Élection Européenne 2019

Démystifier le nationalisme

Les prochaines élections européennes en Mai 2019 vont être décisives pour le futur de l’Union Européenne, ainsi que pour l’ambition de ce grand projet souvent contesté. Face à la montée d’une frustration générale contre une Union qui n’offre ni dimension sociale ni de solutions européennes, les populistes et nationalistes vont ainsi chercher à gagner l’opinion publique dans leur campagne électorale.
SOLIDAR est convaincu que nous nous devons de répondre à leur arguments, pour combatte la désinformation et la propagande d’extrême droite. Nous présentons alors un premier manuel de contre-arguments qui offre les « munitions » nécessaires pour la campagne électorale et qui pourra décrédibiliser l’argumentaire populiste de droite.
Pour cette première étape nous avons choisi 9 questions :L’UE a-t-elle une valeur ajoutée dans notre vie quotidienne ?

1 – L’UE a-t-elle une valeur ajoutée dans notre vie quotidienne?

Beaucoup de citoyens se demandent quelle est la valeur ajoutée de l’UE, si ce n’est pas une dépense plus qu’un investissement pour pouvoir alors partager des institutions. Les nationalistes alimentent l’idée que l’UE est une entité absurde, détachée des problèmes quotidiens de la population mais continuant pourtant de gouverner nos vies. Mais l’UE est une valeur ajoutée: les États membres n’auraient pas pu obtenir les mêmes résultats dans de nombreux domaines sans appartenir à l’UE.


Quelques exemples sont :


• le programme Erasmus+1, qui permet à 4 millions d’étudiants, d’enseignants et de travailleurs de participer à des expériences d’apprentissage à l’étranger entre 2014 et 2020, et de financer des projets de la société civile dans le domaine de l’éducation et de la formation destinées aux jeunes.


• le Fonds social européen2, qui soutient l’inclusion sociale et l’emploi, alloue des ressources allant jusqu’à 43 milliards d’euros provenant des États membres qui ont plus de fonds vers ces États qui ont en moins.


• Le programme de Garantie pour la jeunesse3, qui depuis 2014 créé chaque année de l’emploi, des formations continues, en stage ou en apprentissage pour plus de 3,5 millions de jeunes.


• Le Fonds de solidarité de l’UE4, qui a transféré 5 milliards d’euros à 24 États membres et à leurs citoyens, victimes de catastrophes naturelles telles que des incendies ou des tremblements de terre. Sans la mise en commun des ressources de tous les États membres, la reconstruction des routes, des écoles et des logements pour les victimes auraient pris beaucoup plus de temps et le bilan pour la population locale aurait été insurmontable.

• le marché unique dans son ensemble, qui génère 233 milliards d’euros de commerce supplémentaire chaque année et créé 2,77 millions d’emplois, garantissant que les produits circulant en Europe respectent les normes les plus élevées du monde en matière de qualité, de sécurité et d’impact sur l’environnement.

Le partage de stratégies signifie le partage de règles, d’opportunités et de droits.

La Charte des droits fondamentaux6 garantit à tous les Européens des droits fondamentaux, créant ainsi un niveau de protection supplémentaire. Cela a pris beaucoup de temps, mais nous voyons enfin des développements positifs dans le domaine de la protection sociale. La proclamation du socle européen des droits sociaux à Gutenberg en Novembre 2017 est un exemple fondamental. Elle ouvre la voie à l’introduction d’une protection sociale pour tous les travailleurs, y compris ceux qui occupent des emplois atypiques (tels que les contrats zéro heure) et qui doit garantir à chaque travailleur en Europe le même traitement.

2 – L’UE promeut-elle le développement durable et l’emploi ?

Certainement mais pas assez !
L’UE encourage fortement la création d’emplois et le développement durable. En fait, c’est l’une de ses principales fonctions: 50% des fonds européens sont consacrés à la création d’emplois et à la croissance, ainsi qu’au soutien des régions les plus pauvres de l’Europe.
Une autre grande partie est investie dans l’agriculture, le développement rural et la protection de l’environnement.
Contrairement aux affirmations nationalistes, Bruxelles n’engloutit pas l’argent des États membres sans le leur restituer. 94% des fonds de l’UE sont réinvestis dans les États membres et seulement 6% sont utilisés pour l’administration de l’UE, ce qui est bien moins que l’administration nationale. En particulier, les pays à la traîne ont bénéficié de l’adhésion à l’UE. Sur un total de 28 pays, 19 États membres reçoivent en réalité plus d’argent qu’ils n’en versent dans le budget européen. Les neuf autres sont les plus riches, qui peuvent ainsi transférer plus d’argent que ce qu’ils reçoivent, car l’UE contribue au bien-être des citoyens avec un principe de solidarité redistributive.
Quant à la convergence, l’UE soutient la création d’emplois, notamment par le biais de la politique de cohésion. Cette politique redistribue des fonds du budget de l’UE pour aider les régions les plus pauvres à rattraper les plus riches. Entre 2007 et 2012, l’UE a créé 600 000 emplois supplémentaires, dont au moins un tiers dans des petites et moyennes entreprises. Avec la politique de cohésion, 25 000 km de routes et 1 800 km de voies ferrées ont été construits ou modernisés par l’UE afin de contribuer à l’établissement d’un réseau de transport transeuropéen efficace.
Néanmoins, une simple croissance économique ne suffit pas. C’est la raison pour laquelle SOLIDAR, avec ses membres et partenaires, tient l’UE responsable de son engagement à rendre son développement économique durable, social et environnemental. Cela signifie que les Fonds européens sont orientés vers l’inclusion sociale, afin de ne laisser personne pour compte, et vers une économie à faibles émissions de carbone, afin de préserver notre santé et notre nature.

3 – Les politiques sociales européennes nous aideraient-elles tous ?

