Les Rencontres de l’Éducation Nouvelle (REN) 2025 se sont tenues à Ancelle, en France, du 20 au 24 août 2025 réunissant certains membres de la FICEMEA grâce à son dispositif de mobilité solidaire. Dans ce cadre, Lamine Drame et Patrizia De Vito représentants la Fédération Italienne des CEMÉA (FITCEMEA) ont vécu une immersion complète dans l’univers des pédagogies actives et de la coopération éducative.
Après une séance d’accueil et de présentation, chacun a rejoint son stage de formation. Lamine a intégré le stage consacré aux jeux traditionnels et aux pratiques physiques, animé par des formateurs venus de France, de Martinique, de Guyane, de Belgique et d’Italie. Le groupe comptait 26 participants d’horizons variés. Les journées alternaient entre pratique des jeux, discussions autour des règles, adaptations possibles, et analyses collectives visant à comprendre les différentes émotions vécues. Ces moments, parfois intenses, ont mis en lumière les enjeux de coopération, de respect des règles, d’inclusion et de gestion des frustrations. Un exemple marquant fut celui du jeu Sagamore, dont le déroulement a suscité un débat profond sur le sens du collectif et les effets du non-respect des consignes. Le stage s’est conclu par une production en trois groupes : l’un chargé de concevoir un projet BAFA 3, un autre dédié à l’invention d’un jeu traditionnel testé sur place, et un dernier orienté vers une réflexion plus politique. Les participants ont également contribué à la vie quotidienne du lieu, préparant les repas et assurant les services en rotation, prolongeant ainsi l’esprit coopératif de l’éducation nouvelle.
Pendant ce temps, Patrizia participait au stage « Éducation à l’Environnement et au Vivant », organisé dans une maison en bois au bord d’une rivière, véritable laboratoire écologique. Les stagiaires y disposaient d’une bibliothèque, d’outils d’observation naturaliste, de photographies et d’objets pédagogiques. Les matinées étaient consacrées à l’exploration de la nature environnante : observation des marmottes et des oiseaux, écoute attentive de la faune et découverte des paysages d’Ancelle au lever du soleil. Les après-midis mêlaient expérimentations pratiques, échanges pédagogiques et création collective. Bien qu’elle ait ressenti au début une difficulté liée à la langue française, elle a rapidement été soutenue par les formateurs et plusieurs stagiaires bilingues. Ce soutien lui a permis de participer pleinement, de partager ses réflexions pédagogiques et de revisiter certaines expériences professionnelles à la lumière de cette immersion.
La dimension interculturelle a profondément marqué les deux participants. Patrizia souligne l’ambiance chaleureuse et familiale des CEMÉA, renforcée par l’organisation collective des repas, les échanges informels et l’entraide naturelle entre participants. Cette atmosphère a favorisé un sentiment d’appartenance, malgré la diversité des langues et des cultures. Les conférences du soir, dont celle consacrée à « Montessori et nouvelle éducation », ont suscité débats et interrogations. Patrizia, qui a suivi la méthode Montessori dans sa formation, a été surprise par certaines interprétations présentées et a engagé une réflexion sur la transmission, la rigueur scientifique et les différentes manières d’aborder l’héritage des pédagogies actives. Si certaines idées lui semblaient en décalage avec son expérience, cette conférence a renforcé son désir de mieux comprendre les perspectives croisées de l’éducation nouvelle.
Les deux participants mettent en lumière l’importance de renforcer la mobilité internationale au sein de la FICEMEA. Au-delà des dispositifs financiers, ils appellent à multiplier les échanges entre centres, à établir un réseau stable permettant aux jeunes et aux professionnels formés en CEMÉA de vivre des immersions transnationales, à documenter les pratiques éducatives des différents pays, et à rendre accessibles les pédagogies actives dans les parcours universitaires, notamment à l’heure où l’intelligence artificielle transforme le monde du travail et redéfinit les compétences transversales nécessaires aujourd’hui.
Lamine retient de son côté la richesse des apprentissages vécus, l’importance du cadre coopératif et la découverte de la reconnaissance institutionnelle dont bénéficient certaines qualifications françaises comme le BAFA. Patrizia exprime une profonde gratitude envers les organisateurs, les formateurs, les équipes de cuisine et de service, ainsi que les participants qui l’ont accompagnée. Tous deux évoquent les rires, les moments forts, les amitiés nouvelles et la conviction que cette expérience marquera durablement leur engagement éducatif. Ils espèrent poursuivre cette dynamique lors de Convergence 2026, convaincus que les REN constituent un espace vivant, puissant et transformateur où la pédagogie prend sens par l’expérience, la coopération et l’ouverture au monde.
- Lamine DRAME
- Patrizia DE VITO


