Ceméa du Tessin : Le conflit est une ressource, réflexions suite à une demi-journée d’étude

De 2011 à la fin 2015 en Suisse, la Confédération (au niveau national), les cantons (au niveau régional) et les communes ont mis au point le programme de prévention “Les jeunes et la violence”. Pour de plus amples détails, nous vous invitons à consulter le site www.giovanieviolenza.ch, disponible en trois langues (italien, français et allemand).

Ce programme, sous-divisé en trois rendez-vous nationaux, s’est déroulé dans chacune des régions linguistiques suisses (pour plus d’informations sur la Suisse, visitez www.admin.ch ou www.ch.ch).

Suite à ces congrès nationaux ont eu lieu des rencontres régionales.

Pour la Suisse italophone, la rencontre s’est tenue le 14 novembre à Manno, commune proche de Lugano. La journée était ouverte à tous, professionnels du secteur social aussi bien que personnes sans formation spécifique mais qui sont confrontées à des enfants et des jeunes.

La responsabilité de l’organisation a été confiée à deux institutions du territoire : la Conférence Tandem – Spicchi di Vacanza (que nous appellerons Tandem, www.tandem-ticino.ch) et le Département administration des affaires, de la santé et du social, et plus précisément à la Section travail social de l’Ecole universitaire professionnelle de la Suisse italienne (ou SUPSI, www.supsi.ch/deass).

Nous sommes impliqués dans cette dynamique en tant que Cemea, d’une part comme membre de Tandem, mais aussi personnellement en qualité de Président(e).

Le lecteur peut se demander pourquoi nous donnons ces détails d’organisation et c’est justement parce que ces facteurs ont créé une alchimie que la journée n’a pas suivi de manière servile les indications de ceux qui gèrent le programme “Les jeunes et la violence”.

Donc, se sont retrouvés autour d’une table pour réfléchir une institution chargée d’organiser, durant les vacances d’été, un planning d’évènements pour les enfants du canton de Ticino (Tandem), une École universitaire professionnelle qui s’occupe de la formation de base ou continue de travailleurs sociaux (SUPSI) et les Cemea des cantons de Ticino qui s’occupent de la formation informelle de diverses figures éducatives du territoire (consulter www.cemea.ch/ticino pour de plus amples informations).

Concrètement, c’est à trois institutions impliquées dans la promotion d’activités pour les jeunes, sur lesquels elles portent un regard positif, qu’il a été demandé d’organiser un événement qui a mis dans la même équation jeunes et violence.

Dès le début, le groupe de travail a ressenti le besoin de changer de point de vue, en souhaitant retirer du “pilori” le monde des jeunes, qui en soi n’est pas plus violent que celui des adultes. Au contraire, la différence est souvent dans le geste, moins “chirurgical” que celui d’un courtier financier qui d’un clic de souris décide de l’avenir d’une entreprise.

Donc, nous avons décidé de nous intéresser à ce qui se passe en amont du monde des jeunes, en nous demandant quel rôle peuvent aussi avoir les adultes dans leur façon de se positionner pour donner aux enfants et aux jeunes des instruments leur permettant d’affronter le conflit en évitant que l’exaspération ne les mène à la violence.

Ces deux éléments, l’équipe de travail et l’attention à ce qui se trouve en amont, ont déjà en soi quelque chose de novateur. Cela pourra sembler évident mais, quand on parle du binôme jeunes et violence, les personnes de référence qu’on interroge le plus souvent sont celles qui font généralement face à des jeunes posant problème.

Nous ne voulons pas ici sous-évaluer la situation ni nier qu’il y ait des jeunes ayant besoin d’aide qui hurlent leur mal-être en agissant de manière parfois féroce, loin de là ! Mais vous est-il jamais arrivé de participer à un groupe de travail dans lequel un responsable de colonie résidentielle explique l’importance d’utiliser de jeunes moniteurs et d’avoir autour de la même table un travailleur social (au sens large) qui décrit un projet de prévention secondaire ou tertiaire ? L’attention se focalise sur ce dernier et fait passer l’action dans la catégorie de l’évidence ou de la banalité. Chose que nous savons ne pas être, et tous deux avons le même droit de citoyenneté ! On courrait le risque de croire que l’action éducative n’a de valeur que lorsque nous sommes confrontés à des cas complexes, à connotation négative.

Pour en revenir à l’organisation de l’évènement, des réflexions préliminaires ressort comme trame de fond :

Le conflit est une ressource. Une communication efficace pour la gestion des conflits avec les enfants et les adolescents.

C’est Daniele Novara, pédagogue, consultant et formateur, fondateur du Centre psychopédagogique pour la paix et la gestion des conflits (www.cppp.it), qui a animé la formation.

L’évènement, comme vous l’aurez déjà remarqué s’est tenu après les attentats de Paris.

Ce facteur n’a pu que conditionner cet évènement. Daniele Novara nous a amenés à réfléchir sur les diverses formes à développer pour une communication non violente avec les enfants et les adolescents.

Je ne veux pas faire un résumé, qui ne serait pas exhaustif par rapport à ce qui a été exposé par le pédagogue (vous trouverez son intervention intégrale – en italien – sur le site internet de Tandem, dans la section évènements), mais j’aimerais vous soumettre une réflexion : le souhait des organisateurs de la journée était de discuter du mode de se positionner des participants, en imaginant des pistes où ce seraient les adultes qui modifieraient leur comportement afin de provoquer un changement.

