Un film à ne pas manquer : Nothing to hide

Êtes-vous vraiment sûr de n’avoir “rien à cacher”?
Que peuvent savoir Facebook ou Google de vous en seulement 30 jours? Votre orientation sexuelle? Vos heures de lever et de coucher? Votre consommation d’alcool et vos infractions pénales?  Votre niveau de richesses et votre solvabilité? Marc Meillassoux et Mihaela Gladovic ont fait l’expérience en hackant l’Iphone et l’IMac d’un jeune artiste n’ayant « rien à cacher » pendant un mois. Un hacker et une analyste ont pour mission de deviner qui est ce jeune homme et s’il n’a véritablement “rien à cacher”. Celui-ci est loin de se douter où l’expérience va le mener …

 

 

Voir le film ici

 

 

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Facebook et Cie … On continue comme si de rien n’était ?

Jamais l’actualité n’aura mieux illustré ce que de nombreux mouvements citoyens, associations, collectifs, les CEMEA, Framasoft … défendent depuis des années. « Nos données sont nos données », ceux que nous nommons pudiquement « les réseaux sociaux » ne sont en fait rien d’autre que des machines à agréger nos données personnelles pour les monétiser en données sociales capables d’influer sur nos comportements, notre consommation et parfois même la démocratie !

Parce que « l’éducation c’est agir », nous ne nous sommes pas contentés d’alerter, de sensibiliser, de participer bien avant que ne surgisse la cohorte de « médiateurs du numérique » attirés par l’aubaine -dont l’action pour une partie d’entre eux, ne consiste bien souvent, une fois les recommandations d’usage faites, à entraîner les personnes à l’usage de ces mêmes « réseaux sociaux ». Facebook ne vient d’ailleurs-t-il pas de signer un partenariat avec pôle emploi pour former 50 000 demandeurs d’emploi ?

Que faisons-nous semblant de découvrir aujourd’hui ? Qu’une entreprise, Cambridge Analytica, aurait utilisé des données qu’elle aurait subtilisées à Facebook afin d’influencer les votes de la dernière élection présidentielle aux États-unis (mais aussi sur le référendum du Brexit, même si on en parle moins). Et certains commentateurs de nuancer sous la forme « Facebook s’est fait dérober des données… » Gardons bien en tête qu’il ne s’agit pas de discuter du niveau de sécurité des serveurs FB, si une entreprise extérieure est capable de tels calculs à partir d’informations dérobées, imaginez ce que FB est capable de faire avec l’ensemble de ces données ! Il nous faudra d’ailleurs être vigilants à ce que tout ceci ne se résume pas à FB, cela vaut bien évidement pour Google et consorts…

Alors que faire ? Bien sûr il nous faut continuer sans relâche à sensibiliser, à multiplier les actions « d’éducation critique aux médias » afin de donner à chacun les moyens de comprendre et d’agir en citoyen éclairé. Nous pouvons aussi agir pour que soit régulé l’usage de nos données par ces entreprises. Mais nous le savons bien au fond, la seule façon pour les utilisateurs de limiter l’utilisation de leurs données personnelles par les réseaux sociaux est d’éviter tout simplement d’utiliser ces plates-formes.

Il nous faut donc aller plus loin, plus fort, afin que les citoyens éclairés que nous avons formés puissent avoir un vrai choix. Les réseaux sociaux ne se limitent pas aux services proposés par les GAFAM, de réelles alternatives libres, loyales, éthiques et solidaires existent. C’est à nous, association d’Éducation Populaire, mouvement d’Éducation Nouvelle qu’il appartient de les faire connaître, d’en promouvoir les usages, de contribuer à leur amélioration.

Diaspora (ou Framasphère) , Mastodon , Telegram etc. sont autant d’alternatives possibles. Commençons par les utiliser, les faire connaître. Clamons haut et fort qu’il n’est plus possible que le service public, des collectivités territoriales, les services de l’état… nous gratifient du hélas trop fameux « suivez-nous sur Facebook , ou sur Twitter », insistons pour qu’ils utilisent des services respectueux de nos vies privées. « Bah oui, mais il n’y a personne dessus et en plus c’est moche ! » 1 million d’utilisateurs de Mastodon, quelques dizaines de milliers sur Diaspora, c’est vrai, c’est peu… Mais si chacun-e d’entre nous s’y inscrit et y entraîne son réseau, le problème est résolu ! Former des citoyens éclairés, c’est aussi leur donner les moyens du choix, pas simplement les mettre en garde.

Quant au trop fameux « c’est moche » ou « ça ne fait pas si ou ça » ce qui est souvent vrai, il existe un remède très simple : Contribuons ! Contribuez ! Ces logiciels sont des logiciels libres, développés par une poignée de développeurs souvent bénévoles. Il n’aura fallu que quelques dizaines de milliers d’euros à Framasoft pour salarier le développeur qui bénévolement s’évertuait à construire une alternative à « Youtube », Peer-Tube  est né et promis à un bel avenir !

Si nous acceptions l’idée que plutôt que de vendre notre vie au GAFAM en échange de « services gratuits », nous pourrions de donner ne serait-ce qu’un euro par mois aux projets libres que nous utilisons, ces derniers seraient « beaux » et feraient évidemment ceci et cela ! Et parce que chacun-e d’entre nous est compétent en quelque chose, il nous est possible de traduire, de rédiger une documentation, de participer aux tests… Il nous est possible de contribuer à faire de l’internet ce que nous souhaitons qu’il soit !

Décentraliser l’internet !

Voilà maintenant plus d’une décennie que j’accompagne des projets en lien avec « la communauté du libre. Événement le plus récent, dans le cadre de mes fonctions aux Ceméa, j’ai animé une formation avec nos amis de Framasoft où nous avons pu constater ensemble que nos projets étaient très complémentaires. « Contributopia » , le projet Framasoft se revendique de l’Éducation Populaire, nous y ajoutons la patte « Éducation Nouvelle » .