L’Europe doit prendre un tournant social pour regagner la confiance de ses citoyens. La richesse ne ruissèlera pas d’elle-même, nous devons donc nous assurer que chacun profite de la croissance économique et du projet européen. Ce qui se passe à présent, cependant, c’est que les plus pauvres et les plus vulnérables sont montés les uns contre les autres.
La lutte contre les inégalités au sein et entre les États membres constitue le seul moyen de s’attaquer à ses causes profondes, de vaincre le nationalisme et d’œuvrer pour un avenir européen commun. Il est clair qu’avec un chiffre épouvantable de 118 millions de personnes (23,5% de la population) vivant dans l’Union européenne au risque de pauvreté ou d’exclusion sociale9, les véritables causes des inégalités ne peuvent être combattues uniquement au niveau national. C’est pourquoi nous avons besoin de l’Union Européenne, nous devons unir nos forces et en faire notre priorité!
Des conditions de travail précaires font que trop de personnes sont défavorisées et victimes d’exclusion. Les solutions sont de solides normes en matière de droit du travail pour tous, que vous travailliez en Italie, en Bulgarie ou aux Pays-Bas. L’UE dispose d’un budget de 150 millions d’euros pour la période 2014-2020 pour aider les travailleurs licenciés qui sont touchés par la mondialisation10. Un autre programme est la directive européenne sur les travailleurs détachés, qui instaure des règles claires et contraignantes en faveur de l’égalité des droits pour 2 million de personnes qui travaillent temporairement dans un État membre de l’UE autre que celui dans lequel elles travaillent normalement.
Tous ces efforts sont importants, mais nous avons besoin d’une stratégie plus globale.

Seul un agenda social fort intégré dans un plan d’ensemble pour l’avenir de l’Europe permettra de rattraper des années d’austérité et de priorités erronées qui ont alimenté la colère et la déception. Le socle européen des droits sociaux – qui met l’accent sur l’égalité des chances pour accéder au marché du travail, des conditions de travail équitables et la protection sociale – est un bon point de départ et doit être mis en œuvre de toute urgence! En votant lors de ces élections européennes, vous faites le choix de réaliser cet agenda social européen: réduire la pauvreté, augmenter le niveau de vie, œuvrer pour de meilleures conditions de travail et assurer la protection sociale pour tous!

4 – Fermer les frontières : une solution face à la migration ?

L’extrême droite nationaliste décrit les migrants comme une menace pour notre société. Elle raconte également que la fermeture des frontières est une solution, et la seule, pour les empêcher d’atteindre l’Europe.


Ceci est faux car:


• Un problème humanitaire nécessite une solution humanitaire.


• Fermer les frontières n’a qu’une conséquence: tuer des personnes fuyant des guerres, persécutions, des catastrophes climatiques, ainsi que la pauvreté. En effet, les chiffres de l’Organisation internationale pour les migrations montrent que le nombre de décès en Méditerranée en 2018 est déjà de 1,26012. C’est principalement grâce aux ONG opérant en mer et mobilisant leur solidarité pour sauver des vies humaines que ce nombre
n’a pas escaladé.


• Les migrants ne constituent pas une menace et la plupart de ceux qui arrivent en Europe ont le droit de demander la protection internationale (demandeurs d’asile et réfugiés). En fait, le nombre de demandes de protection internationale en 2018 s’élevait à 136,66513 en Octobre. La marge d’erreur dans l’octroi de la protection internationale à des personnes qui n’auraient pas dû l’obtenir est remarquablement inférieure à celle de la protection accordée à des personnes qui auraient dû l’obtenir
La protection de ces personnes est une obligation pour tous les États membres, conformément aux traités européens et aux conventions internationales qui ont été ratifiés. Par ailleurs, nous ne pouvons pas fermer arbitrairement nos frontières ou rejeter des migrants sans avoir clairement établi leur besoin de protection internationale, conformément à la Convention de 1951 sur les réfugiés ainsi qu’au Traité sur le fonctionnement de l’Union Européenne et à la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne.solidar
• Les migrants ne constituent pas une menace et la plupart de ceux qui arrivent en Europe ont le droit de demander la protection internationale (demandeurs d’asile et réfugiés). En fait, le nombre de demandes de protection internationale en 2018 s’élevait à 136,66513 en Octobre. La marge d’erreur dans l’octroi de la protection internationale à des personnes qui n’auraient pas dû l’obtenir est remarquablement inférieure à celle de la protection accordée à des personnes qui auraient dû l’obtenir
La protection de ces personnes est une obligation pour tous les États membres, conformément aux traités européens et aux conventions internationales qui ont été ratifiés. Par ailleurs, nous ne pouvons pas fermer arbitrairement nos frontières ou rejeter des migrants sans avoir clairement établi leur besoin de protection internationale, conformément à la Convention de 1951 sur les réfugiés ainsi qu’au Traité sur le fonctionnement de l’Union Européenne et à la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne.


• La migration est une caractéristique structurelle de notre époque, due au changement climatique et aux tendances démographiques, et accélérée par les guerres.
La pauvreté et le manque de travail décent sont les principaux moteurs de la migration internationale. Par conséquent, le seul moyen de s’attaquer aux causes profondes de la migration est de lutter contre le chômage et la pauvreté dans les pays d’origine des migrants avec des fonds de développement et de coopération appropriés.solidar
• La migration est une caractéristique structurelle de notre époque, due au changement climatique et aux tendances démographiques, et accélérée par les guerres.
La pauvreté et le manque de travail décent sont les principaux moteurs de la migration internationale. Par conséquent, le seul moyen de s’attaquer aux causes profondes de la migration est de lutter contre le chômage et la pauvreté dans les pays d’origine des migrants avec des fonds de développement et de coopération appropriés.

5 – L’allocation de ressources pour l’intégration des migrants nuit-elle à notre système de protection sociale au niveau national ?

Les ressources allouées à l’intégration des migrants et des réfugiés constituent un investissement social et, en tant que tel, le retour sur l’investissement est une société plus sûre et plus équitable pour tous.
L’extrême droite entretient la haine et le ressentiment parmi les plus vulnérables de notre société.solidarLes ressources allouées à l’intégration des migrants et des réfugiés constituent un investissement social et, en tant que tel, le retour sur l’investissement est une société plus sûre et plus équitable pour tous.
L’extrême droite entretient la haine et le ressentiment parmi les plus vulnérables de notre société.


