Une résolution du Conseil des droits de l’homme contre la marchandisation de l’éducation

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 Ce matin un jalon crucial a été posé par le conseil des droits de l’Homme. Pour la première fois, une agence intergouvernementale reconnait l’impact dramatique de la marchandisation de l’éducation et évoque la responsabilité des Etats dans la régulation et le contrôle des écoles privés. Cette résolution officielle émane d’une agence des Nations Unies : le conseil des droits de l’Homme (HRC).

Une résolution d’importance

Huit organisations de la société civile ont aujourd’hui accueilli la résolution du conseil des droits de l’Homme des Nations Unies exhortant les États à réguler et contrôler les prestataires privés de l’éducation et à reconnaitre le possible large impact de la commercialisation de l’éducation sur le droit à l’éducation.

Le Conseil des droits de l’homme (CDH) est l’organe politique des Nations Unies traitant des questions de droits de l’Homme. Dans la résolution adoptée par consensus par les 47 États membres, le CDH a pour la première fois réagi au phénomène grandissant de la privatisation et commercialisation de l’éducation.

Ce phénomène, et en particulier l’émergence à grande échelle des chaînes d’écoles privées à bas coûts ciblant les familles pauvres dans les pays en développement, a fait l’objet d’une vigilance accrue des organisations de la société civile et des Comités d’experts des Nations Unies au cours des derniers mois.

Camilla Croso de la Campagne Mondiale pour l’Éducation a réagi : « Le caractère rapide et incontrôlé de la croissance des prestataires privés de l’éducation a engendré une violation du droit à l’éducation, menaçant de faire disparaître les progrès de ces cinquante dernières années en matière d’accès a l’éducation. Cette résolution montre que les Etats ont réalisé qu’ils doivent agir maintenant pour réguler ces acteurs privés avant qu’il ne soit trop tard ».

Sylvain Aubry, de Global Initiative for Economic, Social and Cultural Rights, réagit : “Nos recherches ont systématiquement démontré que la privatisation de l’éducation entraine une ségrégation et une discrimination socio-économique dans les écoles envers les enfants les plus pauvres, en violation des obligations des Etats, comme cela a été reconnu dans le cas du Chili. La résolution adoptée aujourd’hui a mis en lumière l’obligation de mettre en œuvre l’égalité des chances dans l’éducation pour tous sans discrimination. »

La résolution demande aux Etats de « mettre en place un cadre réglementarire» qui établisse un des normes et standards minimums pour « contrôler les prestataires de l’enseignement privé ». Delphine Dorsi, du Right To Education Project, commente : « Il est fondamental de rappeler aux Etats leurs obligations, tel qu’établies par le droit international, de réguler les acteurs privés, à un moment où où un nombre important d’entre eux se multiplient, particulièrement les entreprises éducatives multinationales, en tirant profit d’une faible régulation dans certains pays, et cela au détriment des droits des enfants et des parents».

La résolution du CDH appelle les Etats à s’assurer que l’éducation soit en cohérence avec les principes des droits de l’Homme. Angelo Gavrielatos de l’Internationale de l’Éducation explique : « Il est évident que la croissance de la marchandisation et de la privatisation de l’éducation compromet le droit à une éducation de qualité. Les gouvernements ne peuvent pas être autorisés à se désengager de leur obligation de fournir une éducation publique de qualité pour chaque enfant. Comme stipulé dans les traités des droits de l’Homme, l’éducation est un pilier fondamental pour une vie digne et doit être protégée en tant que tel».

Cette résolution confirme de manière décisive que l’éducation est un bien public. Selon Tanvir Muntasim, d’ActionAid International, « c’est la troisième fois en un an, à la suite de l’accord de Mascate de mai 2014 et de la déclaration d’Incheon de Mai 2015, que les Etats déclarent l’éducation comme un bien public. C’est une réponse ferme aux acteurs qui essayent de réduire l’éducation à une marchandise quand c’est un droit universel.

Le CDH insiste dans sa résolution sur « l’importance significative de l’investissement public dans l’éducation en utilisant toutes les ressources disponibles». Pour Katie Malouf Bous de Oxfam International, « trop de gouvernements ont négligé leur obligation de financer l’éducation de manière adéquate, entraînant l’ affaiblissement des écoles publiques et le renforcement de la privatisation des écoles. Des Investissements conséquents et adéquats pour offrir une éducation publique de qualité doivent être le remède à la privatisation».

