Biennale de l’éducation nouvelle internationale

biennaleLes gens qui veulent toujours enseigner, empêchent beaucoup d’apprendre”

Charles de MONTESQUIEU

 

La loi de refondation de l’Ecole de la République a fortement mobilisé les mouvements pédagogiques et les associations complémentaires de l’enseignement public en France. Contribuant dès 2012 aux travaux qui ont précédé la promulgation de la loi de refondation, ils ont porté des enjeux politiques mais aussi pédagogiques considérant que la mise en œuvre de nouvelles orientations, de nouvelles façons de faire (modification des rythmes ; Projet éducatif territorial ; évolution de la formation initiale et continue des enseignants ; réforme du collège ; …) impliquait nécessairement une réflexion sur les conditions d’apprentissage.

En France et plus largement dans le monde, les différentes formes d’éducation formelle et non formelle concourent, nous le savons, aux objectifs décrits ci-dessus. Accompagner la complémentarité entre tous les espaces éducatifs est un enjeu majeur. Ce processus invite aussi à repenser l’éducation dans une approche globale, tout au long de la vie, dans une perspective de transformation des pratiques éducatives vectrice de participation et d’émancipation individuelle et collective.

La question de la pédagogie est donc aujourd’hui au centre de ces enjeux.

Différentes approches de la pédagogie existent, mais toutes ne se valent pas. Nos associations se réfèrent, au-delà de leurs différences, à un socle commun, qu’on appelle toujours l’Education nouvelle, même si elle a une longue histoire.

Origines et jalons historiques

Le mouvement de l’Education Nouvelle naît aux alentours de 1900. Les premières écoles actives naissent en Angleterre et c’est d’un groupe d’amis de l’Education Nouvelle créé à Londres en 1915 que l’idée vient d’organiser un congrès international, en 1921 à Calais, qui établit les principes et les buts d’une Ligue internationale pour l’Education Nouvelle (LIEN) préservant l’identité pédagogique propre à chaque pays. Issu de la Ligue Internationale de l’Education nouvelle, le G.F.E.N. a été créé en 1922 à l’initiative de savants et d’éducateurs qui, au sortir de la première guerre mondiale, ont ressenti l’urgence de lutter contre l’acceptation fataliste par les hommes, de la guerre comme solution au règlement de conflits.

L’un de ses principes fondateurs était : “L’éducation nouvelle prépare, chez l’enfant non seulement le futur citoyen capable de remplir ses devoirs envers ses proches et l’humanité dans son ensemble, mais aussi l’être humain conscient de sa dignité d’homme”.

L’Education Nouvelle, dès le début de ce siècle et surtout après 1945, s’est appuyée sur la connaissance scientifique de l’enfance et de l’enfant, et que les thèses psychologiques de PIAGET et de WALLON ont été choisies par les tenants de l’Education Nouvelle comme faisant partie des fondements mêmes de l’éducation, mettant en avant la valeur de l’enfance, l’activité et la notion de milieu.

De nombreux éducateurs ont nourri leur recherche de la pensée de précurseurs universels tels que Rousseau, Pestalozzi, Jacotot. Montessori en Italie, Decroly en Belgique mais aussi Makarenko (Russie), Korczak (Pologne), Bakulé (Tchécoslovaquie), Freire (Brésil), Ferrière et Cousinet (Suisse) montrent le cosmopolitisme du mouvement.

Freinet se lance dans le mouvement d’éducation nouvelle dès les années 1920, crée sa propre école, puis se sépare du GFEN en 1946 et crée l’institut coopératif de l’école moderne en 1947. En parallèle la revue des Cahiers pédagogiques est fondée à la suite des « classes nouvelles » de la libération (1945-1952). D’autres écoles nouvelles sont créées à la même période dont la Nouvelle École de Boulogne, expérimentation confiée par le ministère de l’Éducation nationale aux CEMEA. L’association prend le nom de Centre d’entraînement aux méthodes de pédagogie active en 1943.

