Quelques repères sur : Éducation Nouvelle et Ceméa
Par Alain Gheno
Cette contribution a été proposée au militants des Ceméa dans le cadre de la préparation de leur 11e congrès, à Grenoble en août 2015. Originellement destiné à nourrir le débat interne et à permettre aux participants de « se chauffer » avant de se retrouver pour cinq jours d’échanges et de rencontres, ce texte permet de mesurer la contribution originale de ce mouvement à l’éducation nouvelle. A travers la définition succincte qu’il en donne, il dit le rapport des Ceméa à l’éducation nouvelle et dégage des pistes pour des travaux à venir, de nouvelles perspectives.
Nous cherchons souvent des références pour appuyer et valider nos pratiques. Nous oublions trop souvent que les Ceméa sont une référence en Éducation Nouvelle. Nous allons essayer d’établir à partir de quoi, et ce qui fait le fond de la pratique et de la réflexion de notre mouvement.
Même si le sigle est aujourd’hui « suffisant », il mérite de rester connu et reconnu, il nous distingue. Centre d’Entraînement (anecdotique et à contextualiser) aux Méthodes d’éducation Active (à conserver absolument et re-contextualiser!)
L’éducation nouvelle, dont l’ambition, le projet philosophique est de donner à chacun les moyens de son émancipation ne peut se saisir que dans un regard ou une vision politique.
L’émancipation s’entend dans le cadre de l’individu et son projet de vie, mais reste indissociable d’une logique d’émancipation collective, d’une logique de transformation sociale vers plus d’égalité.
La réserver à une seule approche pédagogique ne peut que satisfaire les tenants d’une éducation plus « traditionnelle » dans ses objectifs. Elle est par nature « subversive », en ce sens qu’elle tend à transformer la société vers une société plus juste et plus égalitaire.
Le socle sur lequel peut se développer l’éducation nouvelle est nourri des concepts de liberté et des conceptions politiques en découlant, du concept de laïcité, y compris tel qu’enrichi par nos propres réflexions.
Les Ceméa sont le mouvement qui aura porté le plus loin la pratique et la réflexion sur l’activité. L’activité, telle qu’elle a été définie et synthétisée dans les textes fondateurs que nous connaissons tous est ce qui identifie les Ceméa. Les textes de référence que nous avons produits doivent rester le socle de nos pratiques et le carburant des textes à venir. L’activité doit irriguer l’ensemble de nos pratiques, quel que soit le thème, le terrain et les enjeux. Mais elle doit garder, voire amplifier ce qui l’a fondée, le et les projets de la personne dynamisant et se nourrissant d’un collectif, une pédagogie de l’invention, de l’expérimentation, le tâtonnement expérimental, le contact avec le réel, l’empoignade fondatrice avec les éléments, etc.
Cette notion d’activité est intimement mêlée à ce qui fonde l’éducation nouvelle, autour de quelques concepts et principes incontournables :
La personne, ou l’individu, sa reconnaissance, l’attention et le respect portés à la responsabilité personnelle (à ne pas confondre avec une approche individualiste). Les notions de choix, de projet, que nous portons, ne peuvent pas s’abstraire de la notion de liberté qui a également alimenté l’éducation nouvelle.
C’est un principe de base pour l’éducation nouvelle, c’est un principe fondateur. Il conviendrait aujourd’hui de le nourrir par les travaux sur l’acceptation de l’autre, l’altérité, sur la bienveillance, sur la bientraitance, qu’elles soient d’ordre social, culturel, philosophique ou culturel. Il conviendrait tout autant de nous ré-emparer de la notion de confiance, qui participe de la bienveillance et l’enrichit.
Le groupe, le collectif, sans lequel la personne n’existe pas, mais qui, en termes simplistes, ne peut pas exister sans la personne. Premier point de débat, et premier point de débat d’ailleurs entre les divers courants de l’éducation nouvelle. Là encore les travaux sur le groupe, les groupes, se sont enrichis de nouveaux apports. Et nous portons dans nos pratiques quelques originalités qu’il serait bon de partager. Mais nous sommes bien dans le cadre d’un collectif qui émancipe, qui permet à chacun et à tous de faire évoluer une réalité à transformer en continu, vers plus de liberté, sans que ce soit un vain mot. Les choix individuels doivent alimenter le collectif, sans y être manipulés ou laminés.
