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“Le chemin se fait en marchant” disait déjà le grand poète espagnol António Machado.
Au cours de l’année 2014, le Club a construit sa propre identité ; comme nous, hommes et femmes modelons notre personnalité, le Club a lui aussi consolidé sa trajectoire. Il a mûri et, peu à peu, les idées, les projets, les rêves se sont matérialisés et ont fait leur chemin.
Rappelons les objectifs et les valeurs énoncés pour l’année 2014 :
Nous pouvons affirmer avec certitude qu’ils ont tous été renforcés et qu’à bien des égards ils sont allés au-delà de toutes attentes.
Nous soulignerons deux étapes fondamentales, pour l’histoire du Club en 2014 :
Les collaborateurs/volontaires les plus assidus ont été invités par le Club à exercer une activité régulière et rémunérée.
Comme employeur, le Club a assumé son engagement citoyen. Au cours du 1er semestre, Morgane Masterman et Magda Alves ont intégré l’équipe permanente. Au 2ème semestre, Maria Penide et Ana Isabel Sousa les ont suivies. Trois de ces postes ont bénéficié de mesures d’aide à l’emploi de l’IEFP.
À l’équipe permanente s’est jointe la précieuse contribution de nombreux volontaires et stagiaires.
Une référence spéciale au volontaire Bruno Costa, qui durant près de 6 mois à collaborer quotidiennement avec le Club dans le secteur de la communication et du marketing ; il convient également de souligner les précieux services rendus volontairement par Sélim Ghezal au Club.
2. Le Club entité gestionnaire du projet “Sementes a Crescer”.
En Novembre 2014, le Club a été invité à intégrer un consortium constitué de 10 partenaires et à assumer les fonctions d’entité gestionnaire du projet « Sementes a Crescer ».
Le projet “Sementes a Crescer” intègre le programme “Escolhas” – E5G, depuis 2001 (1ère génération du programme “Escolhas”), et intervient dans une collectivité territoriale qui agrège le relogement de la “Quinta da Curraleira” et du “Casal do Pinto”, deux anciens bidonvilles, aujourd’hui disparus, situés au centre de Lisbonne.
L’intégration du projet “Sementes a Crescer” a permis au Club d’agir dans des domaines où jusqu’à présent il n’avait pas une place prépondérante. Dorénavant, le Club peut ajouter à son activité principale, axée sur la formation/l´éducation et la mobilité des jeunes, le travail dans le domaine social, contribuant, plus activement, à venir en aide aux secteurs de la population de grande carence économique, sociale et culturelle.
MEMBRES
En décembre 2014, le Club comptait 66 membres dont :
– 75% Femmes
– 25% Hommes
– Plus de 50% des membres ont moins de 30 ans.
Être membre du Club ne comporte actuellement aucun coût car le paiement d’une cotisation en temps de crise, peut être un facteur d’exclusion.
L’objectif est d’attirer plus de jeunes au mouvement associatif, en leur proportionnant des outils qui contribueront à leur formation et leur développement civique et culturel.
MOBILITÉ & FORMATION ACCUEIL
– Stages Léonard de Vinci. Organisation d’envoi : Cracow University of Economics.
– Domaines de travail : finances, comptabilité, contrôle/audit, marketing
– Stages Léonard de Vinci post-formation. Organisation d’envoi : CEMEA Aquitaine, CEMEA
Nord-Pas-de-Calais, CEMEA Rhône-Alpes et Échanges et Partenariats.
– Stages Léonard de Vinci. Organisation d’envoi : CEMEA Aquitaine (en application d’un protocole
avec le Colexio de Educadores (CEESG de la Galice).
– Mobilité Galeuropa – Conseil de Galice: 13 personnes accueillies, pour 8 semaines chacun(e), dans
les domaines suivants : psychologie, éducation et travail social, ressources humaines, biologie, soins
infirmiers, administration publique, journalisme, analyses cliniques et laboratoire, beaux-arts et
design de mode.
MOBILITÉ ET FORMATION : ORGANISATION
MOBILITÉ ET FORMATION : PARTICIPATION
Cooperate for Strategic Partnerships” – Erasmus +. YOUNET – Bologne, Italie.
Employability of Young People with Fewer Opportunities ». AMSED: Strasbourg, France.
LOISIRS ÉDUCATIFS ET ÉDUCATION INTERCULTURELLE
STAGES CURRICULAIRES
COMMUNICATION ET MULTIMÉDIA
RÉSEAUX
Le Club a été accepté comme membre des organisations ALDA (Association of Local Democracy Agencies) dont le siège est à Strasbourg et FICEMÉA (Fédération Internationale des Centres d’Entraînement aux Méthodes d’Education Active) sise à Bruxelles.
ATELIERS, CAFÉS PÉDAGOGIQUES ET MANIFESTATIONS LOCALES
ERASMUS+.
> Programme Erasmus + : Action de divulgation Erasmus+ 2015 / formation en formulaires de
candidature.
> Centre National Europass : Hunting Jobs : Jeunes à la recherche du 1er emploi.
> Agrément pour le Service volontaire européen (Hosting, Sending, Coordinating)
> KA2 : Partenariat stratégique pour les Jeunes NEET et l’employabilité (Partenaires : Hollande,
Suède, Roumanie et Angleterre).
« SEMENTES A CRESCER »
AUTRES PROJETS
La rencontre de la commission régionale Océan indien s’est tenue du 2 au 9 novembre 2015 à Maurice, à l’initiative de la dynamique équipe du Cedem et de ses responsables Rita VENKATASAWMY et Shenaz HOSSAIN SAEB avec la participation des Ceméa des Seychelles et de Madagascar.
Cette rencontre a été l’opportunité de découvrir le Cedem, ses projets innovants, son équipe pluri professionnelle, ses approches pédagogiques et les enfants accueillis. De plus, nous avons pu échanger sur les opportunités de développement de la commission régionale Océan indien.
Une dernière partie de notre travail a été de faire valoir collectivement, auprès de différents ministères, les actions menées par chaque membre en propre et au sein de la Ficeméa. Nous avons pu rendre visible, à travers la presse, les actions, les positionnements et les idées que nous défendons.
En effet, à travers cette rencontre nous avons pu porter la thématique de la marchandisation des loisirs et la vigilance des Etats face à ce phénomène grandissant. Nous avons eu le plaisir de rencontrer des acteurs politiques importants et de leur remettre les actes du séminaire de Namur ainsi que notre manifeste :
Ces temps de travail s’inscrivent dans le processus de relance de la Fédération. Il se construit pas à pas et s’inscrit dans un projet politique et pédagogique d’envergure internationale. Cette rencontre se poursuivra, dans les futures années, par de riches partenariats afin de défendre notre conception de l’éducation.
FONDÉES SUR LES DROITS, DES RÉPONSES AUX DISPOSITIONS SUR L’ENSEIGNEMENT PRIVÉ
DAVID ARCHER – david.archer@actionaid.org
Le rôle du secteur privé dans l’éducation est devenu une question d’actualité internationale, et il a tendance à générer des déclarations généralisées et polarisées, plutôt que des débats nuancés. Tenter de débattre du rôle des “acteurs non-étatiques” dans l’éducation accentue souvent le problème, car un très large éventail d’acteurs différents, de rôles et de contextes se trouvent « mis dans le même sac ». La réalité est plus complexe que bien des personnes (y compris moi-même) ne la font parfois paraître. Ceci n’est que ma modeste tentative d’essayer de ventiler le débat d’une manière concise, et de présenter quelques brèves réflexions sur la façon dont nous pourrions comprendre ces différentes situations et y répondre, à la fois de façon pratique et stratégique. La classification de dix types de dispositions non-étatiques présentée ci-dessous est loin d’être parfaite, (plusieurs catégories pourraient être subdivisées) mais j’espère que cela permettra de faire progresser le débat. Je n’ai pas la prétention d’être neutre. Je pars d’une ferme croyance en une perspective fondée sur les droits, et d’une conviction que l’éducation peut et doit être une puissante force égalisatrice dans la société.
Il existe des contextes, comme au Pakistan par exemple, où les gouvernements n’ont pas réussi à étendre de façon adéquate les dispositions de l’enseignement public aux régions rurales éloignées, et parfois, ils ont établi leurs propres écoles dans des contextes individuels à l’intérieur des communautés rurales. Habituellement, ce sont les parents ou les enseignants locaux qui en prennent eux-mêmes l’initiative, et ils perçoivent des redevances modestes pour couvrir leurs frais. Plusieurs d’entre eux fonctionnent de façon indépendante, bien qu’ils se réunissent parfois dans les associations locales pour un soutien et un enseignement mutuel, et certains reçoivent un soutien des ONG ou de l’État, pour certains aspects de leurs opérations.