Malheureusement cela n’a pas eu lieu, malgré des stimuli dans ce sens : les participants ont cherché uniquement des réponses excluant un changement de positionnement dans le monde des adultes.

Le contact avec la réalité, avec les évènements de Paris, a sûrement bloqué cette décentration. La question demeure toutefois ouverte et d’actualité.

En tant que Ceméa, je crois opportun d’être parmi les promoteurs de ce point de vue différent.

Comment ?

Sans doute aucun, en soutenant et en donnant droit de cité à ce que les jeunes produisent de positif. Par exemple, un jeune qui donne sa disponibilité pour devenir moniteur en colonie ne fait pas quelque chose de banal mais d’incroyablement significatif, aussi bien pour les enfants qu’il rencontrera que pour lui-même.

En outre, en donnant des chances réelles à ceux et celles qui ont rencontré des difficultés dans leur formation de base qui les ont par la suite fragilisés, on crée des conditions pour éviter le recours à l’illégalité.

Mais surtout, je crois que notre action doit réussir à remuer le monde des adultes, en allant pratiquer l’éducation active partout. Chez soi, dans les bars, sur les places, dans les centres de formation… en cherchant à instiller un point de vue différent, à l’écoute des besoins des personnes et non pas indifférent et maximaliste. Un travail long et sûrement onéreux que nous ne pouvons cependant pas, en tant que Ceméa, nous exempter d’affronter.

 

Paolo Bernasconi, Secrétaire général des Ceméa du Tessin.

Traduction par l’association “Traducteurs sans Frontières”

Texte original ici

 

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Publié dans Suisse

Ceméa de Russie : Conférence internationale

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Plus de 800 personnes ont pris part à la conférence internationale scientifique et pratique intitulée : «L’Education non formelle des enfants et des jeunes dans le monde en transformation : Analyse des besoins, perspectives de résultats et de développement», qui s’est tenue le 15-16 octobre 2015 à Tcheliabinsk.

Cet évènement a été organisé par l’institut de la formation continue des enseignants de Tcheliabinsk (directeur Kespikov Vadey) et par l’association à but non lucratif « Centre d’assistance des methodes d’education active » (CADMEA, directeur Kislyakov Alexey). Cette conférence a reçu le soutien des membres de la FICEMEA.

La diversité des profils des participants a rendu cette conférence particulièrement dense et intéressante. En effet, nous avons eu le privilège d’accueillir les représentants des syndicats des enseignants, les chefs des organes de la gestion de l’education et des institutions d’enseignement, des pédagogues d’éducation, des professeurs des universitaires, des représentants d’organisations publiques à but non lucratif ainsi que des représentants d’associations de parents.

La conférence, la séance plénière et les ateliers ont été mis en ligne et diffusés par vidéo conférence. Cette rencontre internationale a pu être suivie et partagée avec nos collègues des départements de Tcheliabinsk, d’Ekaterinbourg, de Yaroslavle, d’Omsk, de Perm, de Hanti-Mansiysk et par la république du Kazakhstan.DSC_0110

L’allocution vidéo du directeur général des CEMEA France, Jean-Luc Cazaillon, a suscité un vif intérêt des participants de la conférence. De plus, l’intervention vidéo de la psycho-sociologue Joëlle Bordet sur « Politiques populaire d’éducation non formelle des jeunes en France : contexte socioculturel et historique » a reçu des réactions précieuses et positives.

Lors de ces deux jours, des discussions ont été consacrées aux problèmes que nous rencontrons actuellement :

  • l’accessibilité des programmes d’éducation non formelle aux enfants et aux jeunes,
  • les enjeux liés au processus de marchandisation de l’éducation non formelle des enfants,
  • le développement de la compétence professionnelle des pédagogues-organisateurs des loisirs et de l’éducation des enfants et des jeunes,
  • l’analyse des pratiques créatives dans le domaine de l’éducation non formelle et les possibilités de développement et d’innovation,
  • l’éducation, la socialisation des enfants les plus en difficulté,
  • l’élaboration d’outils d’étude,
  • les demandes sociales des parents concernant les programmes et les projets d’éducation non formelle des enfants et des jeunes.

Une résolution a été discutée et adoptée comme bilan de la conférence.

Vous pouvez visionner l’intégralité des matériaux de la conférence sur le site d’information et de communication de l’institut de la formation continue des enseignants de Tcheliabinsk (www.ipk74.ru).

Alexey Kislyakov, directeur des Ceméa de Russie

Traduction Olga Rusakova, responsables des relations internationales des Ceméa de Russie.

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Publié dans Russie

Les enjeux de la Fédération Italienne des Ceméa

La Fédération Italienne des Ceméa (FIT), constituée en 1971, a pour tâche de relier les centres (12), les groupes (5) et les correspondants Ceméa, présents dans diverses régions et villes italiennes. La FIT peut actuellement compter sur environ 200 formateurs et autant de collaborateurs et militants.