Le milieu, l’environnement, ayant pour base les réflexions et les travaux de Wallon, pour aider à une définition commune… et pour faire court, le milieu tant qu’il est transformé, approprié par la personne ou/et le groupe. Être acteur du et dans le milieu doit être une règle, toute situation « hors sol » à bannir. Les évolutions concernant ce thème depuis l’origine de l’éducation nouvelle sont considérables. Nous avons la chance et peut être l’avantage de les considérer et de les comprendre plus facilement en nous appuyant sur les idées qui précèdent.
L’activité, telle que rappelée au début du texte, avec peut-être des enjeux encore plus profonds aujourd’hui qui touchent à la construction de la personne, et aux répercussions que cela peut avoir sur la force de transformation des groupes. Il y a comme une urgence à réhabiliter le faire, à donner symboliquement des mains aux enfants et aux jeunes, pour qu’ils puissent mieux accéder à la connaissance en la fabriquant. Il n’est pas certain que ce soit simpliste comme idée. L’éducation nouvelle est née d’une conception de la personne et de son activité qui n’a jamais été aussi moderne. Les Ceméa en tant que mouvement d’éducation nouvelle ne peuvent pas l’oublier.
La notion de projet ou plus précisément la pédagogie du projet a été enrichie de la notion de liberté portée par l’existentialisme. S’en souvenir nous permet d’éviter toutes les instrumentalisations.
Ces quatre « piliers » doivent être en œuvre ensemble, en dialectique. C’est ce qui définira que l’action menée ou vécue l’est dans le cadre de l’éducation nouvelle. Enlever un de ces aspects et on retombe dans des pratiques d’éducation traditionnelle, habilement masquées, mais terriblement efficaces en matière de non-respect de la personne, ou de stagnation culturelle ou sociale.
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Manifeste du groupe français d’éducation nouvelle
Comme émancipation mentale à conquérir : une urgence de civilisation !
L’Éducation Nouvelle plonge ses racines dans l’histoire de toutes les pensées rebelles à l’assujettissement de l’Homme, dans la tradition sans cesse renouvelée de toutes les pratiques d’émancipation de l’homme par l’homme. Son pari, c’est que les hommes, et donc les enfants des hommes, ont mille fois plus de possibilités qu’on ne le croit communément…
TOUS CAPABLES !
C’est le défi de l’Éducation Nouvelle, face à toutes les ségrégations, à toutes les exclusions, à la violence barbare comme réponse à une jeunesse désespérée ou à un Tiers-Monde exsangue que pressurent sans vergogne les sociétés usuraires.
Le rêve de tous les hommes, aussi vieux que l’Humanité elle-même, c’est de créer plus de Justice, de Bonheur et de Dignité. Mais ce ne sont pas des institutions qui peuvent changer la vie, ni des décrets, ni des votes. C’est seulement les hommes eux-mêmes – s’ils en décident ainsi – et personne ne peut
Les y forcer.
Le politique se voue à l’échec, quand il se figure pouvoir apporter programmes et solutions à des citoyens toujours de seconde zone, puisque appelés seulement à huer ou à applaudir. La pratique pseudodémocratique de la délégation de pouvoir est une castration de la citoyenneté. À l’inverse, la pratique de la classe coopérative authentique, du conseil de classe souverain, et des projets coopérateurs, bref le premier apprentissage d’une autogestion, nous permettent de dire que l’Éducation Nouvelle est une pierre d’angle nécessaire à toute reconstruction sociale.
Nous rappelons solennellement que le but de l’éducation est la formation d’une pensée libre et d’un esprit critique, dans le refus délibéré de ce qu’on appelle trop facilement les fatalités. Le but, précisons-nous, c’est l’émancipation mentale pour chacun, la recherche délibérée de la cohérence entre ce qu’on dit et ce qu’on fait.