Une réponse immédiate ou pratique pourrait être de s’engager avec ces écoles pour veiller à ce qu’elles puissent répondre à des normes minimales raisonnables, par exemple en ce qui concerne la formation et les capacités des enseignants, l’ampleur de leur programme d’études, la mesure dans laquelle elles sont accessibles aux plus démunis, et leur sécurité (aussi bien à l’égard des risques que de la protection infantile). Il serait utile de permettre à l’école et aux parents de tisser des liens, de rechercher la reconnaissance du système gouvernemental (ce qui dans de nombreux cas sera de leur propre aspiration), ou de faire en sorte que le gouvernement provincial, national, ou du district investisse dans l’éducation publique dans la région. Il est également tout-à-fait raisonnable de soutenir les bureaux d’enseignement du district pour surveiller et inspecter ces écoles, afin de veiller à ce qu’elles soient conformes à la loi et répondent aux normes minimales, ce qui peut permettre de faciliter le chemin vers la reconnaissance.
Une réponse stratégique à plus long terme pourrait impliquer de faire campagne pour le déploiement de davantage d’enseignants dans les régions rurales, et des dispositions pour inciter les enseignants à travailler dans les régions les plus éloignées. Cela dépendra, en fin de compte, du fait qu’il puisse y avoir, de la part du gouvernement, davantage de financements pour l’éducation, et de la priorisation des financements vers les communautés rurales (pour veiller au respect des paramètres des Droits de la Personne). S’agissant du Pakistan, et en dépit d’une modification constitutionnelle en 2010 qui garantit l’éducation comme un droit fondamental, il est choquant de voir que le gouvernement ne consacre que 2,4% de son PIB à l’éducation, contre les 6% de critères de référence de bonnes pratiques (comme mentionné dans le Cadre d’Action 2015 de la Ville de Incheon). Un facteur-clé sera de soutenir les campagnes nationales de la société civile pour que les priorités budgétaires nationales concernent davantage l’éducation, et pour veiller à ce que le budget soit utilisé de manière responsable et transparente là où cela s’avère nécessaire. Ceci pourrait inclure le fait de considérer l’élargissement de la base de l’impôt national, et le report de cette part de dépenses sur l’éducation.
Une augmentation significative de fournisseurs privés de services d’éducation s’est produite dans plusieurs régions urbaines marginales, comme par exemple dans certains bidonvilles de Nairobi ou de Lagos. Dans de nombreux cas, très peu d’écoles gouvernementales se trouvent dans des colonies de squatteurs, ou dans certains bidonvilles mieux établis situés dans des terrains illégalement occupés. Ces écoles communautaires privées sont habituellement établies par des résidents locaux en réponse à la demande locale, et en l’absence, ou en raison du manque de réactivité de l’État.
La réponse immédiate ou pratique est de dresser une carte des enfants admissibles à l’école dans de tels contextes (y compris ceux non scolarisés) et de documenter la couverture par des fournisseurs privés, afin de pouvoir indiquer au gouvernement l’importance des besoins et de la demande. Il est également important d’identifier les pratiques et les innovations parmi les fournisseurs locaux ayant le mieux réussi à promouvoir les inscriptions, la rétention et la concrétisation. Dans le processus de recueillement des données, il faut inclure les conditions et les qualifications des enseignants ainsi que l’état de l’infrastructure, par exemple en indiquant si les normes minimales de sécurité sont satisfaites. Il y a eu trop d’histoires atroces d’écoles enfreignant le droit à une infrastructure sûre, qui ont provoqué la mort d’enfants dans des incendies ou des séismes. Dans ce contexte, il serait bon de rappeler aux services gouvernementaux leurs obligations de règlementer et surveiller l’infrastructure de toutes les écoles (aussi bien publiques que privées) pour veiller à ce qu’elles répondent à des normes minimales de sécurité.
La réponse stratégique la plus importante devrait être de soutenir les revendications locales des habitants des bidonvilles, que ce soit pour la reconnaissance légale des écoles lorsqu’elles répondent aux normes minimales, ou pour que le gouvernement assume la responsabilité de fournir l’éducation comme un service public, en ouvrant de nouvelles écoles. Le plus souvent, cela devra être lié à des combats plus importants pour la reconnaissance du bidonville dans son ensemble, car la plupart des gouvernements ne peuvent pas fournir légalement des services dans des lieux qu’ils ne reconnaissent pas comme établissements sur le plan légal. Cependant, des arrangements exceptionnels peuvent parfois être trouvés pour reconnaître des écoles, lorsqu’elles répondent à des normes minimales, en leur donnant un statut quasi-légal qui permette aux gouvernements d’affecter des enseignants formés et d’autres ressources, comme étapes vers leur intégration progressive dans le système éducatif national. Dans de nombreux cas, amener le gouvernement à assumer la responsabilité de fournir des écoles publiques et autres services élémentaires est le désir principal des habitants des bidonvilles, et lorsque cela se réalise, la demande d’écoles privées diminue ou disparait.
Les parents désirent très souvent que leurs enfants reçoivent une éducation scolaire dans une langue différente de celle utilisée dans les écoles publiques. Par exemple, en Inde, dans certaines écoles publiques, les enfants reçoivent en premier lieu un enseignement dans leur langue maternelle (lorsque celle-ci est une langue reconnue), puis dans leur langue régionale officielle ou dans la langue de l’Etat ; ils peuvent ensuite progressivement s’orienter vers l’Hindi et l’Anglais, ce qui implique 4 alphabets différents. De plus en plus de parents, y compris ceux de milieux modestes, considèrent l’Anglais comme “la langue du pouvoir”, la langue d’un statut élevé et le meilleur passeport vers l’emploi pour leurs enfants. Ceci a conduit à une très importante augmentation des frais d’inscription dans les écoles anglophones.
Une réponse immédiate / pratique à ce phénomène est de veiller à ce que soit mis en place une règlementation raisonnable pour éviter que les parents ne se fassent pas escroquer. Certaines écoles anglophones sont d’une qualité médiocre révoltante, avec des enseignants sans formation, qui parlent eux-mêmes un Anglais très limité. Les enfants peuvent en fait avoir bien du mal à apprendre les bases s’ils sont confrontés à un enseignant qu’ils ne comprennent pas. Un important travail de sensibilisation doit être fait avec les parents, pour qu’il soit clair que les enfants apprendront mieux les bases de lecture et d’écriture dans leur propre langue maternelle, et qu’ils auront du mal à apprendre dans une langue qu’ils ne parlent pas. Renforcer le bilinguisme / multilinguisme et l’enseignement de l’Anglais dans les écoles publiques peut aussi être une bonne solution.
Une réponse stratégique à ces questions est plus complexe, car il y a des implications qui vont bien au-delà du système éducatif, avec, au fil du temps, des répercussions sur la culture et l’identité nationales. Par exemple, si toutes les écoles d’un pays diversifié sur le plan linguistique devaient s’orienter vers un enseignement en Anglais, cela aurait de graves répercussions, qui pourraient conduire à ce qu’un nombre impressionnant d’enfants quittent l’école, car apprendre dans une langue que vous ne connaissez pas est très ardu. Cela conduirait également à l’extinction d’autres langues au fil des décennies suivantes, ce qui provoquerait une perte considérable de diversité culturelle. Les politiques concernant les langues sont des questions pouvant être débattues dans vaste dialogue national. Cela justifie une recherche et une mobilisation pour sensibiliser les systèmes éducatifs sur la valeur d’un bilinguisme / multilinguisme progressif, pour passer plus efficacement, par des étapes appropriées, de la langue maternelle de l’élève à d’autre langues. A l’égard des droits de la personne, c’est une étape importante vers des écoles adaptables et acceptables
De nombreuses ONG ainsi que des donateurs à vocation philantropique ont établi et dirigent leurs propres centre d’éducation non formelle ou écoles communautaires, parfois avec leurs propres ressources, et parfois en tant que sous-traitant, pour la livraison des projets de donateurs, comme par exemple de l’USAID. Ces centres ciblent le plus souvent les communautés les plus défavorisées et les plus exclues ; ils sont gratuits sur le lieu d’utilisation et peuvent proposer un éventail d’innovations pour que l’enseignement soit davantage centré sur l’enfant, et pertinent / adaptable aux besoins de communautés spécifiques. L’éventail est large dans cette catégorie, et comprend en particulier les simples centres ENF dans des huttes à toit de chaume, qui se concentrent sur l’apprentissage des bases, et les centres ENF plus ambitieux qui ressemblent davantage à une école primaire complète. Il existe également des écoles qui peuvent cibler certaines populations (les minorités ethniques ou les Dalits, ou encore les communautés des régions d’élevage).
L’engagement immédiat le plus important avec les centres ENF est d’encourager leur compatibilité progressive aux normes et standards nationaux, et de développer des plans de durabilité spécifiquement pour eux. Étant donné que les ONG ont tendance à avoir une présence à court ou moyen terme, de sérieuses questions se posent sur la façon de poursuivre les efforts sur le long terme (le manque profond de durabilité a été la raison principale pour laquelle ActionAid a cessé de soutenir de telles écoles dans les années 1990.) De nombreux centres ENF finissent par reconnaître le besoin d’intégration dans le système publique, et il importe de jeter les bases au départ pour cela, par des relations constructives et en veillant à la compatibilité / la convergence avec les normes fondamentales du gouvernement pour faciliter cette intégration. Ceci est également vrai pour des fournisseurs à grande échelle, tels que BRAC au Bangladesh (qui, à un certain moment, dirigeait 35.000 centres ENF à chambre pour 1 personne, même si cela couvrait moins de 8% des enfants bangladeshi), la durabilité sur le long terme dépend du fait d’établir une connexion avec le système publique plutôt que de le supplanter. S’agissant des centres ENF plus petits, une option consiste à voir de quelle manière ils peuvent être reconnus “satellites”, connectés à une école primaire ciblée qui les soutienne.