Enfin, la résolution demande aux Etats de « soutenir les activités de recherche et sensibilisation pour une meilleure compréhension de l’impact majeur de la privatisation de l’éducation sur l’exercice du droit à l’éducation ». Ian Macpherson, de Privatisation in Education Research Initiative, affirme : « Nous avons travaillé avec nos partenaires au cours des dernières années sur les conséquences en matière de justice sociale de la croissance des prestataires privés de l’éducation et nous sommes prêts à collaborer avec les Etats pour mettre en œuvre cette résolution, étendre et renforcer nos recherches et le dialogue sur cette problématique cruciale».

obtenir une éducation gratuite et universelle pour tous d’exploiter la puissance de l’éducation pour briser le cycle de la pauvreté

« Il est maintenant temps pour tous les parties prenantes d’agir fermement pour mettre en œuvre cette résolution » conclut Tony Baker de Results Education Fund. « Cela concerne particulièrement les Etats mais aussi les institutions internationales et les donateurs, tels que la Banque Mondiale, qui ont investi dans les écoles payantes au cours des dernières années. Ces investisseurs doivent se mettre en adéquation avec les efforts nationaux et mondiaux pour parvenir à une éducation gratuite et universelle pour tous et mettre à profit le pouvoir de l’éducation afin de briser le cycle de la pauvreté. Les acteurs du développement, en plus des gouvernements, doivent agir en conformité avec le droit international des droits de l’Homme.

Notes

Les Organisations accueillant cette résolution sont:

Documents

  • La résolution du conseil des droits de l’Homme: http://bit.ly/1IQEGAj
  • Un résume des récentes observations finales des organs des droits de l’Homme de l’ONU sur la privatisation de l’éducation: http://bit.ly/1QPZmlz

Le dernier rapport du rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l’éducation concernant la commercialisation de l’éducation: http://bit.ly/1CsI569

Traduction Ficeméa

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Le site de la Ficeméa

L’évolution de la Ficeméa se matérialise, aussi, à travers notre nouvelle politique de communication, fruit d’un travail de plusieurs mois. Nous avons le plaisir de vous annoncer la mise en ligne officielle du nouveau site de la Ficeméa accompagné de sa lettre d’information. L’objectif de ce nouveau site est de donner plus de visibilité à notre Fédération. Le site se veut être un espace d’information, d’actualité, mais aussi un espace d’archivage de la longue histoire de notre fédération. Il permettra plus d’interactivité avec et entre les membres ainsi qu’avec nos partenaires.
Vous y retrouverez des informations importantes sur la vie de notre réseau, des actions des membres, des projets portées avec d’autres réseaux et des éléments de compréhension de politique internationale en matière d’éducation.
Nous vous souhaitons une agréable découverte du site et nous vous invitons à être force de proposition d’articles, de témoignages d’expériences, de réflexions.
L’équipe de création du site www.ficemea.org :
Claude Brusini
Jean-Paul Liens
Sonia Chebbi

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Politiques Européennes

Dans le cadre de la participation de la Ficeméa à la plate-forme SOLIDAR un travail a été entamé pour développer une analyse sur l’inclusion et la protection sociale dans les programmes de coopération au développement de l’Union Européenne. Les informations fournies seront utilisées pour une publication destinée aux délégations de l’UE dans les pays participants et aux responsables de la coopération au développement et de la politique extérieure de l’UE à Bruxelles.
Le but de cet outil est de voir en quoi ces programmes comprennent (ou non) la promotion de la protection sociale pour tous ou l’un des repères et indicateurs suivants :
1) Améliorer l’accès aux services publics essentiels
2) Assurer la sécurité du revenu
3) Promouvoir une approche fondée sur le droit à la protection sociale
4) Assurer la participation de la société civile
5) Mobiliser des ressources pour financer les systèmes de protection sociale universelle

L’outil propose une sélection des priorités du programme de coopération entre l’UE dans chaque pays et invite à une réflexion à partir des questions suivantes :
 Que pensez-vous des priorités de la coopération entre l’UE et votre pays et pourquoi ?
 Croyez-vous que l’UE devrait se concentrer sur d’autres priorités et, si oui, pourquoi ?
 Quelles informations souhaitez-vous partager avec l’UE afin d’influencer ses politiques de coopération avec votre pays ?
 Quelles informations ou nécessités l’UE devrait prendre en compte au moment d’établir ses priorités de coopération avec votre pays et pourquoi ?
 Avez-vous des recommandations à adresser à l’UE ?