Elle organise des cours de formation pour divers types d’éducateurs (enseignants, opérateurs, animateurs, parents, bénévoles) et met en œuvre des projets nationaux et internationaux concernant l’éducation formelle et informelle. Cette année, la FIT a eu de plus en plus souvent l’occasion de soutenir et promouvoir les actions de la FICEMEA et de son réseau, du Forum Social Mondial de Tunis au séminaire international durant le congrès des Ceméa français, à la journée nationale Ceméa du 10 octobre au cours de laquelle, en particulier à Rome, ont été diffusés et discutés les documents élaborés par la FICEMEA après le séminaire de Namur, sur les thèmes de la marchandisation de l’éducation.

Nous avons continuer notre réflexion autour de l’international du 4 au 8 décembre 2015 à Ostuni, dans les Pouilles, où s’est tenu le congrès de la FIT CEMEA  ayant pour thématique

“Agir, éduquer, s’exprimer, entre racines et futur”

Les 60 personnes présentes ont travaillé autour des thématiques suivantes :

Transmission des compétences et des rôles fédératifs (passage de consignes intergénérationnel)

Comment évoluer en impliquant les nouvelles forces sans perdre le savoir des présences historiques ? De quelle manière partager un processus reconnu au niveau fédératif (entre diverses associations) d’accès aux fonctions formatives ? Est-il possible et utile de codifier un décalogue de prises de conscience Ceméa avec lesquelles orienter le parcours de ceux qui voudraient grandir au sein de notre mouvement ?

Fonctionnalités et devoirs de la Fédération Italienne : aspects organisationnels et institutionnels (Quelle structure? Quelles missions? Pour quels objectifs et résultats? )

Comment programmer nos initiatives sur plusieurs années ? Comment mieux partager et rendre plus explicites les objectifs de la Fédération ? Comment confier les charges et les rôles et pour combien de temps ? Quelle forme, y compris juridique, donner à la Fédération Italienne?

Partage des pratiques et modalités de collaboration (vérification éthique)

Comment pouvons-nous développer et adopter des instruments qui nous permettent de travailler à l’amélioration de la collaboration et au respect total de nos principes et d’éviter une exploitation interne et externe dans l’exercice de nos actions ?

Communication entre information et diffusion des contenus

Quel soutien au secrétariat pour arriver à nourrir des réflexions et à informer pleinement sur nos activités ? Comment réussir à utiliser au mieux les nouvelles approches “technologiques” pour la diffusion de la connaissance ? Comment développer une réflexion sur les thèmes éducatifs qui permette de partager et de produire des textes et construise une capacité collective d’informer et de diffuser des contenus Ceméa ?

Formation et reconnaissance de la formation

La formation effectuée par les Ceméa est l’élément caractéristique de notre mouvement.

Trouvons-nous avantageuse cette condition d’“autonomie” de chaque association dans son territoire respectif, ou voulons-nous changer cette situation ? Nous devrons peut-être réinitialiser notre formation pour qu’elle puisse être validée ? La Ludea nous suffit-elle ? Les contenus que nous traitons sont-ils nécessaires et suffisants ?

L’actualité éducative des principes des Ceméa

Nous avons une attitude sage qui n’explicite pas ce que nous proposons, au risque de perdre le sens profond de la proposition elle-même. Pensons-nous nécessaire ou possible un travail diffusé qui connecte les principes avec leurs champs d’application actuels et actualisés ? Comment la Fédération devrait-elle s’organiser pour connaître, joindre et aussi promouvoir des campagnes au niveau national ?

Rapports avec les mouvements de l’éducation active

Les Ceméa sont un des mouvements historiques de l’éducation active, au même titre que MCE ou Montessori (entre autres). Alors que beaucoup des militants Ceméa ont été ou sont encore actifs au sein de ces autres mouvements, nous n’avons que rarement collaboré et posé des questions concernant les thèmes de l’éducation ni ne nous sommes organisés pour promouvoir une meilleure reconnaissance de nos pratiques et spécificités.

Pensez-vous que ce soit une condition nécessaire ou à dépasser, et dans ce cas, en faisant quoi ?

Positionnements internationaux avec le réseau FICEMEA

Comment serait-il opportun d’agir pour développer une coordination des propositions et une synergie des relations qui permette un positionnement cohérent et garantisse des réalisations efficaces ? Quelle thématiques pouvons-nous proposer à la Ficeméa pour pouvoir nous sentir plus impliqués et en tester la force éducative et politique ?

M.Cristina Brugnano,

Traduction par l’association “Traducteurs sans Frontières”

Texte original ici

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Publié dans Italie

Un nouveau membre au sein de notre réseau : les Ceméa Haïti

Depuis le dernier conseil d’administration, qui s’est tenu du 24 novembre au 2 décembre, nous avons le plaisir d’accueillir un nouveau membre au sein de notre réseau : les Ceméa Haïti.

Parrainée par les Ceméa France et plus particulièrement soutenue par l’Association Territoriale des Ceméa de la Martinique, les Ceméa d’Haïti ont proposé, depuis 2013, un projet ambitieux qui mêle à la fois une campagne de plaidoyer pour le respect du droit à l’éducation et des activités qui incluent la participation de la société civile à une réflexion plus large sur le système éducatif en Haïti.