• Quand ils ou elles sont bien intégré(e)s au marché du travail, les migrants paient des impôts qui contribuent à la durabilité générale du budget public dont nous bénéficions tous. Les données de l’Organisation internationale du travail montrent que les travailleurs migrants contribuent à l’économie de leurs pays d’accueil. Cependant, les travailleurs migrants ne bénéficient que de peu de protection sociale, sont confrontés à des inégalités sur le marché du travail et sont exposés à l’exploitation et à la traite des êtres humains.
En outre, les migrants sans papiers ont uniquement droit à des soins de santé d’urgence et seuls les réfugiés ont le droit d’accéder à la protection sociale.

solidar
• Les migrants aident à contrebalancer les tendances démographiques liées au taux de natalité et au vieillissement et soutiennent donc la durabilité du système de protection sociale. Les enfants non accompagnés représentent une part importante de la population venant en Europe – l’UNICEF a signalé qu’en 2016 92% des mineurs qui ont atteint l’Italie par voie maritime ont voyagé seuls. Si nous voulons de meilleures conditions de vie pour tous et une société unie, au lieu de réduire l’investissement dans des infrastructures sociales telles que l’éducation, nous devons réinvestir dans l’accès à l’éducation, au marché du travail ainsi que dans la reconnaissance internationale des compétences et des qualifications existantes.solidar
• Les migrants aident à contrebalancer les tendances démographiques liées au taux de natalité et au vieillissement et soutiennent donc la durabilité du système de protection sociale. Les enfants non accompagnés représentent une part importante de la population venant en Europe – l’UNICEF a signalé qu’en 2016 92% des mineurs qui ont atteint l’Italie par voie maritime ont voyagé seuls. Si nous voulons de meilleures conditions de vie pour tous et une société unie, au lieu de réduire l’investissement dans des infrastructures sociales telles que l’éducation, nous devons réinvestir dans l’accès à l’éducation, au marché du travail ainsi que dans la reconnaissance internationale des compétences et des qualifications existantes.

6 – Pourquoi le budget de l’UE finance une méthodologie d’éducation alternative ?

La récente répression menée par le gouvernement d’extrême droite en Hongrie contre l’éducation et la société civile illustre de plus en plus les politiques d’austérité contre les initiatives prises pour renforcer les compétences en matière de démocratie participative. Lors de la visite d’étude de SOLIDAR en Hongrie15 au nom du pilier Éducation et apprentissage tout au long de la vie, des ONG locales et la société civile ont fait part de leurs préoccupations grandissantes quant aux investissements publics dans l’éducation non-formelle, notamment pour les compétences de vie, la formation professionnelle, l’éducation inclusive et les programmes de volontariat.
Malgré le mécontentement de certains gouvernements nationaux quant au contenu et aux méthodes d’apprentissage utilisés dans l’éducation non formelle, l’Union européenne a continué de soutenir les programmes visant à promouvoir les compétences pour vivre en démocratie. Contrairement aux discours d’extrême droite selon lesquels l’éducation formelle est le seul outil nécessaire au marché du travail, l’Union Européenne a pris en compte et reconnu que l’apprentissage non-formel accroît la motivation intrinsèque de l’apprenant, sa participation volontaire et son esprit critique, indispensables à la participation démocratique pour les futures élections européennes. En outre, l’UE a :


• Promeut l’éducation inclusive par le biais de l’enseignement et de la formation professionnelle avec environ 650 000 étudiants pouvant participer par le biais du programme Erasmus+16, qui offre des partenariats stratégiques à 125 000 écoles, établissements d’enseignement et de formation professionnels, établissements d’enseignement supérieur et d’éducation des adultes, organisations de jeunesse et entreprises doté d’un budget total de 14,7 milliards d’euros.solidar
• Promeut l’éducation inclusive par le biais de l’enseignement et de la formation professionnelle avec environ 650 000 étudiants pouvant participer par le biais du programme Erasmus+16, qui offre des partenariats stratégiques à 125 000 écoles, établissements d’enseignement et de formation professionnels, établissements d’enseignement supérieur et d’éducation des adultes, organisations de jeunesse et entreprises doté d’un budget total de 14,7 milliards d’euros.

solidar
• Soutenue financièrement les organisations de la société civile pour développer des plate-formes telles que la plate-forme numérique YourVoteMatters! permettant d’atteindre la cohorte de jeunes dépolitisés et marginalisés, représentant la «génération perdue», essentielle pour une participation plus démocratique aux élections17.
Augmenter le financement de l’UE et accroître l’accès à l’éducation non-formelle dans la plupart des États membres représenteront un frein majeur au programme d’austérité et de privatisation de la droite. Les exemples de gouvernements progressistes tels que ceux du Portugal avec de fort investissements publics devraient être suivis et servir d’exemple à la feuille de route pour la création d’une Europe sociale.solidar
• Soutenue financièrement les organisations de la société civile pour développer des plate-formes telles que la plate-forme numérique YourVoteMatters! permettant d’atteindre la cohorte de jeunes dépolitisés et marginalisés, représentant la «génération perdue», essentielle pour une participation plus démocratique aux élections17.
Augmenter le financement de l’UE et accroître l’accès à l’éducation non-formelle dans la plupart des États membres représenteront un frein majeur au programme d’austérité et de privatisation de la droite. Les exemples de gouvernements progressistes tels que ceux du Portugal avec de fort investissements publics devraient être suivis et servir d’exemple à la feuille de route pour la création d’une Europe sociale.

7 – L’UE et ses États membres mettent-ils vraiment trop d’argent dans les pays en développement ?

En termes d’aide publique au développement (APD), l’UE (et ses États membres) est le plus grand donateur au monde en matière d’aide au développement. En effet, la coopération au développement de l’UE contribue largement à promouvoir le développement social et économique.
Par exemple, entre 2013 et 2017:


• 12 millions de femmes en âge de procréer et d’enfants de moins de cinq ans ont bénéficié de programmes liés à la nutrition;


• 50 millions d’enfants étaient inscrits dans l’enseignement primaire;


• un personnel de santé qualifié a assisté à 20 millions de naissances, contribuant ainsi à réduire la mortalité maternelle;

• 60 millions de femmes ont été encouragées à utiliser des méthodes contraceptives.


Les nationalistes se servent souvent de ces faits pour affirmer que l’Europe dépense trop d’argent pour soutenir les pays pauvres et qu’ils devraient plutôt être en mesure d’améliorer la vie de leurs citoyens.


Néanmoins, l’Europe est-elle vraiment si généreuse?