Une réponse stratégique à cela est de voir comment apporter au système d’éducation publique les innovations de l’éducation non formelle, de manière à ce que les écoles publiques soient plus flexibles et plus adaptées. Lorsqu’il y a des innovations, la difficulté est de les incorporer dans un système plus large plutôt que de les garder dans de petits ilôts. Ceci est particulièrement vrai lorsque les centres ENF sont fondés sur une pédagogie innovante spécifique (par ex : Montessori ou Steiner) ou lorsque les écoles répondent aux besoins de communautés particulières (par ex : pour des travailleurs migrants ou des populations autochtones), car ils peuvent avoir beaucoup à offrir aux systèmes d’éducation publique, en les aidant à devenir plus adaptables. Néanmoins, il importe également de soutenir le gouvernement pour mettre en place une règlementation applicable pour tous les centres ENF / les écoles communautaires, afin d’éviter les abus et d’encourager une meilleure planification.
Les enfants qui présentent des handicaps demeurent souvent exclus de la plupart des écoles ordinaires, et des arguments particuliers doivent être soutenus pour des dispositions spéciales ou innovantes, comme étapes vers l’élaboration d’une vision plus complète d’un système d’éducation inclusive. De nombreuses ONG focalisées sur le handicap (parfois en partenariat corporatif), soutiennent les écoles qui offrent des solutions innovantes aux problèmes de l’éducation inclusive. Cela peut aider à développer de bonnes pratiques, en informant et en influençant les décideurs politiques et les écoles ordinaires.
Etant donné l’importance de l’exclusion d’enfants présentant un handicap, soutenir de telles innovations peut être une réponse immédiate et pratique. Pour optimiser ceci, les innovations doivent avoir un coût réduit (pour faciliter la répétition), être soigneusement documentées et connectées autant que possible aux écoles publiques / aux systèmes pour favoriser l’intégration. Des questions particulières sur la protection infantile méritent une attention spéciale, car les enfants qui présentent un handicap sont davantage exposés aux violations des droits de la personne ; par conséquent, former et sensibiliser les enseignants, les personnes en charge de ces enfants et la collectivité plus large devra être une priorité. Dresser une carte de l’importance des besoins peut être également une intervention importante, car cela est souvent dissimulé ou mal compris. Les données ventilées sur l’éventail des handicaps et ce qu’il faut faire pour veiller à ce que les écoles soient réellement accessibles, disponibles, acceptables et adaptables, peuvent être transformatrices.
La réponse stratégique se trouve dans l’intégration des innovations, influençant la réforme et les pratiques de la politique nationale, pour veiller à ce que toutes les écoles soient complètement inclusives. La Convention de 2006 des Nations Unies sur les Droits des Personnes Handicapées (CDPH) a été une étape importante à cet égard. Le CDPH a établi l’éducation inclusive comme le mécanisme essentiel pour donner aux enfants handicapés le droit à l’éducation. Financer les droits à l’éducation de certains des groupes les plus défavorisés ne devrait pas dépendre des ONG ou des associations. Une attention particulière devrait être apportée pour remettre en question la norme des modèles de financement de l’école, fondée sur les critères de répartition par habitant, en tenant compte du fait que l’intégration effective des enfants handicapés coutera plus cher par habitant. Un financement équitable de l’éducation signifie dépenser plus par personne pour des enfants qui nécessitent un soutien plus important pour protéger leurs droits en pratique.
La plupart des systèmes d’éducation ont des fournisseurs divers, et les organismes confessionnels (églises, mosquées ou temples) sont souvent significatifs. Dans de nombreux cas, les organismes confessionnels ont commencé à pourvoir aux besoins des écoles en dehors du système publique (souvent à des périodes antérieures à l’éducation publique de masse) ; ils se sont progressivement intégrés, avec des enseignants et du matériel payé par l’Etat, et une convergence pour l’utilisation des programmes scolaires, des manuels et des examens nationaux, mais en conservant spécifiquement la gestion des écoles dans la communauté confessionnelle. Dans la majorité des cas, les écoles confessionnelles sont gratuites lorsque les cours sont dispensés sur place (conformément aux normes nationales à cet égard). La plupart des questions sur la façon d’équilibrer indépendance et intégration ont été résolues au fil du temps, et cela peut en fait servir d’exemple pour l’intégration d’autres fournisseurs dans un système d’éducation publique cohérent.
Dans de nombreux cas, un engagement pratique avec ces écoles ne diffère pas d’un engagement avec n’importe quelle autre école publique. Cela peut cependant varier, et il convient d’apporter une attention particulière au droit de non-discrimination, car, sur certains points, les écoles confessionnelles ont d’emblée tendance à être discriminatoire (à favoriser leur propre croyance). Dans certains contextes, il peut s’avérer nécessaire de veiller à ce que les écoles confessionnelles soient accessibles à tous les enfants, en particulier s’il n’y a pas d’autre fournisseur digne de confiance sur les lieux. Veiller à ce que toutes les écoles confessionnelles encouragent la tolérance envers d’autres croyances peut également être important, et il devrait y avoir des directives claires contre tout prosélytisme. Veiller à ce que les écoles enseignent le programme scolaire national complet peut s’avérer difficile lorsque les écoles confessionnelles ont commencé avec une focalisation plus réduite (par exemple, les écoles coraniques ou les écoles religieuses intégristes, qui priorisent le créationnisme plutôt que la science.
A un niveau stratégique, il importe de travailler vers des politiques nationales claires pour définir les normes et règlements des écoles confessionnelles, pour veiller à ce que tout groupe confessionnel significatif dans le pays soit traité de façon égalitaire, et que chaque école respecte les normes relatives aux droits humains. Il peut être utile de stimuler un débat national et un consensus politique sur la manière d’aborder le droit à la non-discrimination dans le contexte des écoles confessionnelles: quelles normes doivent être établies si les écoles confessionnelles sont reconnues et reçoivent un financement public. Des efforts particuliers peuvent s’avérer nécessaires pour veiller à ce qu’un service de surveillance suffisant soit mise en place pour éviter que l’intégrisme religieux
soit encouragé dans les écoles ou que des méthodes utilisés violent les droits de l’enfant.
Les chaînes commerciales d’écoles privées « low-cost » à but lucratif représentent un phénomène relativement nouveau. On peut citer par exemple l’entreprise « Bridge International Academies » (installée au Kenya et en Ouganda, et en pleine expansion) et l’entreprise « Omega » (au Ghana). Ces entreprises font payer des frais d’inscription modestes, mais pas nécessairement abordables (aux alentours de 10$ à 20$ par mois). Généralement, elles font des bénéfices en recrutant des enseignants sans formation (payés peut-être au tiers d’un salaire de professeur) et en utilisant des processus standardisés (par exemple des cours pré-rédigés). Elles prétendent étendre l’accès à l’éducation, bien que la plupart recrutent des enfants auparavant scolarisés dans des écoles publiques, et améliorer l’apprentissage, bien que qu’il ait été prouvé que cela reste marginal si l’on prend en compte le statut socio-économique.
Une réponse immédiate / pratique à ce phénomène serait de s’assurer que ces écoles respectent la règlementation et les standards gouvernementaux existants (par exemple sur la formation des enseignants), dans la mesure où elles échappent parfois au travail d’inspection des académies locales et ne sont pas surveillées. Il pourrait aussi être important d’exiger de nouvelles lois et de nouvelles politiques qui viendraient réguler ce nouveau phénomène de manière efficace. Cela permettrait d’éviter les abus de la part d’entreprises plus intéressées par leurs bénéfices que par l’éducation qu’elles dispensent. Il peut être légitime de demander un gel du développement de ces entreprises jusqu’à ce que la règlementation soit complètement en place (comme cela s’est produit au Kenya en 2015 avec les écoles « Bridge »). Une autre démarche utile serait de faire un rapport sur le nombre d’inscriptions dans ces écoles, en observant attentivement l’impact en termes d’équité : ces écoles sont-elles à la portée des plus pauvres / des filles / des enfants jusqu’alors non-scolarisés ? Certaines indications suggèrent que ce n’est pas le cas. Il faudrait également étudier l’impact sur les écoles publiques avoisinantes : est-ce que les élèves les plus riches et les plus doués partent vers ces écoles privées, ce qui aurait un impact négatif sur ceux qui continuent de fréquenter des écoles publiques sous-financées, comme le suggèrent certains éléments actuellement. Il pourrait aussi être intéressant de cartographier la répartition géographique des chaînes commerciales à but lucratif, dans la mesure où elles ont tendance à s’établir davantage dans des régions urbaines, péri-urbaines ou dans des zones rurales accessibles, plutôt que de se mettre à la portée des communautés plus en retrait. En fait, ces entreprises contribuent rarement à étendre l’accès à l’éducation, bien que ce soit souvent ce qu’elles affirment dans leur rhétorique.
