Retour sur la rencontre franco-germano-algérienne autour de « La médiation interculturelle », un cycle de formation en trois parties : Lille (mai 2013), Oran (septembre 2014), Hambourg (mai 2014).
Partenaires : REMA (Réseaux des médiateurs algériens- Oran), CEMÉA Nord Pas de Calais (Lille) et dock europe (Hambourg).
L’objectif de cette rencontre tri-nationale était d’établir des liens, de trouver des correspondances, de créer des passerelles entre les pratiques de la médiation, comme méthode de gestion et de régulation des conflits, et les méthodes Interculturelles telles que nous les pratiquons depuis plusieurs années dans nos échanges.
Médiation interculturelle et photographie
A travers des ateliers thématiques pratiques, nous avons pu appréhender certaines notions clef de la médiation : l’observation, l’aptitude à la communication, écoute, analyse des représentations et de ce qui les fondent etc. Comprendre la médiation par le biais de techniques et de méthodes transversales.
A Lille, c’est à la pratique de la bande dessinée que les participants ont pu s’essayer. A Oran et à Hambourg ce fut la photographie qui fut choisie. A chaque fois, la réflexion a porté sur la représentation du réel, et notamment d’un conflit, et sur illustration du visible et du caché, de l’explicite et de l’implicite, de l’extériorité (la surface) et de l’intériorité (le fond) du sujet, autant de termes que l’on retrouve aussi bien dans l’exercice de la médiation que dans une approche critique de la photographie : ce que je vois de l’autre, traduit-il sa réalité ? Qu’est-ce qui motive le fait de choisir tel fragment du réel plutôt qu’un autre (le cadre) ? Quelle est la part que l’autre donne à voir de lui en tant que sujet photographié ? Qu’est ce qui se joue entre le photographe et son sujet ? Quels sont les termes de la négociation entre les deux ?
Les conflits liés au contexte
Un des objectifs de notre cycle de formation était aussi de permettre aux participants de découvrir les différentes réalités de la médiation dans les pays respectifs. En France, nous avons pu découvrir des pratiques de médiation qui excèdent le champ de la résolution des conflits pour aborder celui de l’inter-médiation entre des publics et des champs d’activités socio-culturels : la médiation culturelle, artistique, etc. Termes qui renvoient à des notions « d’une ouverture à », « d’un accès à », « d’une sensibilisation à », « d’une démocratisation des pratiques et des accès », etc. En Algérie, où la pratique institutionnalisée de la médiation est plus récente, il a été question de découvrir les modalités traditionnelles de la médiation, les assemblées de « sages », mais aussi de prendre connaissance des avancées réalisées par le réseau des Médiateur algériens pour faire reconnaître la médiation comme un recours alternatif aux conflits réglés par voie de justice. À Hamburg, enfin, la place et le rôle de la médiation en Allemagne a été abordé par le biais d’une méthode d’enquête sur le conflit.
L’animation linguistique a constitué un élément clef de notre programme. Une animation linguistique d’autant plus importante qu’en raison de facteurs historiques, politiques et sociolinguistiques, le français et l’allemand ont dominé les échanges lors de cette formation, en particulier lors des temps de formation en plénière. Des animations linguistiques régulières et adaptées au contexte ont permis de rééquilibrer les choses.
Témoignages de participants
« Un séjour inoubliable, une rencontre magique, des sous-systèmes qui dorénavant forment un seul système loin des barrières géographiques, linguistiques et culturelles. Cette rencontre vient encore une fois prouver que l’humain reste humain quand il y a une authenticité dans les sentiments, une sincérité dans le partage, quand on dépasse l’égoïsme et l’individualisme. »
Kheira
« Le temps est passé trop vite, j’aurais aimé avoir encore plus d’échanges intenses avec vous. Toutes ces discussions sans fin… Je n’arrête pas de parler de notre beau séminaire à mes amis et à mes collègues qui ont maintenant envie de faire quelque chose pareille. »
Bettina
L’expérience a été tellement positive qu’un nouveau cycle tri-national est lancé : la première phase se tiendra en mai 2015 à Hambourg, la deuxième à Oran en novembre et la troisième à Lille en 2016.