Les activités des Ceméa Haïti

  • Formation des enseignants
  • Formation des Travailleurs Sociaux
  • Programme de parrainage
  • Accompagnement des Jeunes
  • Organisation de vacances et de loisirs
  • Travailler à l’élimination de la discrimination dans le système éducatif haïtien ;
  • Promouvoir la protection de droits des enfants orphelins et vulnérables pour une méthode d’éducation active
  • Aider et Former des Enfants de la rue
  • Formation des adultes et des éducateurs vivant dans les milieux ruraux
  • Formation des personnels de la santé mentale,
  • Formation des Animateurs

L’inscription des Ceméa Haïti comme acteur sur les questions éducatives en Haïti

L’association Les Cemea-Haiti, se propose de mettre en chantier un ensemble : de recommandations, de propositions, d’actions et de revendications en faveur de la société civile haïtienne au travers d’un réseau d’acteurs.

  • Plaidoyer pour un Ministère de l’Enseignement Supérieure et de la Recherche Scientifique en Haiti
  • Participation à l’augmentation de l’offre publique d’éducation en privilégiant les communes les plus défavorisées et tenant compte de la carte de la pauvreté.
  • Participer à la formation continue pour l’amélioration des conditions des Enseignants
  • Participer réflexion sur la rénovation du système éducatif
  • Participer à l’alphabétisation de personnes et mettre en place des activités de post-alphabétisation sur l’horizon 2015-2020, en reprenant le dispositif du plan global préparé par la Secrétairerie d’Etat à l’Alphabétisation (SEA) depuis 2006, tout en mobilisant les services des ONG, des écoles, des institutions religieuses, des Organisations Sociales, des mairies et autres services publics.

 La marchandisation de l’éducation

L’association Global Initiative for Economics, Social and Cultural Rights met en œuvre une recherche sur Haïti. Selon l’association « Ce pays possède la plus grande part d’enseignement privé au monde. La scolarisation dans les établissements privés représenterait entre 80 et 90% des effectifs scolaires. Ils ont historiquement joué un rôle important en Haïti, mais la part du privé s’est encore accentuée durant les dernières années, notamment après le tremblement de terre de terre de 2010, en partie à l’initiative des bailleurs de fond internationaux, qui ont soutenu directement les acteurs privés, y compris à travers des partenariats public-privés (tel qu’avec le financement du Partenariat Mondial pour l’Education).

Cette prépondérance des acteurs privés dans le système éducatif Haïtien et le soutien croissant qu’ils reçoivent, au détriment du secteur public, pose de nombreuses questions. D’un côté, les écoles privées ne sont pas accessibles à tous, créant des inégalités, et sont peu régulées. De l’autre, elles peuvent apparaitre comme la seule solution dans un Etat où les institutions publiques fonctionnent mal. Elles font également parties intégrantes de l’histoire et du système du pays, et sont protégées par la constitution haïtienne, qui dispose que « L’État encourage et facilite l’initiative privée » afin d’atteindre la « scolarisation massive ».[1] De plus, à la suite du tremblement de terre, l’Etat a été largement désorganisé, ce qui a pu justifier le soutien à des écoles non-publiques.

Dans ce contexte, il est utile d’analyser le rôle des acteurs privés dans système éducatif Haïtien afin d’en mesurer les impacts, et dans la mesure où des atteintes aux droit à l’éducation seraient trouvées, d’en déterminer les responsabilités, afin de pouvoir formuler des recommandations qui serviront de bases à un plaidoyer auprès des différents acteurs impliqués. Deux questions se posent en particulier :

  • Quel est l’impact du développement de l’enseignement privé en Haïti sur la réalisation du droit à l’éducation ?
  • S’il y a un impact négatif, quelle est la responsabilité des bailleurs internationaux en rapport à leurs obligations en droit international des droits de l’Homme ? »

Les Ceméa Haïti sont parties prenantes de la mise en place de cette recherche qui s’articule avec le travail mené au niveau international par la Ficeméa au sein du consortium contre la marchandisation de l’éducation.

[1] Article 32-2, http://www.leparlementhaitien.info/lesenat/fr/connaissance-du-senat/constitution-1987-amendee.html?showall=1&limitstart=.

 

Pour toutes informations vous pouvez contacter

Aubens Henker Fermine

Centre d’Entrainement aux Méthodes d’Education Active en Haiti (Cemea-Haiti)
3, rue st paul delmas 33,Delmas, Port-au-Prince Haiti
Phone: (509) 37604381/ /3792-4534/ 36543301
P.Box 30172
Email: cemeahaiti@yahoo.fr

 

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CEDEM – Prestation de serment : Je ressens une grande responsabilité, a déclaré Rita Venkatasawmy

