- En Afrique Noire francophone, aujourd’hui, dans les villages, la scolarité et, a fortiori, la préscolarité doivent vraiment être l’affaire de toute la communauté.
- D’où, pour le formateur, les 5 phases d’une information/sensibilisation/formation des adultes de cette communauté à mettre en place soigneusement :
- Souligner l’importance des premières années de la vie de l’être humain et des répercussions positives ou négatives qui suivront. Souligner également l’importance de l’environnement qui accueille l’enfant et de ce qu’il offre.
- Ne brûler aucune étape pour mettre en place la structure d’accueil. Qui va choisir le lieu ? Qui va construire l’abri ? Comment vont être établies les listes des 15 personnes qui vont s’organiser pour suivre la formation ? Quels critères faut-il proposer pour tout cela ?
Mener à bien le stage de base – Stage 1 (cf. brochure)
- Y-a-t-il un animateur de clos référent ? un formateur référent ? L’équipe locale doit obligatoirement soutenir, au quotidien, le travail des mères éducatrices. Durant cette période de 6 à 8 mois, il est indispensable d’établir un calendrier fixant un temps de régulation de quelque heures au moins toutes les 6 semaines. Ce stage pratique – stage 2– est sans doute le plus délicat (cf. CR)
- Les formateurs encadreurs retrouvent les mêmes collectifs de mères (les 15 personnes du stage 1) pour un stage de perfectionnement : stage 3. Les personnes ont des expériences à partager, elles sont plus conscientes de leurs tâches, elles affinent leur travail.
- Au moins 2 fois dans l’année, par la suite, il est indispensable que des moments (2 à 3 heures) soient programmés pour que mères éducatrices, formateurs (et) animateurs « évaluent» ce qui se passe, afin de réduire les écarts, qui existent toujours, entre la réalité et ce que l’on souhaiterait faire ensemble.
Des messages clés : Pour aider au développement optimal des enfants
- Affirmer et comprendre que c’est l’ensemble des besoins de l’enfant qui doit être pris en compte. Ils couvrent 3 domaines : biologique/affectif/intellectuel.
- Il faut améliorer la santé par de bonnes habitudes d’hygiène et un apport alimentaire bien composé.
- La réponse aux besoins affectifs doit être assurée par le choix d’un cadre de vie à la taille de l’enfant : effectif réduit (15) dans un lieu de vie sécurisant, présence des mères éducatrices dont la formation a mis l’accent sur l’importance de leurs relations avec les enfants et des enfants entre eux.
- Le développement intellectuel se construit en même temps que le corps grandit et se développe lui aussi. C’est à travers les activités dont il est spontanément avide que l’enfant améliore son fonctionnement corporel et intellectuel si ces activités font appel à son initiative et sa créativité.
- Affirmer et comprendre qu’un besoin ne se supprime pas, sous peine de nuire gravement à l’équilibre de l’être humain. Par conséquent, assurer : besoin de sécurité et besoin d’ordre/besoin d’affection ou au moins de sympathie/besoin d’activité personnelle choisie.
- Affirmer et comprendre que :
- Lorsqu’on est privé de sécurité, on peut voir apparaître inquiétude, angoisse, régression mentale,
- Lorsqu’on est privé d’affection, apparaissent des difficultés à établir des rapports sociaux, de l’agressivité, des difficultés scolaires, une délinquance juvénile,
- Lorsqu’on est privé d’action, on peut voir apparaître une agitation (souvent insupportable) ou un repli sur soi.
- Affirmer et comprendre la nécessité de mettre en place un lieu de vie:
- Les choses ont une place, points de repères dans un espace organisé,
- Les rites quotidiens sont des repères et l’ordre dans le temps,
- Les matériels, les matériaux sont là pour susciter ou soutenir l’activité,
- Le petit groupe (15 enfants), à la taille des besoins et des capacités des enfants, permet à l’enfant de sentir qu’il est une personne au sein du groupe.
Des recommandations pédagogiques
- On n’apprend pas, on ne se forme pas tout seul, mais avec les autres.
- On se construite en cherchant, par une démarche personnelle.
- Il est indispensable de vivre pour soi certaines situations, l’expérience personnelle est irremplaçable.
- L’absolue nécessité d’établir des relations « vraies » basées sur le respect, qu’il s’agisse des relations entre adultes, entre enfants, entre adultes et enfants.
- Faire en sorte que « ce qui se passe dans la structure » irrigue les familles/que les familles soient toujours associées à tout.
Entre autres préoccupations, quelques pistes à exploiter
- Aider les enfants à découvrir le monde qui les entoure :
- Ils apportent, avec leurs mères, leur matériels, installent et rangent leur lieu de vie chaque jour.
- Dans leur village, ils repèrent la maison des copains, des mères éducatrices,
- Quelquefois ils écoutent des bruits et cherchent d’où ils proviennent,
Ils vont au jardin des mamans explorer ce qui pousse…
Ils repèrent l’arbre où les pintades vont dormir…
Ils vont voir celui qui fait les nattes/les calebasses/le départ de la mariée/la fête/la vaccination des bébés/les potières/les teinturières…
- A l’aide de cartes postales, ils retrouvent les scènes de la vie quotidienne africaine d’ici et d’ailleurs.
Ils sont sensibles à ce milieu naturel et humain parce que leur attention a été sollicitée par leurs mères éducatrices. Très vite, ce sont eux qui prennent l’initiative de faire partager leurs découvertes !
- Amener les enfants à intérioriser des notions d’hygiène et des valeurs sociales
- Essentiellement par le climat qui s’instaure à travers les relations interpersonnelles et les habitudes communes qui s’installent.
- Aussi par l’organisation du lieu de vie connue de tous parce que tous y participent.
- Par les règles de vie mises en place grâce aux différents rituels quotidiens : les ordures dans la poubelle/utiliser savon, eau de la bouilloire, latrines/remettre les sacs de jeux à leur place/se regrouper sur cette natte pour écouter l’histoire….
- Des contes, des récits, des images sont porteurs de valeurs et les enfants et les adultes s’imprègnent de ces valeurs.
- Apprentissage de jeux traditionnels et confection de jouets fabriqués avec des matériaux locaux et/ou de récupération (cf. la brochure « jouer, jouer… »)
- Permettre aux enfants de découvrir les matériaux contenus dans les sacs, de pouvoir explorer tout ce qu’ils imaginent avant de leur faire une ou des propositions à expérimenter.
- Inviter les enfants à enrichir par leurs apports des contenus de sacs (graines, fruits secs ou noyaux, capsules récupérées, cailloux petits et noirs, tout plats, ou tout ronds, ou tout jaunes… et fabriquer avec eux des jeux de tri/de paires/des puzzles…
- Inviter d’autres adultes (parents/artisans/visiteurs amis).
Ils savent fabriquer des sifflets avec des bois creux
des marmites en terre pour jouer avec le sable
des « tam tam » avec certaines calebasses
des « brouettes » pour jouer à courir…
* Remarque : Quelques illustrations, sous forme de schémas/photos sont à prévoir.
A Paris, le 16 juin 2003
Texte proposé par Yvette Poli