Volontariat entre des associations membres de la Ficeméa: Témoignage de Charlotte Grislain

Charlotte Grislain, militante des Ceméa de Lille (France) raconte sa mission de volontariat auprès de l’Association «Educacion Solidaria » à Montevideo (Uruguay)

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Ma personne et mes motivations…

Charlotte, 25 ans, Volontaire en Uruguay pour les CEMÉA Nord-Pas de Calais (Npdc). Militante au Ceméa de Lille depuis 2013, j’ai découvert l’association en entrant en formation professionnelle (BPJEPS AS). Durant cette année, j’ai eu l’occasion de vivre une mobilité de deux semaines dans le cadre du programme « Léonardo » afin de découvrir le travail des acteurs du système éducatif et social de la ville d’Hambourg.

Cette expérience fût en quelque sorte l’élément déclencheur de mon désir de vivre une mobilité plus longue. Ma situation personnelle en fin de formation ne m’a pas permis de concrétiser tout de suite ce projet, peut-être n’étais-je en réalité pas encore prête à vivre une telle expérience. J’ai donc continué ma vie professionnelle en m’inscrivant une nouvelle fois en formation au CEMÉA (DEJEPS AS).
Une nouvelle fois, la possibilité de vivre un temps de mobilité m’a été offerte. C’est à la suite de cette expérience que le déclic a vraiment eu lieu pour moi. Plus qu’une envie, un besoin de partir ailleurs, de vivre une expérience différente, de trouver quelque chose au niveau personnel et professionnel que je ne parvenais pas à trouver ici. J’ai pris mon temps, je me suis renseignée à droite et à gauche sur les différents dispositifs et missions existants. Mais, c’est finalement à la suite d’une discussion avec un formateur de l’association que l’occasion d’aborder ce projet s’est réellement présentée. Grâce à son intermédiaire, il a pu discuter de cette idée avec les personnes de l’association « Educacion Solidaria » (association partenaire de la FICEMÉA) lors de son voyage en Uruguay. Véritable laboratoire d’expérimentation en matière d’éducation populaire, l’Amérique latine me fascine depuis longtemps. La possibilité de découvrir une culture différente de celle que je connais depuis toujours et en même temps la possibilité de m’inscrire dans une action de volontariat, représentaient à ce moment pour moi de véritables opportunités.

Quelques semaines plus tard, je reçois la réponse tant attendue de la personne qui sera mon interlocuteur et mon tuteur, Mr Eduardo Apparicio. Le projet prend peu à peu forme. Nous prenons alors régulièrement contact via Skype pour apprendre à se connaitre mais également discuter chacun de nos envies et besoins pour engager une véritable co-construction de la mission.

Mon état d’esprit au moment de partir…

Avant mon départ, je me suis très peu renseignée sur mon pays d’accueil, ne voulant pas partir avec des représentations trop construites et souhaitant arriver avec un regard vierge et ainsi éviter toutes éventuelles déceptions. Les semaines et les mois ont défilé à une vitesse incroyable depuis la confirmation d’Eduardo. A quelques jours du départ, je ne sais pas si je me sens réellement prête, je me laisse un peu porter, j’ai simplement hâte de plonger dans l’inconnu. J’ai fait le choix de partir quelques jours après mon anniversaire afin de partager un dernier moment avec ma famille et mes amis avant le grand départ. Un mélange d’euphorie, de joie mais également de tristesse de les laisser.

Ma mission de volontariat en Uruguay…

Actuellement, j’effectue ma mission dans le cadre du Service Civique International depuis 4 mois en Uruguay auprès de l’association locale « Educación Solidaria ». L’objectif principal est la mise en œuvre d’actions de formations autour de thématiques ayant un lien avec l’éducation et la solidarité. Dans ce cadre, j’interviens au sein de l’équipe éducative d’une maison de jeunes (La Frontera) auprès d’un public âgé de 14 à 18 ans et de jeunes majeurs afin de développer des temps de formations et de favoriser leur implication dans des actions bénévoles au sein du quartier défavorisé de Empalme Nicolich. Une autre de mes missions consiste à travailler sur l’élaboration, la coordination et l’organisation d’un festival du Film et de l’Éducation en partenariat avec les Ceméa, l’Ambassade de France et l’Institut Français de Montevideo qui aura lieu les 4, 5 et 6 Août 2016 dans la ville d’Atlantida mais également les 11,12 et 13 Août 2016 à Montevideo.

Enfin, un autre projet est survenu il y a quelques semaines suite à la demande du coordinateur « enfance-jeunesse » de mon précédant emploi dans un Centre Social de la ville de Lille. Dans le cadre de mon travail auprès d’un public jeune, le coordinateur a pris contact afin de discuter de la possibilité de monter un projet d’échange et de mobilité entre un groupe de jeunes Français et Uruguayens autour de la culture urbaine. Nous sommes en cours de construction de cette action qui se concrétisera normalement en 2017.

Les perspectives de mon retour en France:

Revenir c’est un peu comme partir, pour le moment je ne sais pas très bien ce qui m’attends et même parfois, je me demande pourquoi je reviens. La seule certitude que j’ai, c’est que je reviendrais différente, je sais aussi que la vie a suivi son court durant mon absence…
Six mois, c’est court et long à la fois, j’ai eu le temps de prendre de nouvelles habitudes, d’apprivoiser une nouvelle culture, de rencontrer des personnes qui me sont devenues chères. J’ai construis et concrétiser des projets, j’ai énormément grandi.
Immergée à 100% dans cette expérience, j’ai oublié pendant longtemps de penser à mon retour.
C’est ainsi que je me suis demandée comment revenir après tout ça? Que vais-je faire de tout ce que j’ai vécu et appris ? Comment vais-je tout simplement reprendre le cours de ma vie ? Pas évident …

Personnellement et après réflexion, je ne m’imaginais pas revenir en France pour me lancer à la recherche d’un emploi et retourner dans cette frénésie. L’idée de me lancer dans une nouvelle aventure me permettant de continuer à apprendre, à évoluer et à penser, me séduisait davantage. 
N’ayant jamais mis un pied à l’université et dans l’idée de me lancer un nouveau défi, je me suis renseignée sur les différents cursus proposés. Avec l’aide de ma famille et de mes amis, j’ai pu réunir toutes les pièces nécessaires au dépôt de mon dossier de validation des acquis. Durant le mois de Juillet, la bonne nouvelle est tombée.  Pas besoin de partir à l’autre bout du monde cette fois-ci. En Septembre, c’est donc une licence en Sciences de l’Éducation à l’Université de Lille 3 qui m’attendra. Mais une chose est sûre… je repartirai !!

L’association « Educación Solidaria » en quelques lignes…

« Educación Solidaria », c’est avant tout un collectif de professionnels de l’éducation et de personnes sensibles aux situations de pauvreté et de marginalisations que vivent un grand nombre d’enfants, de jeunes et de familles dans le pays. Ils interviennent dans différentes villes et départements (Montevideo, Canelones, Paysandú, Maldonado…) dans l’idée de construire de nouvelles alternatives pour transformer ces situations d’exclusion et de marginalisation et ainsi de permettre à ces individus de développer par eux-mêmes des possibilités d’intégration constructive dans la vie sociale, politique, culturelle et économique. Les objectifs de « Educación Solidaria »:

  • Conseiller les individus, les groupes et institutions qui travaillent avec des personnes socialement vulnérables ;
  • Dynamiser les ressources locales au profit de la population et de la vulnérabilité sociale;
  • Promouvoir la formation, les espaces de réflexion et de réunion ;
  • Contribuer au développement des espaces de solidarité inter- famillial, de l’économie et la production alternative.

Merci à Eduardo, Adriana et l’équipe de « La Frontera » pour leur accueil.

 

Charlotte Grislain

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Accord de Cotonou : Les relations de coopération entre l’Union Européenne (UE) et les pays Afrique-Caraïbes-Pacifique (ACP)

Les dates clés de la coopération UE-ACP

Vue d’ensemble de l’Accord de Cotonou

L’accord de Cotonou traduit l’engagement à œuvrer ensemble en vue de la réalisation des objectifs d’éradication de la pauvreté, de développement durable et d’intégration progressive des pays ACP dans l’économie mondiale; L’accord de Cotonou jette les bases des relations entre l’UE et 79 pays du groupe ACP. Le Soudan du Sud et la Somalie sont engagés dans le processus de signature et de ratification de l’accord.