venkatasamy8decLa nouvelle Ombudsperson for Children, Rita Venkatasawmy, a prêté serment ce matin à la State House devant la Présidente p.i de la République, Monique Ohsan-Bellepeau, en présence de ses proches. Dans une déclaration au Mauricien après la cérémonie de prestation de serment, elle affirme : « Pour être franche, je ressens une grande responsabilité. Je sens que les enfants de la République de Maurice, car il ne faut pas oublier Rodrigues et Agalega, ont besoin de moi. J’ai le devoir de les protéger. J’ai une pensée spéciale pour les enfants qui vivent dans les centres qui ont droit à une protection spécifique même si je sais que ce n’est pas facile, de l’intérieur. »
Une des premières tâches à laquelle s’attellera Rita Venkatasawmy sera d’étudier le rapport Vellien en profondeur. « C’est une excellente base de travail », affirme-t-elle au Mauricien. Denis Vellien a été le président du Fact Finding Committee mis en place par le ministère de l’Égalité des genres, du Développement de l’enfant et du Bien-être de la famille pour enquêter sur des problèmes survenus au sein de certains abris pour enfants. Dans son rapport, rendu public le mois dernier, le FFC recommande entre autres la suppression progressive des « shelters », en faveur des familles d’accueil ou des structures à taille familiale pour accueillir les enfants en difficulté. L’adoption est une autre solution recommandée par ce FFC et ce, en conformité avec la Convention internationale des droits de l’enfant des Nations unies. Rita Venkatasawmy, jusqu’à tout récemment directrice du Centre d’éducation pour le développement de l’enfant mauricien (CEDEM), inta une très longue expérience dans le domaine pour avoir travaillé pendant plus de 30 ans avec les enfants dont certains souffrent de handicap ou ont été victimes d’abus divers. L’objectif était d’« améliorer la qualité de vie de ces enfants ». Le CEDEM accueille aujourd’hui 150 enfants dans des classes spécialisées et une trentaine d’enfants dans son « shelter ».
La nouvelle Ombudsperson for Children prend ses fonctions demain au siège de l’organisme à Beau-Bassin. Elle y rencontrera son prédécesseur, Vidya Narayen, pour le transfert des responsabilités et des dossiers. Mme Narayen quant à elle prêtera serment comme vice-Présidente de la République devant la Présidente de la République Ameenah Gurib-Fakim, à son retour au pays après sa visite officielle en Inde.

Article paru dans Le Mauricien | 8 décembre, 2015

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Publié dans CEDEM, Maurice

Bilan moral et financier 2015

L’association nationale scientifique des jeunes « découverte de la nature » a été créée en 1991, dans le but d’assurer une contribution à la préservation de l’environnement, la promotion d’actions spécifiques en direction des jeunes et des échanges et la coordination avec les institutions concernées par les questions liées avec l’objet de l’association. Les objectifs principaux de l’association s’articulent autour des éléments suivants :

  • Le développement de la culture scientifique dans le milieu de jeunes.
  • L’organisation et l’animation du loisir scientifique.
  • L’Information des jeunes sur les diverses activités de l’association.
  • La sensibilisation du grand public sur les questions de l’écologie et de l’environnement en vue de favoriser l’émergence de nouveaux réflexes en rapport avec la protection de la nature.
  • L’incitation des institutions éducatives à entreprendre des actions au profit des élèves pour la «découverte de la nature».
  • La mise à contribution des médias nationaux pour une meilleure prise en charge des thématiques liées à l’écologie.
    L’année 2015, a connu un net recul des activités de notre Association malgré le déploiement d’un important programme de formation et d’information des jeunes ainsi que la sensibilisation du public aux questions liées à la préservation de la nature et ce en raison de l’absence de subventions.
    Les membres de l’Association ont également participé à des rencontres internationales portant sur la protection des milieux marins et particulièrement la mer méditerranée et sur la gratuité de l’école en Afrique.

Consultez le Bilan 2015 NATIONALE

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Publié dans ASJDN

Projet “quartiers ouverts”

L’Assemblée de coopération pour la paix a conçu une importante ligne de travail dans le Nord (Espagne et Europe), afin de transformer notre réalité la plus proche en modèles de société engagés envers la justice sociale, la lutte contre la pauvreté et envers des valeurs telles que la paix, l’égalité et le respect de la diversité.

Depuis plus de 15 ans, nous exerçons notre activité selon cette orientation en centrant notre travail sur les écoles et les centres d’enseignement ; mais le nouveau contexte social, politique et économique environnant nous a obligés à dépasser les espaces strictement académiques et à déployer notre intervention vers les QUARTIERS, en tant qu’éléments fondamentaux de coexistence et de proximité avec la société. C’est cet objectif qui est à la base du projet BARRIOS ABIERTOS (QUARTIERS OUVERTS) qui se développe depuis quelques années dans différents quartiers de villes comme Gijón, Albacete, Saint-Jacques-de-Compostelle ou San Juan de Aznalfarache. Le programme débute également à Palma de Majorque, Barcelone et Valence, entre autres.

 

Barrios Abiertos est un programme d’intégration sociale et de coexistence, du point de vue du droit, de la citoyenneté et du respect de la diversité. Pour Barrios Abiertos, l’intégration est envisagée comme étant un processus pluriel qui considère l’état de bien-être sous différents aspects. C’est la raison pour laquelle l’intégration des personnes doit être prise en compte d’un point de vue multidimensionnel, tout en renforçant les capacités des différentes structures, qu’elles soient sociales, d’enseignement, culturelles ou de participation. Le quartier constitue un territoire de référence où l’on retrouve toutes ces structures ; c’est également l’espace où la proximité des citoyens et citoyennes est la plus importante. C’est d’ailleurs par cette proximité que le quartier est à l’origine de différents espaces de coexistence, formelle ou informelle, qui doivent être renforcés pour que cette coexistence soit à la base de principes tels que le respect de la diversité, le dialogue interculturel et l’approche horizontale. De cette façon, Barrios Abiertos vise à favoriser les capacités de coexistence et d’intégration au sein des espaces les plus formels du quartier (centres d’enseignement, centres de soins, centres sociaux de proximité) ainsi qu’au sein des espaces informels tels que les associations de riverains et le reste du tissu social.