Pour répondre à cette question, il convient tout d’abord de rappeler que même si les États membres européens se sont engagés à affecter 0,7% de leur revenu national brut à l’aide au développement, seuls quatre d’entre eux ont atteint cet objectif (Danemark, Royaume-Uni, Suède et Royaume-Uni). Alors que dans l’UE, 10% du budget de la Commission est consacré à l’aide aux pays en développement, il ne représente que 5 centimes par habitant européens chaque année.


Deuxièmement, les intérêts nationalistes poussent l’UE à faire du contrôle migratoire un objectif principal de la coopération au développement – bien au-dessus de l’objectif du développement social et économique, de l’éradication de la pauvreté et de la réduction des inégalités – et à utiliser l’aide au développement à cette fin.


Enfin, alors que la coopération au développement de l’UE donne de bons résultats, ses effets sont affaiblis par les pratiques non durables mises en place par les sociétés multinationales (notamment européennes) qui investissent dans les pays en développement mais ne paient pas leurs impôts équitablement. En effet, selon des estimations prudentes, l’évasion fiscale des sociétés coûterait entre 60 et 100 milliards d’euros par an aux pays en développement. Donc, ce qui est donné avec une main est pris avec l’autre. solidar
Enfin, alors que la coopération au développement de l’UE donne de bons résultats, ses effets sont affaiblis par les pratiques non durables mises en place par les sociétés multinationales (notamment européennes) qui investissent dans les pays en développement mais ne paient pas leurs impôts équitablement. En effet, selon des estimations prudentes, l’évasion fiscale des sociétés coûterait entre 60 et 100 milliards d’euros par an aux pays en développement. Donc, ce qui est donné avec une main est pris avec l’autre.

En effet, l’évasion et la fraude fiscales mettent en péril la capacité des pays à améliorer la vie de leurs citoyens: chaque euro perdu aux paradis fiscaux est un euro qui aurait pu être investi dans les services publics – payer les médecins et les enseignants, financer les vaccinations, investir dans des chaises d’école pour les enfants. C’est seulement ensemble et avec une réglementation européenne que nous pourrons traiter efficacement ces problèmes et faire en sorte que l’aide européenne au développement et à la coopération contribue à améliorer la vie des personnes.

8 – L’appartenance à l’UE permet-elle de combattre la corruption et l’évasion fiscale ?

Les nationalistes et les partis d’extrême droite ont appelé à un retour aux mesures nationales pour faire respecter la législation en vigueur afin de
lutter contre l’évasion fiscale et la corruption transfrontalières. La Commission européenne estime à 1 billion d’euros les pertes annuelles
dues à l’évasion et à la fraude fiscale19, tandis que le Parlement européen estime que la corruption a coûté jusqu’à 990 milliards d’euros à l’UE, laissant de plus grandes disparités économiques et sociales au sein et entre les États membres, et une criminalité organisée ainsi qu’une plus forte méfiance croissante du public à l’égard des autorités nationales et des gouvernements. Étant donné que l’évasion fiscale et la corruption sont des problèmes transfrontaliers qui concernent tous les États membres, l’appartenance à l’Union européenne signifie que:

• Les États membres et leurs autorités fiscales peuvent avoir un plus large impact sur la lutte contre l’évasion fiscale et la corruption grâce à la coopération transfrontalière internationale et européenne, ainsi que l’échange automatique d’informations, comme le permet la récente Norme Commune de Déclaration (NCD/CRS).

• Les États membres qui coopèrent peuvent soutenir l’établissement et la mise en œuvre de mesures juridiquement contraignantes visant à garantir le respect des normes européennes et à limiter la diminution des recettes fiscales nécessaires au financement des services publics, conformément aux objectifs de développement durable20 visant à accroître les recettes publiques et à éradiquer la pauvreté.

Pour contribuer à la lutte contre la corruption tout en assurant une plus grande transparence et le partage d’informations, les États membres doivent unir leurs forces aux niveaux européen et international tout en n’amoindrissant pas le travail de la Commission européenne comme cette année.

9 – Si nous donnons à l’UE plus d’autonomie budgétaire, cela se traduit-il par moins de financement pour des objectifs nationaux tels que les services publics ?

L’histoire est la suivante: agrandir le financement de l’UE pour son budget signifierait avoir moins d’argent pour les comptes nationaux, utilisées en grande partie pour fournir des services publics et financer les systèmes de sécurité sociale. En réalité:


• L’expérience des politiques appliquées prouve que l’égalité ne peut être réalisée uniquement dans les limites d’un État. Les revenus des ménages de l’UE ont tendance à dépendre de plus en plus de facteurs européens; toutefois, toute décision concernant le financement de l’UE nécessite l’accord unanime des pays de l’UE et leur ratification ultérieure, conformément à leurs exigences constitutionnelles.


• En mettant en commun des ressources pour introduire une véritable dimension sociale de l’UE, stimulant ainsi les investissements sociaux, l’UE peut contribuer à lutter contre les inégalités non seulement à l’intérieur des États membres, mais également entre eux.

• Le budget de l’UE ne représente que 1% du revenu total de l’UE et environ 2% des dépenses publiques de l’UE. Il figure dans le budget actuel de l’UE pour la période 2014-2020.


• Par exemple, en 2013, le citoyen européen moyen a versé 283 euros par an au budget de l’UE. C’est moins d’un euro par jour – ce qui est moindre compte tenu des avantages que l’UE apporte à ses citoyens.


• Si bien produit, le budget européen est un investissement qui pourrait être tout à fait rentable pour garantir un avenir sûr pour l’Europe et ses citoyens.

L’UE a besoin de sa propre capacité budgétaire pour faire face aux chocs macroéconomiques et renforcer la stabilité des États membres face aux crises économique et financière mondiale telle que celle de 2008.
Nous avons besoin d’un régime européen complémentaire de prestations de chômage permettant d’anticiper les crises futures et d’éviter les pièges du « too big to fail » lorsque les fonds publics servent à sauver les institutions financières privées et à créer des déficits publics dans trop de pays.
Pour finir il nous faudra bien un changement politique radical pour une Union européenne plus sociale, plus inclusive et plus protectrice.
C’est ce que nous souhaitons soutenir dans notre travail quotidien et par notre engagement dans la campagne pour les élections européennes «Cette fois-ci, je vote» – espérons qui sera en faveur d’une Europe que nous souhaitons et pour laquelle nous avons besoin de majorités progressistes au sein du prochain Parlement européen et non pas d’ennemis de l’Europe, de nos démocraties et de nos valeurs!