L’objectif de l’accord de Cotonou est d’éradiquer la pauvreté en intégrant davantage les pays ACP dans l’économie mondiale. L’accord de Cotonou emploie le terme de «partenariat», insistant sur les engagements et la responsabilité mutuelle, et souligne l’importance du dialogue politique, des Droits de l’homme, de la démocratie et de la bonne gouvernance. L’accord est mis en œuvre par des institutions paritaires ACP-UE, y compris un Conseil des ministres, un Comité des ambassadeurs et une Assemblée parlementaire paritaire.

Contribution significative au développement économique, social et culturel des États ACP et au mieux-être de leurs populations, à les aider à relever les défis de la mondialisation et à renforcer le partenariat ACP-UE dans un effort visant à donner au processus de mondialisation une dimension sociale plus forte;

Les principaux thèmes couverts par l’Accord de Cotonou

Plusieurs thèmes sont au centre de la relation de coopération entre l’Union Européenne et les Etats ACP : Eradication de la pauvreté –  développement durable – paix, prévention et résolution des conflits –  environnement et gestion durable des ressources naturelles – Changement climatique – égalité des sexes – Jeunesse-  Education – Agriculture – démocratie – droits de l’Homme – Justice sociale – Culture et développement – bonne gouvernance – Migration – Santé – croissance économique etc.

Les principes fondamentaux de l’Accord de Cotonou

Les relations entre les parties prenantes de l’Accord sont guidées par quelques principes :

L’égalité des partenaires et l’appropriation des stratégies de développement: ce principe rappelle la souveraineté des Etats et encourage l’appropriation des stratégies de développement par les pays et populations concernés ;

La participation: Le partenariat est ouvert aux États en tant que partenaires principaux, mais aussi à d’autres acteurs ( confère partie «  Les acteurs de la coopération » aux parlements ACP, aux autorités locales des États ACP et à d’autres acteurs, en vue de favoriser la participation de toutes les couches de la société, du secteur privé et des organisations de la société civile à la vie politique, économique et sociale;

Le dialogue, le respect des engagements mutuels et la responsabilité: ces principes sont centraux à la relation de partenariat et  visent les deux parties ;

La différenciation et la régionalisation: les modalités et les priorités de la coopération varient en fonction du niveau de développement du partenaire, de ses besoins, de ses performances et de sa stratégie de développement à long terme. Un traitement particulier est accordé aux pays les moins avancés.

Les acteurs de la coopération entre l’Union Européenne et les pays ACP

Dans le cadre de cette coopération, sont considérés comme acteurs :

  • les autorités publiques (locales, régionales et nationales), y compris les parlements des États ACP;
  • les organisations sous-régionales, régionales ACP et l’Union africaine;
  • les acteurs non étatiques : La reconnaissance par les parties des acteurs non étatique dépend de la manière dont ils répondent aux besoins de la population, de leurs compétences spécifiques et du caractère démocratique et transparent de leur mode d’organisation et de gestion. Dans cette catégorie, sont classés :

— le secteur privé,

— les partenaires économiques et sociaux, y compris les organisations syndicales,

— la société civile sous toutes ses formes selon les caractéristiques nationales. La contribution de la société civile au processus de développement peut être accrue par un renforcement des organisations communautaires et des organisations non gouvernementales à but non lucratif dans tous les domaines de la coopération.

Les institutions de coordination de l’Accord de Cotonou

Ces institutions ont pour rôle d’assurer la coordination, la cohérence et la complémentarité, ainsi qu’un flux efficace et réciproque d’informations. Il s’agit du Conseil des ministres, du Comité des ambassadeurs et de l’Assemblée parlementaire paritaire.  Toutefois, il est important de relever que des réunions de chefs d’Etat et de gouvernement se tiennent sont aussi prévues pour accompagner et assurer un suivi de cette mission de coordination.

La Coopération économique et commerciale : principal point de discorde avec les APE

Le but majeur des Accords de Partenariat Economiques (APE ) est l’instauration d’une zone de libre-échange (réduction de tarifs douaniers, suppression de segments de marchés, libéralisation des mouvement de capitaux…)  entre les pays de l’Union Européenne et ceux de région ACP. Plusieurs critiques sont émises dans la mesure certaines parties prenantes estiment qu’il s’agirait d’une zone de libre-échange entre des partenaires inégaux..Toutes les régions ACP n’ont pas encore signé les APE. Il s’agit par exemple de l’Afrique de l’Ouest, l’Afrique Australe et l’Afrique de l’Est. Des organisations de la société civile sont actuellement entrain de se mobiliser contre une éventuelle mesure de l’UE qualifiée de « chantage » par ces militants.

2020 approche à grands pas…

L’année 2020 marque le terme fixé pour l’Accord de Cotonou. Alors que cette échéance approche à grands pas, plusieurs questions se posent sur l’avenir des relations entre l’Union Européenne et ses partenaires des pays ACP notamment sur la question épineuse des APE.

Bon à savoir :

Accord de Cotonou : Manuel à l’usage des acteurs non étatiques

http://eeas.europa.eu/delegations/burkina_faso/documents/more_info/accord_cotonou_acteurs_non_etatiques_fr.pdf

 

Anne Michelle EKEDI

Volontaire OIF

 

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Publié dans Politiques internationales

Un organe intergouvernemental des Nations Unies de haut niveau confirme que l’enseignement privé devrait être réglementé et l’enseignement public soutenu

Communiqué de presse, 8 juillet 2016

Dans une nouvelle résolution historique, le Conseil des droits de l’homme (CDH) des Nations Unies – le principal organisme intergouvernemental des Nations Unies traitant des droits de l’homme – a exhorté les États à réglementer de manière adéquate les écoles privées et à investir dans l’éducation publique.

La résolution qui a été adoptée lors de la 32e session ordinaire du Conseil des droits de l’homme (du 13 juin au 1er juillet 2016) exhorte dans deux paragraphes distincts tous les États à « faire face à tout impact négatif d’une commercialisation de l’éducation », en particulier par la mise en place d’un cadre réglementaire,  et réglementant et surveillant les prestataires de services d’enseignement, en demandant des comptes à ceux dont les pratiques portent préjudice à l’exercice du droit à l’éducation, et en appuyant les activités de recherche.

Sylvain Aubry, de l’Initiative mondiale pour les droits économiques, sociaux et culturels, a fait le commentaire suivant : « Cette résolution constitue une avancée majeure, car elle comprend des préoccupations et des recommandations sur la privatisation de l’éducation déjà abordées l’année dernière, mais en les incluant cette-fois directement dans le corps de la résolution. Par cette déclaration, les États reconnaissent sans ambiguïté que la commercialisation de l’éducation soulève des préoccupations graves en termes de droits humains, qui doivent être traitées activement et de toute urgence. »

« D’autres organes de protection des droits de l’homme au sein des Nations Unies, tels que le rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l’éducation et les organes de contrôle des Nations Unies ont déjà fait part de leurs fortes préoccupations concernant l’expansion explosive et non réglementée du rôle des acteurs privés dans l’enseignement. Cette résolution ajoute une forte dimension politique, qui ne laisse plus de place au doute : les États ont l’obligation en termes de droits humains de réglementer adéquatement les acteurs privés et de résister à la commercialisation de l’éducation », a ajouté Delphine Dorsi, du projet Droit à l’éducation.

Boaz Waruku, du Réseau Africain de Campagne Pour l’Éducation Pour Tous (ANCEFA) a souligné que : « La résolution précise que même les prestataires d’enseignement privé opérant en partenariat avec les États doivent être réglementés de façon adéquate par les États. Ceci est un rappel crucial aux États comme le Libéria, qui envisagent une sous-traitance controversée de leurs systèmes d’éducation : un partenariat public-privé ne peut pas être un moyen d’abandonner ses obligations en matière de droits humains. »

Dans une démarche sans précédent, la résolution exhorte également les États à « reconnaître l’importance considérable d’investir le maximum des ressources disponibles dans l’éducation publique » et à « augmenter et améliorer le financement interne et externe de l’éducation » afin de « contribuer à l’éducation en tant que bien public ».