Les piliers fondamentaux qui soutiennent la méthodologie du programme sont les suivants :

LE RENFORCEMENT DES CAPACITÉS DE COEXISTENCE ET D’INTERCULTURALITÉ DES SERVICES PUBLICS DU QUARTIER, PAR LE BIAIS D’ACTIONS ÉDUCATIVES AUPRÈS DE L’ENSEMBLE DES CITOYENS ET DE SENSIBILISATION SOCIALE

La santé et l’éducation sont des droits sociaux fondamentaux pour l’ensemble des citoyens. Le fait de garantir ces droits suppose de garantir la prestation de ces services de manière universelle, plurielle et juste. De la même manière, la santé et l’éducation sont des axes prioritaires dans le travail auprès des populations de migrants vivant dans les quartiers. À travers notre programme, nous proposons des séances de formation et mettons au point du matériel de sensibilisation pour le personnel sanitaire des centres de soins des différents quartiers où nous exerçons notre activité.

Nous encourageons également des actions et des activités dans les centres d’enseignement, afin d’encourager l’interculturalité et la coexistence au sein des écoles. Nous souhaitons aussi que les écoles soient des espaces ouverts à la communauté, où la participation des familles et l’interaction avec les agents sociaux présents dans le quartier sont bien réelles. Ainsi, nous intégrons aux programmes des écoles des forums vidéo, des contes ou des exposés didactiques afin de travailler sur la citoyenneté et la coexistence interculturelle, dans le but que ces activités scolaires ou extrascolaires puissent être mises en œuvre par le tissu social, très varié dans cette zone. Nous renforçons également la diversité culturelle, pour chaque territoire, au cours des différentes célébrations traditionnelles ou d’enracinement qui ont lieu dans les écoles (en incluant des plats d’autres endroits, des jeux d’autres cultures…, afin d’encourager l’échange d’expériences et l’interculturalité).

Une autre façon de renforcer les capacités des services publics du quartier est le travail en coordination avec les centres municipaux de proximité (les centres municipaux sont des espaces qui réunissent pour chaque quartier les services de proximité de la ville : services sportifs, sociaux, administratifs, de loisirs, etc.). Barrios Abiertos nous permet de programmer, en même temps que la direction de ces centres, différentes activités mensuelles, à travers l’offre ludique et sociale qu’il propose. Nous assurons des cours d’espagnol pour étrangers, des ateliers de radio, des cours de théâtre pour enfants, toujours dans une perspective d’intégration sociale et de coexistence.

RENFORCEMENT DE LA PARTICIPATION ET DE LA FORMATION DE LA POPULATION IMMIGRANTE DU QUARTIER

Pour cela, nous essayons de mettre la population immigrante en contact avec le tissu social existant dans le quartier. L’idée n’est pas de proposer de nouvelles formes de participation ou de nouvelles offres de formation ; nous souhaitons faciliter les canaux de communication et rapprocher la population aux structures sociales normalisées, déjà existantes dans le quartier. Nous organisons pour cela des présentations et ouvrons de nouvelles formes de participation dans les associations de riverains, les associations de parents des centres d’enseignement et dans les autres associations de référence, dans tous les quartiers.

LA DIFFUSION ET LA VISIBILITÉ DE LA DIVERSITÉ, UNE VALEUR AJOUTÉE ET POSITIVE POUR LE QUARTIER

Il est évident que pour réussir tout ce qui a été cité précédemment, un important travail de diffusion, de visibilité, d’incidence et de sensibilisation est nécessaire. La campagne de diffusion « Barrios Abiertos » a été conçue avec un double objectif : rendre plus visible la réalité interculturelle du quartier et sensibiliser l’ensemble des citoyens sur la valeur de la diversité et la coexistence. C’est ainsi qu’une identité graphique a été déterminée et le programme a été doté d’un logo, d’un slogan et d’une stratégie de communication et de sensibilisation sociale. Le message au cœur de la campagne est le suivant : « Toi et moi faisons notre quartier » ; son but est que les personnes du quartier sentent que les maisons, les rues, les commerces et les services publics sont des éléments ouverts et pluriels où la diversité est une valeur positive pour la coexistence. De plus, ensemble, les citoyens deviennent des acteurs cruciaux pour la construction de ce genre de quartier. Cette campagne nous a permis de réaliser différentes actions de marketing dans les rues : peintures murales sur les équipements urbains du quartier, campagnes de sensibilisation sur les radios communautaires des quartiers, participation à des événements sportifs, où l’image de Barrios Abiertos était présente, etc. Nous avons donc fait en sorte d’utiliser la communication et la publicité en tant qu’outils pour rendre plus visible la diversité existant dans les quartiers.

Avec Barrios Abiertos, nous souhaitons construire un modèle de coexistence ouvert et pluriel, aux côtés des organisations sociales et de l’ensemble des citoyens. Nous souhaitons arriver à un modèle de quartier qui luttera contre les inégalités, où les écoles seront ouvertes, où l’on trouvera des centres d’enseignement pour chacun et chacune, où les espaces de participation seront effectifs.

Parce que toi et moi, nous faisons notre quartier.

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Publié dans ACPP

2016 Impliquons-Nous !

Mes amies, mes amis,

 

Quel programme de vie vous souhaiter en ce début 2016 ?
Comment répondre aux multiples questions et aux contradictions que nous rencontrons à chaque jour, à chaque instant ?