Notre bataille n’est pas seulement celle d’un groupe de Français, mais celle de l’Humanité tout entière, pensée et mise en œuvre par des précurseurs universels : Rousseau, Pestalozzi, Jacotot, Montessori, Decroly, Makarenko, Korczak, Bakulé, Freinet, Langevin, Wallon, Freire… c’est-à-dire ceux pour lesquels la transformation des pratiques éducatives et d’enseignement est un enjeu de civilisation. C’est une bataille planétaire à l’échelle de l’Histoire : elle exprime une aspiration irréversible, venue du fond des âges, un élan de l’Humanité pour se construire, selon l’expression d’Albert Jacquard, comme “humanitude”.
Semer la fraternité n’est rien qu’une utopie, disent les tenants du passé, les sceptiques, ou les timorés. Pour l’Éducation Nouvelle, la pratique de cette utopie est une URGENCE DE CIVILlSATION.
“L’enfant est un feu à allumer, pas un vase à remplir” a dit Rabelais. Encore faut-il rappeler que l’homme et le petit d’homme, dans l’exercice d’une exploration permanente, redécouvrent leur génie d’inventer… C’est pourquoi l’Éducation Nouvelle appelle à en finir avec une pratique de transmission passive, qui “explique” au lieu de faire découvririnventer, et qui explique faussement puisqu”elle présente comme “évidence” ce qui fut toujours au moment de la découverte une rupture audacieuse avec de vieux concepts devenus inopérants, en même temps qu’une bataille difficile contre les idées reçues.
L’Éducation Nouvelle, pour celui qui la porte, c’est un combat quotidien avec soi-même, pour faire exister des contraires – ainsi, la nécessité de transmettre un héritage précieux, et cette autre nécessité de ne pas le transmettre comme un capital mort, mais de le reconstruire en faisant surgir les forces créatrices qui sommeillent en chacun. C’est la tentative constante et difficile, pas toujours réussie, mais toujours recommencée, pour ne jamais penser à la place de l’autre. Une urgence pour soi-même. Car c’est soi-même qu’il faut transformer dans son rapport avec les autres. Avec tous les autres.
L’Éducation Nouvelle, née comme pratique neuve dans l’acte pédagogique, comme philosophie délibérément optimiste quant aux capacités de tous les enfants, ne se construit que dans une relation égalitaire entre celui qui “sait” et ceux qu’il a à charge d’enseigner… C’est son caractère de valeur éthique qui la fait déborder du seul champ de l’école à celui, plus vaste infiniment, de la Société tout entière, bousculant ainsi les cadres mandarinaux des systèmes en place. Elle est une contribution précieuse à tous ceux qui veulent faire naître une Humanité plus mûre : aux antipodes de la jungle ou de la caserne, de l’élitisme ou du troupeau, du profit maximum et de la docilité.
Pour le G.F.E.N : Henri BASSIS
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La Charte de l’École moderne
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Les propositions alternatives de la FESPI
1. Construire ensemble, c’est nécessaire, c’est efficace
2. Enseigner, bien sûr ! Eduquer, sûrement !
3. (S’) élever, (se) parler, (s’) écouter : de la parole des élèves et de ses usages
4. Des savoirs, mais comment donc ! Lesquels ? Comment ?
5. Evaluer pour apprendre, pas pour sanctionner
6. Ne pas orienter mais accompagner
7. Un temps chronométré ou des temps nécessaires ?
8. Ni passoire, ni sanctuaire : l’Ecole, un sacré repère !
9. Se confronter, faire évoluer, essaimer
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Le CRAP – Cahiers pédagogiques et l’éducation nouvelle
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La Ficeméa, un projet philosophique et politique
« Personne n’éduque autrui, personne ne s’éduque seul, les hommes s’éduquent ensemble, par l’intermédiaire du monde »
Paolo Freire, Pédagogie des opprimés.
1.Introduction
La Ficeméa est un mouvement constitué de militants œuvrant dans des associations éducatives, culturelles et sociales. Elles agissent sur leurs terrains respectifs grâce à des acteurs engagés. Les associations membres organisent et réalisent des actions éducatives en référence aux principes de l’Éducation nouvelle auprès d’un public divers et dans des champs d’action multiples,. Les membres de la Ficeméa participent au développement et la défense des conquêtes sociales.