Kevin Courtney, le Secrétaire général par intérim de l’Union nationale des enseignants (Royaume-Uni) a noté que « les États ont clairement reconnu que, dans le but d’améliorer la réalisation du droit à l’éducation, il n’y a pas d’autre solution que de financer et d’améliorer adéquatement le système éducatif. Les bailleurs de fonds tels que la Banque mondiale et le Royaume-Uni, qui ont financé des prestataires d’enseignement commerciaux dans les pays pauvres, doivent écouter le Conseil des droits de l’homme et mettre fin à ces pratiques néfastes. »

Camilla Croso, la présidente de la Campagne mondiale pour l’éducation, a souligné que « la Commission internationale sur le financement des opportunités éducatives mondiales, qui est en train de finaliser ses recommandations au Secrétaire Général de l’ONU, doit tenir compte des obligations juridiques des États à mettre en œuvre le droit à l’éducation, telles que le CDH les a rappelées. Les États doivent accroître le financement national et international de l’éducation publique ; toute solution de financement qui porterait atteinte à la notion d’éducation en tant que bien public irait à l’encontre du droit international des droits de l’Homme, et serait contraire à la présente résolution. »

Silvia Alonso, coordinatrice du réseau Défense civile pour l’éducation, le membre mexicain de la Campagne latino-américaine pour le droit à l’éducation, a déclaré : « Cette nouvelle résolution est extrêmement importante car elle souligne les engagements et les obligations des États à renforcer les systèmes d’éducation public, notamment dans le cadre du phénomène croissant de la privatisation de l’éducation publique, qui est dans de nombreux cas cachée. C’est ce qu’il se passe au Mexique et dans plusieurs pays de notre région, et ce phénomène implique souvent le transfert de ressources publiques au profit d’initiatives d’enseignement privé à but lucratif. »

La résolution a été adoptée par consensus des 47 États membres du CDH, ce qui souligne la force du soutien à la résolution.

« Nous appelons maintenant les États du monde entier à mettre en œuvre leurs obligations légales et à suivre leurs engagements politiques en arrêtant de financer les écoles privées commerciales et en prenant toutes les mesures nécessaires pour développer des systèmes d’éducation publique gratuite de qualité » a conclu Carole Coupez, de Solidarité Laïque, une organisation qui est un membre éminent de la Coalition Éducation française et qui œuvre dans le cadre d’un réseau francophone contre la commercialisation de l’éducation.

FIN

Documents clés :

 

Contacts :

  • Camilla Croso, Latin American Campaign for the Right to Education: camcroso@gmail.com
  • Ed Gragert, Campagne mondiale pour l’éducation: ed@campaignforeducation.org
  • Samuel Dembélé, Président, Réseau Africain de Campagne Pour l’Education Pour Tous: dembele_sam@hotmail.com
  • Caroline Cowie, NUT Press Office: +447879480061 / +442073804706

 

Déclaration approuvée par :

  • ActionAid
  • Réseau Africain de Campagne Pour l’Education Pour Tous (ANCEFA)
  • Coalition Education (France)
  • Campagne mondiale pour l’éducation
  • Fédération Internationale des Centres d’Entrainement aux Méthodes d’Education Active (FICEMEA)
  • Global Initiative for Economic, Social and Cultural Rights
  • Latin American Campaign for the Right to Education (CLADE)
  • National Union of Teachers (UK)
  • Program on Human Rights in the Global Economy (PHRGE)
  • Right to Education Project
  • Solidarité Laïque
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Publié dans Ressources sur la marchandisation

La mobilisation francophone contre la marchandisation de l’éducation : Point d’étape 1

Cher.e.s militant.e.s de la Ficeméa,

Notre mobilisation contre la marchandisation de l’éducation a officiellement démarré en 2014 à travers la tenue sur cette problématique, de nos forums régionaux (Bénin, Madagascar, Italie) et du Séminaire international à Namur (Belgique). Ces moments de réflexion et de partage nous ont permis de produire des actes et un manifeste sur la marchandisation de l’éducation. Le travail s’est poursuivi en 2015 en Côte d’Ivoire et à Maurice. Nous devons nous impliquer davantage pour renforcer nos empreintes dans cette action qui va désormais au-delà de la Ficeméa et s’étend à l’échelle de la Francophonie. En effet, face au phénomène grandissant de la marchandisation de l’éducation, un groupe d’ONG, syndicats et chercheur.e.s s’est mobilisé au sein d’un réseau et a initié une campagne internationale de plaidoyer dans la perspective du Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de la Francophonie en Novembre 2016 à Madagascar. Quelques dates sont à ce niveau, importantes à rappeler et à retenir :

15 Mars 2016 : Rencontre à Paris au siège de l’OIF d’acteurs du secteur éducatif

Cet événement a marqué le point de départ officiel de la mobilisation francophone contre la marchandisation de l’éducation. Après la conférence du 15 Mars 2016, il s’est agi essentiellement :

  • De la rédaction et de la diffusion du rapport de conférence;
  • Du partage du projet de Déclaration au sein de réseaux d’organisations ;
  • De suggestions et de modifications de l’Appel.

06 Juin 2016 : Lancement de l’appel à signatures de la Déclaration francophone contre la marchandisation de l’éducation

Depuis le 06 Juin 2016, les organisations nationales de la société civile ont la possibilité de signer l’Appel de la société civile francophone contre la marchandisation de l’éducation et des systèmes éducatifs dans le monde. Il est également suggéré aux organisations signataires d’envoyer leur logo à l’adresse : nevendezpasleducation@gmail.com et d’utiliser sur les médias sociaux le hashtag #Nevendezpasleducation afin de communiquer davantage sur cette initiative.

Signature de la Déclaration : Ou en sommes-nous ?

Au moment de la rédaction de cette note, 235 organisations nationales de la société civile ont déjà signé la Déclaration. Nous comptons : 136 organisations en Afrique dont 31 en Afrique du Nord ; 65 en Europe et 22 dans les autres régions (Canada, Haïti, Vanuatu, Madagascar, île Maurice, et Liban).

Quel est le bilan de la signature dans les pays couverts par la Ficeméa ?

Nous constatons avec fierté que le processus de signature est actif dans la majorité des pays couverts par la Ficeméa. C’est aussi un signe que nous ne serons pas seuls dans cette lutte au niveau local.

Régions Pays couverts par la Ficeméa Nombre d’organisations signataires
     
 

Amérique du Sud et Caraïbes

Haïti 12
Pérou
Uruguay
 

 

 

 

 

 

 

Afrique

Algérie 3
Bénin 5
Burkina-Faso 5
Cameroun 6
Congo (République Démocratique) 40
Côte d’Ivoire 9
Gabon 2
Mali 6
Niger 5
Sénégal 9
Togo 3
Tunisie 14
 

 

 

 

 

Europe

Allemagne 2
Autriche
Belgique 29
Espagne 1
France 26
Grèce
Hongrie
Italie 1
Pologne
Portugal
Roumanie 2
Russie
Suisse 3
 

Océan Indien

Madagascar 4
Maurice 1
Seychelles
 

Proche Orient

Liban 1
Palestine

Au regard de ces chiffres, nous pouvons déjà être fiers de notre mobilisation. Mais le chemin est encore long… redoublons d’efforts et diffusons largement l’appel au sein de nos réseaux. Il restera ouvert jusqu’au Sommet de la Francophonie afin de recueillir le maximum de signatures et de permettre à d’autres acteurs à travers l’espace francophone de rejoindre le mouvement. Après l’étape de la signature, d’autres rendez-vous importants de la campagne de mobilisation sont d’ores et déjà pris.