Version pdf. : ici

En partenariat avec : thistimeimvoting.eu

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Brésil, le pouvoir contre l’école ?

Quand un gouvernement décide de mettre les enseignants et la pédagogie au pas, l’exemple brésilien.

Aujourd’hui nous partons au Brésil pour vous proposer une réflexion sur le lien entre école et politique dans un régime autoritaire.

Rappelez-vous, le président d’extrême droite Jair Bolsonaro, élu à l’automne et investi le 1er janvier dernier, a énormément parlé d’éducation pendant sa campagne électorale. Logiquement, le nouveau gouvernement brésilien s’attaque – attaquer c’est bien le mot – au sujet avec des mesures sur l’école et l’université… et avec l’idée, très clairement formulée, par le Président et ses ministres, d’éradiquer certaines pédagogies comme celle de Paolo Freire qui prône l’émancipation et l’égalité.

Nous avons choisi de parler du Brésil mais ces “attaques” sur l’école concernent également d’autres pays : la Turquie, la Hongrie, les Etats-Unis où le fils de Donald Trump déclarait cette semaine dans un meeting politique que les enseignants apprenaient le socialisme aux enfants dès leur naissance… Voilà qui résonne complètement avec les débats brésiliens. Ce pays est-il en train de s’affirmer comme le laboratoire scolaire des pouvoirs autoritaires, avec un président remodelant l’éducation à son image ? 

C’est ce cas d’école que nous allons éclairer aujourd’hui grâce à nos invités.

Avec :

  • Philippe Meirieu, chercheur, professeur émérite en sciences de l’éducation, auteur notamment de La Riposte (Autrement, 2018).

“Il faut dire que l’école sans parti de Bolsonaro, c’est une école sans vérité, sans mémoire, sans droit humain.”

“L’école n’est pas apolitique, car toute école porte un projet de société.”

“La caractéristique des régimes totalitaires, c’est qu’ils nourrissent aux certitudes. Les caractéristiques des régimes démocratiques, c’est qu’ils nourrissent aux questionnements”

  • Maud Chirio, historienne, spécialiste du Brésil, auteure notamment de La politique en uniforme: l’expérience brésilienne, 1960-1980 (PUR, 2017).

“C’est une véritable guerre qui est menée contre les enseignants et le monde de la culture”.

  • Oussama Naouar (par téléphone depuis Recife au Brésil), professeur à l’Université Fédérale du Pernambouc, auteur notamment de Paulo Freire: figures du pédagogue, imaginaire du pédagogique (L’Harmattan, 2014).

“On est dans une vraie logique de chasse aux sorcières.”

“On est avec Paolo Freire dans une pédagogie du dialogue particulièrement attachée au principe de démocratie”

Entretien enregistré avec Irène Pereira, chercheuse en sociologie et en philosophie, professeure de philosophie à l’ESPE de Créteil et coprésidente de l’IRESMO. Elle a co-dirigé avec Laurence de Cock l’ouvrage collectif Les pédagogies critiques (Agone, janvier 2019).

Pour écouter l’émission cliquez ici

article de France Culture

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Les rencontres Européennes du Social

150 participant.e.s de plus de 17 pays se sont réuni.e.s du 12 au 15 décembre 2018 à Paris dans les locaux du CNAM (Centre national des arts et métiers) pour débattre autour de la question du Social aujourd’hui en Europe.

A la veille des élections européennes de 2019, ces rencontres nous ont situé dans une proposition d’élaboration d’alternatives pour changer la donne. Nous avons été force de propositions en nous situant en responsabilité des sujets sur lesquels nous sommes impliqués.

Ces rencontres européennes du social ont permis de :

• croiser les approches intellectuelles (philosophiques, psychologiques, sociologiques, architecturales, artistiques), dans une perspective pluridisciplinaire ;

• croiser les différentes approches européennes et analyser l’impact des politiques européennes et/ou l’absence de cohérence politique ;

• croiser les formes de création de la pensée.

Les thématiques de travail étaient les suivantes :

Thématique n°1 –Quelles alternatives, contre-pouvoirs et résistances aujourd’hui ?

Dans un contexte de dépendance renforcé, comment les associations peuvent-elles interpeller les États et ses institutions sur les conséquences de leurs choix économiques, sociaux, éducatifs en somme politiques ? Ne doivent-elles pas être force de résistances, d’autres alternatives, d’autres voies citoyennes ? Quelles capacités de contre-pouvoir ?

Thématique n°2 –Le travail social, un enjeu politique ?

Comment introduire la dimension politique du travail social dans les formations des éducateur.rice.s et quelles formations, références et cultures dans le domaine de l’intervention sociale mettons-nous-en œuvre pour lutter contre les inégalités et les injustices sociales ?

Thématique n°3 – L’agir citoyen au cœur de la création collective

Quelle place peut/doit-on donner aux habitant.e.s, aux citoyen.ne.s, aux usagers des services publics, aux patient.e.s des hôpitaux, etc., pour participer à la création collective de projets et de solutions ?

Thématique n°4 – Quels regards sur les personnes ?

Comment réussir à porter un regard différent sur les personnes, qui prenne en compte certes leurs difficultés, mais qui mettent aussi en lumière leurs potentialités et leurs compétences.

Thématique n°5 – Les solidarités internationales pour « faire société » ?

Comment nos actions dans le champ social permettent-elles de porter les diversités culturelles, les solidarités internationales afin de « faire société » ?

Retrouver l’intégralité des conférences et des émissions de radios ici

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“Libérons-nous” un espace d’informations collaboratif

Le site “Libérons-nous” entend être un espace d’informations régulièrement mis à jour sur les questions liées au Libre en général, qu’il s’agisse de logiciel, mais aussi de services en ligne, de culture (littérature, musique…) et d’actualités politiques concernant nos libertés numériques.
Alimenté par le mission “Libre, éducation nouvelle”, il se veut collaboratif, chacun.e est donc invité à y contribuer.


