La honte…

10 mars 2016

Chèr.e.s ami.e.s,

Je vous écris à propos de la honte que nous vivons depuis plusieurs mois en Europe du fait de l’attitude inhumaine des pays européens à l’égard des réfugiés Syriens et des immigrés du Moyen Orient et de l’Asie. Il s’agit du plus grand mouvement de populations après la seconde guerre mondiale.

L’un après l’autre, les pays des Balkans ont fermé leurs frontières et à l’heure actuelle environ 35.000 mille réfugiés et immigrés sont enfermés en Grèce. Même si les pays européens ouvrent leurs frontières, tant que la guerre continue, soutenue par les puissances occidentales en vue de leurs intérêts géostratégiques et à travers leurs ventes d’armes, on ne pourra pas empêcher le malheur de ce flot humain.

Vous avez tous sûrement entendu parler des réfugiés et immigrés venant de Syrie et d’autres pays voisins, et entassés en Grèce dans leur effort d’atteindre l’Europe occidentale.

Il s’agit de gens seuls ou de familles entières qui ont payé une fortune pour traverser la Méditerranéenne, à partir des côtes turques vers les îles grecques, sans compter les quelques milliers qui se sont noyées à la traversée et des centaines d’enfants et d’adolescents qui sont disparus durant le passage.

Ces gens veulent partir de la Grèce. Dans un pays dévasté par sa propre crise économique et humanitaire, il n’y a pas d’espoir pour une vie meilleure pour eux, pour qu’ils bâtissent un nouveau foyer et qu’ils vivent en paix. Environ 480.000 jeunes scientifiques grecs sont partis chercher du travail à l’étranger durant depuis 5/6 dernières années que dure la crise. Il n’y a pas d’intégration possible en Grèce pour ces gens qui ont fui la guerre et la famine.

La Slovénie a, elle aussi, fermé ses frontières le 9 mars. La Hongrie est en train de creuser un fossé à ses frontières et la FYROM (la ‘Macédoine’) a mobilisé ses forces armées pour empêcher les désespérés qui se trouvent sur le sol grec à passer de l’autre coté (on y lance aussi des chiens contre les réfugiées qui passent les frontières inaperçus).

Il y en a en ce moment 14.000 personnes en Grèce, près des frontières, à Oidomeni, à dormir dans la boue et des maladies qui commencent à se propager – 30 enfants ont été amenés à l’hôpital juste ces trois derniers jours. Cette nuit, à Elliniko, le terrain près d’Athènes où on a accueilli quelques milliers de réfugiés, il y a eu un début d’émeute d’environ 300 personnes protestant parce qu’il n’y a pas assez de nourriture et d’eau pour se laver.

Des bagarres éclatent déjà entre eux, quand ils font la queue pour la distribution de la nourriture. Des émeutes généralisées sont malheureusement à prédire. Et les réfugiés continuent à arriver massivement aux îles grecques. Aujourd’hui, le 10 Mars, il y a encore eu un naufrage à cotes grecques avec 5 noyés, dont un enfant.

Donald Tusk le président du Conseil Européen a dit dans un twitter du 9 mars, que les pays fermant leurs frontières se sont alignés sur les décisions des chefs d’état européens !!

Comment la Grèce peut-elle faire face à cet état d’urgence?

Tout marche pour l’instant grâce à la solidarité de tous. Dans mon île qui se trouve loin des côtes turques -comme partout en Grèce- des groupes de volontaires travaillent chaque jour pour ramasser de la nourriture offerte par tout le monde, l’emballer et l’envoyer soit aux autres îles, soit aux frontières. Mais il y a surtout cette solidarité venant de partout qui fait chaud au cœur – à regarder ce petit vidéo sans commentaires (c’est en allemand) juste 1,5 minutes.

La légende dit:

« Tant qu’il y a des hommes…

Madame Eleni et Monsieur Christos sont un couple âgé qui vit à Oidomeni. Ils ont ouvert leur maison pour que les réfugiés viennent se laver. La planète tourne toujours parce qu’il y a ces personnes qui accueille simplement »

Read more:

http://pitsirikos.net/2016/03/%cf%8c%cf%83%ce%bf-%cf%85%cf%80%ce%ac%cf%81%cf%87%ce%bf%cf%85%ce%bd-%ce%ac%ce%bd%ce%b8%cf%81%cf%89%cf%80%ce%bf%ce%b9-2/#ixzz42UMj4q19

Bien-sûr qu’il y a des escrocs grecs. La semaine dernière un de nos collègues, Conseiller Régional, activiste dans l’ACM (Assemblée des Citoyens de la Méditerranéenne), Nikos Poutsiakas, a été battu par des commerçants parce qu’il distribuait de la nourriture gratuite aux réfugiés campés dans l’autoroute principale vers les frontières. Il a été conduit à l’hôpital.

Tout cela nous fait grand honte, en tant qu’Européens, porteurs d’une -soi-disant- civilisation millénaire, mais en premier lieu en tant qu’humains. Nous sommes indignés, meurtris par la cruauté des calculs géopolitiques face à désespoir humain. Un grand mouvement de protestation devrait voir le jour, contre le honte que nous vivons, pour l’ouverture des frontières, mais aussi et surtout, un grand mouvement pacifiste pour l’arrêt de la guerre.

Peut-être connaissez-vous des initiatives (mouvements, actions) dans ce sens dans vos pays ?

Pouvez-vous faire circuler toute information relative à ces initiatives ?

Bien à vous

Yolanda Ziaka

 

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Publié dans Les associations membres, Polis