La mobilisation à l’horizon de Septembre 2016…

Parallèlement à la signature en cours, d’autres actions et activités sont prévues entre le mois de Juillet et le mois de Septembre 2016. Il s’agit principalement :

  1. De porter le plaidoyer contre la marchandisation de l’éducation au Forum Social Mondial qui se tiendra du 09 au 14 Août 2016 à Montréal (Canada);
  2. De rencontrer, en amont, les représentants des Etats auprès de l’OIF et cibler plus particulièrement les 6 États ayant signés la convention : “Entente de coopération pour le renforcement du rôle de l’État comme régulateur des services éducatifs le 10 juillet 2014″
  3. De Lancer la déclaration en septembre : Dans le cadre de ce lancement, sont planifiés :
  • Une réunion avec les représentants des États à l’OIF ;
  • Une remise officielle de l’Appel à Mme Michaelle Jean, Secrétaire Générale de l’OIF avec la presse.
  • Un accompagnement afin d’impulser une dynamique de la société civile au niveau national. La force de notre réseau est de pouvoir, à la fois, porter les revendications et les réalités de terrain des membres dans les organisations internationales mais ce travail n’a de sens que par une mobilisation au niveau national. Cette articulation entre les niveaux est une force insoupçonnée et nous devons nous en saisir pour transformer le monde. Ce soutien prendra principalement la forme d’une feuille de route « plaidoyer ». Une mallette pédagogique sera mise à la disposition de tous les acteurs intervenant dans la campagne. Vous trouverez dans ce lien des outils pour le plaidoyer : informations précises sur le réseau francophone, un communiqué de presse, une lettre pour les ministères

A l’initiative des Ceméa Belges, nous vous proposons de commencer cette mobilisation par nous envoyer des photos de situations, expériences qui traduisent concrètement la marchandisation de l’éducation

  • Un temps d’arrêt sur la question de l’accompagnement au niveau national…

En tant que membres de la Ficeméa, nous avons engagé des actions depuis 2014 sur la marchandisation de l’éducation, soyons actifs, présents et visibles dans le cadre de cette mobilisation francophone.  La réussite de ce projet dépend de chacun.e, de TOUS dans la mesure où la campagne ne se limitera pas à l’échelle internationale, elle se déploiera aussi dans les sphères nationales pour un meilleur impact.

Pour une action en synergie….De l’International au local

Le réseau est prêt à accompagner localement chaque association. Nous envisageons dans la mesure du possible de :

  • mettre en contact les associations signataires par pays ;
  • soutenir les associations dans l’organisation d’un évènement dans leurs pays. il s’agira entre autres d’interpeller les gouvernements, d’organiser une réunion avec des acteurs de la société civile, d’organiser une conférence de presse etc.

Et Après Septembre 2016?

Après les rendez-vous de Septembre et avant le sommet de la Francophonie, un autre point d’étape sera réalisé pour une meilleure visibilité du processus de mobilisation et de son évolution. Nous devons évoluer ENSEMBLE !!!

 

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Publié dans Appel à mobilisation, Ressources sur la marchandisation

L’Education Nouvelle : carrefour de malentendus… et creuset de la réflexion pédagogique d’aujourd’hui

Avant les vacances, une réflexion sur l’ « Éducation nouvelle », qui apparaît dès le début du 20ème siècle, se structure en 1921 au Congrès de Calais et fait encore parler d’elle aujourd’hui… par beaucoup de ceux qui ne la connaissent guère.

Un des nombreux paradoxes de l’Éducation Nouvelle tient au fait qu’elle est, très largement, demeurée marginale dans les pratiques tout en réussissant à imposer la plupart de ses « lieux communs » dans les discours éducatifs. Certes, son caractère marginal a été, et reste systématiquement revendiqué par ses promoteurs qui craignent que l’institutionnalisation de ses propositions leur ôte leur caractère « subversif », engendre leur dévoiement et, à terme, provoque leur dilution dans une « pédagogie traditionnelle ordinaire » tout juste « modernisée » pour créer l’illusion.

Mais, simultanément, et, tout en restant sur leur territoire propre, les partisans de l’Éducation Nouvelle ne cessent d’occuper le vaste terrain idéologique médiatique et d’y galoper dans tous les sens, au point, parfois, d’y apparaître comme hégémoniques. Ils parlent et écrivent à tout va, abondamment repris par les vulgarisateurs éducatifs de toutes sortes… des psychologues qui se targuent de pédagogie aux spécialistes de la rubrique « Modes de vie », aussi bien dans les magazines « grand public » que dans l’abondante littérature sur le « développement personnel ». Cette frénésie prosélyte en faveur de l’Éducation Nouvelle ne cesse, d’ailleurs, d’entretenir une confusion majeure : alors que la « pédagogie traditionnelle » de la « forme scolaire » (enseignements segmentés et cloisonnés, « leçons » magistrales suivies d’exercices d’application, notation et classements systématiques, etc.) semble complètement inamovible, les adversaires de l’Éducation Nouvelle ne cessent de dénoncer l’emprise des « réformateurs » et de leur attribuer la responsabilité de la baisse du niveau, du laxisme généralisé et de l’abandon de toute véritable exigence intellectuelle dans l’école.

Cette situation étrange ne facilite pas l’analyse un peu fine de la réalité des propositions de l’Éducation Nouvelle dans la mesure où les attaques qu’elle subit suscitent, en réaction, une solidarité de tous ses défenseurs autour de slogans emblématiques… au risque de gommer de nombreuses différences d’approche, voire d’occulter de véritables enjeux fondamentaux. Ainsi en a-t-il été de la promotion de la fameuse formule « l’élève au centre du système », génératrice de malentendus s’il en est : alors qu’elle est utilisée dans un rapport annexé à la loi d’orientation de 1989, préparée sous l’autorité de Lionel Jospin, pour souligner la nécessité de sortir d’une « démocratisation-massification » – pensée en termes de simple gestion de flux – afin d’aller vers une scolarité permettant, par une intervention pédagogique adaptée à chaque élève, la réussite du plus grand nombre, elle a été présentée – puis dénoncée – comme une manière d’écarter les savoirs de l’école et de s’agenouiller devant les caprices des enfants-rois… Ses promoteurs, alors, se sont sentis obligés de la défendre, s’appuyant sur ce qu’ils avaient voulu y mettre sans s’apercevoir que leurs contempteurs restaient délibérément rivés sur leur interprétation première. D’où ce sentiment de se trouver face à un dialogue de sourds où la polémique ne cesse d’enfler sans que nul, jamais, ne clarifie suffisamment les choses pour qu’on sache de quoi on parle vraiment et ce que signifie exactement les mots qu’on utilise.

Et l’on pourrait multiplier les exemples de ces malentendus dans lesquels nous sommes empêtrés et qui bloquent tout autant la réflexion pédagogique que le travail approfondi sur les pratiques. J’en évoquerai ici quelques-uns, parmi les plus fréquents, en montrant, chaque fois, tout l’intérêt qu’il y a à ne pas s’en tenir aux slogans habituels et à prendre ses distances avec la vulgate de l’Éducation Nouvelle… mais pour rester fidèle, justement, à la démarche de l’Éducation Nouvelle, en ce qu’elle a de plus radicalement fondateur ! Ce qui m’amènera à formuler quelques « principes » qui ne se veulent que des « outils-silex », comme disait Fernand Oury, pour distinguer, au cœur des discours éducatifs, quelques-uns des enjeux essentiels. Avant de montrer en quoi ces principes nous permettent de comprendre l’entreprise éducative dans sa tension fondatrice.

Malentendu 1

A Malentendu n°1 : « Un élève n’apprend que s’il est motivé »… Célestin Freinet, après tant d’autres, n’a cessé de le répéter : « On ne fait pas boire un cheval qui n’a pas soif ». Mais Freinet, pour autant, ne sous-estimait pas la différence entre un cheval et un élève. Il savait que tout cheval à qui l’on ne donne pas à boire finit toujours par avoir soif, tandis qu’il est fort rare qu’un élève privé de mathématiques vienne réclamer à ses éducateurs le théorème de Thalès ! C’est la raison pour laquelle Freinet insistait tant sur la nécessité de « donner soif à l’élève » et de ne pas se contenter d’un attentisme bienveillant (comme on peut le trouver, par exemple, dans certaines affirmations de Neil sur ses pratiques à Summerhill). Et, ainsi, Freinet lui-même pointe-t-il, mais sans toujours la formaliser suffisamment, la distinction fondamentale entre la « motivation » qui ne s’appuierait que sur des intérêts préexistants et la « mobilisation », que l’adulte s’efforce de susciter, par laquelle il permet l’émergence d’intérêts nouveaux et favorise l’engagement de l’élève dans des apprentissages pour lesquels il n’était pas spontanément motivé…

Principe n°1 : Subordonner les apprentissages à des motivations préexistantes, c’est entériner les inégalités et renoncer à faire découvrir aux élèves des savoirs mobilisateurs qui pourront être, pour eux, émancipateurs. « Faire émerger le désir d’apprendre », c’est organiser des rencontres susceptibles de mobiliser l’élève sur ce dont il ignorait, jusque là, tout à la fois l’existence et les satisfactions intellectuelles qu’il pourra en tirer… C’est lui ouvrir des possibles au lieu de l’enfermer dans « l’être-là ».

