de lien social : il permet aux habitant.e.s d’une commune de partager un moment de théâtre avec des demandeu.se.r.s d’asile : les images négatives s’estompent, à priori et peurs tombent et nous pouvons ainsi envisager le début de cette notion de faire société dans un même territoire.
En s’exprimant théâtralement, en ayant la possibilité de communiquer en français avec les autres et en étant valorisés au moment de la représentation publique, les apprenant.e.s s’épanouissent personnellement, créent du lien social et se mobilisent dans leur parcours de vie grâce à la confiance en leurs potentialités qu’ils ont pu acquérir pendant cette formation.
Fédération Italienne des Ceméa, Interculturalisme : une formation pour les enseignant.e.s
Les enseignant.e.s veulent permettre à toutes et tous l’accès à des meilleures conditions d’apprentissage. Cette route vers l’autonomie s’inscrit dans une adaptation des contenus aux personnes en situation d’apprentissage. En effet, l’éducation active s’inscrit dans des processus d’apprentissages participatifs : les enseignant.e.s proposent des contenus qui prennent sens dans un environnement et permettent à la personne d’expérimenter, de comprendre et de s’autonomiser.
Le but de la formation des enseignant.e.s est d’accroître leurs capacités de comprendre le vécu des étudiant.e.s afin d’identifier les difficultés de leur contexte d’apprentissage. Cette démarche permet aux enseignent.e.s de s’interroger en permanence sur leurs pratiques.
La FIT a crée un module de formation pour les enseignant.e.s travaillant dans les cours d’alphabétisation en langue italienne. A partir de la théorie de la forme de Paul Klee, l’idée est de travailler sur les sonorités d’une langue en comparaison avec la perception des couleurs et des formes.
L’atelier propose aux enseignant.e.s une recherche autour des couleurs et d’images abstraites en lien avec l’écriture de l’alphabet et des sons de la langue chinoise, plaçant ainsi les enseignant.e.s en situation d’apprentissage d’une nouvelle langue. Cette démarche pédagogique a permis de réfléchir sur la problématique de l’apprentissage des langues ; c’est-à-dire, le décodage des sons dans le chaos de la langue afin de mieux la comprendre.
L’objectif est d’accompagner les enseignant.e.s dans l’analyse et la compréhension du mur linguistique auquel se heurtent les migrant.e.s dans l’apprentissage d’une nouvelle langue. A travers ce processus, les enseignant.e.s peuvent se mettre en situation de comprendre l’incertitude interculturelle des migrant.e.s.
Selon le réseau d’enseignant.e.s RETE SCUOLAE MIGRANTI, il est aussi fondamental de comprendre qu’apprendre une langue. La démarche est différente de l’apprentissage d’une langue classique. En effet, un projet migratoire et sa motivation ont un impact sur la méthodologie. Cette pédagogie propose que les éléments d’apprentissage soient des objectifs et non des fondements. Plus d’info en cliquant sur le lien ici.
Pour terminer mon propos, je souhaite mettre en exergue que la question des migrations nous invite, en référence à Édouard Glissant, à sortir des assignations enfermantes et penser nos identités dans la relation à l’autre, au Tout-monde dans cette co-présence des univers, des imaginaires, des espaces et des temps. Et ainsi faire converger nos luttes, faire du un et du pluriel.
Sonia Chebbi