 

L’énergie et les capacités multiples d’Edgar Morin peuvent, je le pense, nous aider à construire ce siècle. Aussi, en guise de vœux très sincères et nourris d’espoirs, je vous livre ci-dessous quelques-unes de ses réflexions. J’espère qu’ensemble nous pourrons contribuer à les faire advenir. Ce serait une belle et bonne année 2016 pour vous, pour vos proches, pour  FICEMEA, pour moi, pour nous tous réunis en cette humanité que nous constituons.

 

Yvette Lecomte,

Présidente de la FICEMEA

 

« La question (…) est bien d’élaborer une voie nouvelle avec une politique de l’humanité et une politique de la civilisation. Une politique de l’humanité peut et doit prendre en charge des problèmes que normalement devrait résoudre le développement, par exemple le problème accru de la faim. Une politique de l’humanité devrait fournir aux pays  du Sud les dispositifs producteurs d’énergie verte, dont les centrales solaires et marémotrices. Une politique de l’humanité devrait être aussi une politique humanitaire à l’échelle du monde, qui permettrait de mobiliser la jeunesse des pays qu’on appelle développés dans un service civique planétaire, qui remplacerait les services militaires, afin d’aider sur place les populations dans le besoin. Une politique de l’humanité devrait permettre d’appréhender les problèmes tels qu’ils se posent dans les différents parties du globe et, au lieu d’une formule standard appliquée dans les contextes les plus divers, d’élaborer des actions spécifiques convenant à chaque contexte particulier. Une politique de l’humanité devrait être surtout une politique de la civilisation qui serait la symbiose entre ce qu’il y a de meilleur dans la civilisation occidentale et les apports extrêmement riches des autres civilisations. Une politique de l’humanité devrait respecter les savoirs, les savoir-faire, les arts de vivre des différentes cultures, y compris orales. Une telle politique de l’humanité devrait donc être une politique de symbiose planétaire, prônant le grand rendez-vous du donner et du recevoir dont parlait Léopold Sédar Senghor. En matière de santé, tout en conservant et en approfondissant les bienfaits de la médecine occidentale, elle devrait inclure les apports des médecines indigènes, non seulement des nations de tradition médicale millénaire, comme l’Inde et la Chine, mais encore celles des peuples archaïques d’Amazonie, alliant thérapies chamaniques et connaissance des plantes. Cette politique devrait pouvoir fournir gratuitement les médicaments, notamment contre le sida, aux pays du Sud… Quant à la politique de civilisation, prenant en compte les effets négatifs de notre civilisation occidentale, elle viserait à dépasser l’alternative croissance/décroissance dans la considération de ce qui doit croître/décroître/demeurer stationnaire. Elle viserait à restaurer les solidarités, à réhumaniser les villes, à revitaliser les campagnes et à renverser l’hégémonie du quantitatif au profit de la qualité de la vie, prônant le mieux plutôt que le plus…

(…)

La mise en œuvre de ces politiques implique aussi que soient entreprises un grand nombre de réformes : réforme politique, réformes économiques, réformes sociales, réforme morale, réforme de la pensée mais aussi et surtout réforme de l’éducation et réforme de la vie. Toutes ces réformes (…) sont interdépendantes. Elles s’entr’appellent les unes les autres et par là même leurs développements devraient leur permettre de se dynamiser mutuellement. Seul l’approfondissement de ces réformes, leur cheminement permettront de régénérer assez le monde pour faire advenir la voie vers la métamorphose.

(…)

Tout est à réformer, tout est à transformer. Mais tout a commencé sans qu’on le sache vraiment. J’en veux pour preuve tous ces différents projets qui, tous les  jours, éclosent dans toutes les régions du monde (…). Nous sommes (…) porte-voix des innombrables aspirations, efforts, essais, expériences d’une nouvelle civilisation qui veut naître – que j’appelle civilisation du bien-vivre (…) et qui devrait refouler la civilisation hégémonique du calcul, du profit, de la chronométrie, des intoxications consommationnistes, de l’alimentation industrialisée, des pseudo-besoins qui cachent le grand besoin de l’espèce humaine à l’ère planétaire : bien vivre dans l’autonomie et l’épanouissement du JE au sein du NOUS ».

 

Edgar Morin extrait de Impliquons-Nous. Dialogue pour le siècle. Edgar Morin, Michelangelo Pistoletto . Arles, Actes Sud, 2015

 

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Dessin réalisé par les Ceméa de la Fédération Wallonie-Bruxelles

 

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Commission régionale Afrique 2015 : La gratuité de l’école en Afrique

Dans l’élan de redynamisation de la Fédération Internationale des Centres d’Entraînement aux Méthodes d’Education Active (FICEMEA) impulsé depuis Namur en Belgique en novembre 2014, la commission Afrique a pris la résolution de s’y  engager par l’organisation régulière et systématique des rencontres des commissions régionales.

L’objectif général lors de cette rencontre à Abidjan du 26 au 30 aout a permis de créer une synergie dans la réalisation des actions des CEMEA de la commission Afrique et élaborer une vision concertée du thème de la gratuité de l’école en Afrique.

Consultez les actes :

Actes Afrique

 

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Interview de Annick Girardin : « Le nerf de la guerre, ce sera le financement des systèmes éducatifs »

 

photo annick GirardinAnnick Girardin, Secrétaire d’État au Développement et à la Francophonie, revient sur le rôle central de l’éducation dans la mise en œuvre des Objectifs du développement durable et sur la nécessité d’y mettre les moyens adéquats.