Malentendu 2

A Malentendu n°2 : « Chaque enfant apprend d’une manière qui lui est propre et cela nécessite la mise en place d’une “école sur mesure” »… Bien avant que les travaux de la psychologie différentielle n’insistent sur la singularité de chaque sujet en matière d’apprentissage, en mettant en avant les « styles cognitifs » ou les « stratégies d’apprentissage », les pédagogues de l’Éducation Nouvelle avaient plaidé pour l’instauration, selon la formule de Claparède, d’une « école sur mesure ». Comment tolérer, en effet, que l’on impose à chacune et à chacun le même « prêt à porter » scolaire, tant en matière de contenus que de rythmes et de méthodes ? Pourquoi instituer une norme arbitraire, qui, par définition, ne satisfera personne ? C’est pourquoi faut prendre chaque enfant « comme il est », « là où il est », non pas, bien évidemment, pour le laisser tel qu’il est, mais pour l’aider à progresser en s’appuyant sur ses ressources et en tenant compte de ses spécificités… Quand on a dit cela, cependant, on n’a pas encore vraiment tranché sur un point décisif. On peut, en effet, concevoir « l’école sur mesure » selon un modèle strictement adéquationniste, basé sur un diagnostic préalable qui s’efforce de connaître parfaitement, en amont de toute intervention éducative, le niveau et les besoins de l’élève afin de lui imposer un parcours strictement individualisé. Ou bien, on peut proposer à l’élève une palette de propositions dans le cadre d’une « pédagogie différenciée » et l’aider à se saisir des objectifs et méthodes qui lui permettent, tout à la fois, d’enrichir sa panoplie méthodologique et de se mobiliser sur des connaissances nouvelles. Dans le premier cas, on est dans le paradigme pharmaceutico-médical de l’individualisation, conçu sur le modèle behavioriste de « l’homme-machine » ; dans le second, on est dans un paradigme systémique où la connaissance des sujets ne précède pas nécessairement les propositions qu’on leur fait mais est en interaction permanente avec elles : car c’est aussi la manière dont un sujet s’empare d’une méthode ou se mobilise sur un savoir qui permet de le connaître…  et c’est cette connaissance qui nourrit de nouvelles propositions et suscite l’inventivité pédagogique.

Principe n°2 : Si chaque élève s’approprie des savoirs de manière singulière, il n’en est pas, pour autant, enfermé dans des méthodes définitives ni dans une progression strictement linéaire : la véritable « école sur mesure » n’est pas celle de la systématisation du couple « tests / exercices » (ou diagnostic / remédiation), c’est celle qui s’appuie sur la variété des propositions, la diversification des ressources, les interactions entre pairs et avec l’environnement et où chacune et chacun apprend progressivement à piloter ses apprentissages dans une démarche de découverte / régulation.

Malentendu 3

A Malentendu n° 3 : « L’élève apprend ce qui fait sens pour lui »… L’inflation de l’utilisation du mot « sens » dans les discours éducatifs doit évidemment nous alerter sur son ambigüité. Qu’est ce qui « fait sens » pour un élève ? Tout naturellement, et en raison même des origines de l’Éducation Nouvelle – l’enseignement primaire dans une société rurale – le sens a d’abord été identifié à « l’utile ». Ce qui faisait sens, c’est ce dont on pouvait « se servir » dans la vie quotidienne. A Abbotsholme – la première new school créée par le pasteur Cecil Reddie dans les environs de Londres à la fin du XIXème siècle -, les enfants n’apprennent les mathématiques et les sciences naturelles que pour participer à la gestion de la ferme, ils n’apprennent la langue que pour pouvoir comprendre les modes d’emploi des ustensiles agricoles, lire la gazette locale, tenir leur journal de bord, écrire aux clients et aux fournisseurs… Une façon, bien sûr, de finaliser les apprentissages scolaires en les assujettissant à l’usage immédiat qu’ils peuvent en faire. Mais une manière aussi de les appauvrir considérablement en les cantonnant dans le domaine du fonctionnel et à un niveau taxonomique strictement déterminé par les besoins de l’environnement. C’est pourquoi il faut aller regarder chez Tolstoï ou chez Tagore et (re)découvrir avec eux à quel point le « sens » relève aussi du symbolique : ce qui fait sens pour l’élève, ce n’est pas seulement la valeur d’usage des savoirs, c’est la manière dont ils parlent à son intériorité, résonnent avec ses préoccupations anthropologiques fondamentales, lui permettent, à travers la découverte des œuvres culturelles, de donner forme à ce qui l’habite. Ce qui fait sens, c’est ce qui relie ce que chacun a de plus intime avec ce qui est le plus universel, ce qui permet de sortir de la solitude et de mettre en récit son chaos psychique pour ne pas être manipulé par ses pulsions archaïques.

Principe n°3 : L’engagement d’un sujet dans des savoirs n’est pas seulement lié à l’utilisation concrète qu’il pourra faire de ceux-ci pour résoudre les problèmes matériels qui se posent à lui dans sa vie quotidienne. Cet engagement est aussi fondamentalement lié à la manière donc l’éducateur est capable, à tous les niveaux taxonomiques, de relier les savoirs qu’il enseigne à une culture, à une histoire, à la manière dont ils ont été élaborés par les humains et dont ils contribuent encore aujourd’hui à parler aux « petits d’hommes » de leur émancipation.

Malentendu 4

A Malentendu n°4 : « L’élève apprend en étant actif »… C’est Jules Ferry lui-même qui confia à Henri Marion, en 1888, le premiers cours de « science de l’éducation » à la Sorbonne (l’expression est alors au singulier car il convient, à ce moment-là, de « fonder en vérité » les principes des grandes lois laïques). Et, tout naturellement, Marion fit une leçon inaugurale qui commençait par cette formule : « Il n’y a qu’une méthode digne de ce nom et c’est la méthode active ». « Tout naturellement », ai-je écrit, dans la mesure où l’on voit mal un pédagogue – aussi partisan soit-il des pédagogies « traditionnelles » (et Marion n’en était pas un!) – faire l’éloge d’une « méthode passive ». Ainsi, pour Marion la « méthode active » a-t-elle un caractère d’évidence : celui qui ne sait pas appliquer une règle de grammaire ou un théorème de mathématiques ne les connait pas vraiment et c’est pourquoi le maître doit « faire agir » : « Voilà, explique-t-il, le précepte unique de l’enseignement, car il contient en germe tous les autres »… Mais « faire agir » reste encore une formule ambiguë tant l’action peut prendre de multiples formes. Et, très vite, l’Éducation Nouvelle va l’utiliser dans un sens particulier : être « actif » dans l’école, ce sera être en activité « comme dans la vie », dans la « vie active » justement. Ce sont donc des activités sociales en miniature (collectives si possible) qui vont apparaître comme le moyen, par excellence, de mettre en place les « méthodes actives » (l’expression passe au pluriel afin, sans doute, de bien couvrir tous les champs possibles des activités sociales importables à l’école : la correspondance et le journal scolaires, les « ateliers » de menuiserie ou de théâtre, les enquêtes de terrain et les expériences scientifiques…).

Or, quand on regarde ce qui se passe précisément alors dans les classes, on peut dire que les choses sont, pour le moins contrastées : certaines « activités », préparées et régulées par le maître, garantissent l’implication de chaque élève et permettent, pour chacun, le passage de l’empirie (le « tâtonnement expérimental » chez Freinet) à la compréhension et à la modélisation de connaissances transférables ; mais, dans d’autres cas, une division du travail se met en place dans le groupe entre concepteurs, exécutants et chômeurs, n’autorisant tout au plus que le perfectionnement de chacun dans des savoir-faire préalables. Or, quand on cherche à identifier ce qui garantit l’apprentissage dans les « méthodes actives », on est bien obligé d’admettre que ce n’est pas la présence d’une « activité de fabrication » plus ou moins réussie, mais bien celle d’une « opération mentale » suscitée par l’activité et qui permet au sujet de déstabiliser un système de représentations pour l’enrichir et le stabiliser à un niveau supérieur… opération mentale qui peut également intervenir pendant l’observation d’une expérience, l’écoute d’un cours ou la lecture d’un livre. L’activité qui fait apprendre et progresser, c’est celle qui se passe « dans la tête » de l’élève, quand un conflit sociocognitif lui permet de construire, avec les matériaux qui lui sont proposés ou qu’il découvre, un nouveau modèle d’intelligibilité, c’est-à-dire, en réalité, de nouveaux savoirs.