Une réponse stratégique à ces écoles privées « low-cost » à but lucratif peut se présenter sous plusieurs formes. Dans certains contextes, il pourrait être approprié d’exiger une loi nationale pour empêcher la réalisation de profits sur l’éducation de base. Cela ne veut pas dire qu’il faut rendre ces institutions privées hors-la-loi, mais qu’il faut insister pour que ces écoles privées reposent sur une base non lucrative, comme c’est la norme dans de nombreux pays. Dans d’autres contextes, une approche plus modeste consistera à réclamer un arrêt de toutes les subventions de l’État (comme les allégements fiscaux) envers toutes les institutions à but lucratif, dans la mesure où il n’y a aucun sens à utiliser l’argent public pour subventionner des bénéfices privés. Dans tous les cas, il sera important de soutenir une série de règlementations compréhensibles pour cadrer les institutions à but lucratif (notamment en s’assurant qu’elles respectent les standards des droits de l’homme). Pour que cela fonctionne, il faudra avoir la capacité de contrôler et de faire appliquer de telles règlementations. Lorsqu’il est peu probable que le gouvernement fasse cette démarche, il est peut-être préférable d’exiger que les institutions à but lucratif soient mises hors-la-loi, à cause des dangers inhérents à l’introduction de motivations lucratives dans les systèmes éducatifs. Et bien sûr, il est nécessaire de s’assurer que si une telle interdiction est mise en place, elle soit contrôlée et appliquée.
Depuis longtemps, dans presque tous les pays, il est avéré que les membres d’une élite aisée envoient leurs enfants dans des écoles privées élitistes en contrepartie de frais élevés. Ce sont souvent des internats, et une fois les enfants diplômés, ils seront ensuite souvent encouragés à aller dans des universités étrangères à des coûts élevés. Désormais, de plus en plus d’écoles privées de moyen-rang visent les parents de la classe moyenne, attirant souvent les enfants dont les parents sont des hommes politiques, des employés du gouvernement, des employés d’ONG ou des professionnels du secteur privé. Le fait que des employés du secteur public, y compris certains enseignants, veuillent envoyer leurs propres enfants dans des écoles privées est tristement révélateur de l’état des écoles publiques. Cette réalité peut générer un sentiment de malaise chez les employés des ONG, lorsqu’ils plaident en faveur de l’éducation publique. Par conséquent, la pression pour réformer l’éducation publique se fait moindre, puisque ceux qui auraient été les mieux placés pour engager la responsabilité du système public se sont désengagés.
Une réponse immédiate à cette problématique est d’engager un débat public actif avec la classe moyenne sur le rôle de l’éducation publique, ainsi que sur les défis que soulèvent la dépendance croissante des classes moyennes envers les institutions privées. Beaucoup de personnes ont le sentiment d’être exploitées par les frais de plus en plus élevés des écoles privées, qui s’envolent souvent très rapidement, jusqu’à devenir inabordables. Il peut être utile de faire un rapport sur ces tendances. Un sentiment d’amertume peut également surgir parmi la classe moyenne, lorsqu’elle doit payer des d’impôts significatifs sans pour autant bénéficier d’un système éducatif public digne de ce nom. La plupart du temps, il est clair que la meilleure manière de mettre un frein à l’explosion des coûts dans les écoles privées est de s’assurer d’une meilleure qualité des écoles publiques (pour offrir une alternative). Vous pouvez être sûr qu’en l’absence d’une telle amélioration, il n’y aura plus de limite à l’accroissement des frais de scolarité dans les écoles privées. Il faut également bien analyser les données sur les résultats scolaires obtenus dans les écoles privées, en les mettant en contexte avec les milieux socio-économiques dont proviennent les enfants inscrits. Il n’est pas rare de constater qu’un élève de classe moyenne encouragé par ses parents aurait d’aussi bons résultats dans une école publique. Un débat éclairé et critique avec les classes moyennes les incitera souvent à exiger qu’on investisse davantage dans un système éducatif public réformé. Ils percevront cela comme servant à la fois leur intérêt personnel et un objectif altruiste.
Une réponse stratégique aux écoles privées ayant des frais moyens ou élevés peut se présenter sous plusieurs formes. Une option réside dans la réservation d’un pourcentage de places gratuites ou largement subventionnées pour les groupes les plus défavorisés, dans toutes les écoles privées (comme c’est le cas en Inde). Mais cette solution requière un contrôle et une mise en application stricts pour éviter les abus. Une autre option consiste à plaider en faveur d’une loi exigeant que tous les hommes politiques et les employés de la fonction publique envoient leurs propres enfants dans les écoles publiques, ou bien de réserver les emplois de la fonction publique à ceux qui ont été scolarisés dans le système éducatif public. De telles actions peuvent rapidement donner plus de poids aux revendications en faveur d’une meilleure qualité de l’éducation publique. Une action stratégique plus modeste consiste à s’assurer qu’aucune sorte de subvention publique ne soit versée aux écoles privées élitistes, y compris en supprimant les allégements fiscaux qui agissent réellement comme des subventions significatives. Dans certains contextes, le fait d’exiger des accords de coopérations entre les écoles privées élitistes et les écoles publiques locales est une manière de s’assurer que les équipements, les ressources et les innovations sont partagés. Toutes ces interventions doivent avoir pour objectif de travailler en faveur d’une éducation pour tous plus juste, plus équitable et de meilleure qualité.
Le phénomène en plein expansion des cours particuliers est impossible à éviter. Dans certains pays, la pratique est désormais très répandue. Les cours particuliers peuvent avoir lieu le week-end, ou avant ou après l’école. Ils peuvent avoir lieu soit dans un endroit différent, soit dans la même école et la même salle où l’élève a eu classe pendant la journée. Ces cours peuvent être donnés par un tuteur privé spécialisé, ou par le professeur habituel de l’enfant, si celui-ci donne des cours supplémentaires rémunérés après l’école. Cela avantage donc les parents qui ont les moyens de payer, ce qui tend à exacerber les inégalités. Les conséquences sont particulièrement alarmantes lorsqu’il s’agit du même enseignant dans la même salle de classe. En effet, dans cette situation, l’enseignant peut être tenté de « sous-performer » la journée afin de créer une plus grande demande envers ses cours particuliers. Cela sous-entend de manière peu subtile que si votre enfant veut avoir de bonnes notes, vous devez payer pour des cours supplémentaires. Ce phénomène devient particulièrement marqué lorsque les enseignants sont si mal payés qu’ils ne peuvent pas survivre sans revenus supplémentaires. Il est important de ne pas confondre ces cours particuliers payants avec le soutien scolaire gratuit offert après l’école pour les enfants en difficulté (dans ce cas, l’État doit alors correctement rémunérer les enseignants).
Une réponse pratique / immédiate serait de sensibiliser les parents et les comités de gestion scolaire et de mieux surveiller les écoles, afin d’éviter les pires abus (quand les enseignants sous-performent de manière volontaire pour créer de la demande). Ainsi, on s’assurerait que tous les enfants reçoivent une éducation de bon standard qui couvre l’ensemble du programme scolaire. Les syndicats d’enseignants peuvent également se montrer des alliés proactifs en la matière, notamment lorsqu’ils luttent pour que les enseignants n’offrent pas de cours particuliers à leurs propres élèves ou pour que les écoles ne forcent pas les enseignants à faire des heures supplémentaires. Une vigilance pourrait être nécessaire pour éviter les tricheries en faveur de ceux qui achètent des cours particuliers (par exemple, si un enseignant dévoile les questions d’un futur examen). Une alternative est de s’assurer que les enfants les plus pauvres ne soient pas exclus, en exigeant que des places gratuites leur soient réservées dans les cours particuliers donnés après l’école.
Une réponse stratégique impliquerait l’introduction de lois ou de règlementations empêchant les enseignants du service public d’offrir des cours particuliers à leurs propres élèves. Dans certains cas, la réponse stratégique logique serait de plaider en faveur d’une augmentation des salaires des enseignants, afin que tous les enseignants perçoivent un salaire suffisant, ce qui effacerait le besoin (si ce n’est le désir) de prendre un travail en plus. L’État a tout intérêt à contrôler la taille et la forme de ce secteur, au moins pour s’assurer que tous les tuteurs privés déclarent bien leurs revenus aux impôts. Ainsi, ce secteur en plein essor aura au moins le mérite d’augmenter le revenu public. Certains gouvernements pourraient se pencher sur une interdiction des cours particuliers (sauf dans les cas exceptionnels, par exemple quand cela concerne les élèves en difficulté). L’argument en faveur d’une telle mesure est que ce système accentue les inégalités ou remet en cause la société de la méritocratie. Cependant, dans la plupart des contextes, il est peu probable que le gouvernement aille jusque-là. La véritable alternative est alors d’investir pour faire en sorte que le système éducatif principal soit de suffisamment bonne qualité pour que la demande excessive ou la dépendance envers les cours particuliers diminue.