Toutes les conditions sont désormais réunies pour favoriser l’émergence d’un internet décentralisé où nos données ne seront plus stockées dans des silos, attendant d’être analysées et utilisées à des fins commerciales, politiques… mais dans des « AMAP du numérique », à proximité, recréant du lien social parce qu’il nous est possible d’y rencontrer celles et ceux qui les hébergent, parce qu’ils nous est possible de nous y former, d’agir sur les décisions liées à l’ouverture des services sur d’autres instances, bref, d’en être acteur.

En voilà un beau projet d’Éducation Populaire !

Pascal GASCOIN, 21 mars 2018

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Aujourd’hui en Europe, plus d’un jeune sur 5 réalise des activités bénévoles ou volontaires

Aujourd’hui en Europe, plus d’un jeune sur 5 réalise des activités bénévoles ou volontaires.

Le caractère volontaire de ces expériences, la nature des activités des organisations d’accueil  relevant de l’utilité sociale et l’investissement des tuteurs.trices dans l’accompagnement des jeunes créent des conditions favorables aux apprentissages. Ce sont des expériences formatrices qui contribuent à la citoyenneté des jeunes et  développent leurs compétences. Malheureusement, les démarches et outils pratiques pour valoriser et valider ces expériences sont encore inadaptées et les jeunes eux-mêmes ont tendance à sous-estimer ces apports.

Le projet de VOYCE rassemble 8 organisations de 5 pays européens (l’Italie, la France, l’Espagne, le Portugal et la Pologne) avec le but commun de concevoir des supports pratiques pour évaluer les apprentissages et valider les compétences de jeunes volontaires. Une attention particulière est donnée aux jeunes moins favorisés.

La recherche sur la validation des compétences en matière de volontariat

Il s’agit d’une analyse sur les cadres réglementaires et les dispositifs de validation aux niveaux nationaux, régionaux et locaux dans les 5 pays.

Ce travail de recherche a été crucial pour construire un support d’évaluation commun et faire des choix pédagogiques :

– Construire une grille d’évaluation en référence aux 8 compétences clé de l’UE.

– Construire un support facile à utiliser même pour les non-experts

– Favoriser la co-évaluation et considérer le point de vue de tous les acteurs concernés: jeunes volontaires, leurs tuteurs, mais aussi leurs pairs et les usagers d’animation volontaire.

– Proposer une validation de l’expérience basée sur une démarche rigoureuse d’évaluation et d’une documentation de l’expérience

– Utiliser des supports et pratiques numériques pour valoriser l’expérience (plateforme numérique de validation, portfolio, Story Telling)

Les outils issus du projet

Le projet VOYCE a permis de créer un manuel d’accompagnement des volontaires à l’usage des tuteurs.trices et un portail numérique de de capitalisation et de suivi de la progression des compétences. Ils ont été testés pendant 2 mois par une centaine de volontaires et de tuteur.rice.s dans chacun des pays partenaires, et affinés. Ces outils sont disponibles sur le site web  http://voyceproject.eu/fr/

Les formations

Du 23 au 27 octobre 2017, a eu lieu à Rome la première formation sur l’utilisation du support d’évaluation des apprentissages. Elle était à destination de 25 jeunes volontaires de France, d’Espagne, de Pologne, de Portugal et d’Italie. Ces personnes ont eu l’opportunité de tester la grille d’évaluation VOYCE et d’échanger sur l’accompagnement pédagogique. A la suite de la formation, les volontaires ont utilisé ce support et expérimenté la démarche avec d’autres jeunes volontaires. Les retours de cette expérience pratique ont permis d’affiner la démarche d’évaluation et de validation des compétences et d’alimenter une partie du contenu de la seconde formation.

Du 19 au 23 février 2018 au Domaine du Ciran dans le Loiret. Les 25 participant.e.s sont revenu.e.s sur les expérimentations menées, et ont travaillé sur le processus d’accompagnement des volontaires tout au long de leur expérience. La formation est venue  conclure le cycle de réflexion avec les partenaires européens sur un module de relecture de son expérience et  formalisation de ses apprentissages et compétences appelé « parcours d’émergence des compétences». Ce module est la dernière étape de l’accompagnement des volontaires, il traite de l’évaluation, validation en fin de volontariat et de la valorisation de cette expérience dans le parcours de vie des volontaires ».

Les événements pour présenter le projet

Journée d’étude sur la valorisation du volontariat : dans les locaux du Centre Régional d’Information Jeunesse à Orléans le 24 février 2018.  Il a réuni une quarantaine de personnes pour une journée d’étude avec les associations partenaires du projet et des partenaires extérieurs (Concordia, Cotravaux, France Volontaire, Centraider).

Cela a permis d’échanger sur les supports créés dans le projet à travers des ateliers :

  • valoriser son volontariat dans son parcours de vie
  • Évaluation du volontariat

D’échanger sur les enjeux sociétaux du volontariat (la reconnaissance des apprentissages non formels et insertion sociale)  à travers une table ronde et un atelier migration et volontariat.

Site web: www.voyceproject.eu

en attendant Les podcasts de l’événement à Orléans : https://radios.cemea.org/voyce/

Prochain événement à Rome le 19 et 20 septembre 2018.

Plus d’infos :

Mathieu Gonord : mathieu.gonord@cemea.asso.fr

Page Facebook: https://www.facebook.com/search/top/?q=voyce%20project

 

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Une recherche action dans notre réseau, Pourquoi ?

Ce projet de recherche-action interroge au niveau international la question de l’accompagnement des publics au regard des pratiques pédagogiques de l’éducation nouvelle. En tant que mouvement pédagogique, fort d’une longue histoire, nous souhaitons construire, avec nos membres, un cadre de réflexion théorique pour réinterroger nos pratiques.