Principe n°4 : Rendre l’élève « actif » dans ses apprentissages est éminemment nécessaire, mais il s’agit d’une activité mentale qui n’est pas systématiquement corrélée avec une activité matérielle de fabrication. Certes, l’activité concrète demeure un excellent point de départ pour permettre l’opération mentale, mais à condition de bien l’identifier comme telle et, surtout, de mettre en place un dispositif pédagogique qui permet de dégager un modèle transférable afin de ne point en rester à un savoir-faire empirique.

Malentendu 5

A Malentendu n°5 : « L’élève n’apprend qu’en collaborant avec les autres »… La « socialisation » est un maître mot dans l’Éducation Nouvelle et reste, aujourd’hui, un enjeu éducatif fondamental : la montée de l’individualisme social rend, en effet, éminemment nécessaire la découverte des exigences d’un collectif, de ses règles et de la manière ont elles constituent la condition de l’expression et du développement de chacun tout en permettant la poursuite du « bien commun ». Tous les pédagogues de l’Éducation Nouvelle font ainsi l’éloge de la collaboration et l’opposent à une vision étroitement concurrentielle de la réussite scolaire… Pourtant, à y regarder de près, ils ne s’inscrivent pas vraiment dans les mêmes perspectives : même si Ferrière et Freinet participent, en principe, au même « mouvement », le premier n’hésite pas à expliquer que la collaboration dans les « communautés d’enfants » permet la structuration d’une hiérarchie sociale efficace et facilite l’émergence des futurs chefs, tandis que le second – longtemps compagnon de route du Parti Communiste – fait de la promotion du collectif l’anticipation d’une société égalitaire. Makarenko – le plus cohérent des promoteurs de la formation par le groupe – propose lui d’y instaurer une rotation des tâches systématique afin d’éviter que nul ne s’enkyste dans une fonction ou un rôle et de former chacune et chacun à toutes les tâches. La « collaboration » peut donc signifier, selon les cas, ou bien la structuration d’une micro société hiérarchisée anticipant « la division sociale du travail », ou bien l’organisation d’un mode de fonctionnement permettant de faire progresser chacun et chacun en lui proposant des expériences susceptibles de lui permettre des acquisitions nouvelles.

Principe n°5 : En matière éducative, l’organisation du groupe et le type de collaboration qui est promue entre les membres d’un groupe doit être au service des acquisitions et du progrès de chacun. Les règles de fonctionnement ne peuvent donc pas être assujetties à l’efficacité sociale productive du groupe, mais doivent permettre la progression de tous les membres.

Malentendu 6

A Malentendu n°6 : « L’éducation doit être démocratique »… Évidemment, s’il s’agit de souligner qu’elle doit avoir pour ambition de démocratiser l’accès aux savoirs fondamentaux, tout le monde est d’accord… au moins sur le principe ! Mais l’expression « éducation démocratique » est aussi utilisée, dans l’Éducation Nouvelle, pour désigner la démarche éducative elle-même : il faudrait, dit-on, « éduquer démocratiquement ». Qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire ? Pour certains – partisans de « l’autogestion pédagogique » – il s’agirait de mettre en œuvre une « démocratie en miniature » dans les institutions d’éducation afin que les enfants décident eux-mêmes démocratiquement de leur propre éducation. A ceux qui croient cela, il faut répondre clairement que leur projet est un leurre : un enfant, tant qu’il n’est pas éduqué, ne peut pas choisir librement ses apprentissages et la manière de les effectuer ; il a besoin que l’adulte décide pour lui de « ce à quoi il doit être éduqué » ainsi que de la façon de le faire : celui qui est déjà là, doit, comme le dit Hannah Arendt, assumer la responsabilité du monde ; il a un impérieux devoir d’antécédence à l’égard de celui qui arrive infiniment démuni, fragile et inachevé… Dans ces conditions, il vaut donc mieux parler d’ « éducation à la démocratie » plutôt que d’ « éducation démocratique » : l’éducation à la démocratie est celle qui se donne pour ambition d’accompagner l’élève vers sa responsabilité de citoyen en l’aidant à acquérir les modèles intellectuels qui lui permettront, une fois citoyen de droit, de comprendre et le monde dans lequel il vit et d’y jouer son rôle. Mais, contrairement à ce qu’affirment les partisans de la « pédagogie traditionnelle », cette formation intellectuelle ne saurait suffire : on ne peut passer spontanément et miraculeusement d’une situation d’assujettissement éducatif total à l’exercice de la liberté éclairée. C’est pourquoi, tout au long de son éducation, il faut offrir progressivement à l’enfant des occasions de décision et des espaces de liberté à sa portée, travailler avec lui sur sa capacité à s’exprimer dans des collectifs de manière autonome, indépendamment de toute pression, l’aider à former sa volonté et construire sa détermination à s’engager au service du bien commun pour pouvoir assumer et revendiquer progressivement la responsabilité de ses propres actes.

Principe n°6 : L’entrée dans le débat démocratique et la possibilité d’exercer sa responsabilité de citoyen supposent une formation qui accompagne le sujet en lui donnant, tout à la fois, les savoirs nécessaires pour comprendre le monde et les occasions de s’engager progressivement dans des collectifs en faisant des choix à sa mesure. C’est ainsi qu’un « petit d’homme » devient un « petit homme » et conquiert le pouvoir de « penser par lui-même », d’agir en connaissance de cause et de s’imputer la responsabilité de qu’il dit et fait.

Malentendu 7

A Malentendu n°7 : «L’enfant a droit à la liberté d’expression »… Voilà, sans aucun doute, un des principes les plus souvent rappelés par les pédagogues de l’Éducation Nouvelle ainsi que par les psychologues qui s’inscrivent dans leur lignée comme Bruno Bettelheim ou Françoise Dolto. Ils se positionnent ainsi clairement contre la « pédagogie des préalables » qui prétend toujours repousser l’expression de l’enfant « après »… une fois qu’il saura s’exprimer, maitrisera correctement le langage, saura juger de la pertinence et de l’impact de ses propos, disposera des savoirs suffisants pour les étayer, etc. Ces « préalables » autorisent, en effet, à récuser systématiquement toute expression de l’enfant en affirmant – sans jamais pouvoir être démenti – que toutes les conditions ne sont pas remplies pour qu’il puisse être pris au sérieux… Certes, les tenants du « droit de l’enfant à l’expression » prennent toujours la précaution de préciser que, si l’adulte a le devoir d’ « entendre » l’enfant, il n’a évidemment pas celui de « l’approuver ». C’est bien la moindre des choses, en effet, que la liberté d’expression de l’un ne soit pas un obstacle à celle de l’autre ! Mais, pour autant, les choses ne sont pas complètement clarifiées et un véritable clivage existe bien, au sein de l’Éducation Nouvelle, entre ceux qui veulent absolument favoriser l’expression spontanée de l’enfant et ceux qui considèrent que cette expression n’est véritablement libre que si, paradoxalement, elle est soutenue par les contraintes éducatives posées par l’adulte…

C’est Korczak – promoteur des droits de l’enfant et peu suspect de vouloir brider son expression – qui a, sans doute, affirmé avec le plus de clarté l’importance des « belles contraintes » capables de permettre l’expression de la liberté. Avec les enfants et adolescents particulièrement « difficiles » qu’il accueille dans son orphelinat, il impose le « sursis » à l’expression, à travers le dispositif de « la boite aux lettres » : « Ecris le moi et je te répondrai… Prends le temps d’y réfléchir et je prendrai le temps de te répondre… » Entre l’autoritarisme qui récuse la parole de l’enfant – au prétexte qu’elle n’est pas encore recevable – et le spontanéisme qui s’émerveille naïvement devant toute expression de l’enfant – jusqu’à encourager le caprice – Korczak propose de lier le droit à l’expression au devoir de l’éducation en inscrivant, à l’articulation de l’un et de l’autre, l’exigence. Il crée des situations où les contraintes de l’adulte permettent à l’expression de l’enfant de se dégager du pulsionnel, de la répétition des archétypes et du mimétisme stérile ; il crée des dispositifs qui permettent l’émergence de la pensée.

