Les CEMEA France ont souhaité réunir, lors de leur congrès en Août 2015 à Grenoble, leurs partenaires européens et internationaux les plus proches dans un séminaire international. Un grand nombre d’entre eux sont membres de la fédération internationale. C’est ainsi que les représentants associatifs et les jeunes de 12 pays ont répondu à notre appel.
La thématique de « la jeunesse, les jeunesses » a occupé une place centrale dans le séminaire à travers un atelier de mise en commun des problématiques rencontrées par les jeunes. Les personnes qui y ont participé sont issues du milieu associatif engagé dans l’accompagnement et la formation d’encadrants de jeunes, des jeunes de leurs pays et des jeunes volontaires internationaux. Les représentants du Clube du Portugal, de Gyerekparadicsom Alapitvany de Hongrie, des Amis du Belvédère de Tunisie, de Graine de Paix d’Algérie, de Dock Europe d’Allemagne, des CEMEA de Belgique, des petits débrouillards du Maroc, de Sevilla Acoge d’Espagne, des CEMEA de Russie, de la FIT CEMEA d’Italie, des CEMEA de France et une volontaire de Lituanie ont réalisé un travail de recherche sur les jeunesses dans un souci de regards croisés. Les membres des associations palestiniennes Laylac, Keffieh Center et Human Supporter mais aussi de PASC et Mashed de Tunisie ont rejoint le groupe.
La démarche de travail a d’abord consisté, en groupes « pays », à élaborer des constats sur la jeunesse puis formuler les problématiques, défis et réussites des pratiques de chacune des organisations, et dans les politiques de jeunesse de leur pays. Ensuite, en plénière, après avoir pris connaissance des constats par pays, nous avons élaboré des problématiques à l’échelle locale et internationale.
Nous rapportons ici les 11 problématiques recensées concernant les jeunes, définis au sens le plus large par la tranche d’âge des 12-29 ans. Les 11 problématiques, évoquées par un ou plusieurs groupes sont retenues car elle trouvent toutes une réalité locale et internationale d’après tous les participants. Pour certaines d’entre elles, des éléments de constats issus des retours des groupes pays sont mis en perspective. Ces 11 problématiques sont autant de freins (et de leviers) à la participation des jeunes dans la société civile et des associations de jeunes dans l’accompagnement de ces jeunes.
1- Inégalité : pas une jeunesse mais des jeunesses dues à la diversité des personnes mais aussi due aux inégalités sociales, territoriales (accès à des structures éducatives, socio-culturelles, sportives).
2- Le rapport de méfiance entre les administrations et les associations de jeunes.
3- Des normes et des indicateurs de réussites imposés par les pouvoirs publics qui laissent peu de place à l’initiative et la créativité des jeunes ou qui accordent peu de reconnaissance à leur dynamisme et investissement.
4- La nécessité du lien entre l’éducation formelle et non formelle : reconnaissance de l’éducation non formelle et son impact dans l’éducation à la citoyenneté, sur la réussite scolaire. Le partage de référentiels et d’objectifs communs pour une éducation globale accessible à tous.
5- Des mobilités et des migrations : l’accès à une mobilité choisie, vecteur d’ouverture et d’opportunités dans un parcours personnel. Inégalités d’accès : injonctions contradictoires des pouvoirs publics, perception différente suivant sa nationalité et son appartenance à l’UE ou pas.
6- L’accompagnement des mobilités.
7- L’accès et l’utilisation des médias.
8- Le volontariat, sa valorisation, son sens, son dévoiement de ses objectifs initiaux, les programmes existants : rôle des associations et positionnement politique.
9- Les addictions.
10- La dynamique de réseau.
11- La formation des acteurs de jeunesse.
Les contenus de ce travail montrent le besoin des participants de confronter les situations des jeunes dans leur pays avant de travailler sur la situation des jeunes dans leurs organisations.
Ce travail montre que, dans notre quotidien, nous ne pouvons pas considérer la jeunesse de manière uniforme. Ce travail montre que nous partageons la préoccupation de faire reconnaître l’éducation non formelle dans l’accompagnement des jeunes, autant que l’éducation formelle, d’où le besoin de travailler ensemble.
Cette première étape réalisée, un prochain objet de travail pourra être de confronter nos pratiques vis à vis de chacune de ces problématiques dans l’objectif :
– de continuer à travailler en réseau d’organisation de jeunesse pour mieux agir ensemble
– d’imaginer des parcours internationaux pour les jeunes dans nos associations
– de faire du passage des jeunes dans nos associations une expérience démocratique positive qui leur donne des compétences et des valeurs pour une plus grande reconnaissance et visibilité dans la société et qui donne une meilleure gouvernance à nos associations.
Sarah Bastable