Partenariat

Afin de réaliser une production scientifique de qualité nous travaillons avec le laboratoire de recherche intitulé Réalisation, Téléformation, Animation (RTA, www.rta.be) implanté en Belgique. Il est spécialisé dans la recherche et dans la formation des adultes.

Ce laboratoire est reconnu pour ses interventions sur le terrain des  secteurs divers de l’action sociale, éducative et culturelle (aide à la jeunesse, handicap, culture, santé, enseignement, etc.) et est spécialisé en analyse institutionnelle. Les chercheur.e.s sont attaché.e.s à ouvrir ce que Michel Callon nomme la “recherche confinée” (soit celle, académique, menée par des chercheurs dans des laboratoires divers) à la “recherche de plein air” (soit celle menée sur le terrain, à petite échelle, par des travailleurs de terrain et/ou des bénéficiaires). Les expertises sont en effet à interroger des deux côtés et la richesse de ce métissage est incomparable.

Le deuxième volet de l’action de ce laboratoire consiste à travailler sur des programmes de formation inscrits dans la tradition politique de la formation des adultes et de l’éducation permanente ou populaire. Les formations s’appuient sur des choix indiquant son souci prioritaire pour l’émancipation des personnes, la confrontation des savoirs (par exemple les savoirs construits dans l’expérience et les savoirs théoriques), un lien intrinsèque des programmes avec l’action, l’importance essentielle de la dimension collective.

Plus d’informations sont disponibles à l’adresse http://www.rta.be/recherche

RTA interviendra dans le processus en tant qu’évaluateur externe, sur le modèle de l’intervention que le laboratoire a menée pour le Réseau international des travailleurs de rue. Son travail comprendra les aspects suivants :

  • soutien méthodologique de la coordinatrice ;
  • participation à certaines réunions du groupe porteur ;
  • participation à certaines commissions régionales ;
  • suivi scientifique de la recherche-action : apports théoriques du laboratoire en termes de grille de lecture et clés d’analyse ;
  • interventions rédactionnelles.

Les motivations qui déterminent cette recherche-action au sein du réseau de la Ficeméa

«La recherche-action est un processus de recherche en sciences sociales donnant une large place à la prise en compte de l’expérience des acteurs dans l’analyse de pratiques concrètes (praxéologie) ; à l’implication des acteurs au processus d’objectivation et de formalisation (recherche impliquée) et enfin à la production d’un savoir utile dans l’action (recherche appliquée). C’est aussi une recherche d’explication ou recherche  sur l’action ; une recherche d’application ou recherche pour l’action ; une recherche d’implication ou  recherche par l’action.”

En 2014, la Ficeméa célébrait 60 ans d’existence, une longue histoire politique et sociale. Nous pensons que cette recherche-action est constitutive d’un temps de mise à distance propice à l’analyse de notre histoire commune dans la perspective de mieux penser l’avenir.

Nous travaillons sur un cadre de projet de recherche-action identifié collectivement avec les objectifs suivants :

  • enrichir les méthodes pédagogiques initiées par les associations membres en interaction avec les apports de la recherche-action ;
  • améliorer notre capacité de force de proposition en visant le développement de moyens pédagogiques inscrits dans l’Éducation nouvelle et les pratiques de l’éducation non formelle ;
  • favoriser l’articulation entre des dynamiques de réflexions théoriques et le travail de terrain des associations

Notre volonté est bien de mener une recherche sur l’action, pour l’action, par des acteurs pour renforcer une pratique éducative réflexive. Nous envisageons cette recherche-action comme vecteur de formation, de mobilisation et de conscientisation des acteurs, principalement les membres, la Fédération elle-même et nos partenaires.

Cette recherche-action se forge au creuset de différentes dimensions :

  • pédagogique comme conceptualisation des pratiques éducatives quotidiennes ;
  • sociale et collective ;
  • l’implication dans la recherche pour former et transformer ses participants ;
  • l’association de pratique de recherche et de pratique sociale.

Ce projet de recherche est fondé sur l’analyse des pratiques concrètes et l’expérience des acteurs (praxéologie); c’est une recherche impliquée, participative et collective; c’est enfin une recherche appliquée à la production de savoirs, d’outils, de ressources utiles pour l’action individuelle et collective

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Guide de survie

Découvrez le « Guide de survie en milieu sexiste » (tome 1) !

Aboutissement d’un travail participatif et militant du groupe « Pour une éducation à l’égalité des genres » des CEMÉA, le « Guide de survie en milieu sexiste » est une publication qui vise à déconstruire les grands mythes utilisés pour légitimer les inégalités entre les femmes et les hommes, dans notre société :

  • De toutes façons, c’est comme ça depuis la préhistoire…

  • Les femmes et les hommes n’ont pas le même cerveau !

  • C’est la faute aux hormones !

  • L’instinct maternel, c’est merveilleux !

Le guide propose d’autres niveaux de lecture, des éléments de contextualisation, des sources et références variées, une bibliographie conséquente, des réflexions sous forme de questions-réponses… afin d’ouvrir de nouvelles perspectives de libre arbitre !

Il est destiné à tou-te-s les acteurs et actrices de l’éducation (parents, enseignant‑e‑s, animateurs-animatrices, éducatrices-éducateurs, responsables d’établissement, travailleurs-travailleuses du secteur de la jeunesse ou de la culture…) en réflexion par rapport à l’égalité entre hommes et femmes.

« Le guide de survie en milieu sexiste » (tome 1) est disponible gratuitement en format électronique ou en format papier (en complétant le formulaire de demande) sur le site des CEMÉA : www.cemea.be/guidedesurvie

(Le tome 2 sortira dans le courant du premier semestre 2018.)