Principe n°7 : L’enfant construit son expression libre grâce aux contraintes fécondes que l’adulte lui impose. Ces contraintes ne doivent pas être une entrave à sa liberté, mais, bien au contraire, un moyen de permettre à l’enfant de prendre de la distance par rapport à une expression pulsionnelle stéréotypée, répétitive et où, malgré quelques fulgurances, il reste largement dans l’infantile. Les « belles contraintes » n’imposent donc pas à l’enfant de renoncer à s’exprimer mais, tout au contraire, dans la mesure où l’adulte met à sa disposition des ressources et exprime une attente bienveillante à son égard, lui permettent d’éprouver la satisfaction d’une expression ajustée à une liberté qui s’assume.

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Ainsi, l’Éducation Nouvelle est-elle traversée d’ambigüités… Ces dernières se manifestent – on vient de le voir – à travers les interprétations différentes, voire divergentes, de la plupart des formules qui en constituent la vulgate. En effet, cette mouvance pédagogique, qui se revendique de la tradition rousseauiste et se structure au début du XXème siècle, est loin d’être idéologiquement homogène. On y côtoie des libéraux, tels Ferrière, convaincus que la liberté accordée aux enfants favorise l’émergence d’une société construite sur la formule « the right man at the right place », et des hommes de gauche, comme Wallon, qui militent pour une « école unique » et la formation de tous au plus haut niveau. On y trouve de grandes figures du courant libertaire, comme Neill, pour lesquels toute entrave à la spontanéité de l’enfant compromet son développement, et des penseurs comme Maria Montessori qui se réclament d’une « pédagogie scientifique » et affirment que le rôle de l’éducateur est de structurer les expériences de l’enfant à partir d’un matériel pédagogique très élaboré. On y rencontre des partisans de la « méthode naturelle », comme Freinet, qui prônent la systématisation du « tâtonnement expérimental » dans des tâches mobilisatrices complexes et des défenseurs d’un enseignement individuel et progressif très encadré, comme Miss Parkhurst, l’auteur du fameux « Plan Dalton ».

Mais, plus fondamentalement encore, et au sein même de chacune de ces propositions, l’Éducation Nouvelle est un creuset où se dévoile, dans ses hésitations terminologiques et conceptuelles mêmes, l’enjeu essentiel de l’entreprise éducative. Qu’on regarde de près, par exemple, la notion d’ « intérêt de l’enfant » – que tout le monde met en avant – et l’on verra à quel point les choses sont problématiques : pour certains, en effet, « l’intérêt de l’enfant » est « ce qui l’intéresse », tandis que, pour d’autres, c’est « ce qui est dans son intérêt ». Et l’on avouera que les deux acceptions ne se recoupent pas aussi facilement que cela… surtout dès que l’on travaille avec des enfants qui n’ont pas trouvé leur panoplie de bon élève au pied de leur berceau et qui sont socialement éloignés de la culture scolaire ! Là, comme ailleurs, on est pris en tenaille entre une conception « endogène » de l’éducation – qui renvoie au développement d’un sujet qui s’engage librement dans ses apprentissages – et une conception « exogène » de la formation – qui renvoie à une intervention volontariste, tant en termes d’objectifs que de méthodes, sur un sujet dont on se veut responsable des acquisitions.

Or, la réussite de l’entreprise éducative se joue précisément dans la capacité à articuler dans le même temps (et non successivement) l’endogène et l’exogène : Il s’agit, pour reprendre les termes mêmes de Rousseau dans l’Emile de faire droit simultanément à deux exigences. D’une part, parce qu’on n’apprend bien que ce qu’on a appris soi-même, « qu’il (l’élève) ne sache rien parce que vous le lui avez dit, mais parce qu’il l’a compris lui-même ; qu’il n’apprenne pas la science, qu’il l’invente. Si vous substituez, dans son esprit, l’autorité à la raison, il ne raisonnera plus : il ne sera plus que le jouet de l’opinion des autres. ». Mais, d’autre part, et parce que la dissymétrie entre l’éducateur et l’éduqué est irréductible, « sans doute, il ne doit faire que ce qu’il veut, mais il ne doit vouloir que ce que vous voulez qu’il fasse ; il ne doit pas faire un pas que vous ne l’ayez prévu, il ne doit pas ouvrir la bouche que vous ne sachiez ce qu’il va dire ».

Il s’agit bien, en réalité, de mettre en tension deux exigences : l’exigence de transmission et celle d’appropriation. C’est l’adulte qui éduque et enseigne, mais c’est l’enfant qui grandit et apprend. L’enfant ne peut décider de ce qu’il doit apprendre – sinon, c’est qu’il serait déjà éduqué – mais il doit l’apprendre par lui-même – pour que cet apprentissage fasse de lui un sujet. Et l’Éducation Nouvelle, inaugurée, aux dires de tous ses partisans par Rousseau lui-même, n’est rien d’autre que le travail obstiné – et souvent très tâtonnant – d’inventivité méthodologique et institutionnelle pour dépasser par la pratique l’aporie théorique dans laquelle s’enferment les débats qui opposent autorité et liberté.

C’est de cette inventivité dont fait preuve Pestalozzi qui, dès 1799, élabore une « Méthode » pour « donner des mains à Rousseau » : il y articule expérience et connaissance en demandant au maître de veiller à ce que chaque geste de l’enfant soit porté par l’exigence de perfection. C’est cette inventivité qu’on trouve aussi bien chez Makarenko, le bolchévique, que chez Jean Bosco, le fondateur des Salésiens : « L’enfant est malade, soignez le milieu. Il ne veut pas apprendre, créez des situations où il soit obligé de le faire. » C’est cette inventivité qu’on voit à l’œuvre chez Maria Montessori ou Célestin Freinet, comme chez tous les acteurs de l’Éducation Nouvelle. Les uns et les autres tentent de mettre en œuvre la maxime de Jean-Jacques : « Jeune instituteur, je vous prêche un art difficile, c’est de tout faire en ne faisant rien. » Entreprise infiniment risquée – et qui, par essence, prête le flanc aux critiques de tous les dogmatismes – mais seule voie possible pour une éducation à la démocratie qui ne renonce ni à la transmission d’un monde commun ni à la formation de la liberté.

Philippe Meirieu

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Ceméa Sénégal: Jumelage des cellules de Guediawaye et de Saint-Louis – 1ère étape…

L’actualité des Ceméa Sénégal a été marquée du 29 Avril au 01er Mai 2016  par la cérémonie « Aller » de jumelage des cellules de Guediawaye[1]et de Saint-Louis. Cette cérémonie s’est tenue à Saint-Louis dans le cadre d’une activité « VSD » (Vendredi, Samedi, Dimanche). Une délégation de moniteurs.rices de Guediawaye a quitté Dakar le Vendredi 29 Avril 2016 à 16h15[2] avec à sa tête El Hadj DIOP, directeur de collectivités éducatives et président de cette cellule, Mamadou Mbaye, délégué régional de Dakar. On pouvait noter la présence à la tête de la délégation Saint-Louisienne des ceméa, Ibrahima Diarra, le délégué régional  et Moussa Touré le président.

Nous avons a été accueillis par des chants et animations au sein de l’école Khaly Ousmane Gaye (ancien camp de formation militaire), elle-même logée dans l’ancienne école normale de Saint-Louis. Avant l’installation dans les dortoirs et le repas, la parole a été donnée à chaque participant à ce week-end de jumelage pour des présentations.

A la découverte du milieu et de l’histoire…

Cette activité a débuté dès le Samedi matin par une visite de la ville historique de Saint Louis (ancienne capitale de l’Afrique de l’Ouest et classée dans la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO). Nous avons ainsi pu traverser à pieds le pont « Faidherbe » qui porte le nom Louis Léon Faidherbe, Gouverneur du Sénégal de 1854 à 1864, visiter entre autres la place« Faidherbe », l’Ancienne assemblée territoriale du fleuve inaugurée le 19 Décembre 2009 par Rudy Demotte, ministre président de la Fédération Wallonie-Bruxelles, la station radio « Teranga » etc.; Après la visite, s’en est suivi le recueil sur la tombe d’Ousmane Thiané Sar (1919-1953): un des précurseurs du mouvement des collectivités éducatives au Sénégal. En effet, ce saint-louisien a dirigé la première colonie de vacances au Sénégal  du 01er Septembre au 1er Octobre 1953 avant de décéder  au mois de Novembre de la même année. D’ailleurs, nous avons pu remarquer sur sa tombe un écriteau d’hommage signé par les éclaireurs de France.