Si vous souhaitez rejoindre cette démarche n’hésitez pas à nous contacter.

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Éducation 2030

Le forum mondial de l’éducation s’est tenu du 19 au 22 mai 2015 à Incheon en Corée du Sud.

L’innovation majeure par rapport au programme “L’Education Pour Tous” (EPT) précédent, 2000-2015, repose sur son inscription dans le nouveau cadre global du développement international : Les Objectifs du Développement Durable.

La nouvelle vision proposée lors de ce forum introduit l’idée que l’Éducation transforme l’existence des individus, des communautés et des sociétés.

L’agenda se recentre sur l’inclusion et l’équité : toucher les personnes marginalisées en raison de facteurs tels que les inégalités de genre, la pauvreté, les conflits et les catastrophes, le handicap, l’âge ou l’isolement.

Une autre avancée de ce nouveau cadre d’action est de ne pas limiter la question de l’éducation à celle de l’accès. Les dimensions de qualité de l’éducation et de l’apprentissage tout au long de la vie sont devenues des approches centrales.

Le Forum a réuni plus de 130 ministres gouvernementaux, des lauréats du prix Nobel, des représentants des organisations internationales et non-gouvernementales, des universitaires, des représentants du secteur privé, des chercheurs et d’autres intervenants majeurs.

La fédération est intervenue, dans ce forum, conjointement avec l’Internationale de l’Éducation, Action Aid, OXFAM pour dénoncer les processus engendrés par la marchandisation de l’éducation à travers le monde. Ce panel d’intervenants a permis de proposer une vision large de ce phénomène. Le point de vue local à travers les récits d’expériences en Inde se sont articulés à une analyse politique et idéologique de ce phénomène grandissant. Cette conférence a problématisé l’expansion des activités à buts lucratifs dans le secteur de l’éducation, de l’enseignement et de l’apprentissage et a dessiné ses conséquences sur le système éducatif et plus généralement sur les questions de justice sociale.

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Publié dans Actions internationales, Institutions, UNESCO

Congrès des Ceméa France

Les Ceméa France organiseront à Grenoble du 19 au 23 août 2015 leur 11ème congrès qui réunira plus de 800 militantes et militants. Le congrès est l’espace de débats qui contribue tous les cinq ans à l’actualisation et à l’évolution du projet associatif du mouvement Français.
Dans la France d’aujourd’hui, engagée dans de profondes réformes de société et à la veille de grandes évolutions structurelles, les Ceméa souhaitent témoigner de leurs capacités à renforcer les dynamiques solidaires, les liens du sens quand ils font la preuve par ailleurs de leurs capacités à considérer les Territoires comme autant d’espaces singuliers.
Ce congrès devra permettre d’analyser l’environnement et ses grandes mutations. Il s’agira de mesurer l’impact des actions d’aujourd’hui pour mieux agir demain, en valorisant, en recherchant les leviers de leur propre développement. Enfin, ce congrès devra permettre d’envisager ce que seront les Ceméa de demain, en débattant des pistes, des propositions et des réflexions sur les espaces à investir et les perspectives d’évolution de notre mouvement.
Le congrès de Grenoble devra donc contribuer à inscrire le mouvement dans une dynamique prospective en phase avec les grands enjeux du monde d’aujourd’hui.

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Publié dans Ceméa France, Europe, France, Les associations membres

9eme Forum des jeunes de l’UNESCO

Le 9e Forum des jeunes de l’UNESCO aura lieu à l’automne 2015. Ce sera l’occasion pour des jeunes femmes et hommes de toutes les régions du monde de discuter des questions de jeunesse et de proposer des solutions qui seront soumises à la Conférence générale de l’UNESCO, la plus haute instance dirigeante de l’Organisation qui comprend 195 Etats membres.
Si vous souhaitez rejoindre les travaux préparatoires du Forum, vous pouvez:

1. Rejoindre la communauté des jeunes en ligne de l’UNESCO.
2. Pour les événements et les activités qui sont plus spécifiques à votre région, et concernant la possibilité de s’impliquer dans le travail de l’UNESCO au niveau local, il vous sera utile de contacter la Commission nationale pour l’UNESCO dans votre pays: http://www.unesco.org/ncp/index.php
3. Consulter le site web du Forum des jeunes de l’UNESCO, qui est régulièrement mis à jour avec des détails relatifs au Forum. Plus d’informations sur les différentes formes de participation seront publiées prochainement : http://www.unesco.org/new/fr/social-and-human-sciences/themes/youth/youth-forums/9th-unesco-youth-forum-2015/

Nous vous invitons également à consulter la Stratégie opérationnelle de l’UNESCO pour la jeunesse (2014-2021), qui vous informera sur le cadre guidant l’action de l’UNESCO sur la jeunesse. De plus amples informations sur notre travail dans ce cadre sont disponibles sur cette page : http://www.unesco.org/new/fr/social-and-human-sciences/themes/youth/

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Publié dans UNESCO

Charte sociale Européenne : protocole de réclamation collective

Le Conseil de l’Europe, organisation politique fondée en 1949, a pour but de garantir la démocratie, les droits de l’homme et la prééminence du droit. Tous les Etats européens qui s’engagent à respecter ces principes peuvent en devenir membres. Actuellement, 47 Etats font partie de l’Organisation.
La charte sociale européenne est un traité c’est-à-dire un texte international solennel que les États s’engagent à respecter quand ils le ratifient. La Convention européenne des droits de l’homme en garantit ses droits civils et politiques. La Charte sociale européenne, de son côté, en garantit ces droits sociaux et économiques.
Elle énonce des droits et libertés et établit un système de contrôle qui garantit leur respect par les États parties. Adoptée en 1961, elle a fait l’objet d’une révision récente et la Charte sociale européenne révisée de 1996, entrée en vigueur en 1999, remplace progressivement le traité initial de 1961. Les droits garantis par la Charte concernent tous les individus dans leur vie quotidienne en matière de logement, santé, éducation, emploi, de circulation des personnes ainsi que la protection notamment de la famille, des personnes âgées, des enfants, des personnes handicapées.
Le respect des engagements énoncés dans la Charte est soumis au contrôle du Comité européen des Droits sociaux (ci-après dénommé « le Comité »).
Ses quinze membres, indépendants et impartiaux, sont élus par le Comité des Ministres du Conseil de l’Europe pour un mandat de six ans, renouvelable une fois.
Il statue en droit sur la conformité ou non à la Charte des situations nationales des États parties.
Un Protocole, ouvert à la signature en 1995 et entré en vigueur en 1998, permet de saisir le Comité européen des Droits sociaux de recours alléguant de violations de la Charte. Les ONG peuvent se saisir de ce protocole de réclamations collectives dans le but d’améliorer la mise en œuvre des droits que garantit la charte. La procédure de réclamations a renforcé le rôle des partenaires sociaux et des organisations non gouvernementales en leur donnant la possibilité de s’adresser directement au Comité européen des Droits sociaux afin qu’il statue sur l’éventuel non-application de la Charte dans les pays concernés, à savoir les Etats qui ont accepté ses dispositions ainsi que la procédure de réclamations.

Pour plus d’information sur le site du Conseil de l’Europe

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Publié dans Conseil de l'Europe

Campagne contre le discours de haine

Des jeunes en campagne pour défendre les droits de l’homme en ligne
La campagne a pour objectif de lutter contre toutes les formes de discours de haine qui s’expriment en ligne, y compris celles qui affectent le plus les jeunes, comme le harcèlement et la haine par Internet. La campagne se fonde sur l’éducation aux droits de l’homme, la participation de la jeunesse et l’initiation aux médias. Son objectif est de limiter le discours de haine et de combattre le racisme et la discrimination sur Internet.

Objectifs de la campagne

• Sensibiliser le public au discours de haine en ligne, ainsi qu’aux risques qu’il comporte pour la démocratie et pour tous les jeunes, et promouvoir la maîtrise des médias et d’Internet;
• Aider les jeunes à défendre les droits de l’homme, que ce soit en ligne ou hors ligne;
• Réduire les seuils de tolérance vis-à-vis du discours de haine en ligne;
• Mobiliser, former et organiser en des réseaux en ligne de jeunes militants des droits de l’homme;
• Repérer les discours de haine en ligne et mettre au point des outils permettant d’y réagir de manière constructive;
• Soutenir et faire preuve de solidarité envers les personnes et les groupes visés par le discours de haine en ligne;
• Prôner l’élaboration d’instruments politiques européens consensuels pour combattre le discours de haine;

• Développer la participation et la citoyenneté en ligne chez les jeunes.