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Rapport d’activité 2016

Quel programme de vie vous souhaiter en ce début 2016 ? Comment répondre aux multiples questions et aux contradictions que nous rencontrons à chaque jour, à chaque instant ?
L’énergie et les capacités multiples d’Edgar Morin peuvent, je le pense, nous aider à construire ce siècle. Aussi, en guise de vœux très sincères et nourris d’espoirs, je vous livre ci-dessous quelques-unes de ses réflexions. J’espère qu’ensemble nous pourrons contribuer à les faire advenir.
Ce serait une belle et bonne année 2016 pour vous, pour vos proches, pour FICEMEA, pour moi, pour nous tous réunis en cette humanité que nous constituons.
Yvette Lecomte,
Présidente de la FICEMEA

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Le partenariat mondial face au financement de l’éducation

Par les Ceméa France

Analyse

Les CEMEA France sont investis au sein de la coalition Education (collectif français qui soutient l’accès à l’éducation dans le monde). L’engagement et la ténacité de la coalition ont porté leurs fruits  la conférence du plan mondial de l’éducation qui s’est tenue à Dakar le 2 février 2018. Le président français, lors de la conférence de financement du Partenariat Mondial pour l’Education (PME) a annoncé une contribution de 200 millions d’euros (240 millions de dollars) pour la période 2018-2020. la France multiplie donc de 10 fois le montant versé lors du triennal précédent. Cet engagement marque une avancée considérable pour l’aide française à l’éducation et sa priorisation dans la politique de coopération internationale.

Par ailleurs la Présidente de la Campagne Mondiale de l’Education a présenté les grandes lignes de la déclaration de la société civile pour cette conférence. Deux points importants qui marqueront les futures mobilisations concernant le financement de l’éducation dans le monde :

  • La lutte contre la marchandisation de l’éducation.
  • La justice fiscale comme moyens de financer l’éducation dans l’avenir.

Depuis maintenant 5 ans, la FICEMEA et ses membres sont engagés dans cette lutte et réalisent, depuis deux ans, un travail de plaidoyer important au sein du réseau francophone contre la marchandisation de l’éducation .

La déclaration de la Présidente confirme la pertinence de nos analyses et renforce la nécessité de continuer cette mobilisation collective pour défendre notre conception de l’éducation, vecteur de transformation et de justice sociale.

Communiqué de presse de Coalition Éducation

 

200 millions d’euros attribués par la France au Partenariat mondial pour l’éducation : la mobilisation a porté ses fruits

2 février 2018, Dakar (Sénégal) – Aujourd’hui, la conférence de financement du Partenariat mondial pour l’éducation (PME) s’achève à Dakar sur une bonne note : la France a annoncé une contribution de 200 millions d’euros (240 millions de dollars) pour la période 2018-2020. Elle multiplie de 10 fois le montant versé lors du triennal précédent. Cet engagement marque une avancée considérable pour l’aide française à l’éducation et sa priorisation dans la politique de coopération internationale

Les pays donateurs ont annoncé une contribution totale de 2,3 milliard de dollars au PME pour les trois prochaines années : un bilan plutôt positif pour cette conférence. Le PME avait émis une demande de financement à hauteur de 3,1 milliards de dollars pour la période 2018-2020 aux différents donateurs afin de mettre en œuvre ses programmes d’appui aux gouvernements partenaires.

La France se place dans le classement des quatre plus importants contributeurs au PME au côté de l’Union européenne (287 millions d’euros), du Royaume-Uni (254 millions d’euros) et de la Norvège (210 millions d’euros) pour la période 2018-2020.

Pour la première fois dans l’histoire du PME, un pays africain, le Sénégal, a également annoncé une contribution au Fonds de 2 millions de dollars. La tenue de la conférence dans un pays partenaire et cette annonce marquent un symbole fort pour un partenariat mondial en faveur l’éducation pour toutes et tous.

Selon la Coalition Education :

« La conférence d’aujourd’hui s’est traduite par une annonce de la France à la hauteur des attentes de la société civile de 200 millions d’euros pour le PME que nous saluons. Nous espérons que cela permettra d’encourager les bailleurs n’ayant pas encore présenté leur contribution à prendre des engagements financiers forts en faveur du PME. A maintes reprises Emmanuel Macron a affirmé que l’éducation est la priorité de l’aide française au développement. L’annonce d’aujourd’hui est une étape marquante dans cette direction. Pour que la France devienne un partenaire crédible du PME, ce soutien financier devra être suivi d’engagements politiques concrets au sein des instances du Fonds afin que les priorités soient mises sur les besoins les plus importants. Bien que le PME joue un rôle essentiel dans le développement et le renforcement des systèmes éducatifs dans les pays aux besoins les plus urgents, l’explosion mondiale des inégalités d’accès à l’éducation de qualité et les menaces liées aux crises doivent être appréhendées par une complémentarité des aides multilatérales et bilatérales. Depuis des années, l’aide bilatérale à l’éducation de la France ne cible pas les besoins les plus importants avec des montants insuffisants alloués à l’éducation primaire et secondaire notamment en Afrique subsaharienne. Aujourd‘hui, le Président a annoncé 100 millions d’euros pour l’aide bilatérale à l’éducation, avec une priorité pour les pays du Sahel. Nous veillerons à ce que dans le cadre de la loi de finances 2019 ces 100 millions représentent une augmentation par rapport aux montants actuels et soient entièrement alloués, sous forme de dons, à l’éducation de base dans les Etats aux structures de gouvernance les plus fragiles avec une priorité pour l’éducation des filles. Au-delà des montants bruts, la France doit également clarifier certaines questions sur les financements qui peuvent influencer très concrètement la portée des engagements : part des prêts, additionnalité, fléchage ou pré-affectation, engagement à augmenter les contributions dans le temps. »

Retour sur la mobilisation

La Coalition Education, avec ses partenaires, s’est mobilisée ces derniers mois pour que la France augmente considérablement son soutien financier au PME qui atteignait tout juste 17 millions d’euros depuis 2014. L’annonce d’aujourd’hui est le résultat d’un plaidoyer sans relâche des organisations de la société civile, à destination des décideurs, des parlementaires et du grand public. La mobilisation de la société civile a permis d’atteindre (quasiment) notre objectif de 300 millions de dollars (254 millions d’euros) au PME pour la période 2018-2020.