Les fondements philosophiques de l’Éducation nouvelle ont été pensés dans des contextes politiques, historiques très différents. Les penseurs et acteurs pédagogiques issus de pays divers et de réalités très différentes ont permis d’inscrire de fait une dimension universelle. Au travers des principes qu’elle défend, l’Éducation nouvelle transcende les contextes, les réalités des sociétés, les classes sociales, les appartenances nationales.
Penser l’Éducation nouvelle ne peut se faire que dans une perspective internationale qui place l’humanisme au cœur de notre projet politique. Celle-ci valorise la liberté de l’initiative, de la création, de l’expression, l’importance de l’affectivité, la construction de la personnalité par l’individu lui-même, dans son rapport avec les autres et son milieu de vie.
Notre approche éducative crée des situations où chacun, enfant, adolescent, adulte, peut être plus conscient du monde qui l’entoure, se l’approprier, le faire évoluer, le modifier dans une perspective de progrès individuel, collectif et social.
L’Éducation nouvelle telle que nous la pensons et la vivons participe de la transformation de la société en influençant les rapports de force et de pouvoir, les modes d’organisation, la liberté individuelle pour plus d’égalité, pour rendre le pouvoir au peuple, à tous, à chacun-e.
L’éducation nouvelle, dont l’ambition, le projet philosophique est de donner à chacun-e les moyens de son émancipation ne peut se saisir que dans un regard ou une vision politique.
L’émancipation s’entend dans le cadre de l’individu et son projet de vie, mais reste indissociable d’une logique d’émancipation collective, d’une logique de transformation sociale vers plus d’égalité.
Réserver cette logique à une seule approche pédagogique ne peut que satisfaire les tenants d’une éducation plus « traditionnelle » dans ses objectifs. Elle est par nature « subversive », en ce sens qu’elle tend à transformer la société vers une société plus égalitaire et plus juste.
Le socle sur lequel peut se développer l’éducation nouvelle est nourri des concepts de liberté et des conceptions politiques en découlant, du concept de laïcité, y compris tel qu’enrichi par nos propres réflexions. Ceci sont les garants de l’ouverture à l’autre, du respect du pluralisme des idées et de la tolérance.
2.Quatre piliers fondamentaux de l’éducation nouvelle
Le milieu est fondateur de la personne, l’expérience et l’activité procèdent de l’appropriation de son histoire personnelle et publique. La prise en compte de ces expériences dans son parcours individuel et collectif permet la construction d’un sujet agissant et capable d’agir sur le monde qui l’entoure.
Le milieu, l’environnement
Nous nous appuyons sur les réflexions d’Henri Wallon dans sa conception large du milieu : social, biologique, idéologique. Ce milieu joue un rôle prépondérant en éducation et pose la possibilité de la personne et/ou du groupe à s’approprier et transformer son milieu.
Etre acteur du et dans le milieu doit être une règle, toute situation « hors sol » est à bannir.
Seule une connaissance approfondie de son milieu de vie peut amener l’être humain à s’y accomplir individuellement et collectivement. Le cadre matériel doit donner l’envie et la possibilité d’agir.
Le milieu de vie se construit par l’histoire, le territoire géographique, social sur lequel la personne agit comme acteur d’un projet et capable d’exercer son pouvoir. L’homme est situé dans une constante dynamique avec d’autres acteurs engagés dans l’exercice de formes de pouvoirs différents (politique, institutionnel, social, culturel, économique, juridique,…). La participation réelle et effective des différents acteurs permet la co-construction de sens pour l’individu et la communauté dont l’objectif est l’inclusion, l’autonomisation et la construction des notions de privé et de public.
La place de la personne
La personne est considérée en tant que porteuse d’une histoire, d’un parcours, de besoins, de désirs et capable de choix. Tout être humain peut avoir le désir et la possibilité de progresser selon son itinéraire personnel avec le soutien d’autrui. Il n’y a pas de véritable savoir sans construction personnelle de soi et donc de son propre savoir.
La reconnaissance de la personne, ou l’individu, l’attention et le respect portés à la responsabilité personnelle (à ne pas confondre avec une approche individualiste) sont essentiels. Les notions de choix, de projet, que nous portons, ne peuvent pas s’abstraire de la notion de liberté qui a également alimenté l’Éducation nouvelle.