 

Outils de campagne en ligne

 

Mouvement contre le discours de haine page d’accueil

Ceci est une tribune en ligne pour toute personne souhaitant rejoindre le Mouvement contre le discours de haine. Vous pouvez télécharger ici vos déclarations ou messages personnels concernant le discours de haine. Ce site est la principale page d’accueil de la campagne, accessible au plus grand nombre et offrant des témoignages à travers des vidéos artisanales, des photos ou d’autres supports visuels. De jeunes animateurs travaillent dans les coulisses du site afin d’en assurer la sécurité et le respect.

Les détails des conditions d’utilisation peuvent être consultés ici.

 

Observatoire du discours de haine

Ceci est une base de données en ligne destinée à surveiller et partager des informations et des opinions sur les discours de haine circulant sur Internet. On peut consulter à partir d’ici toutes les sortes de discours de haine. Des modérateurs contrôlent et animent le site, en choisissant chaque mois des thèmes prioritaires en fonction des principaux centres d’intérêt de la communauté en ligne. Des fonctionnalités spéciales intitulées “Agissez” seront également mises à disposition s’il est décidé après discussion que le contenu d’un discours de haine exige de nouvelles actions. C’est l’endroit idéal pour débattre et agir!

 

Site Internet de coordination de la campagne

Si votre organisation souhaite se joindre à la campagne, elle peut le faire via ce site Internet. Il s’agit du portail des organisateurs de la campagne et des militants, qui fournit des informations mises à jour sur le travail accompli dans les coulisses de la campagne.

 

Pour plus d’information consultez le site du Conseil de l’Europe

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La Fabrique d’idées : Espace d’influence(s) par les Ceméa de la Fédération Wallonie Bruxelles

Les grands magasins, les stades de foot, les cinémas et les salles de spectacle, les gares et les aéroports, les rues, les parcs, les plaines de jeu ou les marchés matinaux… autant d’espaces qui s’offrent à nous, dans notre quotidien. Ou plutôt qui donnent l’impression de s’offrir à nous.

Car tous ces espaces sont envisagés, réfléchis et construits dans des logiques (d’urbanisme, de marketing, de gestion des risques ou de contrôle des foules…) qui nous échappent parfois et ont pourtant une influence considérable sur nos comportements et nos actes.

Comment sont disposées les allées d’une grande surface commerciale ? Quels sont les points communs et les différences entre les aménagements d’une prison, d’un hôpital… ou d’une école ? Que découvrons-nous quand nous observons les bancs publics ou les passages pour piétons d’un quartier ?

Et aux CEMEA ? Le centre de vacances s’inscrit-il dans le milieu où il s’installe ? Comment ? Quelles influences de ce milieu sur les activités proposées ? Comment aménageons-nous un espace de formation ? Selon quels critères, avec quels objectifs? Quels sont les effets de nos aménagements d’espaces sur les participant-e-s, les enfants ?

Autant de questions et de réflexions que La Fabrique d’idées 2015  a proposé de triturer lors d’un temps convivial de rencontre et/ou de retrouvaille !

Observer, se balader, photographier ou filmer, lire des plans, décoder… pour prendre conscience des logiques qui sous-tendent les aménagements d’espaces privés ou publics.  Faire des liens avec nos pratiques d’animation et de formation : la prise en compte du milieu, les aménagements, les activités, les espaces dédiés ou libérés…

 

Compte-rendu :