La question du financement de l’éducation devra être au cœur des discussions du prochain G7, les 8 et 9 juin 2018. Cette rencontre offre l’opportunité de se montrer à la hauteur des enjeux sur l‘éducation et la solidarité internationale. La Coalition Education restera mobilisée, aux côtés de nombreuses organisations, pour rappeler aux dirigeant.e.s leurs engagements.

Coalition Educationwww.coalition-education.fr

Contact – Léa Rambaud – 06 01 00 04 74

 

 

 

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Pour un meilleur « usage du monde »

Extrait de : Le blog des Ceméa sur  Médiapart du 29 nov. 2017

La mondialisation impacte nos différents quotidiens (concurrence, dumping social) avec des niveaux local/global interdépendants et indissociables. Cette mondialisation paradoxale n’encourage pas toujours les rencontres et connaissances des réalités de l’autre, mais plutôt de forts replis identitaires. Dans ce contexte, un mouvement d’éducation comme les Ceméa se doit de relever plusieurs défis.

Face à une mondialisation paradoxale

La mondialisation est une réalité qui impacte nos différents quotidiens (concurrence internationale, dumping social, internet et réseaux sociaux) avec des niveaux local/global parfaitement interdépendants et indissociables. Nous vivons donc une mondialisation paradoxale avec à la fois une démultiplication  des échanges (réseaux sociaux, échanges financiers) et peu de réelles rencontres et connaissances des réalités de l’autre et parfois même de forts replis identitaires.

Dans ce contexte de mondialisation, un mouvement d’éducation comme les Ceméa se doit de relever plusieurs défis :

– Démultiplier les situations inductrices d’interculturalité et d’éducation à l’interculturelle. « Rencontrerestunartdifficile;celasapprend;lenseigneràtousestlatâchepremièredenotrecommunauté» Albert Jacquard. La citoyenneté ne peut pas se vivre concrètement à travers des discours, des institutions européennes éloignées du quotidien des habitants, des jeunes. Elle doit s’incarner dans l’éprouvé en permettant à travers les rencontres l’apprentissage de l’altérité tout au long de sa vie pour acquérir des compétences interculturelles. Favoriser une éducation à l’altérité c’est poser les enjeux de l’égalité et pour y arriver, libérer nos différences.

Appréhender les enjeux, la complexité du monde qui nous entoure. Cette éducation est nécessaire pour construire des remparts contre le racisme.

La construction européenne

La dimension internationale fait partie de la singularité des mouvements d’Éducation nouvelle, qui placent l’humanisme au cœur de leur projet politique. Depuis 80 ans, les Ceméa militent pour une Europe sociale, basée sur la rencontre des peuples. Dès la création de l’association, nos pédagogues  entretiennent des réflexions et échangent des pratiques avec leurs pairs en Europe (Italie, Belgique au départ et aujourd’hui avec des organisations dans 15 pays). La chute du mur de Berlin a permis ensuite de renforcer les liens avec des structures socio-éducatives d’Europe centrale et orientale. Puis, le développement des programmes de mobilité type Erasmus+ ont permis à plus de formateurs et de formatrices d’expérimenter le travail en équipe internationale, de rencontrer de nouvelles associations et de construire des projets. Aujourd’hui cette Europe sociale et solidaire, unie dans la diversité reste encore à construire. Elle apparaît toujours comme une alternative à l’Union Européenne trop centrée sur les institutions et une approche économique libérale. Les Ceméa considèrent la rencontre et les échanges entre personnes nécessaires au renforcement d’une citoyenneté européenne et à la reconnaissance de la société civile pour revitaliser cet espace démocratique. Dans notre réseau, plus de 700 personnes vivent chaque année une expérience professionnelle ou citoyenne dans une quinzaine de pays européens. La mobilité est à la fois une expérience personnelle permettant aux stagiaires la compréhension de réalités quotidiennes différentes, mais aussi une expérience collective incitant ainsi à la solidarité entre territoires. Militer en Europe et à l’international, c’est aussi partager des combats éducatifs majeurs dans un réseau de partenaires (lutte contre le colonialisme, reconnaissance du volontariat, lutte contre la marchandisation de l’éducation).

L’éducation interculturelle

Les dernières élections en France et en Allemagne témoignent de la montée en Europe des nationalismes et le retour de valeurs conservatrices. Les propos ou positions racistes ne sont plus l‘apanage de certains extrémistes mais se sont diffusées dans la société. Ces phénomènes renvoient à notre capacité de vivre ensemble, interrogent notre rapport à l’autre. Les Ceméa forment plus de 27 000 professionnels et volontaires du champ socio-éducatif chaque année et les soutiennent dans leur quotidien. Pour faire face à cette réalité, les éducateurs, les responsables associatifs, les décideurs politiques doivent être mieux formés pour appréhender, comprendre, problématiser la diversité culturelle. Il ne s’agit pas de se limiter à une approche techniciste mais de concevoir l’interculturel comme une démarche permettant l’apprentissage de l’altérité dans une visée politique et sociale du « vivre ensemble » du local à l’international. Comme nous l’avons fait dans les rencontres de jeunes au moment de la réconciliation franco-allemande, nous proposons aujourd’hui des espaces de rencontre et de formation permettant de se sensibiliser à différentes langues et cultures, de prendre conscience des stéréotypes et préjugés, de donner à voir de son identité dans une perspective de compréhension et reconnaissance mutuelle. Ce sont aussi des espaces d’innovation, où chacun est amené à expérimenter ses capacités à agir dans un bain culturel, linguistique différent. L’interculturalité demande de l’égalité dans les rapports entre les personnes, elle n’existe pas dans des relations dominants-dominés. Il n’y a pas d’interculturalité sans justice sociale.