Etabli à partir de textes d’Odette Bassis et Francine Best

Dans le contexte actuel, le projet pédagogique de l’Education Nouvelle est aussi un projet politique qui trouve plus que jamais sa pertinence pour inventer des réponses adaptées aux besoins des publics les plus divers, pour donner plus de sens aux apprentissages scolaires ou informels. Agir, ici et ailleurs, en France, en Europe et dans le monde, la transformation sociale par l’Education Nouvelle reste donc un projet ambitieux, captivant, mobilisateur !

Face à la montée d’idéologies de l’exclusion et de fermeture aux autres, face aux dangers de marchandisation de l’éducation, luttant pour promouvoir les valeurs de laïcité, de démocratie et pour la défense des droits humains, nos mouvements ont un message fort à affirmer , mais aussi des débats à impulser alors même que se développent des discours pauvres et démagogiques sur ces sujets. Notre objectif est bien d’être en prise avec notre temps, en luttant contre tous les retours en arrière qui nous menacent, mais aussi contre « le meilleur des mondes » que nous propose une certaine conception ultra-libérale du monde. Et pour cela, il faut bien mettre la pédagogie au cœur de la réflexion.

Mettre l’éducation active, la pédagogie, au cœur d’un espace collectif de réflexion, de partage d’expériences et d’échanges, telles sont donc les ambitions de cette biennale de l’Education Nouvelle.

Cette première biennale répond à trois intentions :

Partager les fondamentaux de l’Education Nouvelle. Cette conception singulière de l’éducation fait partie du patrimoine de plusieurs pays. C’est également celui des organisations à l’origine de cette biennale. Chacune d’entre elles a construit son identité à partir de valeurs partagées. Leurs chemins, leurs projets, leurs choix en matière d’action se sont diversifiés. Elles se réfèrent pourtant au même socle de valeurs. Il nous paraît indispensable de retourner vers notre histoire, de partager ces racines communes et de mesurer ensemble l’incroyable modernité de nos projets.

  • Des conférences et des tables rondes permettront de répondre à ce premier objectif.

Partager nos pratiques. Nous ne sommes pas spectateurs inactifs des évolutions du monde. Nous agissons dans ces environnements, nous y conduisons des actions conçues du point de vue de leur rapport à l’Education Nouvelle et aux projets qui sont les nôtres pour qu’elles deviennent de véritables leviers de développement. Il nous paraît indispensable d’identifier ces actions, de partager ces pratiques pédagogiques originales inventées par des équipes de militantes et de militants sur les territoires. Ces pratiques sont variées et témoignent d’une certaine inventivité, d’une certaine créativité dont nous avons bien besoin. S’il est nécessaire de les mutualiser, il faut aussi les questionner : contribuent-elles bien à l’atteinte de nos objectifs, et en particulier la démocratisation du savoir, la formation réelle du citoyen ?

Pour nous, pas d’action sans réflexion, mais une réflexion qui s’appuie sur l’action !

  • Un espace « forum des pratiques » permettra à des équipes de présenter des projets, des démarches, des actions.

Débattre ensemble. Il est toujours des sujets d’actualité, des enjeux politiques et éducatifs sur lesquels nous réfléchissons au sein de nos organisations respectives. Nous proposons de mettre dans le débat organisé de cette biennale des réflexions, des propositions, des questions que nous avons rarement l’opportunité de débattre ensemble.

Donc, débattre est absolument indispensable. Trop souvent, des pratiques coexistent sans suffisamment d’échanges entre elles, sans que l’on creuse éventuellement des possibles divergences, ou du moins des approches différentes. Cela implique des dispositifs de discussion afin que l’on puisse à la fois respecter les points de vue autres, mais aussi aller au-delà de consensus superficiels.

  • Des espaces de débats seront organisés. Si certains thèmes peuvent être identifiés en amont de la biennale, notre organisation rendra possible la mise en œuvre de débats dont les thématiques, proposées par les participant.e.s, naîtront des premières rencontres.

Voilà donc les trois axes sur lesquels nous avons décidé de construire cette première biennale. Ils sont constitutifs d’une organisation qui donnera également toute sa place aux rencontres, aux échanges, aux temps du vivre ensemble, dans un environnement stimulant (expositions, espaces de débats organisés, soirée culturelle, etc…).

 

 

 

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