Vendredi soir. Emporté-e-s par Jafar Panahi, nous voyons défiler Téhéran à travers les vitres de son taxi, dans « un film qui parle de cinéma, qui pose la question du rapport au réel et qui affirme la dimension politique du cinéma ». « Un film de références, qui donne envie d’en savoir plus, de passer du temps au sec dans le taxi. » « Un faux vrai film qui dénonce les absurdités du pouvoir grâce à la détermination de l’artiste-résistant. »1 Le voyage a commencé. Un voyage à travers les espaces : quotidiens, festifs, publics, artistiques, de vente, de jeux ou de loisirs… Des espaces qui s’offrent à nous. Ou plutôt qui peuvent donner l’impression de s’offrir à nous. Samedi. Géraldine Brausch2 est venue à notre rencontre. À travers des exemples clairs et parlants, elle trace pour nous en quelques lignes l’histoire des enjeux spatiaux, du Moyen-Âge à nos jours, des léproseries à la prison, de l’hôpital à l’école, en passant par les centres commerciaux et les open-space. Elle nous ouvre les yeux sur un leurre : croire que l’aménagement seul d’un espace suffit à produire des effets. Un espace ne dit rien, ce sont les intentions qui l’animent, le projet qui lui donne vie. Potentiellement, tout est possible à partir d’un même espace brut, le pire comme le meilleur. Et Géraldine Brausch nous questionne à son tour : pourquoi cet intérêt pour l’aménagement de l’espace ? Serions-nous spatialistes ?

« Oh, hé… Pas si vite ! » rétorquent quelques-un-e-s…

Enrichi-e-s de ces réflexions, un peu chamboulé-e-s aussi, nous nous répartissons en trois groupes pour partir en exploration, avec pour missions d’observer, de décoder, de garder des traces (dessiner, récolter, photographier ou filmer…) pour prendre conscience des logiques qui sous-tendent les aménagements que nous allons voir. Un premier groupe part pour Médiacité, grand centre commercial populaire, pour observer les stratégies de mise en valeur des marchandises, les aménagements des rayons, les combines du marketing sensoriel. Après plusieurs heures de déambulation dans la galerie marchande, des dizaines de magasins observés et photographiés, les constats sont plus effrayants encore que ce que le groupe s’était imaginé. Le marketing sensoriel est partout. Chez un marchand de

jouets où est diffusée une odeur de biscuit et de vanille dès qu’on franchit la porte ; dans les couleurs rose-pastel d’une boutique de lingerie et les tons vifs criards d’un magasin de vêtements pour ados ; dans les différences de température entre magasins, surtout ceux où l’on vend des vêtements ; dans les musiques d’ambiance, les revêtements de sols, les jeux de lumière… Une prise de conscience un peu brutale pour certain-e-s, mais nécessaire : on nous prend pour des pigeons. Et on est surveillé. Partout. Tout le temps. Des caméras, plus ou moins discrètes, des détecteurs de mouvement, des vigiles… Un oeil noir nous regarde.

1Extraits des critiques produites par les groupes de vie.

2 Philosophe politique, auteure notamment de Architexto 7 avec Baumans et Deffet, architectes

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Un deuxième groupe se rend au Jazz Festival, où rendez-vous a été pris avec des responsables du Palais des Congrès, avec l’autorisation d’aller voir comment cela se passe « backstage » pour l’organisation d’un événement festif de cette ampleur. Le groupe est parti avec l’intention d’interroger le responsable de la sécurité sur les aménagements liés à la gestion des foules, à l’accueil et l’information du public, aux aspects de contrôle, de surveillance… Didier, le chefsécurité, est un gars plutôt serein. Même très serein. Nos questions, nos préoccupations le surprennent. Et ses réponses étonnent en retour. Combien de personnes pour gérer la sécurité du festival ? Trois ou quatre. Pour environ cinq mille personnes attendues. Des stratégies pour la gestion de la foule, une évacuation en catastrophe, la maîtrise éventuelle d’un dangereux terroriste… ? Pas nécessaire. Il ne se passe jamais rien de grave. Juste quelques débordements parfois, quand les étudiant-e-s font trop la fête. Ou lors des mariages turcs, quand les enfants courent partout… Car le prestigieux Palais des Congrès, nous l’apprenons, accueille aussi des événements moins renommés que le Jazz Festival. Un peu déçu, un peu déconcerté, le groupe quitte le Palais des Congrès en se demandant s’il n’est pas passé à côté de quelque chose, par ses questions tellement ciblées. Un troisième groupe est parti à l’aventure au Péri, logé sur les Coteaux de la Citadelle. « Le Terrain d’Aventures du Péri », c’est un endroit tout à la fois ouvert sur le monde et protégé, un lieu privilégié, éloigné des pressions extérieures. Les projets y germent comme de l’herbe folle. Les enfants et les jeunes sont maîtres des lieux, soutenus par une équipe d’animation disponible, mais pas étouffante. Les membres du groupe se séparent, déambulent, passent de découverte en découverte, au détour des sentiers et des jardins en friche. Ici, des instruments de musique « fabrication-maison » qui ne demandent qu’à être utilisés. Là-bas, des enfants qui s’activent autour de cabanes de toutes sortes, certaines perchées dans les arbres, certaines très sophistiquées avec pont-levis, fenêtres et volets, d’autres encore en cours de construction. Plus loin, d’autres enfants qui taillent la pierre : les maillets frappent, les éclats volent dans l’air, l’ambiance est affairée et joyeuse. Partout, l’espace est vivant, la nature est à la fois préservée et au service du projet. Rien, ou si peu, n’est figé, tout reste à investir en permanence, à transformer, à jouer… Le groupe quitte le terrain d’aventures en emportant un peu de sa sérénité dans ses poches.