Appréhender les enjeux géopolitiques et s’inscrire dans la solidarité internationale

La construction d’une citoyenneté internationale passe par la rencontre de l’autre, la co-construction de projets pour une reconnaissance mutuelle et un avenir commun. C’est ce qui est développé depuis des années avec nos partenaires du pourtour méditerranéen. Mais pour être partenaire dans une construction sociale commune du monde, cela nécessite des projets éducatifs communs à sa compréhension.

Les enjeux autour de la géopolitique (migrations, importation de conflits internationaux) n’ont peut-être jamais été autant médiatisés qu’aujourd’hui. L’éducation à la géopolitique est alors primordiale pour lever des tabous éducatifs et accompagner les personnes dans leur compréhension. Il faut parler du colonialisme, de la question de la Palestine, de la politique de l’ONU, des parcours migratoires… Mais oser aborder ces sujets « brûlants » demandent de travailler autour de plusieurs axes :

– La formation des éducateurs et des éducatrices à des approches différenciées d’une réalité (historique, économique, sociale…) et à une méthodologie pour appréhender une situation méconnue et complexe.

– Le refus de la négation. Combattre par exemple, l’antisémitisme existant chez certains jeunes, nécessite de comprendre la création d’Israël, le colonialisme et le sionisme. Le déni de ce courant politique ne pourra que renforcer l’antisémitisme lui-même et toutes les dérives complotistes.

– un regard croisé des enjeux géopolitiques grâce à une coopération éducative internationale.

La situation européenne et internationale nécessite aujourd’hui de mettre en œuvre ces intentions éducatives. Le contexte économique fragile ne doit en aucun cas être une raison suffisante pour négliger ces enjeux fondamentaux, mais au contraire un argument de plus pour construire par l’éducation un avenir international moins incertain.

 Isabelle Palanchon et Régis Balry

* Le titre de l’article est un clin d’œil à Nicolas Bouvier, écrivain et photographe, auteur de L’usage du monde, 1963


Aller au delà de la simple mobilité physique lors des séjours à l’étranger grâce à l’accompagnement des personnes dans leur préparation et leur retour au voyage, telle est l’action des Ceméa, mouvement d’éducation. Cette éducation à la mobilité fait partie intégrante du projet européen : devenir citoyen européen actif. Entretien avec Sandrine Dickel.

Interwiew de Sandrine Dickel, ingénieure de recherche à l’université de Bordeaux, ancienne directrice de l’Agence Erasmus + France Éducation Formation.

 

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Les perspectives 2018

Du 10 au 17 décembre 2017 s’est tenu l’Agora internationale de la FICEMEA, au Centre Culturel Marcel Hicter à Namur en Belgique. 80 participant.e.s venu.e.s des quatre coins du monde se sont réuni.e.s dans ce lieu emblématique – Marcel Hicter fut le premier président de la FICEMEA – pour une semaine de travaux, d’échanges et de découvertes dans une atmosphère joviale et interculturelle. L’ambiance vécue conjugué aux retours des participants ont érigé l’Agora en un espace d’exception, soulignant la bienveillance et la cohérence qu’il y avait au quotidien.

C’est donc dans un contexte de valeurs partagées et d’appartenance affinitaire que s’est déroulée l’Agora internationale de la FICEMEA. Durant 8 jours, les activités se sont articulées autour de 4 axes de travail.

Le premier groupe de travail a visé à développer un parcours d’engagement des militant.e.s et jeunes entre les associations membres. Le travail accompli servira d’appui à la réalisation d’un projet européen d’envoi et d’accueil de volontaires. Ce projet va dans le sens des objectifs de l’Agora : renforcer les pratiques de l’Éducation Nouvelle au niveau international pour répondre à l’enjeu stratégique de mieux faire réseau. La finalité pour la FICEMEA est de capitaliser les expériences afin de développer une réflexion politique sur les sujets suivants : développement durable, politiques jeunesse, migrations, démocratie, pratiques artistiques et culturelles, éducation à la paix et droit de l’enfant.

Le second atelier relatif à la recherche action interroge l’accompagnement des publics à partir des pratiques d’Éducation Nouvelle. Elle permettra d’envisager la manière dont les principes de celle-ci sont agis dans différents pays : comment la démarche émancipatrice est-elle envisagée dans des contextes particuliers ? Comment l’Éducation Nouvelle produit des effets pour soi et la société ?

Dans le cadre de cette recherche, LA FICEMEA est accompagnée par Réalisation, Téléformation, Animation (RTA), un laboratoire de recherche belge.

Nous pouvons constater que des éléments d’identité très forts ressortent à travers les interviews et les écrits réalisés par et entre membres de la FICEMEA (12 entretiens et 7 écrits).

Le troisième axe de travail a amorcé la réflexion sur la place des femmes dans la communication orale et écrite, ce qui permettra d’enrichir le « guide écriture égalitaire » de la FICEMEA. L’atelier a tâché de déconstruire les stéréotypes sur l’écriture égalitaire, afin de les dépasser : ce défi a été relevé notamment grâce à l’outil sur la langue macho et une discussion en groupe non mixte. Les discussions ont permis une prise de conscience des participants et une volonté ferme de décliner les propositions formulées au niveau national, au sein de leurs associations.