Certains gouvernements, arguant que les parents devraient pouvoir choisir dans quelles écoles ils envoient leurs enfants, ont mis en place des systèmes de « chèque éducation », pour que l’argent suive l’enfant (via ses parents), au lieu de donner cet argent à l’école. L’objectif est de stimuler la concurrence par le choix et la diversité des institutions, pour inciter les bonnes écoles à se développer et forcer les mauvaises écoles à fermer. Dans la plupart des cas, ce modèle, plutôt que de représenter une réalité, semble avoir davantage créé l’illusion d’un choix. Et pour cause, c’est avant tout un choix exceptionnel : ce n’est pas bon pour les enfants de changer tout le temps d’école. Par ailleurs, cela a eu un impact inquiétant sur l’équité (par exemple au Chili). Pouvoir choisir son école semble être une bonne idée en théorie, mais dans la pratique, les meilleures écoles reçoivent trop d’inscriptions et finissent par devoir choisir les enfants / parents qu’elles vont accepter. Les parents de la classe moyenne apprennent généralement à manier le système et les parents les plus pauvres en ressortent perdants. Au final, les parents aisés qui choisissent d’envoyer leurs enfants dans des écoles payantes très chères voient une partie de leurs frais couverts, ce qui est une manière contestable d’utiliser l’argent public.
Lorsque le modèle du « chèque éducation » est en place, une réponse pratique serait d’aider les parents les plus pauvres à mieux comprendre le système, en espérant qu’ils puissent le faire pencher en leur faveur. En pratique, il est peu probable que cela fonctionne. C’est pourquoi il sera important de faire un rapport sur l’impact de ce modèle sur l’équité, en montrant comment les parents / enfants les plus riches bénéficient d’une manière disproportionnée d’un tel système, et comment les parents les plus pauvres finissent par devoir envoyer leurs enfants dans les moins bonnes écoles. Il est également important d’assurer une totale transparence de toutes les institutions concernant le respect des standards minimums / des obligations liées aux droits de l’homme. Par ailleurs, il convient d’enquêter sur tous les cas affichant des signes évidents de discrimination.
Une réponse stratégique serait de rassembler des preuves démontrant les conséquences accidentelles de ce modèle sur l’équité, et de réclamer l’arrêt du chèque éducation (comme cela a été le cas au Chili lorsque l’impact sur l’inégalité croissante au sein du système éducatif a été clairement démontré). Des recherches utiles sur le coût global du modèle peuvent également être menées pour s’assurer que cela ne coûte finalement pas plus cher au gouvernement sur le moyen terme. Il est précieux de s’assurer que le débat national sur l’éducation se concentre sur la qualité de l’éducation plutôt que sur la diversité des choix ou la concurrence (qui sont parfois présentés comme des buts en soi). Donner le choix entre plusieurs institutions de mauvaise qualité n’est pas une solution. Le rôle de l’État est d’offrir une éducation gratuite de bonne qualité pour tous et non pas de donner le droit de choisir.
Le terme générique de PPP recouvre une large série de notions, si bien qu’il en devient dérisoire. Presque tous les systèmes éducatifs, d’une manière ou d’une autre, impliquent un PPP. Désormais, les manuels scolaires utilisés dans les écoles tendent à être fabriqués par des éditeurs privés, et les commissions d’examens sont généralement tenues par des entreprises privées. La construction des écoles est parfois externalisée, et le mobilier et les équipements proviennent d’un large éventail d’entreprises privées. Parfois, même la formation des enseignants ou le développement professionnel sont externalisés (ce qui peut devenir plus problématique). Les écoles privées sous contrat aux États-Unis et les académies au Royaume-Uni sont des écoles gérées par des acteurs privés. Les auto-proclamées « écoles libres » (en Suède et au Royaume-Uni) vont encore plus loin. Elles reçoivent des fonds de l’État, mais sont dispensées de toute supervision de la part des autorités locales, et ont le droit de recruter des enseignants sans formation.
Chacune de ces situations justifie une réponse immédiate et stratégique différente, mais il existe des éléments communs. Toute situation de monopole impliquant une seule entreprise comme fournisseur unique devrait être vivement découragée, en appliquant éventuellement une limite sur le pourcentage maximum de biens ou de services qu’une entreprise peut fournir. Cela va dans le sens de la diversité et du maintien de la concurrence. La publicité ou la mise en avant excessive d’une marque par une entreprise au sein des écoles devrait être vivement découragée, voire rendue illégale, dans la mesure où les enfants peuvent être particulièrement vulnérables à la manipulation. Toute institution privée devrait être rendue pleinement consciente de ses obligations envers les droits de l’homme en lien avec l’éducation, et s’engager à les respecter, les protéger et les accomplir (en n’oubliant pas le droit d’avoir un enseignant correctement formé, comme c’est stipulé dans la Convention relative aux droits de l’enfant, observation générale n°1). Toutes les activités provenant des institutions privées doivent pouvoir être régulées de manière suffisamment forte. Le gouvernement devrait toujours avoir le droit de mettre fin aux contrats / de supprimer toute institution privée qui violerait ces termes de base. Tous les contrats devraient être ouverts à une révision périodique et à des processus transparents lors du renouvellement. Il est important que le gouvernement calcule régulièrement le coût total des PPP et leur impact sur la réalisation progressive de toutes les dimensions du droit à l’éducation.
La plupart des systèmes éducatifs sont diversifiés, de multiples acteurs et institutions étant représentés, qu’ils viennent du gouvernement, des ONG, d’organisations philanthropiques, d’institutions religieuses ou du secteur privé. L’État a l’obligation de garantir le droit à l’éducation à travers toutes ces institutions, afin d’assurer que le droit à l’éducation de chaque enfant soit respecté, protégé et accompli. Bien qu’il soit important de rester tolérant envers un système diversifié, il est également crucial de mettre en place des standards clairs pour toutes les institutions, et d’être capable de contrôler de manière crédible le respect de ces standards.
Ces standards doivent être en harmonie avec les engagements fondamentaux des droits de l’homme, comme le droit à une éducation gratuite, à l’absence de discrimination, à des infrastructures convenables, à des enseignants de qualité qui ont reçu une formation, à un environnement sûr et non-violent, à une éducation adaptée basée sur un programme scolaire consistant, et à des écoles transparentes et responsables (voir « Promoting Rights in Schools », (« Promouvoir le droit dans les écoles »), pour élaborer sur ces sujets). Il faut être conscient des limites et des compromis. Il sera parfois plus rentable et plus efficace que l’État propose lui-même une école plutôt qu’il investisse dans un lourd cadre de règlementations et de mises en application pour contrôler l’adéquation des institutions externes.
Il est possible que certains États affichent des positions de principe fortes contre les personnes ou les entreprises qui réalisent des bénéfices sur l’éducation de base (comme c’est le cas, de différentes manières, dans des pays aussi variés que la Chine, l’Equateur et l’Australie), tout en mettant un point d’honneur à ce que toutes les institutions soient à but non-lucratif. Cependant, le terme de « non-lucratif » doit lui-aussi être défini avec précaution, car il peut couvrir des situations très élitistes et abusives. Une alternative est de faire passer des lois pour empêcher l’argent public de subventionner (de manière directe ou indirecte) des institutions à but lucratif, en particulier dans les États qui peinent à financer l’éducation publique. D’autres États peuvent aller plus loin et insister pour que toute l’éducation soit gratuite sur son lieu d’utilisation, ou au moins que tous les enfants aient un bon accès (à une distance raisonnable de leur maison) à une école de bonne qualité et réellement gratuite sur son lieu d’utilisation.
S’il y a une chose dont il faut se méfier, ce sont les arguments qui suggèrent que les systèmes éducatifs publiques sont voués à l’échec, qu’ils font partie du « passé » et que les institutions compétitives privées représentent le futur, qu’on le veuille ou non. Tous les pays qui ont réussi à généraliser l’accès à l’éducation l’ont fait grâce à des actions fortes et coordonnées de la part du gouvernement, et à un investissement constant dans un système éducatif largement dominé par le public. Oui, dans de nombreux pays, les systèmes éducatifs publics sont en crise, mais cela est souvent lié à des années de sous-financement chronique, que ce soit en raison d’impôts très faibles (faibles ratios impôts/PIB), d’une distribution inadéquate du budget national dans l’éducation (le benchmark de 20% du budget national devrait être un minimum pour les pays à faible revenu), d’une mauvaise répartition du budget (par exemple en favorisant l’enseignement supérieur au détriment de l’éducation de base), ou d’une mauvaise utilisation du budget (due à la corruption / au manque de transparence / à de faibles capacités institutionnelles). Toutes ces questions peuvent et doivent être abordées pour que la population ait à nouveau confiance en le rôle du secteur public dans l’éducation. Même si l’on doit reconnaître qu’aucun système éducatif national ne peut reposer uniquement sur des écoles publiques, un système basé en majeure partie sur des institutions publiques est probablement la meilleure option pour un plein accomplissement du droit à l’éducation. Les institutions non-gouvernementales peuvent compléter mais ne doivent pas remplacer le rôle de l’État.