Dimanche. Il est temps de nous pencher sur nous. Qu’en est-il des rapports à l’espace aux CEMEA ? Le centre de vacances s’inscrit-il dans le milieu où il s’installe ? Quelles influences de ce milieu sur les activités proposées ? Y a-t-il des effets attendus de nos aménagements d’espaces pour les participant-e-s, les enfants ? Quels sont nos espaces dédiés, vides ou libérés ? Qu’est-ce qui est de l’ordre de l’habitude, de la reproduction, des intentions conscientes, du contrôle et des contraintes, de la liberté laissée… dans nos aménagements ? Autant de questions passionnantes, pas forcément faciles à aborder. Des tensions sont pointées : entre besoins individuels et collectifs, entre un projet et la réalité d’un bâtiment, entre l’envie de laisser de l’espace et la nécessité d’un cadre maîtrisé. 2

Et le week-end se termine par des revendications autour de l’espace dans toute la complexité de ses dimensions, que les CEMEA doivent porter, à l’interne du mouvement ou vers l’extérieur.

« Arrêtons de nous cacher derrière les limites des bâtiments. »

« Les espaces ne sont pas définis une fois pour toutes, ils sont en perpétuelle interaction avec

ce qui s’y vit. »

« L’espace à lui seul ne suffit pas. »

« Établir plus d’espaces où l’on puisse être acteur en pouvant les transformer, les modifier.

Tout peut être possible, rien n’est immuable. »

« C’est nous qui influençons l’espace que nous utilisons. »

« L’interaction avec le milieu est primordiale dans le développement de l’individu. »

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Publié dans Ceméa de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Fédération Wallonie Bruxelles de Belgique, Les membres, Service d'Education Permanente Ceméa Tagués avec : ,

Les écoles low cost suscitent la polémique

Au Kenya, les Bridge International Academies accueillent déjà Kenya_près de 120 000 élèves défavorisés. Mais ce modèle privé, présenté comme une solution face aux défaillances de l’éducation publique, inquiète.

En haut d’une petite colline au pied de laquelle coule une rivière d’immondices, la Bridge Academy se repère de loin, avec son toit vert qui détonne dans l’immensité des tôles rouillées du quartier de Mathare, l’un des bidonvilles les plus dangereux de Nairobi. Ce toit vert caractéristique des Bridge International Academies, les Kényans commencent à le connaître : depuis 2009, ces écoles ont poussé comme des champignons à travers tout le pays, à raison d’une tous les cinq ou six jours en moyenne. Le pays en compte désormais près de 400, accueillant près de 120 000 élèves. Et c’est maintenant l’Ouganda voisin qui les voit se développer. Toutes sont bâties en quelques mois, sur le même modèle, dans des zones rurales ou des quartiers pauvres. Il ne faut pas plus longtemps pour former les enseignants qui travaillent dans ces écoles low cost nouvelle génération.

Équipés d’une tablette tactile reliée à l’antenne de Bridge à Nairobi, les professeurs n’ont qu’à suivre pas à pas le programme conçu par l’entreprise. Cette dernière promet un enseignement accessible à tous, à bas coût (6 dollars par mois, selon Bridge), et surtout de qualité, dans des pays où l’éducation nationale est bien souvent en faillite.

Par Xavier Bourgois – Écrit par à Nairobi

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Publié dans Ressources sur la marchandisation