Se former aux ceméa…

« Tout moment de rencontre Ceméa est un moment de formation », c’est par ces propos que Ibrahima Gnagna Seck appelé « Doyen »[3] a introduit la conférence sur les principes et valeurs des Ceméa et de la Ficeméa[4] qui existait déjà à « son époque ». Le « Doyen » nous a brièvement replongés dans l’histoire des Ceméa au Sénégal en soulignant le lien[5] entre le mouvement des Ceméa et celui des éclaireurs de France, en  racontant des anecdotes et en évoquant d’autres anciens. Nous avons également appris du doyen que le concept de « stage » tiré du mot anglo-saxon « to stage » et signifiant en Français « organiser – jouer – mettre en scène »,  est propre aux Ceméa. Sur le concept de « mouvement », Ibrahima Gnagna est revenu sur  la diversité des profils des militants ceméa réunis par la volonté de faire évoluer leurs milieux : enseignants, animateurs, administrateurs, juristes, médecins… Le caractère inter-générationnel des ceméa  a aussi été souligné dans la mesure où le mouvement est traversé par plusieurs générations (Grands-parents, parents, enfants, petits-enfants..). Les valeurs en général, se transmettent au sein des familles.  Et comme, il ne cessait de le rappeler pendant sa présentation « Ceméa un jour, Ceméa toujours », Ceméa c’est le « nous dans nous ». Impossible de ne pas mentionner le moment d’émotion marqué par la remise d’un présent honorifique au doyen par le président de la cellule de Guédiawaye ;

La cérémonie officielle de jumelage présidée par Ibrahima Ndiaye en tant que vice-président des ceméa Sénégal a consisté entre autres en la constitution de binômes entre les différents moniteurs présents, l’échange d’étoffe et de fanion labellisés « Ceméa Sénégal »… L’intérêt de ce jumelage réside essentiellement dans le partage de valeurs, d’expériences et de compétences entre les militants. La soirée s’est prolongée très tard par une activité d’animation intitulée « la bouillabaisse » proposée par un jeune moniteur très dynamique et engagé de la cellule de Thiaroye au nom d’Ibrahima Cissé. Pour revenir à la  « boullabaisse », elle  consistait pour les moniteurs aussi bien de Saint-Louis que de Guédiawaye d’apprendre séance tenante un chant, un conte, une récitation à l’ensemble des participants.

Des animations et des ateliers d’activités manuelles au programme avant le départ…

La journée du Dimanche 01er Mai 2016 a servi de cadre à des animations, des activités manuelles notamment de pliage et teinture. L’atelier a été animé par des militants de Saint-Louis et a consisté en la transformation de tissus blancs en de jolis pagnes imprimés et colorés. Pendant la cérémonie de clôture, chaque militant présent a partagé son opinion sur l’activité en vue d’une amélioration. Dans l’ensemble, les participants ont été contents et fiers de la tenue de cette activité considérée comme une innovation. En effet, les initiatives de jumelage ne sont pas encore ancrées dans les pratiques du mouvement Ceméa au Sénégal.

Après des mots de remerciements, la délégation dakaroise a repris la route aux environs de 17h et le rendez-vous a été pris bien entendu, pour la cérémonie retour à…. Guédiawaye !!!

 Anne Michelle EKEDI

Volontaire de l’OIF

 

 

[1] Un des quatre départements de la région Dakaroise avec  Dakar, Thiaroye et Rufisque

[2] Plus de 250 km séparent ces deux villes du Sénégal. Une distance qui nécessite donc un trajet en voiture d’au moins 4 heures

[3] Ibrahima Gnagna Seck est appelé « Doyen » en raison de son ancienneté au sein du mouvement

[4] D’ailleurs, il avait à sa disposition une liste de pays couverts par la Ficeméa à cette époque sur laquelle étaient inscrits par exemple la Colombie, l’Angleterre,… absentes aujourd’hui.

[5] Au Sénégal, les Ceméa ont été introduits par un commissaire des éclaireurs de France

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Publié dans CEMEA Sénégal

UNESCO: Les principes directeurs pour l’inclusion dans l’éducation

L’éducation inclusive a pris une importance grandissante ces dernières années, tant dans son concept que dans sa pratique. A l’échelon international, cette expression est de plus en plus généralement comprise comme une réforme qui favorise et accueille la diversité chez tous les apprenants. L’éducation inclusive est un processus qui implique la transformation des écoles et autres centres d’apprentissage afin qu’ils puissent s’occuper de tous les enfants – notamment les garçons, les filles, les élèves appartenant à des minorités ethniques et linguistiques, ceux issus de populations rurales, ceux qui sont affectés par le VIH et le sida, qui sont handicapés et qui ont des difficultés à apprendre, et offrir à tous, jeunes et adultes, des possibilités d’apprentissage. Son but est d’éliminer l’exclusion, qui est l’une des conséquences d’une attitude négative face à la diversité concernant la race, le statut économique, la classe sociale, l’appartenance ethnique, la langue, la religion, le genre, l’orientation sexuelle et les aptitudes, ainsi que de l’absence de réponse à cette diversité.

La publication est disponible ici : http://unesdoc.unesco.org/images/0017/001778/177849f.pdf

 

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Publié dans Jeunesse

Éducation au développement durable – Projet « UNESCO GREEN CITIZENS »

En tant qu’Organisation chef de file des Nations Unies pour l’éducation au développement durable, l’Organisation a développé, dans le cadre de la COP21, le projet « UNESCO GREEN CITIZENS » : une plateforme multimédia accompagnée d’une exposition itinérante ayant pour objectif de mettre en avant le travail remarquable d’hommes et de femmes qui œuvrent chaque jour pour transmettre les bonnes pratiques aux futures générations. L’exposition « UNESCO GREEN CITIZENS : les éclaireurs du changement » met en lumière huit projets emblématiques d’éducation au développement durable, tandis que la plateforme d’échange permet aux éducateurs du monde entier de partager leurs bonnes pratiques. Plus de 100 porteurs de projets y ont déjà partagé leurs initiatives.

Vous pouvez aussi partager vos initiatives ici : http://fr.unesco.org/greencitizens/your-stories

 

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Publié dans Education au développement durable

Rapport UNICEF : La Situation des enfants dans le monde 2016 – l’égalité des chances pour chaque enfant

Chaque enfant à un droit à la santé, à l’éducation et à la protection et chaque société a intérêt à accroître les opportunités de chacun dans la vie. Pourtant, sur toute la planète, l’égalité des chances n’est pas assurée pour des millions d’enfants, cela sans autre raison que le pays, le sexe ou les circonstances de leur naissance. La Situation des enfants dans le monde 2016 soutient que les progrès pour les enfants les plus défavorisés ne sont pas seulement une exigence morale mais aussi un impératif stratégique. Les parties prenantes doivent faire un choix précis : investir dans l’accélération des progrès en faveur des enfants qui ont été oubliés ou bien faire face aux conséquences d’un monde encore plus divisé d’ici 2030. Alors que s’engage un nouveau programme de développement, le rapport s’achève avec une série de recommandations permettant de préparer la voie vers un monde plus équitable.

 

Le rapport est disponible ici : http://www.unicef.org/french/publications/files/UNICEF_SOWC_2016_French_(2).pdf

 

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Publié dans Petite enfance

“REPERES Juniors”, manuel pour la pratique des droits de l’Homme avec les enfants – Conseil de l’Europe

Depuis l’adoption de la Convention des droits de l’enfant, la philosophie qui guide le travail avec les enfants a connu un changement profond avec la reconnaissance du droit de ceux-ci à être consultés et entendus sur les décisions qui les concernent. Mais une participation significative des enfants n’est réalisable que si les adultes les acceptent comme des partenaires à part entière sur les questions qui les touchent. Faire de cet objectif une réalité, et ainsi préserver la dignité des enfants, est un véritable défi pour les adultes. Et la façon dont les adultes considèrent les enfants reflète la façon dont notre société envisage l’avenir. C’est pourquoi les droits de l’homme et l’éducation aux droits de l’homme constituent un processus d’apprentissage qui concerne non seulement les enfants, mais aussi les adultes.

Le manuel est disponible ici : http://www.eycb.coe.int/compasito/fr/default.htm

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Publié dans Petite enfance