Les obligations envers les droits de l’homme qui incombent aux États ne doivent pas disparaître lorsque d’autres institutions pourvoyant une éducation de base interviennent. C’est l’État qui a la responsabilité de s’assurer que toutes les obligations fondamentales soient respectées, protégées et accomplies. Cela signifie qu’il existe des mesures puissantes et non-négociables que tous les États doivent mettre en place pour réguler et contrôler les différentes institutions. Le cœur de ces mesures est l’absence de discrimination, parce que même si la diversité des institutions a sans doute son importance, il existe un vrai danger dans l’ultra-fragmentation du système, qui contribue à accentuer les inégalités. La qualité de l’éducation reçue par les enfants ne doit jamais être stratifiée en fonction du statut social de leurs parents ou de leurs moyens financiers. Nous devons construire des systèmes éducatifs diversifiés mais équitables si nous voulons que l’éducation agisse comme un levier d’égalité au sein de la société.
DAVID ARCHER, Head of Programme Development, ActionAid
Email: david.archer@actionaid.org
Twitter: @DavidArcherAA
Traduction par l’équipe de « Traducteurs Sans Frontières »
Texte original ici
En signant des traités internationaux protégeant les droits de l’homme, chaque État s’engage individuellement à prendre des mesures afin de garantir à chacun de ses citoyens la mise en œuvre des droits protégés par ces traités. L’Organisation des Nations Unies dispose d’un système complexe de promotion et de protection des droits de l’homme à vocation universelle, par lequel les gouvernements sont régulièrement examinés concernant la mise en œuvre de ces droits.
LE CONSEIL DES DROITS DE L’HOMME
Le principal organe des Nations Unies œuvrant à la promotion et la protection des droits de l’homme est le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies.
C’est un organe de l’Assemblée Générale des Nations Unies, basé à Genève et composé de délégations d’État. Le Conseil définit les grandes orientations en matière de politique, examine les problèmes qui se posent en matière de droits de l’homme, élabore de nouvelles normes internationales et en surveille l’application partout dans le monde. Le Conseil offre également aux Etats et aux organisations internationales une tribune pour exprimer leurs préoccupations au sujet des droits de l’homme.
De plus, il est habilité à évaluer la situation des droits de l’homme partout dans le monde, et à étudier les éléments d’informations présentés par les Etats, les organisations non-gouvernementales, et d’autres sources. Ceci passe par différents mécanismes :
Par ce mécanisme, la situation des droits de l’homme de tous les pays membres de l’ONU est examinée tous les quatre ans et demi. 42 États sont examinés chaque année, lors de trois sessions de 14 pays chacune. Chaque gouvernement doit préparer un rapport national qui sera examiné par le Conseil. Les organisations de la société civile sont autorisées à soumettre des rapports qui seront également examinés par le Conseil. A l’issue de chaque session, le Conseil émet des recommandations à l’État examiné qu’il devra mettre en œuvre avant l’examen suivant, quatre ans et demi plus tard.
LES ORGANES DE TRAITÉ DES NATIONS UNIES
La procédure devant les organes de traité
A côté du Conseil et de ses mécanismes, il existe plusieurs organes de traité des Nations Unies, qui sont composés d’experts indépendants. Chaque organe surveille la mise en œuvre d’un traité spécifique garantissant des droits humains.
Examen de Rapports périodiques et de Rapports Parallèles
En signant un traité, chaque État assume l’obligation légale de mettre en œuvre les droits reconnus par ce traité. Mais ce n’est pas tout : l’État en question a également l’obligation de soumettre des rapports périodiques à l’organe de traité compétent sur la manière dont ces droits sont mis en œuvre.
En plus du rapport soumis par l’État partie, les organes de traité peuvent recevoir des informations sur la situation des droits de l’homme dans un pays par d’autres sources, que ce soient des institutions nationales pour les droits de l’homme, des organisations de la société civile, des entités nationales ou internationales des Nations Unies, d’autres organisations intergouvernementales, ou des groupes professionnels et des institutions académiques. Ces rapports sont appelés des rapports parallèles ou rapports alternatifs, et peuvent contenir une analyse factuelle ou légale.
A la lumière des informations disponibles, l’organe de traité compétent examine le ou les rapports en présence de la délégation de l’État partie. A la suite de ce dialogue, le Comité publie ses préoccupations et recommandations sous la forme « d’observations générales ».
Les individus peuvent soumettre des plaintes sur la scène internationale concernant la violation de leurs droits. Il existe trois procédures pour soumettre une plainte devant un des Comités :
Certains Comités peuvent, sous certaines conditions, recevoir des plaintes individuelles. Tout individu qui estime que ses droits garantis par un traité ont été violés par un État partie à ce traité peut saisir le Comité compétent, seulement si l’État a reconnu la compétence de ce comité de recevoir une telle plainte et que les recours nationaux ont été épuisés.
Plusieurs Comités disposent d’une procédure de plainte interétatique par laquelle un État partie à une Convention peut soumettre une plainte à l’organe de traité compétent concernant la violation alléguée d’un traité par un autre État partie.
Plusieurs Comités peuvent, sous certaines conditions, initier des procédures d’enquêtes s’ils reçoivent des informations contenant des indications fondées de violations graves, sérieuses, ou systématiques de droits garantis par un traité dans un État partie.
Les différents organes de traité
Il existe 10 organes de traité composés d’experts indépendants disposant de compétences reconnues en droits de l’homme, qui sont nommés et élus pour 4 ans renouvelables par les États parties.
Ces 10 organes de traité sont les suivants :
Lauren Miller, Etudiante en Master de Global Governance Studies à l’Ecole de Droit de Sciences Po Paris.
L’Assemblée de coopération pour la paix a conçu une importante ligne de travail dans le Nord (Espagne et Europe), afin de transformer notre réalité la plus proche en modèles de société engagés envers la justice sociale, la lutte contre la pauvreté et envers des valeurs telles que la paix, l’égalité et le respect de la diversité.
Depuis plus de 15 ans, nous exerçons notre activité selon cette orientation en centrant notre travail sur les écoles et les centres d’enseignement ; mais le nouveau contexte social, politique et économique environnant nous a obligés à dépasser les espaces strictement académiques et à déployer notre intervention vers les QUARTIERS, en tant qu’éléments fondamentaux de coexistence et de proximité avec la société. C’est cet objectif qui est à la base du projet BARRIOS ABIERTOS (QUARTIERS OUVERTS) qui se développe depuis quelques années dans différents quartiers de villes comme Gijón, Albacete, Saint-Jacques-de-Compostelle ou San Juan de Aznalfarache. Le programme débute également à Palma de Majorque, Barcelone et Valence, entre autres.
Barrios Abiertos est un programme d’intégration sociale et de coexistence, du point de vue du droit, de la citoyenneté et du respect de la diversité. Pour Barrios Abiertos, l’intégration est envisagée comme étant un processus pluriel qui considère l’état de bien-être sous différents aspects. C’est la raison pour laquelle l’intégration des personnes doit être prise en compte d’un point de vue multidimensionnel, tout en renforçant les capacités des différentes structures, qu’elles soient sociales, d’enseignement, culturelles ou de participation. Le quartier constitue un territoire de référence où l’on retrouve toutes ces structures ; c’est également l’espace où la proximité des citoyens et citoyennes est la plus importante. C’est d’ailleurs par cette proximité que le quartier est à l’origine de différents espaces de coexistence, formelle ou informelle, qui doivent être renforcés pour que cette coexistence soit à la base de principes tels que le respect de la diversité, le dialogue interculturel et l’approche horizontale. De cette façon, Barrios Abiertos vise à favoriser les capacités de coexistence et d’intégration au sein des espaces les plus formels du quartier (centres d’enseignement, centres de soins, centres sociaux de proximité) ainsi qu’au sein des espaces informels tels que les associations de riverains et le reste du tissu social.
Les piliers fondamentaux qui soutiennent la méthodologie du programme sont les suivants :
LE RENFORCEMENT DES CAPACITÉS DE COEXISTENCE ET D’INTERCULTURALITÉ DES SERVICES PUBLICS DU QUARTIER, PAR LE BIAIS D’ACTIONS ÉDUCATIVES AUPRÈS DE L’ENSEMBLE DES CITOYENS ET DE SENSIBILISATION SOCIALE
La santé et l’éducation sont des droits sociaux fondamentaux pour l’ensemble des citoyens. Le fait de garantir ces droits suppose de garantir la prestation de ces services de manière universelle, plurielle et juste. De la même manière, la santé et l’éducation sont des axes prioritaires dans le travail auprès des populations de migrants vivant dans les quartiers. À travers notre programme, nous proposons des séances de formation et mettons au point du matériel de sensibilisation pour le personnel sanitaire des centres de soins des différents quartiers où nous exerçons notre activité.