Article mis en ligne sur le site internet de Solidarité Laïque, membre du Réseau français de la Campagne mondiale pour l’éducation.

 

QUELS RÔLES L’ENFANCE ET LA JEUNESSE JOUERONT-ELLES DANS LA RÉALISATION DES OBJECTIFS DU DÉVELOPPEMENT DURABLE ? EN QUOI L’ÉDUCATION EST-ELLE UN LEVIER POUR ATTEINDRE CES OBJECTIFS ?

L’Agenda post 2015 que nous venons d’adopter à New York le 25 septembre dessine le monde de 2030. Aujourd’hui dans le monde, 1 personne sur 2 a moins de trente ans. Ces jeunes vivent à 90 % dans les pays émergents et en voie de développement. D’ici 2030, 400 millions de jeunes Africains vont rentrer sur le marché du travail. Les jeunes ne sont pas seulement le plus grand défi que doit affronter l’Afrique, mais aussi sa plus grande opportunité. Les jeunes gens qui risquent leur vie pour se rendre aujourd’hui en Europe ne sont pas seulement désespérés, ils sont aussi ambitieux et courageux. Cette ambition et ce courage est un atout considérable pour assurer la réalisation des ODD. Réussir le développement, c’est donc construire un avenir pour ces enfants et ces jeunes. Les ODD répondent à ce défi de deux manières.

La première c’est que l’agenda 2015 doit permettre en même temps de mettre fin à l’extrême pauvreté et de préserver la planète. C’est indispensable pour donner à chacun une vie décente, c’est-à-dire accès à l’eau, à la santé, à l’énergie, à l’alimentation. La seconde, c’est que nous avons adopté plusieurs ODD qui ciblent les plus jeunes. L’éducation est confirmée, comme dans les Objectifs du millénaire pour le développement, comme priorité pour le développement et la solidarité internationale. L’éducation et la formation, sous toutes leurs formes, formelle, informelle, académique et professionnelle, sont la condition première de réalisation de tous les droits humains et de contribution à un développement durable et équitable. En 2030, notre objectif c’est que chaque enfant ait accès à une éducation primaire et secondaire gratuite. Chaque enfant, cela veut dire aussi mettre fin aux inégalités entre les garçons et les filles. J’y suis très attachée.

QUELS SONT À VOS YEUX LES PRINCIPAUX FREINS À LEVER POUR ATTEINDRE CES OBJECTIFS, NOTAMMENT SUR LA QUESTION DE L’ÉDUCATION ?

Le nerf de la guerre, dans les pays pauvres, ce sera le financement des systèmes éducatifs. L’aide publique au développement doit y contribuer, bien sûr, mais il faut que les Etats prennent leurs responsabilités. C’est le sens de l’accord d’Addis-Abeba sur le financement du développement, qui est un programme de mobilisation pour la communauté internationale. Il est nécessaire que les Etats du Sud puissent lutter contre l’évasion fiscale, pour financer les services publics comme la santé ou l’éducation. Nous ne pouvons plus nous permettre que des montants 10 fois supérieur à l’APD échappent au contrôle des Etats et ne soient pas utilisés pour l’éducation et la formation des jeunes qui, rappelons-le, est la clé pour leur permettre de trouver un travail, se construire une vie, une famille, un avenir.

Il y a un autre aspect qui me tient à cœur. C’est le développement des territoires ruraux. Les déséquilibres avec les régions urbaines sont encore trop grands dans les pays en développement. L’éducation et la formation doivent être accessibles partout, dans les villes et dans les campagnes.

COMMENT ENVISAGEZ-VOUS LE RÔLE DES ORGANISATIONS DE LA SOCIÉTÉ CIVILE ÉDUCATIVE ? DE QUELLE FAÇON, ET NOTAMMENT EN MATIÈRE DE DIALOGUE AVEC LES POUVOIRS PUBLICS ?

La société civile est essentielle pour accompagner les pouvoirs publics et lui rappeler ses engagements. 2015 est une grande année pour le développement, c’est une année où de nouveaux objectifs sont fixés. J’ai souhaité associé le Réseau français de la Campagne mondiale pour l’éducation au Forum mondial sur l’éducation, car vous apportez une expertise précieuse liée notamment à votre diversité. 2015 est une grande année pour le développement, c’est une année où de nouveaux objectifs sont fixés. Mais le vrai travail, celui de la mise en œuvre, il commence maintenant. La société civile a largement participé à construire ce nouveau cadre, il faut qu’elle ait sa place dans sa mise en œuvre. Et puis, pour moi, les organisations non gouvernementales sont aussi des espaces d’innovation. J’évoquais tout à l’heure la question du financement. Elle est centrale, mais elle ne résoudra pas tout. Car l’éducation, ce n’est pas que l’école, je le sais bien moi qui vient des mouvements d’éducation populaire. J’attends donc des organisations de la société civile qu’elles poursuivent, en France et dans le monde, son ambitieux travail d’éducation à la citoyenneté. Car au-delà des chiffres, des indicateurs, nous n’aurons réussi les ODD que si chaque jeune se voit offrir la chance de devenir, réellement, un citoyen du monde.

 

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