Au sein de la FI, le défi principal reste d’enrichir le guide sur la communication égalitaire :

  • Plutôt que décliner le guide en plusieurs langues, l’idée est de faire une partie qui s’attache à montrer des exemples d’innovations linguistiques visant à l’égalité de genre ;
  • Ajout d’une section sur la régulation de la prise de parole dans les groupes (à destination des formateurs, animateurs, encadrants …) ;
  • Réfléchir sur la communication égalitaire à l’oral et sur la communication comportementale (outil : langue macho)
  • Recensement des outils pour sensibiliser à la question et amorcer l’utilisation de la communication égalitaire ; des outils distincts pour les enfants, les jeunes et les adultes seront proposés ;
  • Réfléchir sur la manière dont les inégalités linguistiques de genre se traduisent afin d’identifier les stratégies pour faire accepter et utiliser la communication égalitaire dans des contextes divers (exemple : utilisation massive sur les réseaux sociaux …)

Le dernier groupe a travaillé la question du numérique dans les pratiques pédagogiques et associatives. Le numérique change notre rapport au monde et devient un objet politique majeur pour notre mouvement pédagogique. Appréhender les questions politiques, philosophiques et sociales des pratiques liées au numérique, et plus largement des « biens communs », en lien avec les démarches d’éducation populaire. « Le numérique » n’est pas un neutre. Les logiciels, les services proposés par les grandes industries du numérique, pour lesquelles l’éducation est un marché, imposent une vision contraire aux pédagogies émancipatrices. Face à ce « numérique » privateur de libertés, quels sont les enjeux politiques pour nos mouvement dans la promotion d’une approche du numérique libre, collaborative et respectueuse de l’individu ?

Il s’agissait donc pour le groupe:

  • De découvrir et créer des outils collaboratifs pour une utilisation dans les associations.
  • D’interroger la question des ressources pédagogiques ainsi que le sens que l’on donne aux ressources car elles ne sont pas une fin en soi mais un outil au service d’un projet.
  • De s’interroger sur la manière dont le numérique peut soutenir la relation, la création ou au contraire, être un objet d’aliénation ?

Ce groupe de travail a aboutit à la création de la radio FI internationale : entre de sages interviews, musique et fous rires, elle n’a pas cessé de faire parler d’elle !

Ces 4 objets de travail vont constituer le socle des années à venir, fortement lié à l’enjeu transversal et politique que représente notre engagement dans la lutte contre la marchandisation de l’éducation. Si la première étape des travaux a été enclenché à Namur, 2018 sera l’année de leur mise en place concrète grâce aux tenues des quatre commissions régionales de la FICEMEA. En effet, ces instances vont appuyer la mise en place de ces objectifs tout en leur assurant un ancrage territorial certain, permis par leur déclinaison aux différents contextes – notamment géographiques et culturels. Les réflexions issues du travail commun au sein des quatre régions vont par ailleurs permettre de constituer une force politique au niveau local, nécessaire pour la continuité de nos actions.

Lorsqu’on parle d’écriture égalitaire ou de numérique, il faut non seulement appréhender le sujet d’un point de vue technique mais également politique, d’où l’enjeu de se faire connaître davantage dans les espaces régionaux : Afrique, océan Indien et Amérique du Sud, Europe et internationaux.

Tout en veillant à mettre en place l’ensemble de nos objectifs, il est essentiel de renforcer les capacités de plaidoyer de la FICEMEA, ainsi témoigné par la journée publique du 15 décembre à Bruxelles qui a également alimenté une réflexion sur les pratiques artistiques et culturelles. Cette matinée organisée au Conseil économique et social européen (CESE) a assuré la promotion et la reconnaissance institutionnelle du travail de la FICEMEA. Il faut continuer à souligner la différence et le caractère unique de notre fédération.

 

                                               Karini Lefort, chargée de projets associatifs à la FICEMEA

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Agora : discours d’accueil d’Yvette Lecomte, Présidente de la Ficeméa

Centre Marcel Hicter, 10 décembre 2017

Mesdames, Messieurs les représentants des Ceméa,

Mais, avant tout, Cher.e.s ami.e.s,

Trois ans après notre assemblée générale de refondation, nous pouvons nous réjouir d’être à nouveau rassemblés.

Nous voici réunis pour célébrer l’importance de nos valeurs communes, des valeurs pédagogiques de l’éducation nouvelle, inscrites dans une histoire de libération des êtres humains.

Nous voici réunis pour échanger sur les moyens que nous créons pour concrétiser ces valeurs dans des faits et des actions,

Nous voici réunis pour une semaine de mise en commun, de débats, de comparaisons, de contradictions positives et surtout d’apprentissages réciproques.

Aujourd’hui, la Fédération Internationale des Centres d’Entraînement aux Méthodes d’Éducation active a bien pignon sur rue et sa reconnaissance internationale est effective. L’action relative à la lutte contre la marchandisation de l’éducation, qu’elle a menée en suite des décisions de l’assemblée générale de novembre 2014 et des travaux des commissions régionales a permis de mobiliser et de produire des ressources d’analyse, des programmes d’action et de mobilisation d’institutions qui doivent agir contre le phénomène dont nous voyons chaque jour et les méfaits et l’expansion.

Cette reconnaissance a engagé des organisations internationales comme l’UNESCO, l’OIF, Wallonie-Bruxelles International à soutenir financièrement la mise sur pied de ce séminaire. Et, in fine, nous avons également reçu le soutien de la Commission Européenne pour un programme d’action d’une durée de trois ans. Que ces organismes soient remerciés pour leur soutien.

Nous nous rassemblons tou.te.s en sachant que notre Conseil d’Administration s’est régulièrement assemblé pour suivre le travail et donner des orientations, lors de réunions dématérialisées et lors de réunion physique comme celle que nous avons tenue en juin dernier.

Les Commissions Régionales ont organisé des rencontres, produit des documents de base pour leur travail commun, pour leurs échanges régionaux. Elles ont de ce fait nourri la Fédération. Cette base, bien entretenue, est prometteuse.

Trois ans durant le Comité Exécutif n’a pas ménagé sa peine ni l’investissements des organismes qui y sont représentés pour faire advenir actions, orientations et financement de notre action.

Je veux vous dire que si nous nous rassemblons, c’est aussi grâce à l’important travail fourni par notre Déléguée permanente, Sonia Chebbi avec qui vous avez maints contacts, qui vous donne des réponses ou qui participe à vos travaux ; elle qui porte bien non seulement notre image mais surtout une action qu’elle contribue à forger, notre action. Je suis sûre d’être votre interprète pour la remercier de son implication et de son action.