Organisé autour de plusieurs onglets, on peut par exemple y trouver aujourd’hui :
. des liens où trouver des livres numériques libres ou du domaine public.
. comment libérez et sécuriser sont téléphone portable.
. comment créer rapidement un diaporama en ligne.


Une partie des ressources disponibles sur ce site sont aussi disponibles sur Yakamedia, sous une forme plus structurée.


Bonne navigation libre sur le site : https://liberons-nous.cemea.asso.fr/

Pascal GASCOIN
Chargé de mission “Libre, Éducation Nouvelle”

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Conférence gesticulée “Informatique et libertés ? “

Travailler, s’informer, jouer, vivre ses amitiés, se soigner, consommer ou se révolter… Quel contrôle avons-nous sur ces ordinateurs devenus omniprésents ? À qui facilitent-ils vraiment la vie ?

L’apparente complexité technique cache des enjeux politiques. Lunar partage dans sa conférence vingt ans d’expérience technique et militante pour nous aider à y voir clair et à nous organiser.

Qu’est-ce qu’une conférence gesticulée ?

Un outil d’éducation populaire (mi-spectacle, mi-conférence) qui mêle autobiographie, analyses et théories. Un mélange de choses vécues, comprises ou apprises pour transmettre des savoirs politiques.

La conférence est traditionnellement suivie d’un atelier : un moment pour penser et pratiquer ensemble une plus juste place de l’informatique dans nos vies.

Pour voir la vidéo cliquez sur le lien ici

Lunar et AL

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Rencontre d’Abidjan

Le Consortium sur la privatisation dans l’éducation et les droits de l’Homme (PEHRC), a organisé sa réunion internationale sur la privatisation dans l’éducation du 14 au 17 février 2019 à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Cette cinquième réunion s’inscrit dans une série d’événements internationaux du Consortium, après les réunions précédentes tenues en juin 2014 à Genève, en octobre 2015 à Londres, en septembre 2016 à Nairobi et en septembre 2017 à Katmandou.La réunion a eu lieu à la suite de la Conférence d’adoption des Principes directeurs relatifs aux obligations des États concernant les acteurs privés dans l’éducation, qui s’est tenue les 12 et 13 février.

La Réunion Internationale du PEHRC a visé à élaborer des stratégies communes et à renforcer notre capacité collective à comprendre les menaces posées par la privatisation dans l’éducation et à coordonner les réponses de plaidoyer et les solutions aux défis rencontrés dans la région et au niveau international. Ceci a été l’occasion de se réunir et de partager des expériences ainsi que des apprentissages, et de définir les prochaines étapes de la stratégie et du Consortium.


Réseau Francophone contre la marchandisation de l’éducation

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Publié dans Le réseau francophone, Marchandisation de l'éducation, Ressources thématiques

Libérer la parole !

Le Gouvernement wallon, a entrepris un exercice de participation directe d’enfants à l’évaluation des mesures du Plan d’actions 2016-2019 relatif aux Droits de l’enfant. Les Ceméa de Belgique ont été au cœur de l’accompagnement de ce projet.

Ce rapport retrace cette aventure menée tambour battant, jalonnée de belles rencontres, de partages de vécus et d’expériences de la part des enfants et des jeunes, de surprises, d’idées et d’enthousiasme, mais aussi d’obstacles, d’interrogations sur ce type de démarche.

Cet article synthétise ce rapport dont l’objectif est d’organiser et de structurer la parole des enfants, des idées et des témoignages que les enfants et les jeunes ont construits et partagés.

Dans le processus mis en œuvre pour cette expérience de consultation participative, nous avons porté une attention particulière à faire vivre aux enfants des moments de réelle expression et participation. Pour chaque rencontre, nous avons pensé des temps d’activités qui ont permis aux enfants et aux jeunes de vivre l’article 12 de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant.

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Accueillir la parole

Les conditions nécessaires à la participation et à l’expression des enfants ont été pensées et réunies :

  • du temps pour jouer et se rencontrer,
  • une attention à retenir tous les prénoms,
  • l’instauration d’une relation de confiance entre les animateurs et animatrices et les enfants,
  • l’installation et l’aménagement de manière à ce que chacun-e puisse se voir et se parler (notamment en cercle de chaises),
  • une attention à ce que chacun-e prenne la parole et puisse dire ce qu’elle-il a à dire,
  • de la place à tout ce que les enfants amènent sans opérer de tri sur le moment-même,
  • une proposition d’activités qui rendent les enfants acteurs, actrices du moment et pas consommateurs, consommatrices d’un discours désincarné,
  • un ajustement durant et entre les séances pour chaque groupe en fonction des âges, du nombre, de la dynamique, des intérêts…
  • une relation d’adultes à enfants pensée comme une relation de personnes à personnes (ce qui signifie de ne pas considérer les enfants comme des mini-adultes, mais comme des personnes à part entière, à un moment particulier de leur développement) qui passe notamment par le tutoiement et le fait de s’appeler par son prénom,
  • une confiance dans les capacités des enfants à participer aux activités et dans le fait qu’elles-ils aient des choses intéressantes à nous dire et à partager,

Libérer la parole : un changement systémique ?

Pour nombre d’enfants et de jeunes, ces rencontres ont été une première expérimentation de ce droit. Ils-elles l’ont d’ailleurs relevé. Les conditions nécessaires sont loin d’être toutes réunies dans leur quotidien, que ce soit à l’école, dans l’accueil extrascolaire, les maisons de quartier… reléguant cette préoccupation bien loin dans l’ordre des priorités. Les difficultés rencontrées pour l’élaboration du panel de groupes en est un indicateur : dédier trois séances de deux heures aux droits de l’enfant n’a pas été une mince affaire…

Ce constat nous semble aussi révélateur d’une certaine impuissance face à ce sujet pourtant essentiel. De plus, mettre en œuvre les droits de l’enfant, laisser les enfants s’exprimer et participer engendre quasi mécaniquement une perte de pouvoir des adultes. Si les enfants ont leur mot à dire, s’ils-elles ont la possibilité de donner leur opinion, de choisir et d’être entendu-e-s, alors la place des adultes bouge et c’est toute l’institution qui est chamboulée. Ce changement de paradigme est déstabilisant et nous comprenons aisément qu’il soit difficile de le mettre en place. Il n’existe pas, à l’heure actuelle, une culture des droits de l’enfant incarnée dans le quotidien des différents espaces investis pas les enfants.