Nous encourageons également des actions et des activités dans les centres d’enseignement, afin d’encourager l’interculturalité et la coexistence au sein des écoles. Nous souhaitons aussi que les écoles soient des espaces ouverts à la communauté, où la participation des familles et l’interaction avec les agents sociaux présents dans le quartier sont bien réelles. Ainsi, nous intégrons aux programmes des écoles des forums vidéo, des contes ou des exposés didactiques afin de travailler sur la citoyenneté et la coexistence interculturelle, dans le but que ces activités scolaires ou extrascolaires puissent être mises en œuvre par le tissu social, très varié dans cette zone. Nous renforçons également la diversité culturelle, pour chaque territoire, au cours des différentes célébrations traditionnelles ou d’enracinement qui ont lieu dans les écoles (en incluant des plats d’autres endroits, des jeux d’autres cultures…, afin d’encourager l’échange d’expériences et l’interculturalité).
Une autre façon de renforcer les capacités des services publics du quartier est le travail en coordination avec les centres municipaux de proximité (les centres municipaux sont des espaces qui réunissent pour chaque quartier les services de proximité de la ville : services sportifs, sociaux, administratifs, de loisirs, etc.). Barrios Abiertos nous permet de programmer, en même temps que la direction de ces centres, différentes activités mensuelles, à travers l’offre ludique et sociale qu’il propose. Nous assurons des cours d’espagnol pour étrangers, des ateliers de radio, des cours de théâtre pour enfants, toujours dans une perspective d’intégration sociale et de coexistence.
RENFORCEMENT DE LA PARTICIPATION ET DE LA FORMATION DE LA POPULATION IMMIGRANTE DU QUARTIER
Pour cela, nous essayons de mettre la population immigrante en contact avec le tissu social existant dans le quartier. L’idée n’est pas de proposer de nouvelles formes de participation ou de nouvelles offres de formation ; nous souhaitons faciliter les canaux de communication et rapprocher la population aux structures sociales normalisées, déjà existantes dans le quartier. Nous organisons pour cela des présentations et ouvrons de nouvelles formes de participation dans les associations de riverains, les associations de parents des centres d’enseignement et dans les autres associations de référence, dans tous les quartiers.
Il est évident que pour réussir tout ce qui a été cité précédemment, un important travail de diffusion, de visibilité, d’incidence et de sensibilisation est nécessaire. La campagne de diffusion « Barrios Abiertos » a été conçue avec un double objectif : rendre plus visible la réalité interculturelle du quartier et sensibiliser l’ensemble des citoyens sur la valeur de la diversité et la coexistence. C’est ainsi qu’une identité graphique a été déterminée et le programme a été doté d’un logo, d’un slogan et d’une stratégie de communication et de sensibilisation sociale. Le message au cœur de la campagne est le suivant : « Toi et moi faisons notre quartier » ; son but est que les personnes du quartier sentent que les maisons, les rues, les commerces et les services publics sont des éléments ouverts et pluriels où la diversité est une valeur positive pour la coexistence. De plus, ensemble, les citoyens deviennent des acteurs cruciaux pour la construction de ce genre de quartier. Cette campagne nous a permis de réaliser différentes actions de marketing dans les rues : peintures murales sur les équipements urbains du quartier, campagnes de sensibilisation sur les radios communautaires des quartiers, participation à des événements sportifs, où l’image de Barrios Abiertos était présente, etc. Nous avons donc fait en sorte d’utiliser la communication et la publicité en tant qu’outils pour rendre plus visible la diversité existant dans les quartiers.
Avec Barrios Abiertos, nous souhaitons construire un modèle de coexistence ouvert et pluriel, aux côtés des organisations sociales et de l’ensemble des citoyens. Nous souhaitons arriver à un modèle de quartier qui luttera contre les inégalités, où les écoles seront ouvertes, où l’on trouvera des centres d’enseignement pour chacun et chacune, où les espaces de participation seront effectifs.
Parce que toi et moi, nous faisons notre quartier
Traduction par l’association “Traducteurs sans Frontières”
Texte original ici
De 2011 à la fin 2015 en Suisse, la Confédération (au niveau national), les cantons (au niveau régional) et les communes ont mis au point le programme de prévention “Les jeunes et la violence”. Pour de plus amples détails, nous vous invitons à consulter le site www.giovanieviolenza.ch, disponible en trois langues (italien, français et allemand).
Ce programme, sous-divisé en trois rendez-vous nationaux, s’est déroulé dans chacune des régions linguistiques suisses (pour plus d’informations sur la Suisse, visitez www.admin.ch ou www.ch.ch).
Suite à ces congrès nationaux ont eu lieu des rencontres régionales.
Pour la Suisse italophone, la rencontre s’est tenue le 14 novembre à Manno, commune proche de Lugano. La journée était ouverte à tous, professionnels du secteur social aussi bien que personnes sans formation spécifique mais qui sont confrontées à des enfants et des jeunes.
La responsabilité de l’organisation a été confiée à deux institutions du territoire : la Conférence Tandem – Spicchi di Vacanza (que nous appellerons Tandem, www.tandem-ticino.ch) et le Département administration des affaires, de la santé et du social, et plus précisément à la Section travail social de l’Ecole universitaire professionnelle de la Suisse italienne (ou SUPSI, www.supsi.ch/deass).
Nous sommes impliqués dans cette dynamique en tant que Cemea, d’une part comme membre de Tandem, mais aussi personnellement en qualité de Président(e).
Le lecteur peut se demander pourquoi nous donnons ces détails d’organisation et c’est justement parce que ces facteurs ont créé une alchimie que la journée n’a pas suivi de manière servile les indications de ceux qui gèrent le programme “Les jeunes et la violence”.
Donc, se sont retrouvés autour d’une table pour réfléchir une institution chargée d’organiser, durant les vacances d’été, un planning d’évènements pour les enfants du canton de Ticino (Tandem), une École universitaire professionnelle qui s’occupe de la formation de base ou continue de travailleurs sociaux (SUPSI) et les Cemea des cantons de Ticino qui s’occupent de la formation informelle de diverses figures éducatives du territoire (consulter www.cemea.ch/ticino pour de plus amples informations).
Concrètement, c’est à trois institutions impliquées dans la promotion d’activités pour les jeunes, sur lesquels elles portent un regard positif, qu’il a été demandé d’organiser un événement qui a mis dans la même équation jeunes et violence.
Dès le début, le groupe de travail a ressenti le besoin de changer de point de vue, en souhaitant retirer du “pilori” le monde des jeunes, qui en soi n’est pas plus violent que celui des adultes. Au contraire, la différence est souvent dans le geste, moins “chirurgical” que celui d’un courtier financier qui d’un clic de souris décide de l’avenir d’une entreprise.
Donc, nous avons décidé de nous intéresser à ce qui se passe en amont du monde des jeunes, en nous demandant quel rôle peuvent aussi avoir les adultes dans leur façon de se positionner pour donner aux enfants et aux jeunes des instruments leur permettant d’affronter le conflit en évitant que l’exaspération ne les mène à la violence.
Ces deux éléments, l’équipe de travail et l’attention à ce qui se trouve en amont, ont déjà en soi quelque chose de novateur. Cela pourra sembler évident mais, quand on parle du binôme jeunes et violence, les personnes de référence qu’on interroge le plus souvent sont celles qui font généralement face à des jeunes posant problème.
Nous ne voulons pas ici sous-évaluer la situation ni nier qu’il y ait des jeunes ayant besoin d’aide qui hurlent leur mal-être en agissant de manière parfois féroce, loin de là ! Mais vous est-il jamais arrivé de participer à un groupe de travail dans lequel un responsable de colonie résidentielle explique l’importance d’utiliser de jeunes moniteurs et d’avoir autour de la même table un travailleur social (au sens large) qui décrit un projet de prévention secondaire ou tertiaire ? L’attention se focalise sur ce dernier et fait passer l’action dans la catégorie de l’évidence ou de la banalité. Chose que nous savons ne pas être, et tous deux avons le même droit de citoyenneté ! On courrait le risque de croire que l’action éducative n’a de valeur que lorsque nous sommes confrontés à des cas complexes, à connotation négative.
Pour en revenir à l’organisation de l’évènement, des réflexions préliminaires ressort comme trame de fond :
Le conflit est une ressource. Une communication efficace pour la gestion des conflits avec les enfants et les adolescents.
C’est Daniele Novara, pédagogue, consultant et formateur, fondateur du Centre psychopédagogique pour la paix et la gestion des conflits (www.cppp.it), qui a animé la formation.
L’évènement, comme vous l’aurez déjà remarqué s’est tenu après les attentats de Paris.
Ce facteur n’a pu que conditionner cet évènement. Daniele Novara nous a amenés à réfléchir sur les diverses formes à développer pour une communication non violente avec les enfants et les adolescents.