C’est un principe de base pour l’Éducation nouvelle, c’est un principe fondateur. Il convient, aujourd’hui, pour la Ficeméa, de le nourrir par les travaux sur l’acceptation de l’autre, l’altérité, sur la bienveillance, sur la bientraitance, qu’elles soient d’ordre social, culturel, philosophique ou culturel. Il convient tout autant de nous réemparer de la notion de confiance, qui participe de la bienveillance et l’enrichit.
Le collectif
La vie collective est considérée comme un instrument de développement personnel facteur d’émancipation. L’Education nouvelle repose sur cette dialectique entre l’individu et le collectif, le singulier et le pluriel.
Nous sommes bien dans le cadre d’un collectif qui émancipe, qui permet à chacun-e et à tous de faire évoluer une réalité à transformer en continu, vers plus de liberté, sans que ce soit un vain mot. Les choix individuels doivent alimenter le collectif, sans y être manipulés ou laminés.
Derrière ces notions se dessine la question de la place sociale des individus au sein des groupes sociaux auxquelles ils appartiennent, des places occupées, assignées, octroyées, conquises au sein de la société.
L’activité
L’activité, l’expérimentation sont fondamentales dans tout projet d’éducation. L’activité est essentielle pour la formation personnelle et l’acquisition de la culture comme expérience de transformation du réel.
L’activité doit irriguer l’ensemble de nos pratiques, quel que soit le thème, le terrain et les enjeux. Mais elle doit garder, voire amplifier ce qui l’a fondée, le et les projets de la personne dynamisant et se nourrissant d’un collectif ; elle s’inscrit dans une pédagogie de l’invention, de l’expérimentation, le tâtonnement expérimental, le contact avec le réel.
L’activité porte, aujourd’hui, des enjeux encore plus profonds qui touchent à la construction de la personne, et aux répercussions que cela peut avoir sur la force de transformation des groupes. Il y a comme une urgence à réhabiliter le faire, à donner symboliquement des mains aux enfants et aux jeunes, pour qu’ils puissent mieux accéder à la connaissance en la fabriquant.
3. Les méthodes d’éducation active
La formation occupe une place centrale dans la diffusion des méthodes d’éducation active.
La compétence du formateur ne se résume pas à la transmission mais réside dans sa capacité à se laisser surprendre par de l’inédit. Inédit à partir duquel, il peut tenter de gérer et construire avec les participants un univers de sens nouveau.
Notre ambition formative est d’accompagner la réflexion des acteurs sociaux dans leur sensibilité au monde, loin des stéréotypes et de développer des pratiques éducatives non sclérosées. Pratiques à réinventer, à interroger en permanence au-delà des routines et des bonnes pratiques, dans la liberté de surprendre et d’être surpris.
La formation est un processus de transformation de son rapport au monde. Les personnes sont amenées à s’approprier des repères culturels, à les questionner et à en réinventer d’autres. Ce processus est identique à celui vécu dans les parcours migratoires. La relation formative doit pouvoir assurer la transition entre ces états. Toute formation est donc bien un espace interculturel.
L’Éducation active est le processus permettant à chaque personne de se construire dans son comportement, de développer ses compétences et d’enrichir ses connaissances. Ce processus est continu et permanent : il est de tous les instants et se fait tout au long de la vie. L’éducation se fait fondamentalement par l’expérience personnelle vécue au sein d’un patrimoine collectif en constante évolution (milieu de vie, famille, société, le monde).
Selon notre conception, la finalité de l’éducation doit être la formation d’un citoyen émancipé, solidaire responsable et critique :
- citoyen émancipé, c’est-à-dire capable d’analyser les stéréotypes et de penser par lui-même afin d’agir dans son environnement et de valoriser ses potentialités.
- citoyen responsable, critique et solidaire, c’est-à-dire capable de faire évoluer la société dans laquelle il vit, selon ses aspirations et ses valeurs dans une perspective de progrès social.
Cette conception rejette l’instrumentalisation de l’éducation dans le but de :
– formater des agents de production économique, culturelle ou politique conformes aux besoins d’un système,
– standardiser les comportements des consommateurs nécessaires à l’économie de marché ou de tout autre modèle politique qui aurait les mêmes objectifs.