L’Éducation active comme perspective ?

Si le dispositif que nous avons proposé permet aux enfants et aux jeunes de vivre leurs droits, il n’est pas neuf dans nos pratiques. Les principes de l’Éducation active laissent la place aux individus et s’appuient sur les compétences et capacités de chacun-e pour construire un savoir collectif propre au groupe qu’ils composent. De facto, les droits se vivent et s’éprouvent dans ce type de démarche. D’ailleurs, les groupes que nous avons rencontrés qui ont eu le plus de facilités à s’exprimer et s’approprier rapidement le dispositif proposé, sont ceux qui vivent déjà un peu ou beaucoup l’Éducation active dans leur quotidien. Soit parce que l’école qu’ils-elles fréquentent porte ses valeurs dans son projet pédagogique, soit parce que les adultes qui les ont accompagné-e-s ont à cœur de leur faire vivre ces principes. Il s’agit d’une question d’habitude et d’entraînement pour les enfants à être entendu-e-s, reconnu-e-s comme des personnes compétentes et pleines de ressources et agissant dans ce sens.

L’Éducation active nous semble donc être une approche primordiale pour accompagner les enfants dans leur développement et leur faire vivre leurs droits au quotidien. Cela dit, il reste un travail conséquent dans la formation des professionnel-le-s de l’éducation pour faire bouger les choses et surtout le regard que portent la société et les institutions sur les enfants.

« Politiciens, politiciennes »

« On va dire que c’est nous qui l’avons fait ? Y aura une pancarte avec nos noms pour dire que c’est nous ? »

A., H., N., 11 ans, Liège.

Les rencontres que nous avons menées ont été des moments remplis de relations de personne à personne, d’émotions, d’expérimentations… Nous sommes allés voir les enfants, dans leurs locaux, pour discuter de ce qui les préoccupait réellement. Il ne s’agit pas d’une relation administrative, d’un questionnaire impersonnel.

Nous avons laissé leurs paroles s’exprimer sans opérer de tri ou l’aiguiller sur le moment. Nous avons effectué ce travail dans en second temps, entre adultes, tout en restant fidèles à ce que les enfants nous ont dit. Nous ne voulions pas instrumentaliser leur parole, la modeler, la transformer pour qu’elle corresponde à ce que des adultes pourraient attendre.

Cette attention est partagée avec les enfants. Ils-elles sont plusieurs à nous avoir demandé ce qu’il serait fait de leurs idées et leurs paroles. Est-ce que les décideuses et décideurs politiques vont venir les voir ? Est-ce qu’ils-elles vont réaliser leurs propositions ? Que se passera-t-il ensuite ? Ces interrogations sont tout à fait légitimes au regard du travail et de l’investissement fournis par les enfants. Si nous avons eu le souci de reconnaître les efforts et le temps consacrés par les enfants, par exemple, en leur laissant leur affiche des droits de l’enfant mise en page et imprimée, il faudrait qu’il en soit de même pour les « politiciens et politiciennes » auxquel-le-s s’adresse ce rapport. S’agissant donc du réel travail des enfants, il conviendrait que les adultes le considèrent pour de vrai. Il nous paraît important d’inscrire la participation des enfants dans une chaîne, un cercle vertueux qui débuterait par un quotidien « childfriendly » pour potentiellement aboutir à des recommandations politiques qui dépassent le cadre habituel des enfants.

En tout cas, si la volonté des Gouvernements en place est de solliciter la participation des enfants aux décisions politiques qui les concernent, il serait intéressant que les enfants puissent s’inscrire au quotidien dans des réalités qui permettent une participation directe et des perspectives plus larges, une réelle prise en compte de leurs besoins et potentialités par les adultes et les institutions qui les accueillent, un partage plus efficient du pouvoir… Pour les instituer comme sujets d’un monde qui leur appartient et d’un futur qu’il leur incombe de dessiner.

Tel est le défi d’un futur Plan d’Action relatif aux Droits de l’Enfant.

« Vous dites : C’est fatigant de fréquenter les enfants. Vous avez raison. Vous ajoutez : parce qu’il faut se baisser, s’incliner, se courber, Se faire tout petit. Là, vous avez tort, ce n’est pas cela qui fatigue le plus, c’est le fait d’être obligé de s’élever, de se mettre sur la pointe des pieds jusqu’à la hauteur de leurs sentiments, pour ne pas les blesser ».Janusz Korczak, Le droit de l’enfant au respect, 1928

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Publié dans Ceméa de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Europe, Fédération Wallonie Bruxelles de Belgique, Les associations membres, Service d'Education Permanente Ceméa

Miroir Vagabond

Présentation

Le Miroir Vagabond est une association socioculturelle qui vise une action globale de développement local et régional en milieu rural avec les populations par l’animation et la création artistique.

Activités

Travailler la citoyenneté active

Le Miroir Vagabond travaille avec des adultes, des jeunes et des enfants en milieu rural principalement avec une attention particulière à prendre en compte les populations les plus défavorisées. Toutefois, l’association travaille aussi avec « ceux qui ne se considèrent pas en difficulté » et avec lesquels les notions de participation, de vie collective, de créations culturelles sont aussi importantes à développer.

La création est envisagée par le Miroir vagabond comme un levier d’expression, de participation et de changement sociétal.