Je ne veux pas faire un résumé, qui ne serait pas exhaustif par rapport à ce qui a été exposé par le pédagogue (vous trouverez son intervention intégrale – en italien – sur le site internet de Tandem, dans la section évènements), mais j’aimerais vous soumettre une réflexion : le souhait des organisateurs de la journée était de discuter du mode de se positionner des participants, en imaginant des pistes où ce seraient les adultes qui modifieraient leur comportement afin de provoquer un changement.
Malheureusement cela n’a pas eu lieu, malgré des stimuli dans ce sens : les participants ont cherché uniquement des réponses excluant un changement de positionnement dans le monde des adultes.
Le contact avec la réalité, avec les évènements de Paris, a sûrement bloqué cette décentration. La question demeure toutefois ouverte et d’actualité.
En tant que Ceméa, je crois opportun d’être parmi les promoteurs de ce point de vue différent.
Comment ?
Sans doute aucun, en soutenant et en donnant droit de cité à ce que les jeunes produisent de positif. Par exemple, un jeune qui donne sa disponibilité pour devenir moniteur en colonie ne fait pas quelque chose de banal mais d’incroyablement significatif, aussi bien pour les enfants qu’il rencontrera que pour lui-même.
En outre, en donnant des chances réelles à ceux et celles qui ont rencontré des difficultés dans leur formation de base qui les ont par la suite fragilisés, on crée des conditions pour éviter le recours à l’illégalité.
Mais surtout, je crois que notre action doit réussir à remuer le monde des adultes, en allant pratiquer l’éducation active partout. Chez soi, dans les bars, sur les places, dans les centres de formation… en cherchant à instiller un point de vue différent, à l’écoute des besoins des personnes et non pas indifférent et maximaliste. Un travail long et sûrement onéreux que nous ne pouvons cependant pas, en tant que Ceméa, nous exempter d’affronter.
Paolo Bernasconi, Secrétaire général des Ceméa du Tessin.
Traduction par l’association “Traducteurs sans Frontières”
Texte original ici
Plus de 800 personnes ont pris part à la conférence internationale scientifique et pratique intitulée : «L’Education non formelle des enfants et des jeunes dans le monde en transformation : Analyse des besoins, perspectives de résultats et de développement», qui s’est tenue le 15-16 octobre 2015 à Tcheliabinsk.
Cet évènement a été organisé par l’institut de la formation continue des enseignants de Tcheliabinsk (directeur Kespikov Vadey) et par l’association à but non lucratif « Centre d’assistance des methodes d’education active » (CADMEA, directeur Kislyakov Alexey). Cette conférence a reçu le soutien des membres de la FICEMEA.
La diversité des profils des participants a rendu cette conférence particulièrement dense et intéressante. En effet, nous avons eu le privilège d’accueillir les représentants des syndicats des enseignants, les chefs des organes de la gestion de l’education et des institutions d’enseignement, des pédagogues d’éducation, des professeurs des universitaires, des représentants d’organisations publiques à but non lucratif ainsi que des représentants d’associations de parents.
La conférence, la séance plénière et les ateliers ont été mis en ligne et diffusés par vidéo conférence. Cette rencontre internationale a pu être suivie et partagée avec nos collègues des départements de Tcheliabinsk, d’Ekaterinbourg, de Yaroslavle, d’Omsk, de Perm, de Hanti-Mansiysk et par la république du Kazakhstan.
L’allocution vidéo du directeur général des CEMEA France, Jean-Luc Cazaillon, a suscité un vif intérêt des participants de la conférence. De plus, l’intervention vidéo de la psycho-sociologue Joëlle Bordet sur « Politiques populaire d’éducation non formelle des jeunes en France : contexte socioculturel et historique » a reçu des réactions précieuses et positives.
Lors de ces deux jours, des discussions ont été consacrées aux problèmes que nous rencontrons actuellement :
Une résolution a été discutée et adoptée comme bilan de la conférence.
Vous pouvez visionner l’intégralité des matériaux de la conférence sur le site d’information et de communication de l’institut de la formation continue des enseignants de Tcheliabinsk (www.ipk74.ru).
Alexey Kislyakov, directeur des Ceméa de Russie
Traduction Olga Rusakova, responsables des relations internationales des Ceméa de Russie.
La Fédération Italienne des Ceméa (FIT), constituée en 1971, a pour tâche de relier les centres (12), les groupes (5) et les correspondants Ceméa, présents dans diverses régions et villes italiennes. La FIT peut actuellement compter sur environ 200 formateurs et autant de collaborateurs et militants.
Elle organise des cours de formation pour divers types d’éducateurs (enseignants, opérateurs, animateurs, parents, bénévoles) et met en œuvre des projets nationaux et internationaux concernant l’éducation formelle et informelle. Cette année, la FIT a eu de plus en plus souvent l’occasion de soutenir et promouvoir les actions de la FICEMEA et de son réseau, du Forum Social Mondial de Tunis au séminaire international durant le congrès des Ceméa français, à la journée nationale Ceméa du 10 octobre au cours de laquelle, en particulier à Rome, ont été diffusés et discutés les documents élaborés par la FICEMEA après le séminaire de Namur, sur les thèmes de la marchandisation de l’éducation.
Nous avons continuer notre réflexion autour de l’international du 4 au 8 décembre 2015 à Ostuni, dans les Pouilles, où s’est tenu le congrès de la FIT CEMEA ayant pour thématique
“Agir, éduquer, s’exprimer, entre racines et futur”
Les 60 personnes présentes ont travaillé autour des thématiques suivantes :
Transmission des compétences et des rôles fédératifs (passage de consignes intergénérationnel)
Comment évoluer en impliquant les nouvelles forces sans perdre le savoir des présences historiques ? De quelle manière partager un processus reconnu au niveau fédératif (entre diverses associations) d’accès aux fonctions formatives ? Est-il possible et utile de codifier un décalogue de prises de conscience Ceméa avec lesquelles orienter le parcours de ceux qui voudraient grandir au sein de notre mouvement ?
Fonctionnalités et devoirs de la Fédération Italienne : aspects organisationnels et institutionnels (Quelle structure? Quelles missions? Pour quels objectifs et résultats? )
Comment programmer nos initiatives sur plusieurs années ? Comment mieux partager et rendre plus explicites les objectifs de la Fédération ? Comment confier les charges et les rôles et pour combien de temps ? Quelle forme, y compris juridique, donner à la Fédération Italienne?
Partage des pratiques et modalités de collaboration (vérification éthique)
Comment pouvons-nous développer et adopter des instruments qui nous permettent de travailler à l’amélioration de la collaboration et au respect total de nos principes et d’éviter une exploitation interne et externe dans l’exercice de nos actions ?
Communication entre information et diffusion des contenus
Quel soutien au secrétariat pour arriver à nourrir des réflexions et à informer pleinement sur nos activités ? Comment réussir à utiliser au mieux les nouvelles approches “technologiques” pour la diffusion de la connaissance ? Comment développer une réflexion sur les thèmes éducatifs qui permette de partager et de produire des textes et construise une capacité collective d’informer et de diffuser des contenus Ceméa ?
Formation et reconnaissance de la formation
La formation effectuée par les Ceméa est l’élément caractéristique de notre mouvement.
Trouvons-nous avantageuse cette condition d’“autonomie” de chaque association dans son territoire respectif, ou voulons-nous changer cette situation ? Nous devrons peut-être réinitialiser notre formation pour qu’elle puisse être validée ? La Ludea nous suffit-elle ? Les contenus que nous traitons sont-ils nécessaires et suffisants ?
L’actualité éducative des principes des Ceméa
Nous avons une attitude sage qui n’explicite pas ce que nous proposons, au risque de perdre le sens profond de la proposition elle-même. Pensons-nous nécessaire ou possible un travail diffusé qui connecte les principes avec leurs champs d’application actuels et actualisés ? Comment la Fédération devrait-elle s’organiser pour connaître, joindre et aussi promouvoir des campagnes au niveau national ?
Rapports avec les mouvements de l’éducation active
Les Ceméa sont un des mouvements historiques de l’éducation active, au même titre que MCE ou Montessori (entre autres). Alors que beaucoup des militants Ceméa ont été ou sont encore actifs au sein de ces autres mouvements, nous n’avons que rarement collaboré et posé des questions concernant les thèmes de l’éducation ni ne nous sommes organisés pour promouvoir une meilleure reconnaissance de nos pratiques et spécificités.
Pensez-vous que ce soit une condition nécessaire ou à dépasser, et dans ce cas, en faisant quoi ?
Positionnements internationaux avec le réseau FICEMEA
Comment serait-il opportun d’agir pour développer une coordination des propositions et une synergie des relations qui permette un positionnement cohérent et garantisse des réalisations efficaces ? Quelle thématiques pouvons-nous proposer à la Ficeméa pour pouvoir nous sentir plus impliqués et en tester la force éducative et politique ?
M.Cristina Brugnano,
Traduction par l’association “Traducteurs sans Frontières”
Texte original ici