« Le calendrier n’a pas pour objet de mesurer mais de rythmer le temps » Marcel Mauss[1]
Cette année, nous fêtons la vie de notre mouvement pédagogique à travers le monde. En 2017, nous célébrons les 50 ans des Ceméa Gabon, 60 ans des Ceméa de Madagascar, 70 ans des Ceméa Belges et les 80 ans des Ceméa France. L’anniversaire est « un rite dont la cérémonie a pour fonction l’introduction du temps social tout au long de la vie quotidienne des individus »[2] et des institutions. Il permet de nous relier en tant qu’individu à un groupe social, de construire une identité commune force de mobilisation pour l’action collective. La force de l’évènement « anniversaire » permet de nous inscrire individuellement dans un mouvement collectif qui porte en lui le passé et se tourne vers l’avenir.
En effet, les célébrations sont des temps pour se remémorer le temps parcouru, les aventures humaines traversées. Mais il est avant tout le temps de réaffirmer notre projet politique inscrit dans une philosophique humaniste et de penser l’avenir. Nous sommes toujours debout malgré les contextes complexes dans lesquelles nous sur-vivons.
Les anniversaires marquent le temps de la vie sociale et l’alternance des temps sociaux. Ils sont des temps relevant une dimension publique et privée, des temps familiaux et des temps de vie sociale. Ils nous permettent de retracer le parcours vécu par une écriture de l’histoire, de mettre en scène la mémoire collective construite à partir de vécu collectif et individuel. Les célébrations jouent aussi un rôle fondamental dans la transmission à travers la prise en compte du temps parcouru et la construction d’une narration de cette histoire. Ils sont les temps du passage, celui des « passeurs d’avenir »[3].
Comme vous l’observerez dans le tour d’horizon, les célébrations alternent des temps de retrouvailles militantes à l’intérieur de chacun des mouvements et des temps ouverts à un public plus large. C’est aussi le temps de la rencontre entre des personnes ayant traversé, côtoyé, fréquenté les Ceméa à un moment de leurs histoires en résonance avec ce qu’ils y trouvent aujourd’hui et ce qu’ils souhaitent y construire dans l’avenir.
Aux Ceméa, nous façonnons et pensons le temps, dans nos pratiques quotidiennes à travers ces notions qui nous sont chères : les temps collectifs, individuels, les rythmes scolaires, du corps, les temps du travail, des loisirs, de la vie, de la militance….
En tant que sculpteurs du temps, nous ne pouvions que célébrer ces anniversaires à travers le monde…
Sonia Chebbi, déléguée permanente de la Ficeméa