Des animations collectives

  • Des projets participatifs selon une logique d’éducation permanente (populaire), sur des thématiques comme l’emploi, le logement, la santé, l’asile, la consommation, la démocratie participative…
  • Des actions de développement communautaire dans des lieux de vie…
  • Des formations permanentes pour adultes (se perfectionner en français, travailler la confiance en soi et la capacité de découvrir et ouvrir des pistes professionnelles ou d’utilité sociétale)
  • Des ateliers d’expression et de créativités (théâtre, peinture, sculpture, écriture, cirque…)

Du développement territorial

  • Des projets de développement culturel qui participent à l’identité d’une région et à sa fédération (par exemple l’organisation annuelle d’un festival de théâtre de rue, la co/organisation d’un festival de marionnettes tous les deux ans, un camion d’animation en itinérance pour aller vers la population…)
  • Des projets de développement en matière d’habitat : qui augmentent le parc locatif ou acquisitif pour des familles à faibles revenus, qui mêlent partenariat public/privé, qui défendent des droits en matière de logement décent ou différent.

http://miroirvagabond.be/ | +322 084 31 19 46
CONTACT : Patrick Navatte
p.navatte@miroirvagabond.be

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Publié dans Europe, Fédération Wallonie Bruxelles de Belgique, Les associations membres, Miroir Vagabond

Rencontre de l’éducation Nouvelle et populaire en Haïti

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Entre la participation au forum régional Amérique Latine, Caraïbes de la Ficeméa en octobre 2018 à Montevideo, la formation d’une quarantaine d’animateurs.trices au mois de novembre 2018 et le lancement du projet sur la santé scolaire, pour clôturer l’ année 2018 les Centres d’Entraînement aux Méthodes d’Éducation Active en Haïti (CEMEA-HAITI) ont décidé d’organiser leur toute première Rencontre de l’Éducation Nouvelle et Populaire ( RENP ) à Saint-Marc/Haïti, le 27, 28, et 29 décembre 2018 avec leurs membres actifs et d’autres acteurs et actrices de l’éducation en Haïti.

L’objectif était de partager et de mettre en pratique les valeurs de l’Éducation Nouvelle et Populaire. Le thème de cette année était : « L’Éducation Nouvelle et Populaire en Haïti, pourquoi pas ? ». Plus d’une vingtaine de militant.e.s, d’acteurs et d’actrices de l’éducation, des responsables de médias, des responsables d’associations, des animateurs.trices, des enseignant.e.s ont convergé de plusieurs villes du pays (Port-au-Prince, Gonaïves, Saint-Marc, Aquin , Hinche).

AU PROGRAMME : formations, tables-rondes, ateliers et partages d’expérience pour confronter les pratiques des participants et participantes, acteurs et actrices de l’éducation.

Ils ont mis en débat la question du bilinguisme dans l’enseignement en Haïti  « La cohabitation du créole et du français dans l’enseignement en Haïti, quels enjeux et quelles perspectives? ». Ils ont organisé un atelier de traduction en créole haïtien des principes des Ceméa (Gisèle de Failly 1957). Ils ont profité de l’occasion pour jeter les bases pour une création des cellules départementales des Ceméa-Haïti. Ils ont aussi présenté leur calendrier d’actions pour l’année 2019 :organisation du festival du film d’éducation en Haïti (FFEH), formations pour les enseignant.e.s, animateurs.trices, lancement du projet du bus itinérant (Educa-Mobile), sont les éléments prioritaires du calendrier d’actions 2019.

Ils se donnent rendez-vous en décembre 2019 pour la 2ᵉ édition de RENP, encore plus intéressante, et riche en activités.

‘’Éduquons autrement pour transformer les pratiques !’’

Décembre David tedd-lee /Secrétaire général/ CEMEA-Haïti

Rendez-vous sur les réseaux sociaux @cemea-haiti (Facebook) pour les photos et vidéo

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Publié dans Haïti, Les Amériques et Caraïbes, Les associations membres

Une histoire de l’éducation populaire au Québec

Du 15 au 16 novembre 2018 s’est tenu un colloque sur “L’éducation populaire autonome. Regard transversale sur une pratique au service du politique”.

Les objectifs étaient de :

1. retracer le cheminement historique de l’éducation populaire autonome au Québec ;

2. Construire une vision commune de l’éducation populaire autonome au Québec ;

3. Prendre connaissance des pratiques actuelles d’éducation populaire autonome au niveau local, régional et national ;

4. Dégager des pistes de développement pour l’éducation populaire au Québec, et ce, pour l’ensemble du mouvement d’action communautaire autonome.

Les objectifs de l’ÉPA dans la définition de 1978

Le comité de coordination des Organismes volontaires en éducation populaire (OVEP) se forme en 1978. La même année, une assemblée générale provinciale des OVEP donne une première définition de l’éducation populaire autonome.

Pour cet organisme, l’éducation populaire comprend :

« L’ensemble des démarches d’apprentissage et de réflexion critique par lesquelles des citoyens mènent collectivement des actions qui amènent une prise de conscience individuelle et collective au sujet de leurs conditions de vie ou de travail, et qui visent, à court, moyen ou à long terme, une transformation sociale, économique, culturelle et politique de leur milieu. » [version courte]

Le texte de 1978, dans sa version courte, a été largement utilisé par les groupes populaires, car c’est une des premières fois que le mouvement communautaire tente de définir ce qu’est un groupe communautaire. Cette définition, qui est ancrée dans la tradition des comités de citoyen-ne-s des années 60, a influencé la conception de la mission des groupes tout au long des années 1980.

Vous pouvez retrouver une brève histoire de l’éducation populaire au Québec en cliquant sur le lien https://www.dropbox.com/s/4gt7r25ahuc3vsk/Histoire-%C3%89ducation-populaire-%C3%A0-Montr%C3%A9al_diaporama_CFP_2018_BVpr%C3%A9sentation-compressed-2.pdf?dl=0

« Ainsi, quel que soit le lieu où, prenant notre distance du contexte concret où se réalise une certaine pratique, nous exerçons une réflexion critique sur cette pratique, nous avons là un lieu de réflexion théorique, donc une école, dans le sens radical que ce mot doit avoir.» (Paolo Freire, 1978)

L’éducation populaire : mise en lumière d’une approche éducative incontournable tout au long et au large de la vie (Conseil supérieur de l’éducation du Québec en 2016)

L’éducation populaire peut être considérée comme une voie éducative légitime contribuant au continum de l’éducation des adultes et non uniquement comme un moyen de pallier le manque d’une « voie royale » [la scolarisation].

La légitimité de l’éducation populaire est déjà attestée par les milliers de personnes qui, chaque année, empruntent ses chemins diversifiés.

Dans certaines situations de vie, elle est parfois la seule en mesure de fournir des réponses et de permettre à ces personnes d’agir et de s’engager dans la société actuelle.

La complémentarité de l’éducation populaire avec les autres modes éducatifs, notamment par ses propositions éducatives alternatives ou novatrices, accroît la possibilité pour les adultes de s’inscrire dans un processus d’éducation tout au long et au large de la vie qui réponde à leurs attentes, ce qui constitue en soi un apport important.

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