Notre mission vise l’éducation populaire ; elle se base sur la confiance dans les capacités et les possibilités de chaque individu et sur la confiance dans l’accroissement de la force sociale du groupe, d’une collectivité, des individus conscients de la solidarité essentielle à leur condition humaine, une solidarité essentielle au développement plus harmonieux de celle-ci.

Cette confiance dans l’humain et dans sa créativité, dans le monde que les femmes et les hommes peuvent faire naître et qu’ils veulent transformer est difficile à atteindre dans un environnement qui réifie l’humain lui-même ; dans un monde qui nie l’humain comme sujet et acteur de sa pensée, de ses désirs, qui voudrait le réduire à une marionnette dument manipulée.

Qui a dit que la mission éducative conçue dans cette philosophie est une mission facile ?

Mais qui dira que nous ne pouvons relever le gant et travailler ensemble à ce progrès de notre humanité ?

Durant cette semaine, nous allons être pressés. Mais prenons le temps.

Nous allons être ensemble mais prenons le temps de nous retrouver nous-mêmes pour définir et préciser ce que nous cherchons à réaliser, pour que chacun d’entre nous soit plus fort des échanges que nous aurons poursuivis, pour que nous tous puissions en faire bénéficier les populations que vise l’action de nos organisations.

Sachons nous faire confiance pour entendre des arguments, des contre-arguments, pour s’expliquer et se réexpliquer, pour construire notre mouvement international et aussi, pour nous émerveiller de la créativité des un.e.s et des autres et l’utiliser au profit de nos projets communs.

Nous allons constater des évolutions sociales, politiques, économiques qui ne seyent pas à l’évolution des êtres humains.  Sachons trouver ensemble des réponses pour modifier un cours des choses qui n’a rien de naturel.

Soyons solidaires, avec cette solidarité qui se base sur l’égalité entre les êtres humains et sur les propositions qu’ils portent pour améliorer notre monde.

Cher.e.s ami.e.s, nous allons passer une semaine à constater les intérêts multiples de notre regroupement international, une semaine à chercher et à trouver – j’en suis sure – des améliorations à nos fonctionnements ; nous allons prendre le temps de créer le possible de notre avenir tout à la fois et commun et différencié.

Gardons-nous de croire en une superstructure agissante, voyons plutôt comment mettre en commun nos forces, nos pratiques et nos résultats.

Oui, nous devons créer une part de la force humaine qui œuvrera pour le progrès des femmes et des hommes qui nous entourent.

Nous venons des quatre coins du monde et nous nous rencontrons au-delà des différences et, plus encore, grâce aux différences.

Nous allons, j’en suis sûre connaître une semaine de rencontres, de débats, de renforcement des liens culturels, de ressourcement, de bien être partagé.

Goûtons bien ces moments que nous allons vivre ensemble. Certes, le risque est grand que nous soyons frustrés à la fin de la semaine …  Mais ce sera une frustration positive qui augmentera, je le crois, notre désir d’action commune.

Nous allons renforcer les fondations de nos espoirs, découvrir et mobiliser des moyens d’action ; nous allons construire ensemble et conforter les axes principaux de notre action internationale.

Nous allons les défendre, nous devons les défendre au mieux.

Certes nous mènerons ce projet sur base du plan de travail copieux que nous a préparé Sonia  Chebbi et qu’elle va vous présenter. Il portera sur les parcours de mobilité des jeunes, la communication égalitaire, les concepts que nous utilisons et la définition de nos valeurs, les enjeux du numérique.

Nous le ferons sur base de la présentation de nos pratiques, dans des discussions dans nos lieux et moments d’échanges, dans la mise en commun et le partage de ressources.  Nous le ferons aussi dans les moments informels au bar, dans le bois, dans la neige, lors des repas !

Le 17 décembre, nous participerons à une assemblée générale de la FICEMEA, haut moment démocratique dans la vie d’une association. Nous y ferons le point sur les travaux réalisés et donc, sur le chemin parcouru depuis trois ans. Et nous y déterminerons aussi les conditions de notre développement futur.

Cher.e.s ami.e.s,

Je veux en votre nom remercier le Comité Exécutif qui, dans l’incertitude financière dans laquelle nous étions, a pris le risque financier de l’organisation de cette Agora avec le support des associations membres qui le composent.

Je salue à distance tous les membres qui n’ont pu venir et m’insurger contre les difficultés créées par les dispositifs de contrôle des  déplacements sans cesse renforcés par nos dirigeants politiques.

Néanmoins je veux aussi souligner combien est grand notre désir de rencontre, notre volonté de se tenir solidaires pour combattre l’individualisme forcené qui est dicté par la recherche du profit financier dans tant de nos sociétés.

Merci à Claude Brusini qui nous accompagne durant toute l’année, qui a préparé cette agora avec Sonia Chebbi et qui va nous encadrer durant toute cette semaine.

Merci aux importants « aidants » sur place : les CEMEA belges et en particulier notre trésorier, Geoffroy Carly, Simon Sterkendries et Rym Chettouane qui ont préparé cette Agora, qui sont à nos côtés durant toute cette semaine. Tout comme Karini Lefort qui a une expérience de travail dans le cadre du plaidoyer contre la marchandisation de l’éducation et qui rejoint la FICEMEA pour quelques mois.

Je nous souhaite, je vous souhaite un enrichissement humain formidable, à vous tous qui êtes ici pour apporter, construire et enrichir votre association et vous-même.

Je forme le vœu que la convivialité de nos rencontres et l’implication positive que vous avez vis-à-vis de cette FICEMEA qui vous tient à cœur, nous permettent de produire un bel avenir pour la FICEMEA et pour le développement de l’éducation nouvelle.

Par Yvette Lecomte, Présidente

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